Le miracle du schiste devenu mirage

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Le miracle du schiste devenu mirage

Surprise, surprise ... Pas tant que cela, comme le constaterait notre collaborateur Shalegas Gate, auteur des articles du 11 janvier 2013 et du 16 janvier 2013. Le site ZeroHedge.com du 22 mai 2014, reprenant un article de Chris Martenson, de Peak Prosperity, du 21 mai 2014, annonce que les prévisions de l’Energy Administration Information (EIA) pour les gisements extrêmement ex-importants de Monterey, en Californie, sont révisées à la baisse pour la principale réserve de pétrole de schiste identifié, – “révisées à la baisse”, c’est-à-dire révisées “à la chute vertigineuse”, de l’ordre précisément de 96%...

«The US shale oil “miracle” has about as much believability left as Jimmy Swaggart. Just today, we learned that the EIA has placed a hefty downward revision on its estimate of the amount of recoverable oil in the [numer one] shale reserve in the US, the Monterey in California. As recently as yesterday, the much-publicized Monterey formation accounted for nearly two-thirds of all technically-recoverable US shale oil resources. But by this morning? The EIA now estimates these reserves to be 96% lower than it previously claimed.

»Yes, you read that right: 96% lower. As in only 4% of the original estimate is now thought to be technically-recoverable at today's prices...»

Le très long article donne tous les détails nécessaire à la mise en lumière de cette tromperie, de ce simulacre, comme tout ce qui constitue aujourd’hui l’essentiel des nouvelles d’alimentation de l’optimisme-Système, issu de la presse-Système et de la communication-Système, à partir d’une pratique systématique et comme automatique de l’imposture tant intellectuelle que statistique. Tout cela a été largement aidé par un état d’esprit s’apparentant aux enthousiasmes artificiels qu’on trouve dans les boissons type Kool-Aid, sorte de paradis artificiel au rabais, suffisant pour dispenser l’ivresse de circonstance qui permet d’y croire... «“There’s a lot of Kool-Aid that’s being drunk now by investors,” Tim Gramatovich, who helps manage more than $800 million as chief investment officer of Santa Barbara, California-based Peritus Asset Management LLC. “People lose their discipline. They stop doing the math. They stop doing the accounting. They’re just dreaming the dream, and that’s what’s happening with the shale boom.”»

L’article est long, documenté d’une manière irréfutable. S’il concerne le cas des ressources de la Californie, il représente simplement l’archétype des “surprises” qui attendent les investisseurs, les souscripteurs et les planificateurs de l’indépendance énergétique, le “re-birth” de la puissance américaniste déguisée, comme pour le carnaval, en une sorte de United Saudi of Arabia (USA, indeed).

«Today's write down of the Monterey shale asset is a huge blow to Occidental Petroleum specifically, to California's energy and employment dreams more broadly, and to the US's energy dreams at a national level. This is not surprising at all to anybody following the shale story with a critical eye. We always knew that the best plays were being prosecuted first for obvious reasons; it's human nature to go after the easy stuff first. And this is especially true for the folks in the oil patch.

»The best plays were tapped first, not by some accident of technology or lucky holes plunged into the ground, but because they were cheapest to prosecute. The remaining shale deposits are less rich, more costly to explore, and the profitable pockets much harder to find. Your main take-away is this: the US has a lot less shale reserves on the books today than it did yesterday. Look for future downward revisions as the other remnant shale plays are poked and prodded and found to be wanting...»

A la lumière de ces derniers développements, ce qu’on doit surtout mesurer c’est l’extraordinaire cynisme, ou absence simplement d’informations et/ou d’intérêt pour la vérité de la situation, ou bien les deux mélangés selon les services, qu’impliquent des “révélations”. Il est évident que l’EIA, qui est une administration fédérale, n’ignore rien de la situation réelle du “miracle du schiste” aux USA. Pourtant, cette fable, cette narrative consciemment développée a constitué le cimier sur lequel s’est appuyée l’administration Obama pour annoncer, il y a moins de trois mois, qu’il fallait prendre des sanctions extrêmement sévères contre la Russie, recommandant notamment aux pays européens d’abandonner leurs fournitures en gaz venant de Russie puisque les USA s’engageaient dans un même mouvement, au nom de leur fortune à venir en gaz de schiste, à suppléer à l’approvisionnement russe. Cette promesse fondamentale, structurant une politique antirusse de grande stratégie, a été faite alors que la tendance des réalités des gisements devait être évidemment connue des services concernés. Pour répondre à la remarque faite plus haut : a-t-elle été faite, cette promesse, en parfaite connaissance de cause ou en simple ignorance de la vérité de la situation ? Confiant dans la puissance du désordre (surpuissance-autodestruction) caractérisant le Système, nous optons pour la deuxième hypothèse. (Au reste, personne n'a vraiment pris au sérieux cette proposition US, semble-t-il, et qui en parle encore...)


Mis en ligne le 23 mai 2014 à 11H58