Les armes vers la Syrie et leurs vertus inattendues

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Les armes vers la Syrie et leurs vertus inattendues

Nous continuons dans ce qui devrait devenir une rubrique, celle du “désordre précédant les causes du désordre” de ce même 29 mars 2013, – comme on verra ci-dessous… Il s’agit de la cause sacro-sainte des livraisons d’armes aux rebelles syriens, le “Sésame” de la victoire assurée.

Divers articles mettent en évidence que de nombreuses armes ont été et sont livrées, et seront livrées, encore plus nombreuses et performantes, aux rebelles syriens, pour enfin parvenir à la victoire finale. Cette perspective pourrait être résumée par l’annonce qu’à l’ombre de ces livraisons d’armes massives, on prépare la sixième attaque décisive des rebelles pour prendre Damas. Comme d’habitude pour ces attaques surprises et décisives, tout nous est conté en détails sur la façon dont on compte s’y prendre, un peu à l’image de ce qui menace chaque jour l’Iran depuis huit ans.

Il y a un superbe article dans le New York Times du 25 mars 2013, avec nombre de graphique représentant les routes aériennes de convoyage de l’armement vers les rebelles. Il y a un très long article d’Associated Press, repris notamment par CBS.News le 29 mars 2013, sous le titre explicite de «“Master plan” underway to help Syria rebels take Damascus with U.S.-approved airlifts of heavy weapons».

• Ce 29 mars 2013, dans sa rubrique hebdomadaire Weekly Comments, Conflicts Forum fait un commentaire éclairé sur cette “offensive” d’armement, au moins dans le champ du système de la communication. Ces articles référencés ci-dessus sont fort utiles pour la réputation du président Obama à Washington même, et pour rattraper ce que certains pourraient penser de mal-intentionné à l’égard, ou plutôt à l’encontre de sa politique syrienne.

«In an officially-inspired New York Times article, the sheer scale of weapons transfers to the Syrian opposition throughout the last year and more, is made plain: almost daily heavy-lift cargo ‘planes from Qatar and Jordan (at least one hundred and sixty flights), disgorging their cargos at airports in Turkey and Jordan: the weapons derive from procurement lines, opened by CIA and western intelligence, notably from Croatia and elsewhere in East Europe, and total, according to the NYT article – at a conservative estimate - some 3,500 tons. Let us be clear: 3,500 tons is an enormously large amount of weapons. The scale of this airlift simply dwarfs the massive weapons airlift mounted for the Afghan resistance in the 1980s. The US purpose in leaking this disclosure is made plain in the article: the US President has not been ‘standing idly-by’ (as alleged); Petraeus was the airbridge’s mastermind all along, and the weapons naturally only were going to ‘vetted opposition groups’ (that is to say, the article’s key purpose was to deny that the US has been guilty of inadvertently arming al-Qaeda). There is however, another significance that can be attributed to this revelation – and that is: the sheer military failure of the western-sponsored opposition, given the scale of the weapons-supply that it is now admitted has been reaching these armed groups – for the last year and a half. The only military success that the opposition has to show at this point, is the holding of the relatively small northern town of Raqa’a – and that was taken by the al-Qae’da aligned al-Nusra Front, which refuses to allow the western sponsored groups to enter the town, as they “might be more interested in looting than fighting”. Otherwise, as Alex Thomson from Channel Four notes, the mainstream armed opposition is now mostly occupied with haphazard mortar firings onto Damascus, killing civilians: “It is hard to build any other case than that the rebel tactic here is pure terror and demoralisation. If the [rebels] think they are going after military targets, then the above list from the past three days can only prove they are lethally incompetent”. In short, as most commentators have long suspected, and has now been confirmed, Syria is already awash with weapons. Will the latest Arab League resolution authorising its member states to arm the opposition make any difference? Will the loud demands from the UK and France for the EU to lift the arms embargo change the course of the conflict? This seems unlikely now that it has been confirmed that the airlift has already been underway for nearly a year and a half. (And as per Afghanistan and Libya, these weapons too will be washing around the region for a long time hence.) It is clear that we are seeing another upsurge of weapons entering Syria and the prospect of yet another (the 6th) attempt to “take Damascus”.»

