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1624Soyons d’abord attentif à la source. Justin Raimondo, rédacteur-en-chef d’Antiwar.com, est un adversaire passionné de l’alliance entre Israël et les USA. Il a toujours placé l’influence du lobby sioniste de Washington (l’AIPAC) à un très haut niveau, l’investissant de pouvoirs d’influence considérables, allant même jusqu’à le présenter comme le manipulateur direct de la politique US au Moyen-Orient. Certaines de ses thèses peuvent apparaître comme excessives, mais ce tableau nous garantit au moins que ce chroniqueur-là n’est pas du genre à se nourrir d’illusions dans l’autre sens… Par conséquent, un article (ce 16 janvier) où Raimundo pose la question: «Israel versus America, – Is the ‘special relationship’ over?» est à considérer avec la plus grande attention.
Raimondo détaille son argument en ne s’en tenant pas seulement aux actuels événements de Gaza. Certes, il revient en détail sur l’étrange incident où Olmert a déclaré en public qu’il avait manipulé le président des USA comme une marionnette (à propos du vote de la résolution de cessez-le-feu de l’ONU où les USA se sont abstenus), où cette déclaration a été démentie “à 100%” avec une réelle brutalité par le département d’Etat. Mais il va plus loin, assurant que ces relations entre les USA et Israël ont déjà commencé à prendre un tour complètement nouveau (à se détériorer) il y a plusieurs mois, notamment avec le refus des USA de livrer des bombes spéciales à Israël, et d’autoriser l’espace aérien irakien aux avions israéliens pour une attaque contre l’Iran. (David E. Sanger, du New York Times, a, le 11 janvier, apporté des détails sur cette affaire.)
«The role played by Israel as the catalyst for war in the Middle East was dramatically underscored the other day, when David Sanger of the New York Times reported Israel had requested access to “bunker-buster” bombs developed by the US, and also clearance for flying over Iraqi airspace to get at Iran. Both requests were denied.
»Tensions within the “special Relationship” have been escalating ever since. The first public eruption occurred over the UN Gaza resolution, when Israeli Prime Minister Ehud Olmert told the world how he had yanked the President of the United States “off the podium” and demanded the US abstain from the Security Council vote. The United States isn’t exactly calling Olmert a liar, but, then again, in the course of denying it, State Department spokesman Sean McCormack went out of his way to issue a stinging rebuke. Olmert's comments, he averred, “are wholly inaccurate as to describing the situation, just 100-percent, totally, completely not true.” He tartly advised the Israeli government to correct the record.
»Is the US-Israel “special Relationship” fraying around the edges? After all, this is hardly the sort of talk one hears between the two: Mr. and Mrs. Perfect Couple are usually careful to conduct their occasional spats behind closed doors. That this repartee is being exchanged on the international stage is extraordinary behavior indeed. It suggests a fundamental shift in US policy, in part dictated by objective circumstances, and propelled, as well, by increased Israeli assertiveness, which has widened the fault-lines that have always existed between Washington and Tel Aviv.»
La conclusion de Raimondo est inhabituellement formulée, dans la mesure où elle tend à réellement proposer une évolution désormais dramatiquement divergente («While on the surface the US appears to be in lockstep with Israel, their divergent paths are increasingly apparent») entre les deux pays, y compris avec l’administration Bush encore en place. «The Gaza offensive has caught the US off-guard, and brought simmering US-Israeli tensions to a boil. What Gaza signals is a new turn for the Israelis, a clean break, if you will, with their status as an American puppet in the Middle East. They are clearly going off on their own, intent on waging a war of unmitigated aggression against all their neighbors. Their expansionist tendencies have lately taken on pretty grandiose dimensions… […] Events are rapidly reaching a dramatic climax, and Gaza is just the start. Even as Israel makes the case that it represents the West, and deserves our support, it becomes less Western, and more like a typical Middle Eastern despotism garbed in the somewhat soiled raiment of “democracy.”»
La confusion des évaluations est considérable aujourd’hui. Le même article (Sanger dans le NYT) qui est ici référencé comme le signe du désaccord USA-Israël, notamment sur le fait d’une possible attaque contre l’Iran, est considérée là (WSWS.org le 12 janvier) comme le contraire, – un avertissement de l’establishment washingtonien à Obama pour qu’il ne s’écarte pas d’une ligne conduisant éventuellement à cette attaque, donc une ligne à 100% pro-israélienne.
Puisqu’il est impossible de trancher dans les faits, ceux-ci étant l’objet d’interprétations en sens contraires comme on le voit à propos de l’article de Sanger, revenons-en effectivement à l’auteur. Raimondo n’a jamais trempé sa plume dans la prudence. Son hostilité à la présidence Bush et à l’establishment, et surtout à la connexion USA-Israël qu’il a toujours considérée comme évidente, a toujours été exprimée et proclamée avec véhémence, sans souci d’une riposte quelconque et de la moindre révérence pour le conformisme du système. Ce chroniqueur est bien informé, quoique nous n’attribuions certainement pas son argument à des informations ultra-secrètes, – qui pourraient d’ailleurs être encore plus sujettes à caution que le reste. Si Raimondo écrit comme il le fait, – à moins de l’hypothèse ultime d’un revirement secret et complet pour quelque raison obscure, hypothèse qu’on nous permettra de juger comme complètement improbable, – c’est qu’il ressent une évolution décisive de la situation selon les mêmes lignes d’analyse et les mêmes sources d’information qui lui ont fait exposer le contraire avec véhémence pendant plusieurs années. Il s’agit d’une indication précieuse.
Il est bien entendu difficile de conclure dans un sens ou dans l’autre, et cela n’aurait guère de sens ni de raison. Par contre, ce qu’il faut observer c’est que nous nous trouvons dans une période d’extrême vitesse des événements, éventuellement de changements des positions, tant non-publiques que publiques, que la pression de la crise générale conduit à des évolutions imprévues et imprévisibles, que des basculements inattendus peuvent survenir également très rapidement. La validité des événements, entre les discours virtualistes et la réalité, change également très rapidement. Raimondo développe sa thèse alors que le Congrès soutient Israël d’une façon tellement excessive et aveugle, qu’on en est conduit à se demander ce que signifie aujourd’hui un vote de cette sorte, – et, finalement, cette analyse ne nous paraît pas démentie par ce vote puisque ce vote ne semble plus rien signifier, et d'ailleurs se plaçant en contradiction avec le courant d'opinion aux USA..
Mis en ligne le 16 janvier 2009 à 13H19
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