Le football entre dans la “guerre totale”

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Le football entre dans la “guerre totale”

Répétons-le à propos du “scandale de la FIFA” qui a éclaté mercredi, il faut rester équitable et suivre les principes démocratiques de la saine justice, nationale et internationale. Le principe fondamental de la contre-civilisation sous l’ère du Système doit donc être respecté : tout entité soupçonnée, (équivalent du suspect inculpé) lorsqu’elle est impliquée dans une action-Système, doit être absolument considérée comme coupable à moins que son innocence soit péremptoirement établie. Cela vaut dix fois, mille fois, pour les USA, serviteurs absolument zélés du Système, qui ne perdent strictement aucune occasion, n’écarte aucune opportunité, jusqu’aux moindres détails auxquels nul ne penserait, pour faire progresser leurs agressivité et leur ivresse de puissance de la “guerre totale” au service du Système, dont nous parlons longuement le 26 mai 2015. L’extraordinaire résilience dans l’infamie, dans la tromperie et dans la corruption des USA, tout au long de leur histoire de marionnette du Système, justifie amplement qu’ils bénéficient ainsi du préjugé favorable d’une justice interprétée exactement selon son double inverti.

L’acte d’accusation est assez simple : faire intervenir l’inculpation d’un certain nombre d’officiels de la FIFA sous l’accusation de corruption, les faire arrêter en Suisse à la suite d’une enquête du FBI, à deux jours du vote sur l’élection du président de la FIFA, avec Sepp Blatter sous le direction duquel la FIFA a désigné Moscou comme cadre de la Coupe du monde de football 2018 comme favori et aussi à la veille d’un vote sur l’exclusion d’Israël des compétitions FIFA pour racisme anti-palestinien. (On comprend que le “principe fondamental“ de “saine justice” évoqué plus haut ne concerne pas les officiels impliqués, – dont certains sont de nationalité US selon les affirmations de l’ambassade US à Moscou contredisant Poutine, – puisque la FIFA est, comme toute organisation internationale de ces temps des “derniers temps”, totalement corrompue à l’image du Système et du système de l’américanisme qui est sa courroie de transmission. Ce qui nous intéresse ici n’est pas la vertu de la FIFA que nous laissons aux débats du Grand Journal mais la dimension politique, Système versus antiSystème, qui est aussitôt apparue, incontournable, éclatante, brillante de tous ses feux.)

Blatter est considéré par le Système, et particulièrement par John McCain dont on sait la connaissance encyclopédique du football-soccer comme sport national US, comme l’homme qui a présidé à la désignation de la Russie comme organisatrice de la Coupe du Monde de 2018 sans prévoir que la Russie allait devenir ce paria de la “communauté internationale” pour invasion répétée de la vertueuse Ukraine du “roi du chocolat” ... Nous laissons à votre imagination les implications diverses de toutes ces choses, avec tout de même les indications que les machinations dont leurs accusateurs soupçonnent USA sont 1) de tenter de faire tourner le vote à l’avantage des amis israéliens, et 2) d’empêcher la réélection, de Blatter au profit d’un homme de grande vertu, garanti pur-soccer excellant dans l’art du dribble royal à-la-Garrincha sur les terrains de foot du Jourdain et du Néguev, excellemment qualifié puisque prince-général jordanien. (Selon le journaliste britannique Tony Gosling parlant à RT le 28 mai 2015  : «[L]e prince jordanien Ali Bin Al Husseine... [...] Un général jordanien, ce mec me semble être un parfait faire-valoir pour l’Occident, une marionnette en quelque sorte....»

• Versons néanmoins quelques pièces au dossier de la FIFA-scandale, d’abord en donnant quelques autres extraits de l’interview de Gosling par RT...

RT : «“Sepp Blatter ne fait pas partie des personnes inculpées”, a insisté Walter de Gregorio, le porte-parole de la FIFA, tandis que les fonctionnaires américains estiment qu’il n’est pas net. Compte tenu des critiques auxquelles dont Blatter fait face suite aux arrestations des certains responsables de la FIFA à Zurich, que pensez-vous de la chronologie choisie?»

Tony Gosling : «Je n'étais le seul à me lever mercredi matin, en entendant toutes ces choses sur les arrestations, le blanchissement d’argent, la conspiration, la corruption, la fraude fiscale. J’ai croisé mes doigts en espérant que beaucoup de banquiers ont été arrêtés. Mais non. Le timing de l’opération est un indice révélateur. Cette enquête est menée par les médias et la police depuis plus d’un an, et juste deux jours avant les élections, d’un coup, les soupçons entourent Sepp Blatter. Il faut se rappeler que la FIFA est une des dernières institutions dans le monde qui n’est pas contrôlé par l’Occident. Et je parle des organisations importantes comme l’AIEA – les gens qui observent le monde nucléaire, ce genre d’organisations.

