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12931er mars 2013 – D’après les heures des dépêches et les emplois du temps respectifs, il nous semble qu’on puisse dire que le mardi 26 février, journée particulièrement chargée pour lui, commença pour le ministre russe des affaires étrangères Sergei Lavrov par une rencontre (à Moscou) avec le ministre des affaires étrangères hollandais Timmermans. Ensuite, il partit pour Berlin, pour rencontrer le secrétaire d’État nouvellement nommé John Kerry. Mais dès sa rencontre avec Timmermans, Lavrov parlait à Kerry.
A l’issue de cette première rencontre, Lavrov déclarait (Novosti, le 26 février 2013) :
«Il y a quelques jours encore, il nous semblait que les conditions étaient devenues plus propices pour le début d'un dialogue entre les parties syriennes. […] Des voix s’étaient levées en faveur de négociations sans conditions préalables. Cependant, cette approche a été ensuite rejetée. De toute évidence, les extrémistes, qui misent sur la résolution militaire du problème syrien et bloquent toute initiative visant à nouer un dialogue, s'imposent de plus en plus au sein de l'opposition…»
Dans The Voice of Russia, version anglaise, le 26 février 2013, les termes sont beaucoup plus fournis et beaucoup plus fermes.
«The Syrian opposition has been increasingly becoming more extremist, a tendency that leaves an even slimmer chance for immediate nationwide talks than was the case only a few days ago, Russia’s foreign chief Sergei Lavrov has said at a meeting with his Dutch counterpart. […] Russia’s top foreign official pointed out the opposition then went back on their words, adding the reason for such a dramatic change of heart was probably linked with extremists getting the upper hand in the Syrian Opposition Coalition, who are intent on blocking peace initiatives to go ahead with a military campaign.»
Si l’on veut se montrer un peu audacieux, on proposera l’idée que Lavrov, en martelant ces phrases particulièrement dures, signifiait à son nouvel homologue US : “Dear John, il serait temps que vous mettiez de l’ordre dans votre paroisse” (dito, les rebelles) ; ajoutant in petto que de son côté (côté russe), il avait accompli son contrat en convainquant Assad de négocier avec les rebelles sans conditions préalables.
Puis il y eut la rencontre. Le site Russia Today présentait le 27 février 2013 un texte d’analyse de Robert Bridge qui résumait assez bien l’atmosphère. D’abord, l’on était très impressionné par trois grandes photos montant Kerry et Lavrov lors de la conférence de presse finale, absolument envahis de sourires sans fin, – chose rare pour Lavrov, il faut le noter. L’analyse reflétait ce climat plutôt enthousiaste, mais prenait garde, et justement cela, d’énoncer les évidences très brèves mais fondamentales qui invitent au scepticisme… On ne peut que conclure : sympathique début pour les séance photos mais, pour le reste, on verra. Que le plus enthousiaste pour la rencontre ait été l’ambassadeur US à Moscou McFaul ne nous remplit pas d’optimisme («Perhaps the most glowing assessment of the talks came from US Ambassador to Russia Michael McFaul, who declared via Twitter: “Good start!”»). La mention du “moment magique” de la rencontre Lavrov-Clinton de mars 2009 où l’on annonça la relance des relations Russie-USA, et ce qu’il en reste, nous rappellent que la magie est une chose aussi séduisante et (naturellement) fascinante que volage et insaisissable, qui disparaît comme si elle n’avait jamais existé, aussi vite qu’elle était apparue, comme si elle semblait en un instant pouvoir soudain tout changer dans les affaires du monde et des sapiens, pour nous abandonner aussitôt après, sans rien qu'un souvenir nostalgique…
«After all, since that magical moment in March 2009 when Hillary Clinton and Sergey Lavrov jointly activated a mistranslated ‘reset’ button (the Russian word for “overload” was used instead of “reset”), to the ‘broken telephone’ incident between Kerry and Lavrov, Russian-US relations have come full circle.»
Nous mentionnons d’autres textes sur les relations Russie-USA à cette occasion… Un texte de notre ami M K Bhadrakumar, le 27 février 2013, qui nous assure que “les USA et la Russie cherchent une percée sur la Syrie”, qu’il n’est pas sûr qu’ils la réaliseront, qu’il y a d’autres énormes problèmes entre les deux pays qui ne sont pas traités (les antimissiles), mais que les relations Lavrov-Kerry sont un bon atout. Il y a aussi un texte de DEBKAFiles qui, lui, nous assure que l’affaire syrienne est déjà pliée et repliée, et enrobée d’un papier cadeau, entre Russie et USA, avec le plan d’une partition en deux de la Syrie pour 2014, rebelles d’un côté, Assad de l’autre. Bref, du pur DEBKAFiles. (Le 28 février 2013.)
