Un Nobel d’Acharnement Thérapeutique

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Un Nobel d’Acharnement Thérapeutique

13 octobre 2012 – Déjà, le Prix Nobel de La Paix attribué en 2009 à un président qui n’avait encore rien fait et qui s’est avéré être un président-tueur valant bien son prédécesseur, et même sans l’excuse de la pauvreté d’esprit de son prédécesseur, déjà ce Nobel-là avait quelque chose d’une mesure comme pour se rassurer. Il ne nous semble nullement assuré, – c’est une hypothèse, comme disent les scientifiques dont nous ne sommes certainement pas, – que le très cool BHO aurait reçu ce Prix sans aucun doute très officiellement émouvant s’il n’avait été Africain-Américain. Cette hypothèse qui s’est imposée à nous comme une évidence réduisait l’initiative à ce qu’elle est sans aucun doute : une opération d’auto-exaltation du Système pour se rassurer soi-même, comme pour se dire, “après tout, c’est vrai, tout ce que nous forçons à écrire et à dire de nous-mêmes est bien vrai, nous sommes vraiment très bons et l’achèvement même, hautement moral, de notre civilisation et de nos valeurs, est avéré, – la preuve, ce Prix que nous nous attribuons à nous-mêmes”.

Le raisonnement vaut aussi bien, mais multiplié disons par trois pour faire bonne mesure et mesure logique (le nombre d’années écoulées avec autant de catastrophes renouvelées, confirmées, amplifiées, depuis 2009). Donner le Prix à cette UE en lambeaux, caricature de ce qu’elle prétendit et continue à prétendre être, organisme clef de notre paralysie et de notre impuissance, pratiquant quotidiennement l’inversion pateline et bureaucratique de tout ce qu’elle prétend être, droit des peuples, bonheur économique, démocratie sourcilleuse, respect des droit divers, etc., représentée par de tels visages que ceux de Barroso ou de Ashton (pas de “délit de faciès” mais tout de même…), – lui donner le Prix, c’est pratiquer le grotesque presque comme un art, jusqu’à dire que le grotesque à ce compte c’est presque du sublime.

(Il nous semble que l’extraordinaire complexité et l’étrange ambiguïté du mot “sublime” nous autorise, dans ces temps de subversion et d’inversion, à prendre la liberté de l’employer dans le sens objectif de la bassesse absolue, lorsque cet artefact de type “machin” d’une bassesse absolue pour lequel il est employé, – le Système, dans ce cas, – prétend aussi désespérément être le seul possible contre toutes les évidences catastrophiques des évènements métahistoriques qui saluent son gouvernement. Nous employons donc, dans ce cas, “sublime” dans un sens méphistophélique, c’est-à-dire certes “diabolique” mais aussi “sardonique” et “sarcastique”, du type “le diable en rit encore”…)

Alimentons cette note de quelques avis mesurés et un peu plus sérieux que nos commentaires. En effet, il s’agit du Très Grand Evènement du jour et, comme tel, honoré de nombre de réactions. Saluons l’émotion de l’excellent et héroïque monsieur Schultz («Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a été le premier à réagir à cette annonce et s'est dit “profondément ému et honoré” après l'attribution du Nobel de la paix à l'UE»). Observons que l’on a surtout une avalanche d’avis sarcastiques, étonnés, scandalisés, etc., tout cela évidemment à cause de l’énormité (sublime ?) de la situation : l’UE plongée dans une crise sans précédent, économique, politique, existentielle (de confiance) dans laquelle elle a la plus grande part de responsabilités, dispensant souffrances et mesures absurdes de contraintes, et soudain saluée parce qu’elle a établi la paix en Europe. (Ce dernier jugement, si évidemment absurde qu’il ne requiert que quelques mots : depuis 1945, la paix officielle nous exemptant de guerres générales comme celles qu’il y eut en Europe existe dans le monde et non pas en Europe seule, parce qu’il est apparu que cette guerre-là, la vraie, la mondiale, est devenue infaisable, parce qu’elle impliquerait une catastrophe où pourraient disparaître toutes les choses au moins de constitution moderniste et capitaliste de notre monde. La guerre a donc été remplacée par le chaos grandissant, de désordres, de troubles, de diverses non-guerres sporadiques et fort sanglantes auxquelles participe à différents degrés le bloc BAO [le pays le plus activement belliciste, les USA, n’a plus été officiellement en guerre depuis 1945] ; cela formant une dynamique chaotique de déstructuration, de dissolution et d’effondrement de la civilisation, – toutes choses où l’UE est une très active compétitrice.)

