Il y a 2 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.
993En 2008, le vainqueur des présidentielles aux USA importait essentiellement, non parce que l’un ou l’autre des candidats fût un homme providentiel (même si l’un pensait l’être, et certains pensaient qu’il le serait), mais parce que l’Amérique entrait dans la crise colossale. Cette crise allait jouer un rôle essentiel dans la désignation du vainqueur. La compétition électorale fut sans intérêt, comme l’avait été quatre ans plus tôt la course Bush-Kerry, mais les évènements avaient décidé de lui donner un tour tragique, dès le 15 septembre 2008. Ainsi suivit-on effectivement the race et l’élection de Barack Hussein Obama, dit BHO, fut un Moment qu’on crut historique.
En 2012, peu importe le vainqueur, parce que l’Amérique est dans la crise et, très bientôt, dès l’élection passée, va éclater une nouvelle séquence brutale de la crise, – quel que soit le vainqueur, – ainsi nous disent les augures… Comme déjà mentionné (le 30 août 2012, selon SHTFPLan.com), «According to free market proponent Peter Schiff, it doesn’t matter who wins, because the crunch is coming… […] We’re headed for a real economic collapse regardless of who wins this election.»
Par conséquent, il faut s’en remettre aux évènements qui, eux seuls, décident. Ont-ils décidé de laisser cette campagne être ce qu’elle semble devoir être selon l’arrangement des sapiens de service ? Sera-ce, selon un site qui en réclame la paternité depuis le 10 février 2006, une vaste mornitude – «substantif accentué de l'adjectif morne avec un fort accent pathétique», – d’insipide banalité et de basse médiocrité, d’une narrative usée et épuisée par l’usage ? Selon la formule fameuse, “on verra”, – à laquelle nous ajouterions sans grande audace mais sans certitude de dire juste : c’est tout vu...
Combattant inlassable de la dénonciation de “l’insipide banalité et de la basse médiocrité”, l’Américain Glenn Greenwald passé de Salon.com au Guardian pour redonner au quotidien britannique et liberal hawk un peu du tonus qu’il a perdu dans l’engagement hystérique pour les rebelles syriens, décrit la phase actuelle, – the race qui semble comme du sur-place, – par la simple description, à partir d’un exemple, de ce qu’est le domaine faussaire de nos directions politiques, avec le mot stupid en exergue et la superbe expression de “conspiration de la stupidité”, – «Election 2012 and the media: a vast rightwing conspiracy of stupid, – CNN's failure to question Paul Ryan's falsehoods is emblematic of the idiot wind blowing through American electoral politics».
Cela est écrit le 30 août 2012 et concerne les républicains. Cela vaut pour les démocrates. Néanmoins, pour varier le menu, Greenwald a préféré, dans son commentaire sur la convention démocrate, s’en prendre au bilan du président Obama. Il a choisi l’un des aspects les plus sinistres de ce formidable président : le persécuteur de ceux qui dénoncent les infamies officielles, l’ordonnateur des assassinats de par le monde par drone interposés, si satisfait de la chose qu’il en plaisante («Recall, too, that he feels free openly to tell jokes about his use of drones to kill people»)… Le 5 septembre 2012, dans le Guardian toujours :
«Persecuting and abusing whistleblowers. Indefinitely imprisoning people with no charges. Due process-free assassinations of citizens, even teenagers. Continuous killings of innocent people in multiple Muslim countries. This isn't just what Democrats do. It's what they now boast about, what they campaign on, what they celebrate. That, as much as anything, is the Obama legacy…»
Comment se sont passées les conventions ? Cela nous intéresse-t-il vraiment ? Le torrent d’“informations”-Système, de reportages, d’articles, de “live” en direct de Tampa ou de Charlotte, de la presse-Système franchouillarde et germanopratine, pour une fois sortie de la “normalité” de Hollande et des boucheries de Hitler-Assad, cela devrait nous éclairer… Quand ces gens-là se précipitent comme des mouches pour parler de l’Amérique, c’est qu’il ne s’y passe absolument rien, – c’est-à-dire rien qui ne ressort de l’essentiel. Ce fut le cas à Tampa et à Charlotte.
Mais parlons du “rien”, ce n’est tout de même pas inutile. A Tampa, ils ont désigné, dans une extraordinaire orgie d’illégalité, de tromperie et de supercherie (cf. Ron Paul, plus loin), une sorte de zombie bronzé et souriant, sans aucune aspérité apparente puisque transparent, excellent recycleur de ses bénéfices d’affaires dans les îles Caïman, flanqué d’un jeune rouleur de mécanique, ce dernier époux d’une femme opportunément fortunée, et lui-même nous promettant la “révolution dans la révolution” en se référant à Ayn Rand. La romancière balancée théoricienne extrémiste du darwinisme économique et social Ayn Rand a remplacé Leo Strauss dans le prêt-à-porter de l’establishment républicain, rayon “intellectuel”. (Les pauvres, – ni Rand, ni Strauss, ils ne méritaient un tel sort.)
