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1583Officiellement, c’est une perspective optimiste: Hillary Clinton, vice-présidente d’un éventuel président Obama. En réalité, c’est une perspective de toute urgence, que les pressions du parti démocrate sur les deux candidats qui se déchirent rendent de plus en plus possible. C’est une mesure d’urgence pour éviter la catastrophe d’un affrontement à l’intérieur du parti démocrate, qui pourrait ouvrir une avenue au candidat républicain.
Voici les nouvelles à propos de cette perspective, dans The Independent d’aujourd’hui:
«The rumour has resurfaced – perhaps inevitably, but this time stronger than ever: could the long and bitter battle for the Democratic nomination end in what many see as the perfect answer – Barack Obama united with the all-but-vanquished Hillary Clinton on a “dream ticket” for the White House?
»After his big primary win in North Carolina and very near miss in Indiana this week, Mr Obama himself gave fresh impetus to the speculation. “She is tireless, she is smart. She is capable,” he told CNN. “Obviously she'd be on anybody's shortlist to be a potential vice-presidential candidate.” On NBC he had a similar message: “There's no doubt that she's qualified to be vice-president, there's no doubt she's qualified to be President.”
»Thus far there have been no similar noises from the other side. The Clinton camp naturally shies away from the subject: even to publicly concede the possibility, when her candidacy is hanging by a thread, would be taken as acceptance of defeat.
»Others, however, believe that although Ms Clinton vows to fight on in pursuit of the top job, quiet feelers are being put out about a “dream ticket” – indeed, some argue that the former first lady's real purpose in staying in the race is to make her claim to the vice-presidency unassailable.
»George Stephanopoulos, currently of ABC News but with ties to Clintonland dating back to his years as one of the closest aides of Bill Clinton, believes she would accept the second spot. Many Democratic Party workers, meanwhile, devoutly pray for that outcome as the ideal way to heal rifts they fear could yet deprive them of victory in what should be a sure-win year.»
Mesure d’urgence, évidemment. Arrivé au point d’affrontement où nous sommes, n’importe quel choix (Obama ou Clinton), dans n’importe quelles conditions, coûterait cher au parti démocrate. Le dilemme est complet, achevé, presque tragique.
Obama ne voulait pas entendre parler d’une vice-présidente Clinton. Il affermit presque décisivement son avance le 6 mai pour se trouver en position de force, c'est-à-dire en théorie moins incliné au compromis; et le voilà qui envisage avec faveur une vice-présidente Clinton, qui est le compromis par excellence. Inutile de faire un dessin. Le parti exerce sur lui une pression formidable pour qu’il accepte la formule. Hillary ne voulait pas entendre parler d’une vice-présidence. Elle se tait mais laisse dire, – des rumeurs affirmant qu’on négocie en coulisses les conditions, pour elle, d’une vice-présidence. Même schéma pour Hillary: pressions du parti, etc.
Alors, si la chose se fait, ce ne sera pas un “dream ticket” mais un compromis forcé avec paradoxalement (mais pas tellement) des potentialités catastrophiques en cas de victoire. On connaît cela en football: le transfert de deux super-vedettes dans une équipe ne fait pas nécessairement une grande équipe, loin de là, mais a toutes les chances de créer de formidables circonstances de concurrence, de désordre et de désunion au sein de cette équipe. Le constat vaut d’autant plus qu’avec ce “dream ticket” nous aurons une équipe à trois, puisque Bill n’entendra pas être laissé sur le côté. D’autre part, l’on sait, depuis Dick Cheney, qu’un vice-président peut acquérir un formidable pouvoir. On imagine aisément que, parmi les exigences d’Hillary pour accepter l’idée du “dream ticket”, il y aurait des exigences au niveau des pouvoirs justement. Il n’est pas impossible que le couple Billary réclame pour lui la mission essentielle que Bill entendrait obtenir si Hillary était élue présidente: rétablir l’image de l’Amérique dans le monde avec une vaste mission de représentation à travers le monde, c'est-à-dire avec un statut politique très visible et très puissant. C'est une mission que le sénateur Hagel considère comme étant la tâche essentielle de la future présidence. Dans ce type d’hypothèses, la direction des Etats-Unis deviendrait au moins bicéphale, d’ailleurs dans une optique très différente du couple Bush-Cheney (les deux hommes étant parfaitement d’accord et sur la politique à suivre, et sur leur répartition de rôles). Elle serait potentiellement une source de désordre considérable, une guerre civile potentielle à l’intérieur de la direction. Le “dream ticket” est une fabuleuse bonne idée, ce pourrait donc être une fabuleuse fausse-bonne idée. On verra (éventuellement).
Cela considéré, on comprendra que rien n’est fait. Cette élection présidentielle nous a réservés bien des surprises. Il est probable que son sac à malices est loin d’être vide.
Mis en ligne le 10 mai 2008 à 10H17
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