Mentionnons donc, pour la chronique, tel texte d’A.P., le premier à apparaître sur Google ce matin lorsque vous tapiez “UE Nobel”, du 12 octobre 2012, sous le titre de «EU detractors slam Nobel Peace Prize decision». (Même Google qui ouvrait sa sélection, ce matin, sur un texte critique… A surveiller, ces mauvaises tendances.)

«Nigel Farage, head of the U.K. Independence Party — which wants Britain to withdraw from the union — called Friday's peace prize “an absolute disgrace.” “Haven't they had their eyes open?” he said, arguing that Europe was facing "increasing violence and division,” with mass protests from Madrid to Athens over tax hikes and job cuts and growing resentment of Germany, the union's rich and powerful economic anchor.

»Dutch populist lawmaker Geert Wilders scoffed: “Nobel prize for the EU. At a time (when) Brussels and all of Europe is collapsing in misery. What next?”

»In France, euroskeptics assailed the prize from the far left — where critics see the euro and the EU as capitalist tools — to the anti-immigrant far right. Marine Le Pen, leader of the far-right National Front, said the Nobel committee has to “come down from their ivory tower and see what is going on on the ground. They should measure the suffering of the people and see the growing revolt.”»

Le Monde (le 12 octobre 2012) nous entretient du “coup de force des europhiles” au comité Nobel, – car figurez-vous qu’il fallut un “complot” pour parvenir à cette nomination. Cette précision-là est certainement un des aspects les plus charmants dans le genre cocasse de l’aventure, – pas du tout “sublime”, non, – de s’imaginer quelques rudes guerriers de l’europhilie manoeuvrant comme des apparatchiks d’un Politburo de fortune pour parvenir à faire triompher cette initiative si grotesque qu’elle en devint sublime. Mesure pour mesure, on s’occupe comme on peut, lorsqu’il s’agit de lutter contre la crise d’effondrement du Système ; alors, on complote…

Russia Today consacre un texte (le 13 octobre 2012) recueillant l’un ou l’autre témoignage. S’il fallait le qualifier, nous nous exécuterions et qualifierions ce texte, nous semble-t-il, de quelque peu interloqué… Un député de la Douma, vice-président de cette honorable assemblée, juge la décision des Nobel “inattendue et étrange” (le qualificatif “étrange” est bienvenu). Il substantive la chose :

«Giving the Nobel Peace Prize to an economic and political block with just a secondary role in peacekeeping is a strange step, says the MP in charge of CIS relations. “Apparently, someone decided to curtsey to Brussels,” said State Duma deputy and PACE vice president Leonid Slutskiy. “To put it mildly, this was unexpected and non-standard”.»

Madame Svetlana Gannushkina n’est pas contente, quoiqu’elle en rit puisqu’elle juge la décision “risible”. Son mécontentement, notamment parce qu’elle espérait avoir elle-même le Prix, mais aussi pour des raisons plus honorables, comme on peut le lire : «Another possible 2012 Nobel Peace Prize nominee from Russia, the head of the Civil Assistance Committee Svetlana Gannushkina, said straightforwardly that she was disappointed by the committee’s decision. “The award has been depersonalized to such an extent. It has been given to a state, bureaucratic structure,” Gannushkina said. “This is just laughable,” she added.»

Madame Svetlana Gannushkina n’a pas tout à fait raison, quoiqu’elle n’a pas tout à fait tort non plus. Ce n’est pas la première fois que le Nobel est remis à une “structure… bureaucratique”, quoique non étatique dans ce cas. En 2005, le Prix alla à l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et à son directeur Mohamed ElBaradei (Egypte). Il est vrai, on le reconnaît, qu’il y avait personnalisation, et que c’était surtout ElBaradei qu’on voulait distinguer, pour ses efforts très loyaux pour tenter de résoudre d’une façon équilibrée le crise nucléaire iranienne. (Ce pourquoi, Nobel ou pas Nobel, il n’a pas été question de le reconduire dans ses fonctions une fois son mandat achevé… Mesure pour mesure, n’est-ce pas.)

