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1460Dans Russia Today, le 4 mai 2013, Robert Bridge, spécialiste US du corporate power et auteur du livre Midnight in the American Empire, soutient in fine la thèse que le corporate power aujourd’hui dominateur absolu des USA, pousse ce pays vers une sorte de situation d’extermination rampante et à peine dissimulée, ou d’auto-extermination. La chose n’est pas dite en ces termes et apparaît d’ailleurs difficile à structurer “opérationnellement” pour répondre à une hypothèse aussi tranchée ; mais le titre y fait penser («Suicide watch: Is corporate power pushing Americans over the edge?») et l’esprit de la chose a de fortes chances d’exister selon l’état de la psychologie qu’on constate dans le corporate power. Le sérieux de l’auteur, la précision de l’analyse qu’il fait, contrastent effectivement avec l’apparence disons irrationnelle, ou fortement hypothétique, de l’interprétation ; au reste, on ne parlera certainement pas d'aberration (pour qualifier l'hypothèse), l'aberration se trouvant plutôt, sans le moindre doute, du côté du corporate power..
La première partie du texte, la plus spectaculaire, est consacrée à l’extraordinaire expansion du suicide aux USA, précisément depuis la crise de 2008 impliquant évidemment le corporate power sous toutes ses facettes, – ses responsabilités, sa capacité de destruction, son emprise sur la direction politique du Système, sa façon de tirer des profits extraordinaires des crises massives dont il a la responsabilité, ses pressions pour établir une situation sociale extraordinairement prédatrice, – un ensemble de pressions nourrissant une sorte de doctrine économique et financière totalitaire qu’on croirait effectivement à finalité de destruction par rapport à la population US, qu’on devrait baptiser du néologisme d’inégalitarisme à la fois totalitaire et prédateur. On retrouve la même idée, du point de vue de l’évolution des suicides, que celle qui est exposée par les professeurs Stuckler et Basu, que nous citons dans notre F&C du 3mai 2013...
«Americans are now more likely to die by their own hands than from a car accident or a murder-related incident, a grim statistic that shines a light on abusive corporate practices. Judging by the latest data by the Center for Disease Control, something is driving Americans to become their own worst enemies: From 1999 to 2010, the suicide rate among US citizens between the ages of 35 to 64 soared by about 30 per cent, to 17.6 deaths per 100,000 people. Suicide now ranks higher than death by automobile: in 2010, there were 33,687 deaths from motor vehicle crashes compared with 38,364 suicides.
»Although suicide tends to be viewed as a problem inflicting teenagers and the elderly, the recent study shows a marked rise in the number of suicides among the Baby Boom generation (a demographic group born between the years 1946 and 1964, when the annual birthrate rose dramatically in the US). Suicide rates soared across all four geographic areas and in 39 states. The state of Wyoming recorded the highest increase in suicides with a 78.8 per cent jump (31.1 per 100,000). Even the paradise state of Hawaii witnessed a 61.2 per cent increase (21.9 per 100,000).
»Yet some believe even these shocking numbers are too low since many deaths are not treated as actual suicides. “It’s vastly under-reported,” Julie Phillips, an associate professor of sociology at Rutgers University, told The New York Times. “We know we’re not counting all suicides.”
»What’s going on here? What is suddenly pushing so many Americans to take their own lives? The striking thing about the data is that the suicide rates really began to surge just as the Global Financial Crisis was making landfall in late 2008. While suicide rates increased slowly between 1999 and 2007, the rate of increase more than quadrupled from 2008 to 2010.
»“There is a clear need to implement policies to promote mental health resilience during the ongoing recession,” said Aaron Reeves of Britain's University of Cambridge, who submitted his findings to The Lancet medical journal. Reeves went so far as to suggest that the Democrats and Republicans are partially to blame for failing to mention the issue during the latest presidential campaign. “In the run-up to the US presidential election, President Obama and Mitt Romney are debating how best to spur economic recovery, [but] missing from this discussion is consideration of how to protect Americans' health during these hard times," Reeves warned.»
