Le NIE (?) sur l’Iran entre Barak et Washington

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Le NIE (?) sur l’Iran entre Barak et Washington

La bataille de la désinformation et de la mésinformation est l’un des aspects les plus exaltants des rapports si amicaux entre les USA et Israël. Cette fois, le sujet est l’estimation, ou les estimations, du renseignement US sur l’état de développement du nucléaire militaire iranien, – si nucléaire militaire iranien il y a. Il y est question du fameux NIE (National Intelligence Estimates) du renseignement US, ou bien pas exactement encore le NIE, – on ne sait précisément… Les nouvelles à cet égard sont aussi imprécises que la querelle est précisément furieuse entre le ministre israélien Barak et Washington.

• Il y a donc eu, d’abord, une déclaration publique du ministre Barak, citant des “estimations” du renseignement US rencontrant parfaitement celles des Israéliens, pour conclure que l’Iran était en train d’achever son équipement nucléaire militaire… On a de la peine à suivre puisque même les estimations du renseignement israélien ne concluent nullement à cette situation. Le couple Barak-Netanyahou est engagé dans une campagne où se mélangent mensonges, désinformation et le reste, avec une bonne part de confusion et d'inattention pour ce qui est dit par eux-mêmes d'une fois à l'autre ; qu'importe pourvu qu'il y ait du bruit... . Le résultat est une bouillie pour les chats hystérique (la bouillie, pas les chats), ce qui nous vaut, en l’occurrence, ces précisions particulièrement poétiques de DEBKAFiles, ce 9 août 2012

«Stout refutation of reported disagreements over the military option against Iran’s nuclear program between the US and Israel, and himself and Prime Minister Binyamin Netanyahu, took up most of a long radio interview given by Defense Minister Ehud Barak Thursday, Aug. 9. He explained that US and Israeli intelligence essentially see eye to eye on this matter and so do he and the prime minister. Barak referred to the new US National Intelligence Estimate (NIE) on Iran as confirming that both capitals understand that not much time is left for making decision on whether or not to go on the offensive against Iran’s nuclear facilities and when, because, he said, “a nuclear Iran is taking shape right before our eyes.”

»Defense Minister Barak's key remark was this: “I am aware of an American intelligence finding (not the new National Intelligence Estimate) that brings American intelligence assessments [of the current state of the Iranian nuclear program] very close to ours. This makes the Iranian question [i.e., the issue of the Iranian nuclear program and a possible military operation against it] extremely urgent,” he said without further explanation.

»Barak disclosed that the US and Israel have been essentially of one mind for many months in their estimates of Iranian nuclear progress and the factors holding Tehran back from starting to build a nuclear bomb. All options therefore remain on the table, he stressed.»

…Que faut-il entendre par ceci : «…the new US National Intelligence Estimate (NIE) on Iran», suivi de ceci : «“I am aware of an American intelligence finding (not the new National Intelligence Estimate)…», ceci et ceci qui prétendraient dire la même chose ? Que faut-il comprendre sinon la confirmation qu’aujourd’hui, dans l’urgence ou bien dans l’indifférence de prendre quelque précaution que ce soit dans la manipulation des nouvelles conformément aux intérêts immédiats, le “n’importe quoi” fait l’affaire pourvu qu’un semblant d’effet est obtenu dans l’instantanéité ? Le bruit, vous dit-on, voilà l'essentiel...

• Du côté US, la réplique a été immédiate, y compris même du côté de l’administration. John Glaser, de Antiwar.com nous donne un résumé de la chose, ce 10 août 2012, qui témoigne surtout de la fureur manifestée dans les milieux du renseignement US devant cette “fuite” que le ministre de la défense israélien a transformé en une déclaration officielle, manifestement sans la moindre consultation avec Washington. Cela donne comme résultat que les diverses réactions, à Washington, semblent constituer une confirmation officielle des véritables résultats de la nouvelle (est-ce-bien sûr ?) NIE, indiquant que la situation du nucléaire iranien n’a guère évolué du point de vue de la production de systèmes militaires.

«Following rumors in Israel of a new US intelligence report warning of Iranian progress on a nuclear weapon, US officials told Reuters on Thursday that their intelligence still says Iran is not on the verge of getting nuclear weapons. Israeli Defense Minister Ehud Barak told Israeli news media early Thursday that a new US intelligence report parted ways with earlier estimates finding Iran had no nuclear weapons program. No new or credible evidence was given in these reports of any Iranian weapons program, however.

»Officials in Washington were reportedly “livid” with the unilateral Israeli leak of US intelligence. “The rules of the spy game are clear,” former US Navy intelligence analyst John Schindler wrote on his blog. “When intelligence services share information, as they do every day, you don’t pass it to third parties without clearance. Ever. And if you do, eventually you will get burned and nobody will want to play marbles with you.”

»But a White House National Security Council spokesman disagreed with Barak’s claim that the new US intelligence “transforms the Iranian situation into an even more urgent one.” He said the US intelligence assessment of Iran’s nuclear activities had not changed from the last National Intelligence Estimate, which concluded that Iran halted its weapons program in 2003…»

Glaser constate le désaccord USA-Israël, et réaffirme qu’il y a mésentente entre Obama et Israël sur la nécessité (?) de lancer une attaque contre l’Iran. A côté de cela, Glaser met en évidence que l’effroyable régime de sanctions décidé contre l’Iran, explicitement pour bloquer le processus de production de systèmes nucléaires militaires qui ne se signale en rien depuis 2003, sanctions portant même sur l’accès aux produits pharmaceutiques vitaux, doit conduire à des situations terribles en Iran, que certains situent d’ores et déjà à des dizaines de milliers de morts. (Voir, sur le même Antiwar.com, ce 9 août 2012, l’article de Muhammad Shimi à ce propos.)

Il reste que le NIE nouveau (le “serpent de mer”, disions-nous le 21 juillet 2012) est en route, qu’il se trouve quelque part dans le labyrinthe bureaucratique du Système, déjà criblé de “fuites”, et qu’il donne évidemment comme résultat que les Iraniens n’ont pas progressé dans la production effective de système nucléaires militaires, au contraire de ce qu’affirme la paire Netanyahou-Barak, en complet et habituel déni des informations disponibles à cet égard. Finalement, il apparaît possible que le nouveau NIE devrait être rendu public assez rapidement, par défaut dirait-on, pour couper court à ces polémiques avec utilisation de “fuites” diverses et manipulées à souhait. Le jeu sordide entre Israël et BHO, qui discrédite aussi bien l’hystérie de l’un que la lâcheté de l’autre, ne fait strictement rien avancer dans l’affaire du nucléaire iranien tandis qu’elle ôte une fois de plus toute justification aux sanctions barbares décidées contre l’Iran.

Il n’y a sans doute pas de dossier qui montre autant la paralysie, la pathologie, l’illégalité et la cruauté nihiliste de la politique du bloc BAO que celui du nucléaire iranien. Le seul avantage qu’il a est de nous montrer à visage découvert la méfiance haineuse et la constante recherche de manipulation qui caractérisent les relations entre les USA et Israël. Il n’y a plus aucune substance, dans ce dossier comme dans ces relations, et tout cela (cette politique de l’attaque-massive-par-surprise contre l’Iran) tient simplement en place parce que ce domaine complètement pourri s’inscrit dans une démarche, un environnement et un argument également pourris, des deux côtés... On ne change rien, sinon tout s'effondre.


Mis en ligne le 10 août 2012 à 12H17