Le président des USA est-il un citoyen des USA?

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…On dira que la question n’est pas nouvelle. C’est un des divers axes d’attaque contre Barack Obama depuis qu’il figure comme “présidentiable”, durant la campagne électorale du printemps 2008; c’est un de ces “axes d’attaque” dénoncés comme calomnieux, lunatiques, dérangés, etc.

Tous ces jugements sur le cas sont peut-être justifiés mais cela n’empêche pas que le cas risque de prendre une allure officielle si Orly Taitz devient secrétaire d’Etat de l’Etat de Californie, poste pour lequel elle vient de déposer sa candidature pour la désignation républicaine. Orly Taitz est une activiste, une extrémiste mais aussi une constitutionnaliste à la tête d’une puissante organisation juridique qui examine ce cas et s’occupe de nombreux autres cas juridiques mettant en cause le “centre” fédéral, notamment le cas de soldats qui attaquent le gouvernement de Washington parce qu’ils jugent “illégales” les guerres en Irak et en Afghanistan.

The Independent du 30 mars 2010 consacre un article à Taitz, à ses ambitions, à ses activités. Ironie soulignée par le journal: Taitz, dentiste de son état, parlant 5 langues, est elle-même née hors des USA. Née en Moldavie, juive, émigrée en Israël, avant d’émigrer aux USA dans les années 1980… («Born into a Jewish family in Communist-era Moldova, she moved to Israel in her early 20s. Her husband Yosef, a computer whiz from California, met her during a holiday to the Holy Land in the 1980s. They married a few months later.»)

«She's been called a heroine, a patriot, and a tireless defender of liberty, justice, and the American way. She's also been dubbed a racist crank who exemplifies the worst excesses of the blowhard right.

»But the one thing Dr Orly Taitz really can't stand is the way she's usually described in print: queen bee of the so-called “birther” movement. “When you say 'birther' you're using a pejorative term,” she says, with lawyerly aggression. “I'm in fact a constitutional attorney, who believes that Barack Hussein Obama could be guilty of a major fraud, and should therefore be investigated." We are at a branch of TGI Friday's about five minutes' drive from the building in Orange County where Dr Taitz runs a dental surgery, a dormant estate agency, a solicitor's practice and a high-profile international campaign to expose the President of the United States as a fraud.

»Dr Taitz is therefore a busy woman. When we meet, she's just finished filing a lawsuit which aims to prevent the new US healthcare bill taking effect. A few days earlier, she made headlines by entering the race for the Republican nomination in November's election for the position of Secretary of State of California. She is also pursuing 18 legal cases on behalf of around 200 US soldiers who are contesting their deployments to Iraq and Afghanistan. Her clients are arguing that Mr Obama is unqualified to act as their Commander in Chief because he was born overseas; possibly, they say, in Kenya or Indonesia.

»“We are fighting a global war against radical Islam,” she says. “We know about acts of terrorism in Indonesia and Kenya. Let's say those incidents repeat themselves, and we need to send troops to those countries. Don't you think it's important for my clients, to know where the loyalties of Barack Hussein Obama lie?” With this sort of rhetoric, it would be easy to dismiss Dr Taitz and her followers as a shouty fringe group on the far right-wing of US politics. But that is not necessarily so: a poll out this week showed 57 per cent of Republican voters believe Mr Obama to be a Muslim. A quarter believe him to be the Antichrist. “AOL has also published a study saying 80 per cent of Americans believe there's an issue with Obama's birth,” adds Dr Taitz. “A Pew poll said 85 per cent would like to see his birth certificate. So there is a vast majority who think there's a problem and say that we cannot have an unknown sitting in the White House.”

»Though once considered taboo, the issue of where the President was born has entered the mainstream. CNN's Lou Dobbs actively encourages debate of it. Republican politicians call for his birth certificate to be published. Tea Party activists carry placards that depict the first black President as an Arab, or a Kenyan tribesman. Dr Taitz's blog boasts 8 million readers a month. She gets hundreds of supportive emails a day, and has achieved celebrity status. Dr Taitz subscribes to the view that President Obama's birth was retroactively registered in Hawaii, perhaps to help him gain US citizenship. She talks of myriad anomalies related to his life story – allegedly faked birth announcements, fabricated social security numbers – which are detailed endlessly on her and other websites. Most of all, though, she complains about the White House's refusal to authorise the release of the original birth certificate which would conclusively prove that Barack Obama was born on 4 August 1961 at Kapi'olani hospital in Honolulu, Hawaii.

»“All they have released is a certificate of live birth,” she says. “That's a document given to people who don't have an original. And it does not show the name of the hospital. It should be OK to get a driving licence and to go get a job. However, for someone who wants to be President, it's not good enough.”

»Judges don't see things that way. A federal appeals court ruled last Monday that Dr Taitz must pay $20,000 (£13,000) in fines for wasting court time by repeatedly bringing spurious cases referring to Mr Obama's place of birth. The fines are “a deterrent to prevent future misconduct and to protect the integrity of the court”. She is refusing to pay, though. “The judge called me ‘frivolous’. What is frivolous? You tell me: what can be more important for the nation than having a legitimate President? This is despicable. The judge was clearly pandering to the President.”»

