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345316 avril 2012 – Il y eut la “Guerre contre la Terreur”, voire la “Grande Guerre contre la Terreur”, que les dialecticiens du régime, à Washington, dans les méandres du Pentagone, avait parée de l’acronyme de GWOT (Great War On Terror). Les autres du bloc BAO allaient suivre, car qui ne suit pas, même la France, dans cette période de basses eaux ? Ce fut la marque indélébile de ce début du XXIème siècle.
Aussitôt les théories abondèrent, d’ailleurs appuyées souvent sur l’événement du 11 septembre 2001, avec tous les doutes et toutes les hypothèses qui accompagnèrent et continuent à accompagner la chose. Les réactions extrêmes des autorités de ce que nous-mêmes nommerions plus tard le “bloc occidentaliste-américanistes” (bloc BAO), essentiellement de Washington (direction américaniste) avec, en position courante de suivisme vigilant et respectueux, les Anglais de Tony Blair, permirent d’élargir les théories : de l’hypothèse (certitude, pour certains) du complot 9/11, nous passions à l’hypothèse de la terreur comme vaste tissu qui était intentionnellement déployé pour nimber désormais nos existences communes et individuelles. Des législations dans ce sens furent mises en place, à commencer par l’infâme Patriot Act de l’automne 2001. La Guerre contre la Terreur fut de plus en plus perçue, d’abord par les “dissidents” du Système puis peu à peu dans une partie du public, comme un moyen, pour ces pouvoirs politiques du bloc BAO, de terroriser leurs populations (de les rendre sensibles à la terreur menaçante), et ainsi les mobiliser, les discipliner, les “mettre au pas” dans le sens voulu par le Système.
(Cela supposait, ce qui est déjà une indication précieuse, que ces populations, selon cette hypothèse, ne “marchaient pas au pas”, ne marchaient “pas droit”, – pas assez droit au gré des directions politiques du Système, – ce qui est déjà une indication précieuse sur l’état de la psychologie de ces directions politiques, déjà au début de la séquence, et cela venant de très loin dans le temps historique. On observera que cette inquiétude sur la “marche” dangereuse des populations par rapport aux intérêts et aux orientations du Système n’a jamais été justifiée ni substantivée, essentiellement aux USA qui restent le nœud de notre réflexion, par des mouvements sérieux d’insurrection et de rébellion, encore moins des mouvements révolutionnaires. Cela confirme a contrario l’état originel de la psychologie-Système marquée par ses obsessions paranoïaques, et une perception extrême et également paranoïaque de sa propre fragilité. L’explication tient notamment et essentiellement dans le poids que fait peser sur cette psychologie l’illégitimité ontologique du Système.)
On crut, après les avatars monstrueux de la “vraie” GWOT, en Irak, en Afghanistan, etc., et avec la crise de 2008, et les départs de Blair et de Bush, que l’entreprise de terreur (“terrorisation”, disent plus justement les Anglo-Saxons) de la population allait cesser. Pour nous, cela signifiait notamment le déclin et la fin du virtualisme, qui était ce procédé général qui peut être référencé à juste titre dans ce cas, et qui était utilisé pour créer une pseudo-réalité de la terreur. Sur le cas du virtualisme, effectivement, nous estimions que son effet, qui avait été de dissimuler la vraie crise du Système derrière des montages divers, dont la Grande Guerre contre la Terreur, était en train de se tarir pour les populations, balayé par la vérité de la crise ; mais nous observions qu’il se poursuivait pour les directions politiques, poussant son effet jusqu’à l’inversion complète. Ainsi concluions-nous, à la fin de 2010 (voir notre dde.crisis du 10 décembre 2010), que les seuls encore à croire aux narratives du virtualisme étant ceux (les directions au service du Système) qui avaient mis en place le virtualisme.
Ce que nous sommes amenés à constater aujourd’hui, c’est l’accélération de ce processus paradoxal d’inversion. La terrorisation a, d’une façon générale, abandonné l’essentiel des préoccupations des populations, mais elle a complètement envahi les directions politiques. A notre sens, nous n’en sommes plus, aujourd’hui, au niveau de la manœuvre politique assorties de convictions temporaires (le virtualisme implique que celui qui l’a créé a fini par croire lui-même à sa narrative), mais bien au stade d’une modification de la psychologie (celle des directions politiques). Cela signifie que ces psychologies sont désormais marquées par la conviction de l’existence de la menace de la terreur (le “terrorisme” dans le sens du mythe de la destruction) contre le Système ; elles sont effectivement complètement terrorisées (rendues sensibles à ce qu'elles croient être la terreur menaçante). On peut observer, au niveau des mesures et des politiques et juridiques suivies, effectivement, un phénomène qui, pour être parfaitement compris, doit faire appel à cette référence d’une modification fondamentale de la psychologie.