A Charlotte, ils ont désigné l’icône qu’on sait, – laquelle fut, selon les commentateurs-Système sérieux, assez terne dans ses propos. Il fallut tout le brio du clown favori du parti pour tirer les délégués de leur enthousiasme factice et leur faire goûter un peu du nectar de la fiole de potion magique et vertueusement démocratique… Cela, d’après l’honorable Jonathan Freedland, du même Guardian (puisque nous y sommes), le 7 septembre 2012 :
«So what will be left behind from this quadrennial ritual, a fortnight of back-to-back gatherings of America's two main political parties? We learned anew the curious paradox of Obama: that the man hailed as an orator of Ciceronian power four years ago is a poor communicator, at least when it comes to his own record… […] The best advocate for the Obama presidency turned out not to be Obama but Bill Clinton, who gave a masterclass in how to dive into substantive, even nerdy, detail and still connect emotionally. It may be 16 years since he last raced competitively, but Clinton remains a world champion of politics.»
Obama comme un Cicéron postmoderniste et multiculturaliste qui aurait perdu sa langue ? By Jove !… Quoi qu’il nous en dise, Freedland, à propos du own record de BHO («…significant achievements – averting a second depression, reviving a dying auto industry, passing the healthcare reform that eluded a century of predecessors, not to mention (though he does) Osama bin Laden»), on comprend la ternitude (cela se dit également) du président-candidat à sa succession. Notre sentiment général, c’est que l’Amérique de 2012, non seulement n’est pas sortie de l’auberge largement ouverte à l’automne 2008, mais qu’elle semble plutôt se diriger vers les sous-sols ; et tout cela, avec BHO à la barre.
Notre sentiment encore plus général est qu’Obama, qui va être aisément attaqué sur sa politique et son own record, comme dit Freedland, et cela d’autant plus que la situation économique générale tend plutôt à se dégrader avec des opportunités catastrophiques, “répliquera” en tentant d’être ce qu’il ne fut pas à Charlotte. Il s’agit de faire renaître la “mystique” de 2008, qui plaît tant aux soutiens libéraux de BHO même si elle paraît bien usée aujourd’hui, et alors son premier argument est d’être le premier président Africain-Américain des USA, – et qu’il doit le rester pour l'honneur et la bonne marche de talk-shows branchés. Rhétorique de piètre communication…
Contre cela, les républicains ont le champ ouvert à toute la critique qu’ils veulent, tant les quatre années d’Obama prêtent le flanc à la critique. Bien entendu, pour une telle exploitation, il faudrait être un Ron Paul : avoir son crédit, sa conviction, sa position impeccable, etc. Ni Romney ni Ryan ne sont un Ron Paul, et ils n’ont rien de lui ; au contraire de lui, ils font partie de cet establishment républicain dont le comportement, notamment au Congrès, a fortement contribué à la paralysie dans les domaines essentiels, dont le gouvernement Obama a été un exemple peu ordinaire. Ils en resteront donc à une rhétorique de piètre politique…
Toutes ces remarques si vite faites fixent notre conviction. Nous n’avons aucune considération pour tout ce qui pourrait tenir lieu de “politique” spécifique de l’un ou de l’autre camp. Si l’on s’en tient aux acteurs tels qu’on le voit, cette campagne sera caractérisée par le vide le plus complet. Aucun des arguments n’ira au fond, et l’échange se réfugiera donc dans la polémique, l’affrontement d’autant plus fort qu’il n’aura pas d’assise rationnelle ni de véritable divergence sur les grands thèmes politiques, avec comme unique fonction de traduire inconsciemment une haine sans mesure et irrationnelle qui caractérise aujourd’hui les relations politiques aux USA. Rien des véritables fondements ne sera exposé parce que personne ne sait vraiment la moindre chose à ce propos, malgré que ce phénomène soit fondamental en montrant un affreux divorce interne.
Personne n’évoque plus l’aventure de Ron Paul qui, il y a huit mois, faisait trembler le parti républicain et la vie politique américaniste. Ron Paul a été éliminé dans des conditions de manipulation des règles internes du parti républicain sans précédent, dans des activités d’une illégalité à ciel ouvert à couper le souffle. Sa passivité dans la dernière partie de son périple, qui est celui de son élimination, laisse à penser que les rumeurs concernant des pressions graves sur sa famille et lui-même ne sont pas infondées.