“Nobélisation” et autodestruction du Système

… Donc, cette fois, effectivement, c’est à une “structure étatique et bureaucratique”, sans visage, surtout sans aucun visage, que le Prix est attribué. Il n’y a là rien de plus vrai et rien de plus juste, car finalement ce récipiendaire “sans visage” n’est même pas lui-même ce qu’il prétend être. Ce n’est évidemment pas à l’UE qu’est attribué le Nobel, mais au Système lui-même, le Système qui s’attribue illico presto le Nobel. Les petits comploteurs et europhiles de Stockholm n’y ont vu que du feu. Cela donne toute sa véritable dimension à l’événement, – et alors, sans aucun doute, il s’agit d’un Très Grand Évènement.

…Ah ! Que leur psychologie est transparente… Déblayons d’abord. Certes nous confirmons ; il ne s’agit pas une seconde de l’UE, ni même du bloc BAO, mais plus sûrement et en majesté bombastique (en effet, nous venons de découvrir que l’ équivalent français du bombastic anglais que nous affectionnons, existe, quoique d’un emploi très rare), – il s’agit du Système dans toute son universalité, cette entité, voire cette égrégore née du “déchaînement de la Matière”, qui règle notre contre-civilisation et qui règne sans partage sur elle. C’est lui, le Système, qui est “nobélisé”, ce qui renvoie le cas de notre président africain-américain aux poussières incertaines de ses discours de campagne, en lui substituant un acte beaucoup plus grandiose et significatif. Cet événement qui nous paraît à première vue absolument improbable et totalement insaisissable, entre une majesté absolument vide et une dérision au-delà du descriptible, est pourtant d’une importance significative pour notre compréhension de l’avancement des choses, – notamment l’avancement des choses du Système…

Écartons tous les aspects dérisoires et grotesques, même s’ils peuvent être sublimes à force de grotesque, comme peut l’être un comique de l’absurde, tous ces aspects que nous avons suggérés, mentionnés ou rapidement décrits, et nous gardons la substantifique moelle de l’événement. Nous avançons alors l’hypothèse qu’il y a dans ce même événement du Nobel de la Paix 2012 une dimension importante et significative, et qu’il importe de la distinguer. On n’organise pas, même par intrigue, une telle démarche si complètement vulnérable, voire soumise éventuellement et irrésistiblement à la dérision et au ridicule, voire même potentiellement source d’exacerbation de la colère dans une Europe pulvérisé par la catastrophe économique, sans quelque bonne raison. Nous nous tournons vers leur psychologie pour proposer une explication, – et, effectivement, cette explication nous conduit de l’UE au Système, c’est-à-dire considérant que cet acte a été posé au nom du Système et non de l’UE, par UE interposée peu importe.

Il s’agit d’un acte de communication, d’un acte symbolique, voire d’un acte incantatoire, pour affirmer la vertu nécessaire et fondamentale du Système, contre toutes les évidences catastrophiques qui l’assaillent, contre les reflux divers qu’il suscite de tous les côtés, à cause des monstrueuses mesures qu’il développe, contre la colère populaire que l’on sent monter, – en fait, que l’on craint tant de voir monter, que l’on arrive à la susciter par de telles craintes autant que de s’alarmer justement de la voir monter… Bien entendu, ce “on” représente les élites, les directions politiques asservies au Système, qui espèrent ainsi servir le Système en en faisant sa promotion bombastique par la plus grande distinction qu’elles puissent imaginer.

