Les tristes records de dedefensa.org

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Les tristes records de dedefensa.org

Le 22 février 2013, très tôt le matin, nous publiions un message de dedefensa.org faisant état, d’abord du message du mois précédent d’un lecteur qui se voulait rassurant pour ce qui concernait la question de nos donation, qui nous conseillait également de nous épargner “ce pesant exercice mensuel” (celui d’écrire des messages comme celui que vous lisez en ce moment, – si vous le lisez). Nous poursuivions malheureusement ce “pesant exercice mensuel” en observant :

«Nous ne demanderions que cela, sans aucun doute, de nous épargner ce “pesant exercice mensuel”. Mais là, pour l’immédiat qu’est la situation de ce mois de février, les dieux n’ont pas l’air très vraiment préoccupés de notre sort… Pour faire bref : nous ne sommes jamais “partis” d’aussi bas pour un “19 courant…” (€365) ; nous n’avons jamais aussi peu attiré l’attention des donateurs dans les trois jours suivant l’affichage de la barre de donation, et il s’en faut de beaucoup (de €365 le 18 février à €405 ce 22 février au matin)...»

Nous parlions à ce propos du «seul et [...] froid argument comptable». C’est toujours lui qui nous fait observer que notre record de février est battu en ce joli mois de mai puisque “nous ne sommes jamais parti d’‘aussi bas’...”, bla bla bla : €220 le 18 mai 2013, €309 le 22 mai 2013 au petit matin. Rien ne nous empêchera de remercier chaleureusement ceux qui sont intervenus dans cette donation du mois de mai. Pour les autres, pour le reste (la comptabilité), – faites-vous vous-mêmes votre religion et pratiquez-la comme il vous plaira.

Cette rubrique des différents messages pour la donation mensuelle n’est pas la plus roborative ni la plus excitante intellectuellement qu’on puisse trouver sur le site. Elle n’est pas écrite d’une plume éclairée par l’intuition haute (dans tous les cas, au début des “messages” puisqu’il nous arrive de trouver un peu d’inspiration, chemin faisant). Elle ne suscite pas (ou “plus”, d’ailleurs, car la chose a changé) beaucoup de réactions écrites, sinon des réactions restrictives mais très bien intentionnées à notre égard ; pour nous dire que ces messages sont inutiles, qu’on lit peu ces messages, ou qu’on les “zappe” tout simplement, ou qu’ils devraient être plus saupoudrés d’humour (comme le fut, semble-t-il pour la perception de certains, celui du 22 avril 2013). Bref, à toutes ces occasions, dedefensa.org est jugé et jaugé, dans son aspect le plus inintéressant ; c’est le privilège du lecteur, jusqu’à dire que c’est notre propre privilège lorsque nous lisons nous-mêmes, à diverses occasions de lecture, et nous n’avons à cet égard, pour notre compte, aucun jugement à signifier. (Quant à en avoir un intimement, c’est une autre affaire, qui est nôtre et que nous gardons pour nous-mêmes. Il n’est d’ailleurs aucunement assuré que nous soyons nous-mêmes assurés de ce jugement qui est, le plus souvent, trop dépendant de l’humeur.)

Il n’est par contre pas sans intérêt de s’intéresser à l’histoire de dedefensa.org, parce que nous prétendons avoir notre spécificité, notre ambition, notre conception du monde, et que, par conséquent, nous avons notre histoire. Le site fourmille de textes qui vous donnent des indications à ce sujet, et la dernière “chronique du 19 courant...”, ce 19 mai 2013, est pleine d’indication à cet égard... Ainsi cette question, dont chacun devinera le sens à sa façon : nos lecteurs veulent-ils être simplement spectateurs de cette histoire, ou bien acteurs ? (Nous ne parlons pas des indifférents, des “sans opinion” et des “ne sait pas”, à qui effectivement il serait déplacé d’adresser de telles questions.) La réponse à cette question se trouve dans la solidarité qu’il leur importe peu d’exprimer ou qu’ils veulent au contraire exprimer. Dans ce cas, le mot “solidarité”, qui règle selon ce qu’on en fait le choix d’être spectateur ou acteur, a le don magique de changer l’or vil dont nous avons besoin en un sentiment actif qui a peut-être sa grandeur et qui nous est infiniment précieux.

Nous savons que ces temps sont à la fois extrêmement durs, cruels, si déstructurants qu’ils touchent affreusement nos équilibres psychologiques. Nous sommes même persuadés qu’il y a un rapport entre ce que nous nommons “la crise d’effondrement du Système” et le comportement, disons presqu’inconscient, de nos lecteurs (qui restent constants en nombre) vis-à-vis de causes publiques et d’actes d’engagement comme le soutien à dedefensa.org est à sa façon. Nous pensons que cette “crise d’effondrement” est entrée dans une phase psychologique nouvelle, aigue, depuis quelques mois, et que cela se reflète de façon assez remarquable dans l’aspect statistique de notre affaire de donation, – avec des interventions (financières, donc de solidarité) de nos lecteurs beaucoup moins nombreuses, beaucoup plus contenues, beaucoup plus retenues, – essentiellement et soudainement depuis décembre 2012, où il nous est devenu très difficile, comme l’on dit d’une façon peu engageante, de “boucler nos fins de mois”. (Nous parlons aussi bien du résultat final que de l’évolution de la donation à partir du “19 courant...” et de nos “messages“ d’appel et de rappel.)

Ce sentiment d’un changement de “tonalité” de la crise ne concerne pas seulement le corps de ce message, il implique un jugement général de notre part et il devrait faire l’objet de l’un ou l’autre texte à cet égard, sur ce site. Il s’agit de l’observation que notre “crise d’effondrement“, crise générale par définition, est effectivement entrée dans une phase nouvelle, non pas spécifiquement d’elle-même mais dans la perception que nous en avons. (Le rapport entre les deux, rythme de la crise et notre perception, n’est pas direct ni proportionné parce que la dynamique de la première est constante mais dissimulée [les termites] et que la seconde n’y réagit que par saccades.) Nous pensons que les psychologies, la psychologie collective touchée par les effets des événements et les impressions des grands courants métahistoriques, et par conséquent les psychologies individuelles qui en recueillent elles-mêmes les effets secondaires par le biais du collectif, ont incubé un fait nouveau. Il s’agit bien entendu d’un “fait” méritant des guillemets par rapport au sens commun subverti par le Système et qui lui est hostile, puisque fait non exprimé consciemment, et encore moins répandu dans le système de la communication où les forces du Système ont leurs positions et leurs diktat. Il s’agit, à notre estime qui est de l’ordre de l’intuitif, du fait de l’inéluctabilité de cette crise, c’est-à-dire le fait que cette crise est inéluctablement celle de l’effondrement – “effondrement du Système”, certes, mais effondrement tout court finalement, ou disons de façon plus symbolique la crise de la Chute.

Il s’agit bien entendu d’une analyse largement intuitive, mais qui implique une analyse spécifique de nombreux faits avérés. Son exposition ici extrêmement rapide (nous en reprendrons le fil dans un autre cadre) est au moins la démonstration contraire du sentiment que nous avions en commençant ce message ; avec la suggestion qu’un tel message peut, effectivement, avoir un autre intérêt que celui assez piètre de la sollicitation ; peut-être, même, qu’il peut contribuer à transformer l’or vil en un sentiment d’une solidarité enrichissante au haut sens du mot...


Mis en ligne le 22 mai 2013 à 04H15