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1258Il fallait s’y attendre puisque cela devait arriver. Désormais, les narco-trafiquants ne sont plus seuls à installer le désordre sur la frontière mexicaine des USA, et à menacer les USA eux-mêmes. Ils ont, dans leur valise, le Hezbollah lui-même, cette redoutable organisation qui, à l’été 2006, mit l’armée israélienne en bien fâcheuse posture.
Le Washington Times, qui publie souvent des informations exclusives sur la situation de la “guerre” mexicaine du narco-trafic, avait un long article sur ce sujet, le 27 mars 2009. L’article expose qu’il y a une collaboration active entre le Hezbollah et les cartels, que le Hezbollah utilise les mêmes voies de pénétration des USA que les cartels, qu’il est pour l’instant intéressé par la “matière” économique (“faire” de l’argent aux USA) mais que cet intérêt pourrait après tout se transformer en quelque chose de plus actif. De nombreux détails sont donnés sur cette situation. Une des “sources” du Washington Times indique qu’Al Qaïda pourrait également utiliser ces voies d’accès, une autre que l’Iran pourrait très bien manipuler le Hezbollah dans ses entreprises nord-américaines.
«Hezbollah is using the same southern narcotics routes that Mexican drug kingpins do to smuggle drugs and people into the United States, reaping money to finance its operations and threatening U.S. national security, current and former U.S. law enforcement, defense and counterterrorism officials say. The Iran-backed Lebanese group has long been involved in narcotics and human trafficking in South America's tri-border region of Paraguay, Argentina and Brazil. Increasingly, however, it is relying on Mexican narcotics syndicates that control access to transit routes into the U.S.
»Hezbollah relies on “the same criminal weapons smugglers, document traffickers and transportation experts as the drug cartels,” said Michael Braun, who just retired as assistant administrator and chief of operations at the U.S. Drug Enforcement Administration (DEA). “They work together,” said Mr. Braun. “They rely on the same shadow facilitators. One way or another, they are all connected.” “They'll leverage those relationships to their benefit, to smuggle contraband and humans into the U.S.; in fact, they already are [smuggling]
»His comments were confirmed by six U.S. officials, including law enforcement, defense and counterterrorism specialists. They spoke on the condition that they not be named because of the sensitivity of the topic.
»While Hezbollah appears to view the U.S. primarily as a source of cash – and there have been no confirmed Hezbollah attacks within the U.S. – the group's growing ties with Mexican drug cartels are particularly worrisome at a time when a war against and among Mexican narco-traffickers has killed 7,000 people in the past year and is destabilizing Mexico along the U.S. border.»
Constatons d’abord l’ironie sinistre de la situation, ou encore l’effet-boomerang de la situation: «Mexico's transit routes now account for more than 90 percent of the cocaine entering the U.S., he said. The emphasis on Mexico intensified after the Sept. 11 attacks, when beefed-up U.S. security measures greatly reduced access to the U.S. by air and water…» Les mesures anti-terroristes prises après le 11 septembre ont eu comme effets indirects de concentrer toutes les activités illégales sur les voies d’accès terrestres, par conséquent de renforcer l’activité et la puissance des cartels mexicains, par conséquent de précipiter la crise et de rendre inévitables, pour toute organisation voulant intervenir aux USA par le Sud, un accord et une coopération avec ces cartels. Par ailleurs, les cartels, décidément sans foi ni loi, sont ouverts à toutes les coopérations: «“The Mexican cartels have no loyalty to anyone,” one of the officials told The Washington Times. “They will willingly or unknowingly aid other nefarious groups into the U.S. through the routes they control. It has already happened. That's why the border is such a serious national security issue.”»
• Une première réflexion est que cette apparition du Hezbollah, malgré tous les aléas et toutes les déformations qu’on peut soupçonner ou éventuellement trouver dans les analyses des divers services US, représente un prolongement qui n’a finalement rien de surprenant. Dès lors que les cartels ont la puissance qu’ils ont et qu’une organisation également puissante veut pénétrer aux USA d’une manière illégale pour des raisons économiques, une collaboration entre les deux est inévitable. Le Hezbollah a suffisamment montré son sens de l’organisation et de l’efficacité pour qu'on juge possible sinon probable l'hypothèse qu'il a envisagé et développé cette option.
• Bien entendu se pose la question de savoir comment le Hezbollah va faire évoluer sa situation dans cette affaire. Mais peu importe, en réalité. Le principal fait est que cette préoccupation des services de sécurité US, telle qu’elle transparaît dans l’article et quoi qu’il en soit de la réalité de la situation, est garante d’une évolution très rapide à prévoir de la perception du système américaniste de la situation sur la frontière. Une nouvelle dimension, qui est l'implication dans l'évaluation US de la crise mexicaine de la composante “terrorisme” moyen-oriental, se met en place. Nous sommes engagés sur la voie d’une évaluation de plus en plus alarmiste et catastrophiste de la situation, – là encore, quelle que soit la situation sur le terrain, qu’elle confirme ou infirme cette évaluation. La crise mexicaine est en train de prendre une place majeure dans l’appareil d’évaluation US, une place multiforme, aux diverses ramifications, ouvrant la voie aux spéculations les plus diverses, à une planification nécessairement de crise, et de crise grave. La bureaucratie de sécurité nationale tient désormais ce domaine de la crise mexicaine comme une de ses principales préoccupations; on ne dit pas que la crise “s’internationalise” mais qu’elle “se bureaucratise”, et c’est bien plus significatif en termes de poids et d’importance dans la perception du système de la situation générale.
Mis en ligne le 30 mars 2009 à 11H39
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