• Une autre indication sur des livraisons d’armes vient de DEBKAFiles du 28 mars 2013. Elle porte sur l’intention des Saoudiens de faire convoyer vers la Syrie, depuis la Croatie via la Turquie, des armes lourdes de type lance-roquettes montés sur camions, de très fort calibre (220mm) et à très longue portée (70 km), des systèmes MLRS Smerch et 9K57 Hurricane d’origine russe. Les Saoudiens veulent en équiper les groupes qu’ils parrainent pour leur permettre de prendre des avantages décisifs, notamment, espèrent-ils, la base aérienne de Nairab près d’Alep. DEBKAFiles précise que Nairab est une importante base de transit de matériels russes et iraniens et que des menaces contre cette base ont déjà amené des avertissements russes lancés aux rebelles que des forces spéciales russes Spetsnaz pourraient y être déployées. Si les systèmes incriminés arrivent en Syrie, on pourrait envisager qu'une riposte russe est donc probable. Il y a de la logique impliquant un certain ordre de l'affrontement, même dans le désordre des armes.

En attendant, toujours selon DEBKAFiles et selon des précisions qui semblent confirmées par ailleurs, le projet saoudien a provoqué au moins des affrontements très sévères entre le groupe saoudien (Arabie-Jordanie-Eau) et le clan Qatar-Turquie. D’abord, il a fallu des pressions très sévères de Prince Bandar, chef des SR saoudiens et personnellement impliqué dans cette affaire, pour obtenir l’accord de la Turquie pour le transit, avec menace de réduire drastiquement les exportations turques en Arabie après un premier refus de la Turquie. Ensuite, l’affaire a provoqué à la conférence de la Ligue Arabe de Doha du début de cette semaine des scènes invraisemblables jusqu'à l'abracadabrantesque, semble-t-il, puisque nous conduisant jusqu'à un pugilat vrai de vrai à huis à peu près clos entre princes saoudiens et princes qatariens. Le Qatar veut empêcher à tout prix de telles livraisons, qui signifieraient l’ascendant pris par les groupes de rebelles pro-Qatari (Frères Musulmans et islamistes) sur les groupes de rebelles pro-saoudiens, et les princes ont montré qu’ils sont prêts à faire le coup de poing pour cela. DEBKAFiles écrit :

«The news that Saudi Arabia was supplying Syrian rebels with heavy weapons stunned the Arab League summit taking place in Doha, Qatar this week, bringing it to a clamorous end, DEBKAfile's intelligence and Middle East sources reveal. Saudi and Qatari delegates were heard hurling shrill abuse at one another and exchanging blows in private meeting rooms down the corridors of the assembly hall. The conference proceedings were abruptly halted as Arab delegation members pitched in to separate them. A total blackout was quickly drawn down on the summit as it broke up in disarray.

»The Saudi royal rulers and Qatar’s Hamad bin Khalifa Al Thani have been at extreme loggerheads over the Syrian civil conflict. Riyadh – and Prince Bandar in particular – accuses the Qataris of conspiring to bring the Muslim Brotherhood to power in Damascus, including radical groups tied to Al Qaeda…»

Comme on voit, le “désordre qui précède la cause du désordre” n’est pas si désordre que cela puisqu’il s’avère que les armes ont au moins obtenu l’effet de confrontation que cette sorte de chose est censée susciter. Il y a de la logique dans tout cela… Si ce ne sont les rebelles c’est donc leurs frères, – au moins les Saoudiens et les Qatariens, qui se battent entre eux.


Mis en ligne le 29 mars 2013 à 17H49