La vérité de cette rencontre, à notre avis, nous vient d’une source US (un fonctionnaire) qui n’assista qu’à la phase finale et put entendre ce dialogue Kerry-Lavrov, qui devait conclure certaines possibilités de promesses de faire des choses ensemble… Kerry : “Vous savez, dans notre gouvernement, le secrétaire d’État ne peut pas faire ce qu’il veut” ; et Lavrov : “C’est dommage, parce que chez nous on gouverne, et l’on maîtrise bien notre diplomatie”. Le mot de Kerry trace les limites de l’exercice. Le secrétaire d’État est peut-être dans de bonnes intentions mais il ne pourra faire que ce qui lui est possible et autorisé, ce qui, à Washington, signifie une liberté d’action réduite aux acquêts de l’instant et un désordre poursuivi et constamment renforcé avec la multitude de pouvoirs et de centres d’influence, les agences et ministères divers, le Congrès en mode-turbo pour faire ce qui lui plait on sait dans quel sens, avec une Maison-Blanche qui marie avec brio de prudentes déclarations en sens contradictoires.
Une certitude de cette rencontre, c’est que Lavrov a adressé, souriant, une demande à son ami John, qui pourrait avoir des allures d’ultimatum : il doit sortir de la conférence des “Amis de la Syrie”, ce 28 février à Rome, des résultats concrets montrant que les USA ont réussi à obtenir des résultats concrets montrant un freinage de l’extrémisme des rebelles, et une reprise en main sérieuse de la chose dans le chef des USA. Cette conférence ayant eu lieu hier, peut-on dire que c’est le cas ? Là encore, on restera circonspect…
En fin d’après-midi, le 28 février 2013, Reuters donnait un résumé des principales tendances qui s’en étaient dégagées…
«The United States will send non-lethal aid directly to Syrian rebels for the first time, Secretary of State John Kerry said on Thursday, disappointing opponents of President Bashar al-Assad who are clamoring for Western weapons.
»But in a change of emphasis, the mainly Western and Arab ‘Friends of Syria’ group meeting in Rome “underlined the need to change the balance of power on the ground”. A final communique said participants would “coordinate their efforts closely so as to best empower the Syrian people and support the Supreme Military Command of the (rebel) Free Syrian Army in its efforts to help them exercise self-defense”. […]
»Kerry, after the talks in Rome, said Washington would more than double its aid to the Syrian civilian opposition, giving it an extra $60 million to help provide food, sanitation and medical care to devastated communities. The United States would now “extend food and medical supplies to the opposition, including to the Syrian opposition's Supreme Military (Council)”, Kerry said.
»In their communique, the ‘Friends of Syria’ pledged more political and material support to the Syrian National Coalition, a fractious Cairo-based group that has struggled to gain traction inside Syria, especially among disparate rebel forces. Riad Seif, a coalition leader, said before the Rome meeting that the opposition would demand “qualitative military support”. Another coalition official welcomed the result of the talks. “We move forward with a great deal of cautious optimism. We heard today a different kind of discourse,” Yasser Tabbara said.
»But the continued U.S. refusal to send weapons may compound the frustration that prompted the coalition to say last week it would shun the Rome talks. It attended only under U.S. pressure. Many in the coalition say Western reluctance to arm rebels only plays into the hands of Islamist militants now widely seen as the most effective forces in the struggle to topple Assad. However, a European diplomat held out the possibility of Western military support, saying the coalition and its Western and Arab backers would meet in Istanbul next week to discuss military and humanitarian support to the insurgents.»