Ron Paul a donc couronné sa carrière en assénant, par l’échec de l’énorme mouvement populaire qu’il avait suscité, la preuve que le Système est totalement, absolument irréformable de l’intérieur, par les voies dites “légales”. Certains lui reprocheraient un manque d’audace, un manque d’ambitions extra-institutionnelles, car lorsque le bateau coule il faut parer au plus pressé… D’une certaine façon, le reproche est fondé, d’une autre il est illogique : toute sa personnalité remarquable étant bâtie sur le fait même du constitutionnaliste pointilleux, il ne pouvait envisager des actes qui pouvaient être considérés comme sortant des normes institutionnelles dont la filiation constitutionnelles semblerait devoir rester acquise, même si elle a été affreusement subvertie par les pratiques du Système. (Cela aussi, cela se contredit, mais pour Ron Paul tout était dit…)
D’une certaine façon, une expérience Ron Paul était le seul moyen de sauver le système de l’américanisme, et le Système, en revenant à certains fondements. Le Système n’a pas voulu en entendre parler. Exit Ron Paul, et la conclusion est claire… Le Système a dépassé le stade où l’on peut espérer encore se sauver soi-même… Autodestruction, donc.
Ron Paul parti, revenons aux choses sérieuses et à nos petiotes affaires… La politique américaniste est totalement encalminée dans les exigences du Système passé en mode d’autodestruction, les querelles sans fin de son appareil politique complètement paralysé, le développement d’une colossale crise économique, sociale et psychologique contre laquelle personne ne peut grand’chose ni ne veut rien envisager de faire dans le champ de ce qui pourrait avoir une chance d’influer un tant soit peu favorablement sur son développement.
Certains ont encore la pugnacité, ou la folle audace, de penser à l’issue “miraculeuse”, – celle d’un Obama réélu, sans plus de réelle obligation, décidant de prendre des mesures et des décisions sortant du carcan du Système, qu’il s’agisse du complexe militaro-industriel ou de l’AIPAC, ou des pétroliers, etc. C’est le cas du politologue britannique, de Canterbury, Alan Hart, le 8 septembre 2012 sur PressTV.Com :
«I met and talked with Jimmy Carter sometime after he left office and he made to me this statement. Any president only has two windows of opportunity to take on the Zionist lobby and its stooges in Congress. The first opportunity is in the first nine months of his first term; the second opportunity is in the last year of his second term if he has one.
»I think Barack Obama actually understands that Israel is the opposite with the peace. I think he actually understands that Iran is not wanting a nuclear weapons program -- maybe it wants the ability to produce them but it doesn’t want to actually possess them. I may be naïve, I may be gullible, but I still entertain a little bit of hope for a second Obama term.»
On sait que c’est un peu ce que pensent les Russes, et Poutine notamment. Nous n’y croyons raisonnablement pas, parce que, d’une part, même dans cette hypothèse d’Obama réélu nous pensons que l’homme est trop rationnel, trop réfléchi, finalement trop sensible à sa réputation dans le Système, c’est-à-dire infecté par le Système, et sa raison avec, justement ; que, d’autre part, le Système est trop bien verrouillé pour qu’une simple tentative sans réelle audace ni héroïsme réussisse. Nous tiendrons cette hypothèse, – même si elle n’est pas impossible, – comme complètement exceptionnelle, trop pour qu’elle puisse nourrir une perspective de réflexion.
…Quant à Romney, il n’y a rien, absolument rien à attendre de lui, sinon une conformité normale au Système. Ce n’est pas le condamner plus qu’à son tour puisque cela n’en fait après tout, en cas de victoire, qu’une continuation d’Obama lui-même successeur de GW Bush, et un pendant d’Obama hors de l’hypothèse extraordinaire.
…Pour autant, il ne faut pas perdre espoir, – et voici pourquoi, – essayons, dans tous les cas.
Comme en toutes choses ces derniers temps, sous toutes les latitudes, face à tous les horizons, les sapiens comptent bien moins que les évènements, si encore ils comptent. Les élections présidentielles des Etats-Unis, de l’année 2012 ne nous importent pas une seconde à cause des candidats et de tout l’apparat d’extrême vacuité qui les accompagne, dans tous les cas directement. Blanc bonnet et bonnet blanc, si l’on peut dire sans qu’on nous fasse procès en sorcellerie…
Puisque l’alternative libératrice (Ron Paul), – mais “libératrice” de façon ambiguë, on l’a vu, – a été liquidée avec tambour et trompette et sans la moindre vergogne, il nous reste à consulter les occurrences indirectes. Quel que soit le vide politique de l’élection, ce non-événement devient événement pur quand il s’agit de la psychologie désespérée et furieuse de l’Amérique par les temps qui courent (y compris de la psychologie désespérée et furieuse des partisans nombreux et déçus de Ron Paul). De ce côté peuvent venir éventuellement des surprises, qui ne peuvent être que bonnes puisqu’hors catalogue-Système, si l’on veut.