Pour illustrer ces constats de départ, nous allons citer en guise d’exemples illustratifs (il n’en manque pas), des observations récentes de deux commentateurs, à propos d’affaires en cours ou de législations en cours d’application.
• Le premier concerne le commentateur du Guardian, Simon Jenkins, ce 12 avril 2012. Jenkins s’attache aux révélations extraordinaires sur les divers épisodes impliquant les services de renseignements anglo-américanistes (MI6 et CIA), travaillant avec enthousiasme avec le colonel Kadhafi, capturant, transportant et torturant pendant des années, pour ce cas, l’islamiste Belhadj et sa femme, pour complaire au colonel. Entretemps Kadhafi est devenu le diable prestement liquidé selon des méthodes mafieuses courantes et Belhadj l’un des hommes forts de la nouvelle Libye, tout cela dans la logique du processus machiné notamment par les mêmes forces (MI6, CIA) qui le torturèrent. Belhadj, malgré une offre d’£1 million pour laisser aller, a tenu à porter plainte, et le procès va s’ouvrir à Londres… Ainsi risquent de se trouver exposées, le plus légalement du monde, les extravagances et les incroyables illégalités de la Guerre contre la Terreur. En même temps, observe Jenkins, est exposée l’extension des législations de répression illustrant une sorte d’affirmation de l’“universalité” quasiment ontologique du terrorisme par les appareils judiciaires du bloc BAO, jusqu’à des situations absolument grotesques. (Grotesque pour grotesque, la monstrueuse affaire Belhadj contre l’atomisation de la hantise antiterroriste étendue à l’infini dans le spectre judiciaire et social.)
«On 22 February, the court of appeal in London showed itself equally mesmerised by the “war on terror”. It upheld the conviction of a London university student, Mohammed Gul, for disseminating “terrorism” over the internet. Not content with imprisoning the pathetic and repentant Gul for five years, their lordships felt an urge to political theory. They declared that the war on terror embraced not just Gul but “acts by insurgents against the armed forces of a state anywhere in the world which sought to influence a government and were made for political purposes”. Under legislation, terrorism included not just acts of violence but any threat made for “the purpose of advancing a political, religious, racial or ideological cause”. These threats might include nothing more than a “serious risk to public health and safety" or "seriously to disrupt an electronic system”.
»From this catch-all lexicography, dissidents and insurgents under any regime were not excluded. Their lordships noted that it seemed there was nothing that would exempt those engaged in attacks on the military during the course of insurgency from the definition of terrorism. It was hard luck all Kurds, Kosovans, Benghazians, Tibetans and Iranian exiles – and today's Syrian rebels. They are all terrorists.
»This is ridiculous. Gul's Bin Laden fantasies were not remotely in the same boat as Belhaj's opposition to Gaddafi. Yet both were seized as terrorists and imprisoned by agents of British government. They are joined in judicial calumny with millions round the world who are struggling against dictatorial regimes and willing harm to their “armed forces”. Every student agitator is a terrorist, every internet hacker, cafeteria dissident, freedom fighter and insurgent leader. The war on terror is corrupting all it touches, while parliament meekly passes each twist of the ratchet of repression.
• Le deuxième exemple concerne les USA et le climat qui y règne. Sans que les évènements y soient nécessairement significatifs dans ce sens, le climat y est extraordinairement tendu. Effectivement, les évènements ne rendent pas compte de ce climat mais le climat les transmutent dans ce sens d’une sorte de catastrophisme. Cela fait qu’un événement comme la mort du jeune africain-américain Trayvon Martin, abattu par George Zimmerman, qui pourrait être classé comme un “fait divers” malheureux mais d’importance mineure, apparaît au contraire comme un événement catalyseur dans son domaine du climat en question. (Selon le journaliste, auteur et activiste Frederick Alexander Meade, d’Atlanta, le 12 avril 2012 : «What is going on in this country is really a great divide. Trayvon Martin’s case has opened the way for the polarization of groups within this country.») Et ainsi en est-il de divers évènements en apparence “mineurs”, et dont les effets de communication sont immédiatement considérables.
