Le JSF israélien à la moulinette

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Des précisions de source indépendante venues de Washington indiquent que le Pentagone a exercé une pression considérable sur les Israéliens pour que ceux-ci ne prennent pas de mesures trop spectaculaires dans leurs prévisions d’engagement dans le programme JSF, comme il avait été annoncé le mois dernier. Finalement, le Pentagone n’a pas été entendu, bien au contraire, malgré un report de deux semaines de la décision israélienne par rapport à ce qui avait été annoncé. Ce délai indique qu’il y a eu débat chez les Israéliens, à cause des pressions US, et que l’orientation anti-JSF a été largement confirmée en toute connaissance de cause. Non seulement l’entrée en service du JSF est repoussée (de 2014 à 2015-2016) mais le nombre d’avions qui seront commandés dans le plan budgétaire 2008-2012 est réduit de 75% : de 100 à 25 avions. L’espoir de rétablir ensuite l’entièreté de la commande initiale est en général perçu comme assez vain.

Quelques précisions de Defense News du 10 septembre:

«The biggest victim of reordered, post-Lebanon war spending priorities is the Israel Air Force, which now stands to acquire much fewer — perhaps only half — of the 100 F-35 Joint Strike Fighters (JSF) initially planned for its future force.

»Under the 2008-2012 spending plan, IDF brass approved funding for just one squadron of 25 JSF aircraft, which will become operational around 2015-2016, defense and industry sources here said.

»In the follow-on, five-year plan, the Air Force hopes to receive funding for another two squadrons, which would boost its JSF force to 75 by the end of the decade. However, defense and industry sources say this assessment is overly optimistic.

»“They’re now talking about one squadron of 25 planes … and if we’re lucky, we may get another squadron of 25 in the next five-year plan,” said a prominent airpower lobbyist. He added, “Few are seriously talking any more about the full 100 planes.”»

Il est également remarquable que la réaction officielle de Washington ait été extrêmement “apaisante”. Elle développe l'idée que la décision israélienne ne change rien à la situation, y compris au niveau de la coopération USA-Israël à l’intérieur du programme : «Despite the prospective cuts in JSF buys, U.S. sources said it should not have an impact on the ongoing bilateral program, which is running behind schedule due to protracted, but now resolved, technology transfer problems.»

Cette réaction, contrastant avec les pressions exercées par le Pentagone, indique que les USA veulent absolument éviter tout remous sérieux public à l’intérieur du programme. Il s’agit d’une indication de la fragilité de l’architecture du programme et de la crainte que toute réaction brutale de la partie US puisse avoir des effets indirects déstabilisants auprès des partenaires étrangers.

Du point de vue de l’appréciation de la capacité opérationnelle de l’avion, et malgré les conditions très particulières de la décision, — ou peut-être à cause d’elles, au contraire, — la décision israélienne, surtout avec la nouveauté d’une réduction très forte de la commande jusqu’à un nombre presque symbolique, représente un revers important pour le programme. Il s'agit d'un rejet presque complet de l'avion, la commande de 25 étant considérée comme une “commande de complaisance”, décidée pour éviter une réaction brutale de Washington.

L’expertise israélienne dans l’expérience du combat, à cause des guerres successives d’Israël et des capacités des forces israéliennes, reste une référence de grand poids. L’appréciation d’Israël selon laquelle le JSF n’a qu’une importance marginale dans ses plans de combat pour les vingt ans à venir, dans une époque si incertaine et si dangereuse, constitue un événement sérieux pour le programme.


Mis en ligne le 11 septembre 2007 à 12H51