Du coup, bien entendu, le paysage s’anime et la mornitude et la ternitude laissent place à des options d’agitation et de contradiction. On observera que ces remarques sont valables dans les deux cas d’espèce que nous offre le “parti unique” gracieusement déployé dans ces deux ailes. La caractéristiques intéressantes des deux ailes du “parti unique” est que les directions et les “élites” démocrates et républicaines (une fois le trublion Ron Paul éjecté) sont quasi-similaires dans leurs démarches et leurs options, alors que leurs bases sont terriblement, et toujours de plus en plus ces dernières années, antagonistes. (Ce déséquilibre s’exprime bien entendu sur le fond général de désespoir et de fureur dus à la crise et affectant le reste, une partie importante, majoritaire de la population, hors des structures des partis et du vote.)
La vindicte de la base républicaine contre Obama est un phénomène d’une rare intensité, qui se transmet quasi directement chez les élus et se traduit par une attitude et une politique furieuse d’obstruction à tous les échelons. Les causes de cette attitude sont diverses, sans doute avec une partie non négligeable de racisme mais pas jusqu’à l’obsession qui anime certains esprits critiques ; surtout, elles sont exprimées dans un registre extravagant (Obama socialiste, sinon communiste), voire plus fondamental (Obama super-étatiste, centralisateur, partisan d’un gouvernement omniprésent contre les États), sinon subversif (Obama apprenti-dictateur, organisateur d’un gouvernement policier).
Il ne s’agit pas d’une attitude rationnelle, qui pourrait être corrigée, par exemple, selon des modifications de sa politique par Obama, mais d’une attitude obsessionnelle qui a tranché quoi qu’il arrive. Par ailleurs, certains actes d’Obama alimentent ces critiques générales, notamment ses atteintes aux libertés individuelles et divers actes proches effectivement d’un gouvernement policier. Quoi qu’il en soit, sur une telle base passionnelle, la réélection d’Obama a de fortes chances de relancer l’opposition violente des années 2010-2011, tant au niveau populaire qu’au Congrès, et de radicaliser diverses politiques républicaines déjà très extrémistes, avec une relance de mouvements (type Tea Party) en perte de vitesse en 2011-2012, notamment à cause de l’ascension de Ron Paul qui réussit une transmutation temporaire de cette opposition, contre l’establishment républicain. Au contraire, avec la victoire d’Obama, l’establishment républicain lui-même retournerait à une opposition radicale, de type populiste. Le cadre reste plus que jamais celui d’une crise générale des USA, à la fois des moyens (économie, finance publique, Pentagone, etc.) et des psychologies (crise d’identité, crise de l’immigration, crise centrifuge, etc.), avec des échéances immédiates (problème d’une réduction automatique des dépenses publiques en décembre 2012, pour réduire la dette, ou processus de “séquestration”).
Dans de telles conditions de tension, la réélection d’Obama devrait être le contraire de ce qu’elle fut en 2008 : un événement profondément diviseur, voire un ferment d’agitation radicale sur des sujets spécifiques aux USA type armes en vente libre, constitution de milices face à l’immigration, tendances centrifuges, etc.
L’élection de Romney révèlerait rapidement ce qui a entretenu tout au long de la campagne un malaise diffus : la perception que Romney, avec sa personnalité insignifiante, n’est pas, en politique générale intérieure, un “véritable” républicain mais une sorte d’Obama à peine dissimulé (ses positions sur les problèmes “culturels” et “de société”, ses positions sur l’importance du gouvernement central). Alors que son élection relancerait les démocrates dans une opposition intérieure aux conditions générales de la situation qu’ils ont bridée avec Obama, elle risquerait de diviser le parti républicain lui-même, réalisant d’une autre façon ce que Ron Paul aurait pu concrétiser d’une façon structurée et électoralement très efficace s’il avait pu, ou voulu, chercher des voies audacieuses comme celle d’une candidature indépendante. Comme dans le cas d’Obama, une victoire de Romney pourrait exacerber le populisme et l’attitude centrifuge d’une fraction non négligeable du parti républicain, pas nécessairement contre Romney lui-même, mais d’une façon générique, en fonction de l’environnement de crise.