Nous traitons cet aspect de la situation effectivement du point de vue d’une psychologie spécifique imposée par le Système aux directions qui le servent, selon l’approche que nous avons suggérée au travers des citations de Jenkins. Nous citons une interview du docteur Michael Jones, éditeur du magazine Cultural Wars, le 13 avril 2012, sur PressTV.com (le site de la TV iranienne, qui est devenu un fournisseur massif, notamment sous la forme d’interviews, d’appréciations éclairantes d’activistes et de dissidents US sur la situation aux USA). Jones cite un cas en apparence, là aussi, assez anodin mais trivial, et qui est caractéristique également du climat référencé de terrorisation de la psychologie-Système, cette fois d’une façon plus précise pour notre sujet. Cette spécificité du déséquilibre entre les cas envisagés et le climat que reflètent ces cas est mise en évidence, dans le cas cité par Jones, par la Cour Suprême elle-même, avec la référence évoquée (souligné en gras par nous) par rapport à l’affaire traitée.
«I think you’re seeing the government’s fear of its own people. Another instance is the recent Supreme Court decision, Five for Four decision, Justice Kennedy wrote the majority opinion allowing strip search of ordinary citizens who hadn’t been charged with a crime.
»This is unprecedented. There was a man in New York who was driving with his wife. His wife was speeding. The car got stopped. He got taken in. They were subjected to a strip search and that went to the Supreme Court, and the Supreme Court upheld it and evoked 9/11, Judge Kennedy evoked 9/11 as a justification for this. Well, this is across the board in both the executive and the judicial branches of the government. You see this fear of the people and these draconian measures being exercised against their own people.
»This type of sexual humiliation is now widespread in airports. Airports are places where you can be groped and photographed and humiliated sexually, all as an attempt to intimidate the population because I think, as the other speakers seem to have indicated, I don’t think the previous methods of control – control of information and social engineering – they’re not working as well as the government wanted them to and so they have to institute new measures out of fear.»
Jones définit ainsi le sujet qui nous intéresse à la lumière du cas cité, par cette appréciation générale, se référant au mouvement Occupy mais aussi au fait psychologique dont parle Jones, de la “peur de son propre peuple” que montre la direction américaniste. (Jones a la finesse historique de faire précéder le cas qu’il expose d’un rappel que nos avons nous-mêmes évoqué plus haut selon lequel les relations du gouvernement des USA et de la population, depuis l’origine, ont toujours été marquées par la peur constante de la direction de la conduite de cette population pour l’équilibre du régime, et d’une recherche constante de sa manipulation et d'un “contrôle des esprits”, notamment par la communication. (C'est le le phénomène que nous qualifiions alors [en 1999] d’“empire de l’information”, qui est mieux défini par l'expression “empire de la communication”.) :
«I think this is a sign of desperation on the part of a regime that is losing control of the minds of its citizens. When they have peaceful protests of the sort that they had in New York and I was there as part of it, they can’t deal with it.»
Le titre de l’article de Jenkins cité plus haut est : «The war on terror is corrupting all it touches.» Jenkins aurait dû ajouter le qualificatif “psychologique” pour mieux définir la corruption dont il parle, et ainsi rejoignant le propos de Jones évoquant “la peur du gouvernement”, élément évidemment psychologique. Nous parlons en effet de la corruption psychologique, qui est l’essentiel en fait de corruption, qui est la vérité paradoxale de la corruption, – qui est la corruption même dans une époque qui est entièrement corrompue.
Par ailleurs, nous sommes sur un territoire connu… “Corruption”, dans le chef de l’action de “corrompre”, vient du verbe latin currumpere, qui est formé de cum (“préfixe à valeur intensive”) et de rumpere (“rompre”). Il y a d’abord le sens ancien, originel du verbe, qui concerne aussi bien le domaine organique, et éventuellement psychologique, qui est effectivement dans le sens de la déstructuration et de la dissolution, y compris quasiment physique : “altérer, déformer, désintégrer décomposer, désorganiser…”. (Le sens nouveau, depuis la fin du XVIIIème siècle, est bien entendu moral selon la pression des conceptions de la modernité, répondant au “déchaînement de la Matière”, dont le but est de dissimuler les actes brutaux et de pression du Système sous le vernis de l'idéologie, et donc de la morale, impliquant les individus dans un système fondé sur l’individualisme. Parler de la corruption des individus par les individus, laquelle corruption est rapidement réduite par la pente de l’esprit du temps à l’aspect vénal en un mouvement d’un réductionnisme révélateur, permet d’individualiser la responsabilité et d’exonérer le Système, et la modernité dont il est l’expression, de sa responsabilité générale.)
