Les forces armées US: la route vers la banqueroute

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L’analyste Loren B. Thompson, lorsqu’il n'est pas trop sollicité par ses liens encombrants avec ses divers commanditaires du complexe militaro-industriel, peut nous donner d’intéressantes précisions et réflexions sur ces précisions. Il le fait, ce 22 septembre 2009, sur le site de l’institut qu’il co-dirige, le Lexington Institute, à propos de la situation des forces armées des USA, dans leur statut d’armée de métier (“All-Volunteer Force”).

Ce que Thompson met en évidence, c’est le coût extraordinaire de cette armée au niveau du personnel. Un soldat de l’U.S. Army coûte au minimum un peu plus de $100.000 par an au département de la défense, encore avec certaines autres dépenses dissimulées, et cela étant indicatif d’une tendance puisqu’il y a eu une augmentation de ces coûts de 55% dans les douze dernières années . Cette situation tendancielle représente d’ailleurs l’inflation des équipements de protection et des rotations accélérées, l’alourdissement des charges institutionnelles des soldats, des arrangements sociaux nécessités par les pressions extérieures, etc., tout cela conformément à la décadence bureaucratique du système. (Encore existent-ils de nombreux “trous noirs” dans cette situation, ce qui témoigne de l'incurie et du gaspillage des dépenses. Le système hospitalier et le traitement des désordres psychologiques dus au combat sont dans un état déplorable, comme plussieurs scandales l'ont montré.)

«I have written an essay about this subject in the current issue of Armed Forces Journal. It draws upon the work of Congressional Research Service analyst Stephen Daggett, former Pentagon comptroller Dov Zakheim, and others to paint an alarming picture of defense personnel trends. In constant 2009 dollars, the average cost of each warfighter has increased 45% over the past dozen years – from $55,000 to $80,000. When growing military healthcare costs (up 150% in this decade) are added to this baseline figure, the current cost of each warfighter rises above $100,000 annually. And that's before the cost of training and equipping the fighters to do their jobs is factored in! When the totality of all necessary outlays to field a typical soldier or airman is calculated, it becomes apparent that the All-Volunteer Force is astronomically, absurdly expensive.

»One of the reasons policymakers have failed to grasp this impending crisis is that the defense budget is not organized to reflect the full burden of people costs. For example, the baseline budget for fiscal 2010 (not counting supplemental war expenditures) contains $136 billion for “Military Personnel” – considerably more than the $107 billion allocated to Procurement, but considerably less than the $186 billion set aside for Operations and Maintenance (O&M). What many people don't realize, though, is that over half of the O&M budget is also people-related outlays, such as military healthcare expenditures and pay for civil servants. The real driver of increasing O&M costs in the regular defense budget isn't “rising optempo” as frequently alleged, but rising personnel costs.»

Thompson juge que cette situatin est intenable sur le terme pour les USA, notamment en imposant un budget de la défense qui n’est plus acceptable par rapport aux moyens budgétaires des USA en temps de crise: «[…S]ince the current decade began, America's economy has fallen from roughly a third to a quarter of global output. In other words, 5% of the world's population is generating 25% of global output while trying to sustain 50% of military spending. These numbers do not add up: defense spending will have to be brought into closer alignment with budgetary resources in the years ahead, as will entitlements, otherwise we will bankrupt the Treasury and forfeit our future.»

Quelle solution préconise Thompson? On retrouve la quadrature du cercle habituelle au système US. Il n’est pas question d’un retour à la conscription, parce que – Thompson ne le dit pas, alors nous le disons pour lui – cela est beaucoup trop dangereux pour la politique de sécurité nationale d’un système qui enchaîne guerre impopulaire sur guerre impopulaire et ne veut pas en subir le contrecoup au niveau intérieur US, comme lors de la catastrophe vietnamienne. Alors, que faire? Réduire les dépenses de personnel («The answer isn't a return to conscription, but to halt the increase in active-duty headcount and stop dreaming up new military benefits like they are campaign ribbons.»). C'est-à-dire, demander au Pentagone de réduire ses dépenses et de dépenser mieux... Bonne chance, Loren B.


Mis en ligne le 23 septembre 2009 à 09H36