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1418Les USA ont annoncé depuis un certain temps que Le Bourget (salon international d’aviation et de l’espace, qui s’ouvre ce 20 juin jusqu’au 26 juin) se passerait de leurs grandes vedettes, le F-22 et le F-35. On devrait annoncer pourtant la vente “forcée”, à la suite de pressions considérables des USA, de deux F-35 à la Norvège, comme faisant partie du lot des avions d’expérimentation. La grotesque aventure du JSF se poursuit.
Sans rire ni sourire, maintenant… L’absence des deux “vedettes” a été justifiée officieusement par des raisons de sécurité, notamment le peu de confiance très traditionnel des USA pour la France, et officiellement par le fait assez étrange que ces deux appareils sont présentés comme n’étant pas destinés à l’exportation. L’argument est effectivement assez étrange pour le F-35, qui a construit sa réputation brillantissime sur ses succès virtualistes à l’exportation ; l’étrangeté disparaît lorsqu’on sait que les USA n’entendent nullement que les acheteurs viennent faire leur choix, et, bien entendu, choisir avec voracité le F-35, mais qu’au contraire ils (les USA) choisissent eux-mêmes les pays qu’ils jugent dignes d’acheter le F-35. Mais là n’est pas le propos précis de l’absence de rire et de sourire, et de la possibilité d’un soupir de soulagement ; plutôt dans le fait qu’il est heureux que les USA aient prévu de ne pas envoyer ni le F-22 ni le F-35, car ces deux avions eussent été bien handicapés de devoir être présents au Bourget.
• Pour le F-22, c’est simple, la chose eût été sans doute impossible et dans tous les cas ridicule. Tous les F-22 sont cloués au sol depuis le 3 mai pour un très préoccupant problème d’alimentation en oxygène du pilote. Mauvaise alimentation, ou alimentation défaillante, qui a suscité cinq rapports de malaises de pilotes, dont l’un ayant conduit à un atterrissage avec accrochage de quelques branches d’arbres avant le contact avec le sol, et le pilote ne se rappelant de rien… L’USAF est très prompte à tenter de dégager la seule responsabilité d’un F-22 déjà accablé par nombre de problèmes, en affirmant que c’est un système standard à tous ses avions qui a un problème. La préoccupation demeure tout de même, de savoir pourquoi seul le F-22 en semble affecté, et pourquoi les mesures d'immobilisation le touchent lui seulement… Quelques notes là-dessus, de Stephen Trimble, de Flight International, le 17 juin 2011.
«More than six weeks after the US Air Force indefinitely grounded all Lockheed Martin F-22A Raptors, the scope of the safety investigation has widened beyond the Honeywell-supplied onboard oxygen generating system (OBOGS).
»Although internally described as the “OBOGS safety investigation”, the probe launched after the 3 May safety stand-down of the F-22A fleet is “not limited” to that particular system, Air Combat Command (ACC) said in emailed responses to questions. “We are still working to pinpoint the exact nature of the problem,” the ACC said. “It is premature to definitely link the current issues to the OBOGS system.”
»The stand-down was originally linked to five reports by F-22 pilots of potential oxygen system malfunctions, including one reported instance when an F-22 scraped treetops on final approach. The pilot could not remember the incident after landing, exhibiting a classic symptom of hypoxia. […]
»Complaints about the F-22's OBOGS equipment had not surfaced until recently. In January, the ACC ordered the fleet to remain below a service ceiling of 25,000ft (7,620m). The order came two months after an F-22 crashed near Joint Base Elmendorf-Richardson, Alaska. That accident, in which the pilot was killed, is under investigation and has not been linked to the oxygen system concerns.»
• Le F-35 connaît de nouveaux ennuis importants, mais dissimulés sous des paroles doucereuses. Il s’agit d’ennuis qui sont venus se rajouter à ceux, courants, qui ne cessent d’accélérer l’effondrement du programme. Le 1er juin 2011, nous rapportions que le détail et les décisions de la nouvelle et nième restructuration du programme décidée par le Pentagone étaient repoussés de la fin mai à la mi-juin à la suite, notamment, d’une attaque cybernétique touchant Lockheed Martin parmi d'autres : «L’attaque est si dévastatrice qu’elle aurait compromis pour l’instant tout travail de gestion générale du programme JSF, et qu’elle serait la cause de la remise de la décision de restructuration du programme, annoncée par le Pentagone pour le 27 mai et reportée au 14 juin, si tout se passe bien d’ici là.» Finalement, les choses sont bien plus graves, puisque la restructuration est repoussée à la fin de l’année, selon Air Force Times du 15 juin 2011… Les paroles de l’amiral Venlet, qui dirige d’une nouvelle main de fer le programme au sein du Pentagone, ne suffisent pas à rassurer.
«A Defense Acquisitions Board review that would have established a new cost baseline for the triservice F-35 Lightning II has been postponed until the fall, the Joint Strike Fighter program’s top official said Wednesday. The review had been scheduled for late May, then was rescheduled for mid-June. Now, senior leaders have decided to wait until more real-world data is gathered and planning is complete.
»“It was decided: why don’t we let a little bit more of the performance of the program both in test and production play out through the summer; why don’t we let that integrated master schedule get finished, do a schedule risk assessment of it, present that to service leadership, let them ponder IOC [initial operating capability], let the operational test planning complete,” said JSF program executive officer Vice Adm. David Venlet. “Then, rather than set a baseline now with a whole bunch of go-finish-your-homework assignments, we will go finish the homework and then present the new baseline for [Pentagon procurement chief] Dr. [Ashton] Carter’s approval in the fall of this year.”
»The delay is a matter of being thorough, not an indication of new problems, Venlet said. “That is not a sign of alarm. It is, I think, a determination to continue in a deliberate fashion with good solid fundamentals applied to get things done,” he said. […]
»The jet is doing well in testing and it is meeting its key performance parameters, Venlet said.»
Pendant ce temps, des sources israéliennes ont discrètement confirmé les indications données par WorldTribune.com le 30 mai 2011 : «Officials said the Israel Air Force and Defense Ministry have been scrambling to determine the future of the Joint Strike Fighter amid threats from Congress. They said a high-level Israeli defense delegation would travel to Washington to examine the JSF project and a delivery schedule. “We knew there were problems with the airplane, but things are much worse than we had been told,” an official said.» On ignore si cette estimation officieuse rendue publique le 30 mai prenait ou non en compte les dégâts occasionnés par la cyberattaque contre Lockheed Martin. Il semble que les sources officielles qui l’ont confirmée depuis lors auraient constaté que le programme JSF avait été, effectivement, particulièrement touché par cette attaque, et que cette circonstance mettait en évidence la fragilité et la vulnérabilité du programme, et l'importance croissante des problèmes non encore résolus…
Ainsi Le Bourget 2011 se passera-t-il des deux vedettes dans le domaine de l’aviation de combat de la plus grande nation aérospatiale du monde. D’une façon générale, il est de plus en plus difficile de trouver des commentaires d’experts européens sur la situation de l’aéronautique militaire US, tant celle-ci semble frappée d’une catastrophe générale qui prend l’allure d’un cataclysme stratégique. Certains parlementaires US parlent certes d’une alternative au JSF, en cas de développements intenables et insupportables, mais la plupart envisagent évidemment une relance de la production du F-22 dans cette alternative… Mais quel F-22 ? Celui qui ne peut pas monter plus haut que 7.600 mètres depuis janvier dernier et qui est interdit de vol depuis le 3 mai ?
Mis en ligne le 20 juin 2011 à 04H33