C’est cette hypothèse de l’altération et de la dissolution organique de la psychologie qui nous intéresse, car la corruption morale dans le chef des législateurs, autant que dans celui de la direction politique dont parle Jones, n’est pas le facteur essentiel, selon notre point de vue. (On comprend que nous parlons des directions générales aux USA, dans le bloc BAO d’une façon plus large, et enfin de ce que nous nommons Système d’une façon générale.) Il y a bien rupture psychologique, se matérialisant par une peur extrême (Jones), sinon par ce qui ne peut être décrit que comme le comportement hypomaniaque des législateurs (Cour Suprême et législateurs britanniques de Jenkins), ceci et cela comme approfondissement dans le sens de l’effondrement et de la bassesse d’une perception psychologique constante de la direction à l’encontre de la population. Cette rupture a été suscitée, animée, machinée, mécaniquement et inconsciemment manipulée par le phénomène de terrorisation de la Grande Guerre contre la Terreur, ou GWOT, agissant dans un processus d’inversion extraordinaire sur la psychologie de ceux qui l’avaient déclenché, avec comme élément accélérateur, et fondateur de cette nouvelle phase, 9/11 cité par le Supreme Kennedy pour justifier l’arrêt fantasmagorique de la Cour Suprême dans une affaire extraordinairement banale de vitesse excessive.
…Effectivement, le paradoxe complet, mais aussi assez logique par rapport à l’évolution du Système et de sa dynamique de surpuissance se transformant en dynamique d’autodestruction, c’est que cette rupture par terrorisation qu’on espérait imposer à la population, a affecté finalement, d’une façon foudroyante et très profonde, la direction politique du Système elle-même ; (ou bien, dira-t-on plus justement qu’elle a précipité une tendance qui existait déjà, ce qui est beaucoup plus probable et beaucoup plus logique, et s’accorde parfaitement comme on l’a vu avec la genèse et l’histoire à la fois des USA et du Système, avec les USA comme matrice principale du Système ?)
Nous rappelons ce mot du vice-président Cheney, dit à l’ambassadeur français aux USA qui venait le saluer avant de quitter ses fonctions, en novembre 2002 : «Vous autres, Européens, vous n'imaginez pas l'ampleur de l'effet qu'a produit sur nous l'attaque du 11 septembre.» Cheney se trompait, certes, avec le naturel borné de son intelligence fermée au reste du monde, en cantonnant le fait de cette rupture au système de l’américanisme ; sans réaliser que cette rupture était promis à s’étendre à toutes les directions du bloc BAO, parce qu’il s’agit du Système et non des USA, et que le bloc BAO est l’émanation politique du Système… Mais il énonçait surtout, et justement par contre mais toujours inconsciemment, un paradoxe extraordinaire si on considère le propos à la lumière du long terme et de l’évolution des évènements. Lui, Cheney, avait certainement désiré l’attaque comme moyen de mobilisation (c’est le fameux “nous avons besoin d’un Pearl Harbor” des neocons, également exprimé par Rumsfeld à des parlementaires le matin même de l’attaque du 11 septembre 2001 [1]) ; sans doute y avait-il été impliqué d’une façon ou d’une autre, soit pour son organisation, soit pour son absence de réactions par rapport aux avertissements nombreux. Mais ce qu’il annonçait in fine à l’ambassadeur français n’était pas le changement de la psychologie américaine en général et étendue prioritairement à la population dans le sens d’une terrorisation de cette psychologie, mais la rupture de la psychologie américaniste de la direction du Système, effectivement dans ce cas, dans le sens de la terrorisation de cette psychologie.