Nous avons à peu près toutes les contradictions possibles, toutes les ambiguïtés concevables… Les USA vont aider un peu plus, pourtant dans le seul domaine des équipements dits ‘non-létaux’ ; pourtant, l’on décide un meilleur équipement sur le terrain (donc, quelque chose qui se rapproche des armes), une meilleure coordination, pour renforcer la rébellion ; d’ailleurs, un officiel occidental dit qu’à une prochaine réunion, à Istanboul la semaine prochaine, on décidera d’envoyer des armes, essentiellement aux groupes modérés, pour les renforcer face aux groupes extrémistes (conception extrêmement spécieuse sinon sinistrement comique, alors que les extrémistes, avec les armements qu’ils ont, sont partout supérieurs aux modérés et ne cessent de peser toujours plus sur l’organisation générale : les équipements allant en théorie aux modérées pourraient bien, bien entendu, compte tenu des capacités, être aisément récupérés par les extrémistes...).
La confusion et l’incontrôlabilité inhérente à la situation qui s’est construite autour de la Syrie en deux ans du fait de l’action du bloc BAO et de l’aveuglement soigneusement entretenu comme outil principal de la politique suivie, donnent ici tous leurs effets. La véritable question que pose Lavrov à Kerry est la suivante : contrôlez-vous tous ces gens, y compris vos alliés, pour forcer le camp rebelle à se ranger en bon ordre dans le sens d’un accord de cessation de combat ? Quelles que soient les assurances du gentil Kerry, la réponse est évidemment négative. L’influence US se perd dans le désordre général, aussi bien du côté des rebelles, que du côté des “amis de la Syrie”, dont certains (le Qatar, pare exemple) n’en font qu’à leur tête. Qui plus est, comme le remarque Bhadrakumar, les USA ne cherchent qu’à se désengager du chaudron moyen-oriental et, par conséquent, leur influence diminue d’autant à mesure que le temps avance. Les USA sont loin, très loin de posséder assez d’arguments et de moyens pour contrôler la situation de leur seul côté, si bien que l’engagement implicite, et d’ailleurs nullement confirmé et encore moins substantivé, de Kerry de prendre la situation en mains est pour l’instant un acte de communication ; et l’on dirait “un acte de communication” qui relève implicitement de la profession de foi, et d’une foi dans la toute-puissance de l’influence US dont on sait qu’elle n’est plus qu’un souvenir.
Pour une fois, une des rares fois nous le disons, quel dommage que dedefensa.org ait comme politique délibérée, avec la restriction austère des processus qui va avec, de bannir l’image (la photographie soi-disant d’“information” ou de “communication”) dans sa publication. Il s’agit, pour dedefensa.org, de lutter en proclamant cette position comme nous le faisons ici, contre cette tendance facilitée, sinon imposée par le technologisme annexé par le système de la communication dans ce cas, de tout résumer par l’image. (D’une façon générale, dans les procédés et avec les moyens de la modernité, l’image a une telle place et un tel brio de représentation qu’elle étouffe le texte, l’abaisse, le met à son service, quoi qu’il veuille dire.) Dans ce cas, on comprend que l’expression elle-même faussaire de “tout résumer par l’image” signifie en général, dans le climat et selon les us et coutumes actuels, tout fausser par la manipulation inconsciente de l’image, par la perception autant que par le caractère instantané et absolument soumis à l’instant de l’image… Pour cette fois, les trois photos illustrant le texte de Russia Today démentaient tout cela, représentant le cas de l’exception (il y en a d’autres, certes) qui confirme la règle ; ces trois photos montrant le sourire de Lavrov valait leur pesant et leur qualité d’analyse psychologique de cet instant. L’austère et roboratif Lavrov n’a pas le sourire facile ; et quand il sourit d’habitude, c’est dans le mode retenu. Cette fois, le sourire était absolument éclatant. De quel sourire s’agit-il ?
…Nullement le triomphe et l’enthousiasme, que cela soit ceux d’avoir “diplomatiquement” berné ou vaincu son “partenaire”, ou d’avoir trouvé dans son “partenaire” un presque-ami avec lequel on va pouvoir faire de grandes choses ; nullement le triomphe et l’enthousiasme plus ponctuels d’avoir conclu des choses fondamentales qui vont changer le cours des choses. L’une des déclarations de Lavrov au cours de cette conférence de presse tout-sourire, conjointe avec Kerry, doit être interprétée, exactement de la même façon que doit être interprété le “Good start !” de McFaul. (On sait ce qu’on doit penser de l’ambassadeur US à Moscou McFaul, prototype du sapiens américaniste, agissant dans un sens subversif affiché en toute inculpabilité [dans le cadre de l’infraresponsabilité], en toute innocence si l’on veut, – “innocence” fabriquée par le Système, dans ce cas système de l’américanisme, pour mieux pouvoir susciter l’action de déconstruction-dissolution sans être entravé par la moindre interrogation de l’esprit sur la justesse, la loyauté, le caractère bienfaisant de l’acte ainsi posé, – parfait exemple de l’inversion totale de “l’acte ainsi posé”.)