Notre commentaire

@PAYANT Le cas de Taitz est exemplaire du formidable entrelacs qui s’est développé aux USA entre les rumeurs les plus folles, les plus extrémistes dans tous les sens, les idéologies extrémistes elles-mêmes, les mouvements centrifuges anti-Washington au nom des arguments les plus divers, des plus sérieux aux plus loufoques, la pénétration des réseaux officiels comme celui de l’éventuelle désignation de Taitz comme candidate à un des plus hauts postes de la Californie, les attaques de corruption contre le réseau judiciaire légal. (Le refus de Taitz de payer l’amende que lui impose le juge pour avoir jugé “frivole” son attaque dans le cas de la nationalité d’Obama est un exemple de cette mise en cause du système judiciaire légal, considéré comme étant à la solde du “centre ”. D’autre part, on peut juger l’amende elle-même si disproportionnée qu’elle pourrait également en paraître “frivole”, et certainement suspecte.)

En général, la presse, les médias, le système de communication officiel (US dans ce cas, obligeamment relayés par notre propre système officiel) nous donnent un spectacle de Washington, de la façade officielle comme représentation de l’Amérique, comme description suffisante pour nous renseigner sur l’état de l’Amérique. La “victoire historique” d’Obama à la Chambre, acquise dans les habituelles conditions de corruption également historiques mais dans sens du business as usual, portant sur une loi elle-même sacrifiant de façon historique aux intérêts industriels divers, donne l’image d’un renversement complet de situation. Le cas Taitz, parmi d’autres, remet un peu les choses en place et en perspective.

L’Amérique est aujourd’hui un bouillonnement immense et le vote de la Chambre n’a rien changé, sinon en exacerbant encore ce bouillonnement. Les étiquettes et les anathèmes volent. “Racistes”, “xénophobes”, “néo-nazis”, etc., notamment à l’encontre des gens de Tea Party, à telle ou telle occasion. Inutile de dire que Taitz, elle-même juive et immigrée, est proche de Tea Party, ce qui laisse à penser sur la valeur des étiquettes. Les tentatives des réseaux officiels de continuer à classer les innombrables facteurs de désordre selon les étiquettes arrangeantes de la diabolisation courante du système de communication apparaissent évidemment de plus en plus dérisoires.

BHO est-il ou non né sur un territoire américain? Cette “rumeur ignoble”, comme elle était qualifiée au printemps 2008, cette “perfidie de raciste”, etc., n’en gagnerait pas moins droit de cité, voire de représentation si Orly Taitz, dentiste reconvertie dans l’activisme et dans l’attaque judiciaire en règle contre différents aspects de l’activité fédérale, devenait candidate républicaine pour le poste de secrétaire d’Etat de l’Etat de Californie, puis si elle parvenait à être élue. Ainsi les tentatives se multiplient-elles de cette sorte d’“entrisme” chaotique venue de ces groupes innombrables d’activistes qui forment la nébuleuse du désordre et de la colère aux USA. La poussée vers les postes officiels constitue effectivement un moyen d’amener les causes jusqu’ici les plus suspectes et mises à l’index, sur la scène officielle de la politique américaniste.

En vérité, peu nous importe que Barack Obama soit ou non né sur le territoire américain. (Par contre, il semble que cela importe beaucoup au système judiciaire du système de l’américanisme qu’on n’en débatte pas trop publiquement, qu’on ne soit pas trop “frivole”. Par contre, également, il semble que CNN ne dédaigne plus de faire quelques-uns de ses choux gras de cette matière “frivole”, ce qui montre qu’à cet égard bien des portes peuvent être ouvertes. ) Ce qui nous importe est la montée et la diffusion de ce désordre général, avec la résurgence de tous les aspects de ce désordre. On pourrait aussi bien noter les raids du FBI, le week-end dernier, contre des rassemblements de milices, et les accusations lancées à cette occasion contre des connexions entre Tea Party et ces milices (voir RAW Story, le 29 mars 2010), les attaques diverses (jets de pierre contre leurs domiciles, insultes, menaces, etc.) contre les parlementaires ayant voté la loi des soins de santé, qui affichent avec pompe des mesures de sécurité ordonnées par le FBI, – pour les protéger contre le “fascisme montant”, bien évidemment.

Les interprétations officielles et tous leurs éditoriaux, en défense de la démocratie et du reste, sont dérisoires, et puants, à égale mesure, d’hypocrisie et d’une crainte considérable. Nous ne sommes pas à Hollywood et il n’y a ni bons ni mauvais, ni gentils ni méchants mais un système aux abois avec les réactions diverses et souvent pathétiques de ceux qui le servent, et les attaques chaotiques, furieuses, ennemies de la nuance et de la bienséance, de ceux qui ne supportent plus leur système. Les seconds sont en grand nombre, il faudra bien finir par l’admettre.

La grande vertu du système de l’américanisme est sa fluidité institutionnelle, qui est un des restes de la vieille démocratie localiste des origines. Cela permet aux furieux, de plus en plus, de glisser un pied dans les diverses porte entr’ouvertes, pour envisager de pénétrer par effraction légale, librement élus par conséquent, au cœur du système, et y semer légalement le désordre. Cas de Orly Taitz, après d’autres et sans doute avant beaucoup d’autres. Nous suivrons avec intérêt son parcours.


Mis en ligne le 31 mars 2010 à 09H43

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