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779Tout le monde, analystes, commentateurs, dirigeants politiques, s’accorde pour estimer que la décision la plus catastrophique prise par les Américains après l’invasion de l’Irak a été la dissolution de l’armée irakienne. Cette décision est considérée comme le facteur primordial qui a alimenté le désordre et l'instabilité dans le pays. D'où l'intérêt de cette question: qui a pris cette décision?
Une biographie “autorisée”de GW Bush, Dead Certain, de Robert Draper, qui paraît aujourd’hui aux USA, présente une position assez incertaine dans les détails du président, mais qui est caractérisée surtout par son affirmation que le maintien en l’état de l’armée irakienne faisait partie de sa politique. Ce n’est donc pas lui le responsable? C’est donc Paul Bremer, “pro-consul” US lorsque la décision de dissolution fut prise, en mai 2003? (Bremer pouvait donc prendre de telles déisions, d'une telle importance et contraires à la politique officille?) Eh ben, c’est-à-dire que… répond GW Bush, selon des extraits du livre mentionnés notamment dans le Los Angeles Times le 3 septembre.
«One of the most heavily criticized actions in the aftermath of the U.S.-led invasion of Iraq in March 2003 was the decision, barely two months later, to disband the Iraqi army, alienating former soldiers and driving many straight into the ranks of anti-American militant groups.
»But excerpts of a new biography of President Bush show him saying that he initially wanted to maintain the Iraqi army and, more surprising, that he cannot recall why his administration decided to disband it.
»“The policy was to keep the army intact; didn't happen,” Bush told biographer Robert Draper in excerpts published in Sunday's New York Times.
»Draper pressed Bush to explain why, if he wanted to maintain the army, his chief administrator for Iraq, L. Paul Bremer III, issued an order in May 2003 disbanding the 400,000-strong army without pay.
»“Yeah, I can't remember; I'm sure I said, ‘This is the policy, what happened?’” Bush said, adding: “Again, Hadley's got notes on all this stuff” — a reference to national security advisor Stephen J. Hadley.»
Paul Bremer n’a pas apprécié. Il a envoyé au New York Times (ce 4 septembre) un échange de lettre entre lui-même et le président montrant qu’il avertit ce dernier que l’armée va être dissoute et que GW lui répond qu’il est très content de lui (de Paul Bremer).
«After recounting American efforts to remove members of the Baath Party of Saddam Hussein from civilian agencies, Mr. Bremer told Mr. Bush that he would “parallel this step with an even more robust measure” to dismantle the Iraq military.
»One day later, Mr. Bush wrote back a short thank you letter. “Your leadership is apparent,” the president wrote. “You have quickly made a positive and significant impact. You have my full support and confidence.”»
Dans le même article du Los Angeles Times, Douglas Feith, ancien n°3 de Rumsfeld, met aussi son grain de sel en observant qu’il s’agit d’une question intéressante («Douglas J. Feith, then undersecretary of Defense for policy and an architect of the Iraq invasion, said the excerpts raised interesting questions about how the pivotal decision was made»). Il semble que Rumsfeld voulait que l’armée irakienne soit conservée.
D’autre part, est-on bien sûr que GW a lu toute la lettre de Bremer? Et puis, parlaient-ils tous du même pays, de la même guerre, de la même époque? Tout cela est passionnant. La polémique autour de cette question va alimenter nos réflexions. On aurait bien tort de s’arrêter à la personnalité de l’un, aux manigances de l’autre, aux faiblesses d’un troisième. Une seule réflexion domine toutes les autres, omniprésente, chaque jour confirmée, un sentiment constant, écrasant depuis des années: le formidable désordre qui a présidé à cette expédition, comme il préside à toute la politique de ce monstrueux système qui semble foncer droit devant lui, sans savoir vers où, comment et pourquoi.
Mis en ligne le 4 setembre 2007 à 09H28