Merkel freine, freine, freine...

Brèves de crise

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Merkel freine, freine, freine...

L’Allemagne est décidément le pays le plus en retrait dans la campagne antirusse du bloc BAO, dans le cadre de l’affaire ukrainienne. La chancelière Merkel a fait son discours le plus affirmé et le plus tranchant à cet égard, à l’occasion de la réception du président sud-coréen à Berlin. Pour elle, on n’en est pas encore au stade des sanctions économiques, et elle espère fermement qu’on n’aura pas à en arriver là et qu’un compromis politique pourra être trouvé ... (Russia Today, le 27 mars 2014.)

«The chancellor said she is “not interested in escalation” of tensions with Russia, speaking after Wednesday meeting with the South Korean president in Berlin. “On the contrary, I am working on de-escalation of the situation,” she added, as cited by Itar-Tass. Merkel believes that the West “has not reached a stage that implies the imposition of economic sanctions” against Russia, advocated by US President Barack Obama. “And I hope we will be able to avoid it,” she said.»

Une autre personnalité politique allemande a pris position sur la crise de Crimée et les relations avec la Russie. Il s’agit de l’ancien chancelier Schmidt, qui écrit une chronique régulière le quotidien Die Zeit. Schmidt a pris nettement position pour la Russie et contre les sanctions économiques. Pour lui, l’approche de Poutine de l’affaire criméenne est «complètement compréhensible». Les premières sanctions occidentales (contre des personnalités) sont «complètement stupides... [...] alors que les sanctions économiques plus sérieuses éventuelles toucheront aussi durement l’Ouest que l’Est.» Quant à la décision de réduire le G8 au G7 pour “punir la Russie”, c’est également une erreur du bloc BAO : «Il aurait été idéal de se retrouver tous ensemble maintenant. Cela aurait certainement plus fait pour la paix que des menaces de sanctions»

D’une façon générale, la position allemande, lorsqu’on met en parallèle ces interventions et celles d’Obama le même jour, est remarquablement éloignée de celle des USA et tend plutôt à s’affirmer qu'à se nuancer. Bien entendu, cela ne constitue pas un facteur décisif, ni ne présume en aucune manière d’évolutions possibles de l’un ou l’autre. Il n’empêche, cette coïncidence antagoniste de la réaffirmation des positions allemande et US indique un point de tension non négligeable dans la crise générale développée autour de l’Ukraine, – un point de tension de plus, contribuant à la gravité et à la complexité de cette crise. C’est bien de cette façon qu’il faut considérer la position allemande, comme un facteur de complexification de la crise et nullement comme une tension spécifique, ou comme un problème spécifique des relations Allemagne-USA ; sa véritable mesure se trouve par rapport au contexte de la crise et nullement par rapport au cadre transatlantique habituel, parce que cette crise générale née de la crise ukrainienne est désormais la référence prioritaire des relations internationales.


Mise en ligne le 27 mars 2014 à 12H41