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1446Contrairement à l’interprétation officielle dans les institutions européennes, en général fort inconsistante par rapport à la réalité de la situation, des sources proches de ces institutions citent des estimations extrêmement pessimistes sur la situation en Afghanistan. L’idée générale est que, désormais, “failure is an option” (expression codée pour exprimer qu’un échec, ou une défaite si l’on veut, est désormais possible). On cite également des contacts informels avec le général McChrystal, exprimant le désarroi du commandant en chef du théâtre d’opération.
@PAYANT Ces sources citent des estimations faites par des fonctionnaires en poste en Afghanistan, dans des positions permettant d’apprécier la situation d’une façon réaliste. En général, ces estimations sont très peu prises en considération par la bureaucratie bruxelloise, parce qu’elles contredisent d’une façon trop tranchée la version officielle de la situation en Afghanistan. Néanmoins, elles sont individuellement appréciées comme extrêmement significatives.
Ces estimations accréditent toutes les appréciations les plus pessimistes qu’on rencontre aujourd’hui, notamment dans la presse “non officielle” et dans les réseaux d’information alternatifs, ainsi que chez nombre d’observateurs indépendants. Dans les analyses qui s'en dégagent, disent nos sources, «on va effectivement jusqu’à envisager la possibilité d’une situation de défaite grave, qui pourrait ressembler au précédent de Saigon en 1975, quand les hélicoptères US évacuaient d’urgence le personnel des ambassades».
Ces mêmes estimations sont confirmées par des contacts informels avec le général McChrystal, qui commande les forces de la “coalition”. McChrystal est décrit en général d’une façon assez indulgente, comme un homme qui s’est trouvé dans une position tout à fait nouvelle et inconfortable, propulsé à un poste d’une grande importance stratégique sans l’avoir vraiment voulu et sans réaliser toutes les conditions de cette nouvelle position. Le général US est conscient de la différence considérable, notamment du point de vue de l’organisation et du point de vue politique, entre son ancien poste de chef (au Pentagone) du commandement des forces spéciales US, et son poste actuel. McChrystal est également conscient de l’impuissance où il se trouve d’organiser la guerre d’une façon efficace, notamment dans les rapports entre les forces de la “coalition” et la population. «Le désarroi est tel, disent nos sources
Dans le même ordre d’idée, où l’on voit confirmé, à cause du fonctionnement du système, le renversement des nécessités avec ce phénomène où l’abondance des moyens devient un handicap au lieu d’être un avantage, «McChrystal est très conscient du désordre qu’a causé la “tactique” US et occidentale d’user de moyens financiers importants pour “acheter” la ralliement de forces locales». Cette “tactique”, employée notamment par Petraeus en Irak en 2007-2008, a conduit en Afghanistan à une pluie de dollars répandue sur les divers “chefs de guerre”, chefs locaux, etc., du pays. Le résultat est que ces divers pouvoirs locaux se lancent eux-mêmes dans des dépenses folles, alimentent leur propre corruption, renforcent leurs propres desseins politiques. «En fait, cette abondance de moyens financiers conduit à des situations complètement incontrôlables où, au contraire d’acquérir des alliances solides, on renforce l’autonomie et la puissance de groupes locaux, qui ont leurs propres intérêts et, par conséquent, leurs propres politiques. Le résultat net est un renforcement du désordre général...»
La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si la “nouvelle stratégie” lancée par Obama pour terminer la guerre ne constitue pas un facteur déclencheur d’une dynamique qui pourrait conduire à une défaite militaire pour l’Ouest. «La “nouvelle stratégie” a fait bouger les choses, mais la question angoissante est: dans quel sens?»
Mis en ligne le 20 mai 2010 à 06H37