On comprend alors que nous laissions la détermination historique de la vérité sur l’attaque 9/11 à l’inconnaissance (voir notamment le 26 septembre 2011), pour mieux laisser se développer les conséquences de la terrorisation de la psychologie de la direction du Système, – ou, plutôt, son “auto-terrorisation” ; et la chose n’en est que plus belle et plus significative, et plus efficace certes, si c’est cette direction elle-même qui a organisé ou favorisé d’une façon ou l’autre l’attaque, mais avec l’impératif de laisser la vérité à cet égard dans l’ombre pour laisser se poursuivre le processus… Nous voulons dire par là qu’il faut admettre l’hypothèse qu’il y a certes un processus inconscient d’“auto-terrorisation” de cette psychologie, avec les moyens de 9/11 organisé ou pas et de GWOT, du virtualisme qui fait croire à ses propres montages, etc., comme si une force supérieure poussait la direction du Système elle-même à son autodestruction psychologique, – et, dans ce cas, on jugera alors sur le terme métahistorique qu’il s’agit d’une autodestruction libératrice, y compris pour ces pauvres personnages asservis au Système et qui le servent en croyant à un destin historique alors qu’il s’agit d’une catastrophe métahistorique. La mise à jour officielle de l’imposture, si c’est le cas pour 9/11, risquerait d’interrompre ce processus d’autodestruction, une contre-rupture annulant la rupture…
Dans l’entretemps, le processus s’est accéléré d’une façon extraordinaire, et ce que Cheney croyait uni dans une même terrorisation s’est complètement divisé en deux courants de plus en plus divergents. Si l’on garde l’analyse psychologique, on dira que l’épisode maniaque impliquant la construction paranoïaque de l’édifice faussaire de la terreur s’est accéléré dans la psychologie des directions politiques, avec la crise de 2008 et tout ce qui l’a accompagné, pour considérer inconsciemment cette crise elle-même comme la production diabolique des forces de la terreur qui attaquent le Système. Au contraire, la psychologie des population a achevé de basculer de l’épisode maniaque accepté à l’occasion de 9/11 mais de plus en plus dégradé jusqu’en 2008, dans un épisode dépressif dont on sait que nous l’interprétons comme un retour à la réalité, et à la vérité du monde, et une possibilité offerte du refus de la construction maniaque et de résistance contre le Système. (Voir notre texte du 19 janvier 2012 sur “la maniaco-dépression du monde”.) Cela conduit effectivement à la situation actuelle, où l’on observe des autorités du Système plongées dans des montages aberrants et grotesques de législation “anti-terreur”, d’une efficacité extrêmement douteuse pour leur propre cause mais qui ne font que mettre en évidence auprès des populations l’imposture de leur politique et leur complète illégitimité, montages qui ne cessent d’accroître par conséquent leur démarche d’“auto-terrorisation”. Le résultat effectif, en effet, est que ces législations exacerbent la colère du public contre ces dirigeants, c’est-à-dire contre le Système.
Ainsi s’agit-il bien d’un processus inverti, selon l’inversion de l’action du Système, avec la surpuissance évidente dans cet amas stupéfiant de mesures juridiques “contre la terreur”, produisant une dynamique d’autodestruction du Système. Son auto-alimentation est garantie : plus la colère du public enfle, plus les directions politiques jugent qu’il faut contenir cette colère en tentant d’en détourner l’objet vers la terreur, et en tentant de garantir sa sécurité au citoyen pour s’attirer ses faveurs et éviter qu’il mette en cause le Système, pour le faire “marcher droit” à nouveau ; et l’effet constant, d’accélérer encore le processus qui participe à l’exacerbation de la colère populaire contre le Système... L’exacerbation est encore renforcée par le fait qu’à côté de cette lutte anti-terreur se perpétue sans aucun frein ni la moindre tentative de réforme cosmétique, la toute puissance des institutions du Système qui sont la cause directe de la colère populaire (le système financier, les guerres extérieures, l’inégalité artificielle de l’argent, etc.). Il n’y a aucune possibilité que cela change puisque la source de cette politique ne se trouve pas dans un choix rationnel et machiavélique, mais dans la perception qu’une psychologie totalement infectée et subvertie (celle des “élites” servant le Système) offre à l’esprit qu'elle alimente pour faire ses choix.
[1] Mise à jour : on trouvera ce 17 avril 2012, sur Ouverture libre, un texte sur le comportement de Rumsfeld les 10 et 11 septembre 2012. Nous avions primitivement prévu une note directe à ce F&C, mais sa longueur nous a fait préférer d'en faire un texte autonome.
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