»Le moment choisi par les Etats-Unis est révélateur de beaucoup de choses, n’est-ce pas ? Chuck Blazer et Chuck Warner se sont retrouvés au centre de cette conspiration alors que les Etats-Unis ne jouent pas vraiment au football. Ils diront probablement qu’ils en font, mais la plupart d’entre nous, Européens, voyons qu’ils jouent au foot américain, ce qui est un sport complétement différent.

RT : «Mercredi, deux sénateurs américains, dont John McCain ont appelé la FIFA à destituer Blatter. La raison est qu’elle continue à soutenir la Russie. Pourquoi pensez-vous que les législateurs américains se mêlent de la gestion du football ?»

Tony Gosling : «C’est une bonne question, je pense qu’ils doivent reculer. Je voudrais voir le foot comme un sport complètement indépendant de la politique. Mais il semble qu’il y a une bande de maniaques du contrôle aux Etats-Unis qui veulent superviser toutes ces institutions. C’est sans aucun doute une torpille visant Blatter quelques jours avant les élections de vendredi.

»Les médias britanniques ont commencé à attaquer Blatter l’année dernière quand le Royaume-Uni a échoué à accueillir le mondial 2022. Si nous étions sportifs comme nous le disons, nous encaisserions les coups, mais il y a beaucoup de gens qui veulent faire beaucoup d’argent de la Coupe de Monde au Royaume-Uni. Et le fait que la coupe du monde aille en Russie c’est une bonne chose pour le monde, un moyen pour faire cesser les critiques incessantes sur la Russie dans les médias occidentaux. Et puis pour voir du beau football.»

Sputnik.News a interviewé des personnalités US, un professeur de Droit de l’université de l’Illinois, Francis Boyle, et Jason Ditz, un des principaux collaborateurs du site Antiwar.com. (Le 29 mai 2015.)

«“FIFA is supposed to meet on Friday to sanction Israel over the atrocious way it has treated Palestinian soccer players for years, and it looks as if they’ll probably be suspended,” University of Illinois Professor of Law Francis Boyle told Sputnik on Thursday. “This [FIFA corruption charges] might discombobulate that entire process.” US officials, Boyle argued, also want to punish Russia by stripping them of the honor of hosting the World Cup in 2018. “The Obama people want to knock FIFA President Joseph Blatter off because he was Director of FIFA when they awarded the 2018 World Cup to Russia.”

»FIFA President Sepp Blatter is up for reelection to his post just one day after seven FIFA officials were arrested on charges of racketeering, bribery and wire fraud. Wednesday’s announcement by the US Justice Department of charges against FIFA officials, days before they were about to potentially elect Blatter to a fifth term, might not have derailed Russia from hosting the Cup, but has sullied the image of the 2018 international football competition, he said. “It has already tarnished the 2018 World Cup and could provide a pretext for the United States and the European states to launch a boycott.” Washington took the same approach toward Russia when Sochi hosted the Olympics, Boyle added. “Obama used that as the timing to launch is coup d’état against Yanukovych in Ukraine to spoil the Olympics for Russia.” Boyle stressed that the timing of the charges fits into the Obama administration’s overall neoconservative agenda, against both Palestine and Russia.

»Antiwar.com News Editor Jason Ditz told Sputnik that the key motivating factors for the United States in announcing the FIFA charges was to pressure FIFA to stop any moves to expel Israel from the competition and to undermine Russia hosting the World Cup in 2018. “It [FIFA corruption charges] is very revealing and in keeping with the way the Obama administration has been dealing with Russia in recent months,” Ditz said. Since the Maidan Revolution and the beginning of the civil war in Ukraine, the Obama administration has been very hostile towards Russia in international venues, Ditz added. The US had a chip on its shoulder about Russia being allowed to host major international sporting events since the beginning of the current Ukraine crisis, Ditz added. “We see this already in US official attitudes toward the holding of the Winter Olympic Games in Sochi in 2014,” Ditz explained.»

• ... On ajoutera enfin que Poutine lui-même a déclaré publiquement qu’il y avait des intentions politiques dans la décision prise par les USA, notamment en fonction de la chronologie, pour tenter d’empêcher la réélection de Blatter essentiellement parce que c’est sous sa direction que Moscou a été choisi pour accueillir le Coupe du monde de football en 2018. Ce que Poutine dénonce, en s’en tenant comme à son habitude à la rigueur de la juridiction internationale, c’est l’intervention du processus législatif US sur un territoire étranger, comme si le monde entier était soumis au régime juridique des USA. Voici ce que dit Poutine :

«On peut supposer que quelqu'un d'entre eux a enfreint quelque chose, mais cela n'a aucun rapport avec les Etats-Unis. Ces fonctionnaires ne sont pas citoyens américains. Même s'il y a eu une violation, cela ne s'est pas passé sur le sol américain. Il s'agit d'une nouvelle tentative d'étendre la juridiction des Etats-Unis sur d'autres Etats. Et je suis certain qu'il s'agit également d'une tentative d'empêcher la réélection de M. Blatter au poste de président de la FIFA ce qui constitue une violation flagrante des principes de fonctionnement des organisations internationales..»