Il y aurait donc une sorte de frappante similitude, au niveau intérieur, entre ce que serait la victoire de chacun des deux candidats. On comprend alors combien la situation intérieure et les évènements ont beaucoup plus d’importance que l’élection elle-même. L’élection, dans les deux cas, ne joue que le rôle d’un détonateur, qui permet une relance du désordre des années 2010-2011, un cran au-dessus.
La politique extérieure est considérée à part parce qu’elle semble ne présenter aucun problème spécifique, – et d’ailleurs, elle a été à peine été évoquée lors des conventions. Il s’agit d’une politique-Système imposée par toutes les forces du Système, dans le sens qu’on connaît abondamment, complètement intouchable. Obama n’a rien changé des orientations de GW Bush, et l’un ou l’autre des candidats devrait poursuivre ou plutôt laisser aller la marche actuelle : politique déstabilisatrice partout, surtout dans le champ de la communication à cause de la crise profonde des moyens du hard power (technologisme). L'option d'une catastrophe extérieure dans telle ou telle crise extérieure n'est pas à négliger, bien au contraire, et viendrait mettre un beurre substantiel dans les épinards.
Dans ce cas de la “politique extérieure”-système, l’élection de Romney est la plus intéressante. Les cartes seraient plus clairement sur la table, parce que la rhétorique du parti républicain est directement belliqueuse, au lieu des dissimulations de type libéral-publicitaire de l’administration Obama. Cela pourrait conduire à des malaises et à des tensions au sein du bloc BAO, et à une attitude durcie anti-américaniste des forces antiSystème.
(Pour rappel exemplaire de cette conception, ce que nous disions, le 7 septembre 2012, de la position de la Russie : «En un sens, il serait préférable pour l’accélération de la crise générale et donc du processus d’autodestruction du Système, que Romney soit élu. Son engagement sur l’idée de considérer la Russie comme l’“ennemi n°1” des USA (qui suscite une méfiance affichée de Poutine), ainsi que les divers engagements qu’il a contractés durant la campagne, l’emprisonne complètement à l’activisme dur de la droite interventionniste républicain et obligerait la Russie à une position beaucoup plus dure. Le résultat serait, avec Romney, la perception beaucoup plus aigue de la situation des USA/du Système, qui existe aussi bien avec Obama : l’accélération de la détérioration de la politique-Système, en fonction des capacités de plus en plus réduites des USA, des conditions catastrophiques des moyens des USA, de la pression grandissante de la situation intérieure de crise des USA et ainsi de suite…»)
L’élégante originalité de cette élection présidentielle est que les deux candidats sont finalement extrêmement proches l’un de l’autre, sinon presque copie confirme. Même sur la politique économique où ils prétendent marquer le plus “leur différence”, soi-disant, leur similitude répond au moule-standard du Système. (Par exemple, le site The Economic Collapse, le 6 septembre 2012 : «I also believe that Barack Obama has been the worst president in U.S. history and that he and his entire cabinet should immediately resign in disgrace. However, the Republican party foolishly chose to nominate the Republican candidate that was most like Barack Obama to run against him. […] Even if you focus on just the economy, the truth is that Mitt Romney's “five point plan” is almost exactly the same thing that Barack Obama has been saying.»)
…Pourtant, l’un ou l’autre va être élu, certainement par une minorité de citoyens américains, selon des critères agressivement antagonistes qu’eux-mêmes, les deux candidats, ignorent officiellement. L’élection va être l’occasion d’affirmer un antagonisme et une division sans doute jamais vue depuis l’élection aboutissant à la Guerre de Sécession (1860), et cela paradoxalement par l’intermédiaire de deux candidats “copiés-collés”. Le pire est donc que l’élection permettra d’affirmer la division sans rien apporter pour la résoudre puisque ne l’identifiant même pas dans le chef des candidats, et identifiant plutôt leurs propres limites tragiques. Encore plus que son isolement ou que son ignorance de la situation réelle, elle aura effectivement l'élégance métahistorique de montrer la complète impuissance et la sclérose de la direction politique washingtonienne totalement enkystée dans le Système et dans ses impulsions autodestructrices.
…Tout cela, à moins, bien sûr, qu’un événement inattendu et que certains considéreraient comme opportun ne vienne troubler cette marche paisible vers le chaos ; bref, histoire de l’accélérer… (Un “événement inattendu”, un attentat, une attaque ou l’autre, une loi martiale, une faillite bancaire retentissante, un soudain incident “libérateur” d’une polémique explosive dans la campagne, qu’en sait-on et chi lo sa ?)
Forum — Charger les commentaires