Lavrov a dit qu’il avait l’impression qu’il “serait plus facile” de travailler avec cette deuxième administration Obama qu’avec la première. A notre sens, cette déclaration ne signifie pas exactement ce qu’elle prétend vouloir dire, peut-être même sans que Lavrov s’en soit précisément aperçu. Certes, elle signifie bien que le Russe se sent plus à l’aise avec Kerry, mais non pas à cause de Kerry-à-la-différence-d’Hillary. (N’aurait-il pas pu dire la même chose lors du “moment magique” de mars 2009, lorsqu’il proclama avec Hillary le “redémarrage” des relations Russie-USA ? L’impression, encore plus évidente certes, qu’il serait “plus facile” de travailler avec l’administration Obama qu’avec l’administration GW Bush ?) Mais cela ne signifie nullement que la coopération entre la Russie et les USA s’est trouvée soudainement mise sur une voie nouvelle, constructive, efficace, classique également et bien désuète, de type “bipolaire” comme le jugent ou l’espèrent certains, – sans le moindre doute, pas du tout cela… Le résultat, en effet, fut bien que la rencontre des “Amis de la Syrie”, suivant immédiatement la rencontre, a montré que rien n’avait changé, et que l’influence des USA, si influence il y a eu dans le sens espéré après la rencontre Lavrov-Kerry, n’a pas obtenu, et il s’en faut de beaucoup, le résultat espéré ; pendant ce temps, le Congrès continuent ses gesticulations, on sait dans quel sens…
Aussi en vient-on à considérer que la phrase importante de la rencontre Lavrov-Kerry est cette confidence chuchotée par Kerry (“Dans notre gouvernement, le secrétaire d’État ne peut pas faire ce qu’il veut”). Cela, c’est la vraie marque de la rencontre, et elle signifie que le partenaire de Lavrov ne peut pas grand’chose, qu’il est “gentil”, plein de bonne volonté, qu’il promet enfin, mais ne tient guère parce qu’il ne peut tenir beaucoup. Alors, ce sourire de Lavrov, décidément, comment l’interpréter ? Nous avons notre explication, qui tient certes de l’hypothèse et qui tient ce sourire pour un symbole puissant, mais dans une époque où l’hypothèse substantivée et travaillée, et l'intérêt accordé au symbole comme une marque d'une grande profondeur, ont de plus grandes chances de rendre compte de la “vérité du monde” que les spéculations rationnelles sans nombre faites sur une “réalité” qui n’est en vérité (!) qu’une bouillie pour les chats absolument insaisissable.
Pour comprendre le sourire de Lavrov, il faut, à notre sens, se reporter à notre texte du 4 février 2013, et plus précisément encore à la phrase magistrale de puissance, de signification évidente et de signification cachée conjointement, d’Alexei Pouchkov, président de la commission des affaires étrangères de la Douma. Nous la présentions de la sorte :
«L’essentiel de cette déclaration est résumé par cette phrase à la fois sibylline et, lorsqu’elle est éclairé par un commentaire prenant en compte la perspective historique, extraordinairement significative : “La Russie est en train de mettre un terme à sa dépendance de la superpuissance mondiale”.»
C’est dans ce sens que nous l’interprétons, le fameux sourire de Lavrov, comme un symbole, comme une explication fondamentale d’une situation du monde, comme un éclair (involontaire, inconscient et ainsi de suite) de la vérité du monde.
Ce sourire n’est donc ni triomphant ni enthousiaste (“nullement le triomphe et l’enthousiasme plus ponctuels d’avoir conclu des choses fondamentales qui vont changer le cours des choses”). Plus simplement, plus droitement et plus fondamentalement, c’est un sourire libéré… (“Libéré” de “la dépendance de l’hyperpuissance”). Cela va d’autant mieux, et cela va d’autant plus dans la logique des choses et de la chose dont on parle que le sourire de Kerry, lui, est de son côté franc et clair, et avec quelque chose de penaud… (C’est celui d’un homme qui vient de vous dire “Vous savez, dans notre gouvernement, le secrétaire d’État ne peut pas faire ce qu’il veut”.)
