Le déclin catastrophique de la puissance de l’USAF

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On sait que l’U.S. Air Force est aujourd’hui dans une crise profonde, notamment de ses effectifs. L’excellent analyste du Center for Defense Information Winslow T. Wheeler a effectué un travail d’évaluation de l’évolution de l’U.S. Air Force depuis 1946, essentiellement de sa force tactique de combat. Il publie certains résultats de ses recherches, aussi bien sur le site du Center of Defense Information, le 25 juillet, que sur UPI (Specewar.com) le même 25 juillet.

Il s’agit d’une analyse critique tendant à montrer combien la rentabilité, la gestion et l’efficacité de production et d’acquisition de l’USAF est en constant déclin. Wheeler signale que l’USAF a reçu, pour les années 2001-2009, plus de $1.000 milliards pour ses dépenses d’équipement courantes («In early 2001 the Pentagon anticipated an approximate budget of $850 billion for the U.S. Air Force for the period from 2001 to 2009. Not counting $80 billion-plus subsequently received for the conduct of the wars in Iraq and Afghanistan, the U.S. Air Force's ''base'' – non-war – budget was increased by more than $200 billion to $1.06 trillion»). Cette allocation budgétaire constitue (la valeur du dollar étant modifiée selon l’inflation pour permettre une comparaison) un volume en général supérieur à la tendance générale depuis 1946. Pourtant, l’équipement actuel de l’USAF en avions de combat tactique est, en nombre d’avions, à son plus bas niveau depuis cette même année de référence de 1946, et de beaucoup puisqu’il est question de l’année 1957 comme référence maximale, avec 61 “wing-équivalent” par comparaison aux 16-18 “wing-equivalent” d’aujourd’hui. (Il n’existe pas de comptabilité par nombre d’avions disponible, observe Wheeler. L’expression “wing-equivalent”, utilisée par les archives de l’USAF, prend le “wing”, ou escadre, comme unité de mesure, ce qui renvoie à un nombre moyen d’avions de 72-84 unités selon les normes de l’USAF.)

«The tactical – ''wing equivalent'' – inventory of the U.S. Air Force is as small today as at any point in the post-World War II period. From a 1957 high of 61 ''wing equivalents,'' it persistently hovers in the 21st century at 16 to 18. Clearly, the trend has been for the force to shrink – significantly – over time, despite some ups and downs – mostly downs – since 1946.

»The budget, however, shows a very different story. There have also been budget ups and downs, but the overall trend is for the budget to remain constant in inflation-adjusted dollars, and today the amount of spending for the U.S. Air Force is above the overall trend line. Thus, at a level of spending today higher than the historic norm, we have a U.S. Air Force tactical inventory that is as small as it has ever been since World War II.»

La comparaison est impressionnante puisqu’on arrive à une réduction de presque 75% des matériels obtenus pour les mêmes sommes d’argent. (Encore faudrait-il ajouter le facteur important de l’âge moyen des avions de première ligne, qui s’est considérablement allongé, avec les restrictions opérationnelles que cela implique. Aujourd’hui, l’âge moyen des avions est de 24 ans alors qu’il était de 9 ans au milieu des années 1980. Il s’agit d’un autre crise dans la crise générale.) Bien entendu, les diverses capacités des avions, différentes selon les époques, ne peuvent être prises en compte comme facteur de puissance. Ce n’est pas parce qu’un F-22 a des capacités considérablement plus grandes qu’un F-100 de 1957 qu’il doit être comptabilisé comme l’équivalent de 3 ou 4 F-100. Le progrès des capacités de combat affecte tous les domaines, donc la défense anti-avions et les capacités de combat aérien des adversaires éventuels du F-22. Là aussi, comme dans le cas du dollar aligné sur l’inflation, il y a une nécessité d’accepter l’idée que tous les facteurs ont évolué et que les capacités d’un avion en 2008 doivent être jugées en fonction de l’environnement de combat de 2008, et non pas par rapport aux capacités d’un avion de combat de 1957. La comptabilité d’un avion de 1957 équivalant à un avion de combat de 2008, pour juger de l’évolution des capacités de l’USAF, a toute sa valeur. La capacité de l’USAF à maintenir sa puissance s’est érodée considérablement en 60 ans et cette évolution donne effectivement une bonne mesure de la crise du complexe militaro-industriel.

(Bien évidemment, la responsabilité de cette crise doit être partagée, notamment avec l’industrie qui contribue à l’augmentation constante des coûts réels des avions de combat, qui conduit à cette situation.)


Mis en ligne le 30 juillet 2008 à 16H44