Le bouclier (AEGIS) de la flotte

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Il y a un débat technique intéressant à propos du “remplacement” du système BMDE par une couverture navale anti-missile, essentiellement avec des unités de l’U.S. Navy portant le système anti-aérien AEGIS (mot grec signifiant “bouclier”, adopté pour qualifier ce système défensif). On notera que ce débat “technique” n’a pas lieu aux USA, chez les experts assermentés et qualifiés pour cette sorte de chose, puisqu’il est entendu que le passage du BMDE polono-tchèque aux unités AEGIS est une “nouveauté”, une “amélioration”, enfin quelque chose qui met une fois de plus en valeur la constante ingéniosité et le renforcement constant de la la puissance sans faille de la chose américaniste.

Bien… Le premier croiseur portant le système AEGIS, le USS Ticonderoga, qui donne son nom à la classe, entra en service dans la flotte en 1983. On ne parlait pas encore, à cette époque, du BMDE polono-tchèque. Depuis, près d’une trentaine d’unités de la classe ont été mise en service et, à partir de 1991, la nouvelle classe de destroyers USS Arleigh Burke recevait à son tour le système AEGIS. Le système est donc devenu le moyen universel de défense de la flotte US, défense de zone embrassant des portions importantes de l’espace. Les missiles du système AEGIS (Standard Missile, ou SM – SM-1, SM-2, SM-3...) ont été constamment améliorés en capacité, ainsi que les différentes capacités de détection, d’identification, de guidage. (Tout cela, avec les énormes réserves d’usage, puisque la plus étonnante et inquiétante performance de l’AEGIS a été de prendre un Airbus d’Iran Air pour un chasseur F-14 iranien, et de l’abattre, avec tous les passagers disparus, en 1988 à partir du croiseur USS Vincennes.) Aujourd’hui, le système AEGIS a des capacités antimissiles qui montent jusqu’aux missiles balistiques les plus puissants – des capacités dites BMD (Ballistic Missile Defense) qui devaient caractériser le système BMDE polono-tchèque.

Par exemple, le site MissileThreat .com signale ceci, qui date de 2005:

«April 14, 2005, San Diego Union Tribune… In an interview for the San Diego Union-Tribune, Navy Admiral Walter F. Doran, Commander of the U.S. Pacific Fleet, described that the Aegis ships equipped with ballistic defenses are prepared for “limited defense operations.”

»Question: What is the Navy’s role in ballistic missile defense with the Aegis system?

»Answer: We are ready right now, the United States Navy in the Western Pacific, again 7th Fleet units, are ready for limited defense operations in the Western Pacific if we were required to do it. The sea-based ballistic missile defense is very much a real player. In fact, if you look back we have had very successful (interception) shots with the SM3 missile at the Pacific Missile Range.»

En aucun cas, on ne peut donc parler de “nouveauté”. On peut même envisager qu’il existe déjà des unités de la VIème Flotte (Méditerranée) de l’U.S. Navy avec de telles capacités AEGIS, assurant effectivement le rideau défensif que les experts découvrent brusquement, à l’occasion de la décision Obama, comme une remarquable innovation.

Tout cela conduit évidemment à s’interroger à propos de la raison qui a fait qu’on n’ait pas pensé avant de se lancer dans l’aventure du BMDE polono-tchèque, à cette solution “novatrice” par rapport au BMDE, qui précédait le BMDE… Bref, la question est faussement naïve. Elle suffit à confirmer l’appréciation du BMDE comme une machine de guerre, par la pression générée, l’antagonisme entretenu, etc., contre la Russie.


Mis en ligne le 24 septembre 2009 à 12H17