La suite du texte de Bridge concerne différents aspects de l’économie et du comportement du corporate power dans son entreprise de déstructuration et de dissolution sociale, la fausseté complète des chiffres officiels, la narrative de la “reprise”, les conditions stupéfiantes d’imposition dont bénéficie le corporate power par rapport à ce qui accable le citoyen. Le cadre général qui se dégage de ces divers aspects est effectivement celui de l’organisation au moins mécanique, et sans doute à forte tendance mécanique en effet, d’une fatalité destructrice visant essentiellement la population. Au regard des nécessités économiques, y compris celles auxquelles répond le corporate power qui devrait chercher à conserver une base de consommation pour écouler ses produits et accroître ses bénéfices, cette expansion prédatrice mécanique représente une marche nihiliste vers la destruction, puis nécessairement vers l’autodestruction, avec le Système détruisant ce par quoi il se développe, s’enrichit, accroit sa puissance, etc. Il y a donc là un aspect effectivement irrationnel qui dépasse l’entendement normal et qui nourrit l’hypothèse de la puissance d’un développement mécanique de cette conception, au-delà d’une planification humaine, – ou disons la planification humaine complètement aveuglée et soumise à un mécanisme qui la domine..
Pour cette raison également, nous insistons sur cette hypothèse de formation d’une psychologie crisique (le F&C du 3mai 2013), comme partie d’une évolution générale échappant à tout contrôle rationnel et affectant pour ce cas, prioritairement le Système lui-même. Du côté du corporate power, une psychologie crisique est également en formation, qui, d’une part accentue jusqu’à l’extrême de la panique la perception d’un danger d’insurrection sociale, et d’autre part justifie a posteriori la nécessité de mesures de sécurité grotesques, lesquelles sont suscités presque naturellement par l’existence d’ores et déjà effective de forces de l’ordre massives qui, d’une certaine façon, se déploient d’elles-mêmes, entraînées par leur propre puissance pour agir dans le sens d'une démonstration de répression massive s'exerçant à vide et sur le vide. (Il s’agit d’un phénomène de “déchaînement de la Matière”, dont nous estimons qu’il a caractérisé les réactions sécuritaires grotesques qui ont suivi l’affaire de l’attaque de Boston.)
Par ailleurs, il importe de constater qu’existe effectivement un état d’esprit conduisant à envisager des logiques d’élimination (d’extermination ?) de la population, sous la forme de l’argument énoncé techniquement de “forces du travail” devenues inutiles (d’ailleurs inutiles par l’action même du corporate power). On retrouve dans son fondement du capitalisme prédateur et darwiniste l’état d’esprit de la grande Dépression, avant l’arrivée de Roosevelt, lorsque le secrétaire au trésor Mellon (l’une des plus grosses fortunes des USA à cette époque) déconseillait au président Hoover, en 1931, de venir en aide aux chômeurs, estimant que le chômage allait permettre l’élimination des individus inaptes au travail, incompétents, dépourvus de “conscience laborieuse” (c’était l’expression favorite de Mellon). Ce darwinisme social prend aujourd’hui des allures de folie engendrant la situation extrême qu’on connaît, dans tous les cas telle qu’elle est exposée par le système de la communication, et contenant évidemment une dimension d’autodestruction qui n’était pas perceptible durant la Grande Dépression.
Dans un tel climat, avec la dette publique qui continue à exploser, les pressions vont encore augmenter, conduisant à des tensions supplémentaires, pour réduire encore les dépenses sociales jusqu’à des situations qui pourraient apparaître comme alimentant des situations “sociales” de quasi-disette de type postmoderne (comme il y eut aux USA, dans certaines villes, durant la Grande Dépression, où l'on releva des cas de personnes sans ressources mourant de faim, y compris dans le cadre urbain caractéristique de notre “civilisation” [contre-civilisation en l’occurrence]). Le fait est que ces tensions caractérisant de telles hypothèses absolument radicales sont déjà présentes et perceptibles dans le système de la communication. Il y a quelques jours (voir SHTF.Plan, le 3 mai 2013), au cours d’une réunion publique organisée par le parti libertarien, Ron Paul parlait de la situation monétaire et de la situation de la dette publique, et il déclarait dans un sens qui concerne ces mesures de réductions supplémentaires de soutien social : «I don’t doubt it for a minute. They’ll do what they think is necessary. and they’ll use force, and they’ll use intimidation, and they’ll use guns. Because, you can’t challenge the state and you can’t challenge the State’s so-called right to control the money… I think that’s very possible at that time when things get a lot rockier than they are now.»
Mis en ligne le 6 mai 2013 à 05H51
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