En fait, la Syrie n’était qu’un prétexte et une occasion. (Mais prétexte et occasion qui valent leur pesant de signification puisque, là-bas, seule la Russie peut quelque chose et pourrait à l’occasion, à un certain moment et dans certaines conditions, faire la loi et faire la paix. Les USA, à côté, c’est de la gesticulation, – voir “Les Amis de la Syrie” à Rome et tout ce qui a précédé depuis deux ans, – et l’on mesure alors quelle “vérité du monde” a révélé cette rencontre Lavrov-Kerry.) La véritable révélation de la rencontre, qui confirme effectivement l’évolution récente, c’est la libération de la Russie (de Lavrov-le-souriant en l’occurrence), cela substantivé par la découverte et la confirmation à la fois, par la Russie et par Lavrov toujours, de l’inconsistance des USA, par déstructuration et dissolution.
Nous ne disons certainement pas que c’est un fait politique identifiable et substantivé à l’instant car nous pensons évidemment que tout cela est bien entendu psychologique, et sans aucun doute inconscient, et pour nous sous forme d’hypothèse, et que les effets seront souterrains et difficiles à identifier en tant que tels. Mais nous pensons également que le poids politique de cet “événement” sera considérable, en libérant la Russie d’une hypothèque qui lui vient de la guerre froide et de l’URSS, dans cette époque où elle fut certes “partenaire” des USA tout-puissants (c’était le cas alors, la toute-puissance US), mais partenaire fasciné, partenaire dont la seule référence étaient justement les USA (arriverais-je au niveau des USA ? Ferais-je mieux que les USA dans tel domaine ? Etc.). En quelque sorte, l’on dira que la rencontre Lavrov-Kerry, après un long processus dont la phase ultime et paroxystique a démarré dans la période décembre 2011-mars 2012 (élections générales-élection présidentielle en Russie), a définitivement enterré l’American Dream spécifique de l’URSS-Russie qui, peu ou prou, a influencé psychologiquement l’URSS-Russie depuis le début de la guerre froide en 1948, – depuis ce temps où les USA avaient décrété que l’URSS était devenue leur “adversaire-partenaire”, ce qui était une façon d’adouber l’URSS dans un rang considérable, dans un univers écrasé par l’American Dream, cette trouvaille de communication du Système, qui était aussi puissante et efficace qu’elle était fausse et trompeuse. (Voir notamment les Deuxième et Troisième Partie du Premier Livre de la Grâce de l’Histoire)
Tout cela ne nous dit rien de la perspective politique, et encore moins ne suggère quelque prospective que ce soit. (Du type DEBKAFiles : en 2014, ils [Russie et USA] s’entendront pour diviser la Syrie en deux, – cette sorte de comptine et de conte pour experts-analystes en mal de prévisions.) Il y aura poursuite des avatars et cahots, sur la question syrienne et sur le reste, et sur les antimissiles certes, le morceau de roi des relations entre les deux pays. Il y aura des négociations, des amorces de coopération (pas plus, car on ne coopère pas avec les USA), des affrontements, etc. Bref, il y aura la poursuite en accélération constante du désordre. L’essentiel du point de vue opérationnel, c’est que la Russie, avec le poids qu’elle a (sa puissance diplomatique, son statut de puissance nucléaire stratégique, son absence de crainte d’agir militairement et résolument s’il le faut [Géorgie, 2008]), est confirmée dans sa libération de ses emprisonnements psychologiques face aux USA. L’essentiel du point de vue fondamental de la situation générale est qu’un pan de plus du Système s’est effondré, – et cette fois, nous parlons bien du Système et non plus des USA, car les USA ont (avaient) dans le déploiement du Système le rôle de la neutralisation de la Russie, essentiellement par le système de la communication par où passe l’influence sur la psychologie. L’appendice de cela, mais essentiel sans aucun doute, est bien sûr que cette dynamique-Système dont sont chargés les USA continue et continuera, et contribuera nécessairement à la poursuite en mode-turbo de la dissolution du gouvernement et des élites américanistes, qui continueront à croire qu’ils peuvent manipuler la Russie à leur gré, y compris dans le rapport entre l’accommodement apparent et l’agression de communication, et qui ne cesseront d’essuyer des revers qui accentueront constamment cette dissolution interne.
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