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1233Nous rapportons ces remarques d’un entretien informel avec une personnalité allemande de haut niveau, qui a tenu des rôles ministériels et politiques (à la CSU) et qui se trouve aujourd’hui en poste à Bruxelles. Il s’agit d’une personnalité largement représentative de l’establishment politique allemand, dans l’état d’esprit où il se trouve aujourd’hui.
@PAYANT Nous parlons d’un entretien totalement informel, dans des conditions où les règles habituelles de prudence et, surtout, de conformisme, ne jouent en aucune façon. Il ne fait aucun doute pour nous que les avis exprimés représentent des préoccupations aujourd’hui courantes ou dans tous les cas en cours de diffusion, non seulement en Allemagne mais dans les milieux européens ayant des connexions politiques sérieuses avec les directions politiques nationales. De ce point de vue, les avis exprimés sont tout à fait surprenants, par leur audace par rapport au conformisme habituel des jugements, même lorsqu’ils sont peu favorables aux USA.
D’une part, cette source a exprimé une préoccupation sérieuse sur le “complexe militaro-industriel” US (CMI) en tant que tel, employant l’expression qui fut celle de Eisenhower lors de son discours de janvier 1961, et en se référant à Eisenhower lui-même. Elle a observé que cette énorme puissance, le CMI, «constitue une machinerie dont on ne sait pas grand’chose, ni de ses origines, ni de ses buts, ni de ceux qui la dirigent réellement, et dont on peut même se demander très sérieusement si quelqu’un ou un groupe quelconque la dirige encore, si elle n’est pas complètement hors de contrôle». Cette source se référait donc directement à une thèse qui n’a jusqu’ici que très rarement, sinon jamais pénétré les milieux officiels occidentaux, selon laquelle le CMI (le Pentagone) est un système quasiment autonome, un système anthropotechnique, ou anthropotechnocratique. (C’est une référence qui est bien entendu constante sur ce site.)
Abordant le domaine de la puissance militaire US, la même source a exprimé l’avis que cette puissance était aujourd’hui «totalement discréditée et ridiculisée» dans ses capacités opérationnelles, malgré les moyens extraordinaires dont elle dispose. Là également, il s’agit d’une vue fort peu orthodoxe, non seulement par son orientation mais par sa radicalité et la forme qu'elle prend.
La question que soulève ce type d’approche tout à fait nouvelle par rapport à la révérence habituelle dont bénéficie, ou bénéficiait, la puissance US dans les milieux européens atlantistes (ce qui est évidemment le cas habituellement en Europe), – et une révérence qui n’était en général pas exempte de conviction bien réelle, – c’est celle de savoir s’il finira par y avoir des effets au niveau concret, là où les intérêts de ces directions européennes sont engagés. On pense précisément à un cas comme celui des anti-missiles, où, malgré tous les engagements des uns et des autres, l’hostilité ruse, etc., le CMI et le Pentagone continuent à vouloir engager l’OTAN et les Européens, avec des projets concrets et demandant des décisions immédiates, vers la mise en place d’un système, notamment en Europe, exactement semblable à celui qui, depuis 2002, fait rebondir une crise endémique entre l’Ouest et la Russie.
Mis en ligne le 30 septembre 2010 à 14H26
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