Ce Prix Nobel est donc le produit de ces psychologies terrorisées des élites et des directions politiques asservies au Système. Ce qui est remarquable dans ce cas est que cette terrorisation des psychologies de nos élites que nous décrivons comme étant l’effet des pressions du Système sur elles dans le texte référencé, devient dans ce cas un signe que cette terrorisation a désormais également, comme cause nouvelle qui s’inscrit parallèlement à la première, la crainte des réactions antiSystème des diverses populations, ensembles, organisations, etc., qui subissent les effets des mesures et des “politique” exécutées sous l’empire du Système. Il y aurait donc ainsi une extension de la terrorisation des psychologies des élites, puisqu’à la terrorisation de ces psychologies par le Système s’ajouterait désormais une terrorisation de ces psychologies par la crainte des effets antiSystème que les politiques imposées par le Système entraîneraient dans les populations, les ensembles, les organisations, etc. Nous entrons dans le cycle vertueux du cercle extrêmement vicieux. C’est dans tous les cas, à notre sens, l’interprétation qu’il est intéressant et enrichissant de donner à cette décision si extraordinaire lorsqu’elle est jugée avec la raison et l’expérience, par rapport à l’impopularité formidable de la chose ainsi exaltée. Il s’agit d’une tentative forcenée pour chercher à convaincre toutes les entités et populations potentiellement antiSystème, et subissant les effets du joug du Système, de la vertu exceptionnelle du Système.

D’autre part, nous avons vu, dans le même texte référencé, que cette terrorisation des psychologies des élites et directions politiques était accomplie bien entendu sans aucun conscience de la chose de la part de ces élites et directions politiques. Il n’y a aucune raison pour que cette absence de conscience ne caractérise pas, également, l’autre terrorisation, la terrorisation nouvelle que nous distinguons. Cela revient à dire que l’acte de “nobéliser” l’UE, c’est-à-dire le Système, a été conduit sous l’influence du Système, sans que les commentateurs et comploteurs de la chose réalisent exactement la signification de leur démarche. On comprend aisément le processus, que ces élites et directions politiques n’ont aucune conscience claire de tous ces problèmes, s’attachant simplement à leur tâche quotidienne de l’application en termes d’idéologie et de politique des impulsions et consignes venues du Système. Par conséquent, on en vient à conclure que cette seconde terrorisation, des psychologies, venue de la crainte des réactions antiSystème sous la poussée du Système, vient de l’influence du Système lui-même, donc que le Système est lui-même de plus en plus préoccupé, voir extrêmement alarmé par les réactions qu’il suscite du fait des actions qu’il impose.

D’où cette mesure, qui est la “nobélisation” du Système par lui-même, venue alors du Système lui-même, opérationnalisée par les psychologies terrorisées des élites et directions politiques, ces populations choisies pour leur loyalisme et qui lui sont complètement asservies… L’acte va loin, si on le considère dans toute sa puissance symbolique et incantatoire. En se “nobélisant” lui-même, par l’intermédiaire d’un processus qui lui appartient absolument, à lui-même, qui en est le reflet sans un pli, qui paraît être le plus symbolique, le plus vertueux et le plus haut dans la cause proclamée (la “Paix”), le Système voudrait s’exonérer de tous les soupçons portés contre lui et auxquels il apparaîtrait ainsi particulièrement sensible. Cela signifierait que, désormais, le Système doute de lui-même, c’est-à-dire qu’il doute de la capacité de sa surpuissance à vaincre à elle seule ce qui s’oppose à sa marche, qu’il entend se justifier par une apparence vertueuse, fût-elle cousue de fil blanc comme peut l’être un Prix Nobel. Ainsi entend-il orner sa dynamique de surpuissance de la vertu “nobélisé” de type Paix-UE.

Ce qui est enfin caractéristique du Système dans toute sa sublimité invertie, c’est que la mesure qu’il fait prendre pour ce qu’il croit être à son avantage, pour tenter de renverser cette résistance qu’il croit être ou qu’il sent croître contre lui-même, est en réalité une mesure contre-productive. L’effet de dérision, que l’on détermine aisément dans cet acte grotesque, est assuré de durer, de grandir, de s’amplifier, de contribuer à discréditer encore plus le Système, qu’il s’agisse de l’UE, de ses élites, etc. On retrouve là, pour compléter le dispositif d’explication que nous avançons, l’aspect dynamique d’autodestruction complémentaire de tout acte du Système activant d’une façon ou l’autre sa dynamique de surpuissance ; la parure vertueuse de la “nobélisation” mise sur le Système dans sa dynamique de surpuissance contient toutes les caractéristiques de l’autodestruction.