Tout cela, on le comprend aussi vite qu’un coup au but à-la-Pelé, n’a rien à voir avec le football. Russia Insider du 28 mai 2015, citant RedPill Times du 28 mai 2015, parle d’un “coup d’État” d’une sorte absolument nouvelle, – le Système (les USA) vraiment ne cesse d’innover, parce que toujours à la pointe du Progrès : «Un coup d’État sans équivalent dans l’histoire. Ce que les USA ont réalisé aujourd’hui à l’égard de la FIFA a de fort bizarres ressemblances avec le coup d’État US en Ukraine. Vous le comprenez aussitôt dès lors que John McCain apparaît dans le coup avec l’intention d’en récolter quelque chose à l’avantage de ses activités habituelles.»

RedPill Times poursuit : «Nul doute que la FIFA était/est une organisation corrompue... Nous le savions/nous le savons...» Et alors, dirait-on à l’image de l’argument de l’excellent NespressoWhat else ? Qu’est-ce qui est possible, aujourd’hui, dans le cours d’une organisation qui se place à l’intérieur du Système (la FIFA n’échappe pas à la règle), que le processus de la corruption ? Par conséquent, l’intérêt du constat est moyen, alors que le procédé de toute cette opération, lui, est absolument remarquable ... Effectivement, nous sommes projetés dans l’univers de “la guerre totale”, s’exerçant essentiellement dans le domaine de la corruption dans le cadre de la communication qui lui sert d'écrin, avec le jeu entre les narrative diverses. Confirmation nous est ainsi fournie que Sotchi (Poutine-Kerry) n’a strictement rien modifié de l’antagonisme entre les USA et la Russie, et que les règles établies de cet antagonisme portent sur tous les domaines susceptibles de faire de l’écho du point de vue de la communication.

C’est fait. Le “scandale-FIFA” est parmi nous, non plus comme artefact de corruption et d’ambitions antagonistes où le Français Platini, avec sa hargne anti-Blatter, ne brille pas une intelligence extrême, – puisque complice du Système en soutenant le prince-dribbleur, prince-général actionné de Washington. Le “scandale-FIFA” est désormais un artefact politique actif et, malgré le peu ragoûtant spectacle de corruption qu’il nous offre (What else?), il constitue également l’éventualité assez remarquable d’un facteur d’affrontement antiSystème versus Système. Quoi qu’il en soit du résultat des votes de la FIFA aujourd’hui, si l’US Army et les drones-Obama lui en laissent le loisir, le football dans le chef de la Coupe du monde 2018 est impliqué jusqu’au coup dans la “guerre totale“ dont les racines initiales ont proliféré à partir de la crise ukrainienne. Si le Coupe-2018 est maintenue à Moscou, on peut être sûr qu’elle va devenir un formidable champ d’affrontement, une sorte de saint-Graal entre le bloc BAO et la Russie (avec ses amis). Si, par quelque manœuvre extraordinaire, on en arrivait à une issue privant la Russie de la Coupe (décision techniquement au bord de l’absurde, techniquement parlant), la bataille aura tout de même lieu dans le sens inverse, avec tout autant de vigueur. Les braves petits footballeurs qui vivent dans le confort des contrats mirifiques que leur assure le Système et des slogans bien pensants sur le multiculturalisme et l’antiracisme qu’exige le Système, vont se trouver plongés dans les affres de difficiles décisions politiques à prendre, sur des thèmes et des sujets encore plus difficiles, dont ils vont devoir essayer de comprendre la signification, les tenants et les aboutissants. Ainsi commenceront-ils, clopin-clopant plus qu’en dribblant, à se cultiver sur les choses en cours.

En ce qui concerne la perspective évidente des prochaines années, on peut être sûr que la campagne pour le boycott, ou pour le contre-boycott dans le deuxième cas très hypothétique, va démarrer à très grande vitesse. Cela concernera Moscou-2018 bien entendu, avec un zeste du Qatar-2022, qui trouverait peut-être le sel supplémentaire d'y faire participer, disons en démonstration, l’équipe nationale de l’État Islamique. La Crise Générale aura donc, un moyen de plus de s’exprimer. Le football est entré dans une phase intense d’antagonisme politique, en plein cœur de la guerre totale.


Mis en ligne le 29 mai 2015 à 11H04