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4464Une immense bataille, déjà bien engagée quoique d’une façon chaotique, attend l’administration Obama. C’est une bataille typique de la crise de l’américanisme. Elle concerne la maîtrise absolue du ciel (ce que l’USAF nomme “air dominance”), le Pentagone, l’USAF et deux chasseurs “furtifs” qui sont chacun une crise en eux-mêmes, le F-22 et le F-35 (aliasd JSF). On comprend que cette “immense bataille”, si elle concerne le Pentagone et les USA d’abord, concerne aussi nombre de pays “alliés” puisqu’il y est question du JSF.
Air Force Magazine (AFM), la revue de l’Air Force Association (AFA) qui est le principal lobby de l’USAF, publie deux textes dans son numéro de décembre, qui fixent l’importance de cette crise. Ce numéro nous informe clairement sur l’intensité de la bataille en cours, où les acteurs sont effectivement la direction civile du Pentagone, l’USAF, le Congrès, la nouvelle administration Obama, etc. Dans son éditorial du numéro de décembre, Robert S. Dudney, rédacteur en chef d’AFM, commence par une précision qui situe effectivement par un symbole l’importance stratégique et ontologique pour la puissance US de cette question de l’“air dominance”:
«It was April 1953. “TV Guide” was making its first appearance on newsstands. Young geneticists James D. Watson and Francis H. C. Crick were unveiling the so-called “double-helix” structure of DNA. Singer Harry Belafonte was celebrating his first hit single, “Matilda.” And in that same month, enemy aircraft (in Korea) killed a US soldier. He was the last to perish in this way; because of USAF’s vigilance, there have been no fatal air attacks on American ground forces—zero—in some 56 years.»
Dans le même numéro d'AFM, un très long article de Rebecca Grant, experte extrêmement proche de l’USAF mais qui s’est équipée d’une jolie étiquette d’“indépendante”, explique en quoi la question du F-22 (et la question du F-22 versus le F-35) est capitale. Elle l’est, sans aucun doute, bien au-delà des manœuvres, des entourloupettes et des intérêts partisans des uns et des autres.
Grant nous explique comment l’USAF a lancé, après la guerre du Golfe-I de 1991, qui représente sans aucun doute un sommet dans l’histoire de la supériorité et de l’efficacité de l’aviation militaire dans un conflit de cette importance («The year 1991 seemed like the dawn of a new age for American airpower»), un vaste plan de refonte de ses structures, et comment ce plan a été absolument pulvérisé. Au départ (en 1992-92), il y a le choix, sans aucun doute très audacieux sinon imprudent, de développer une aviation de combat “tout-stealth”.
«After Desert Storm, the Air Force decided never again to buy a nonstealthy fighter. According to the then-Chief of Staff of the Air Force, Gen. Merrill A. McPeak, there was no point in buying any more “aluminum” fighters. Stealth was to be the Air Force hallmark from then on.
»This was a bold decision, given the strong performance of standard fighters – the F-15s and F-16s in particular – in the Gulf War. The F-15E was still in production, and it would have been easy indeed for the Air Force to make a case for a big new buy based on combat results.
»The Gulf War, although it was an airpower walkover, nonetheless taught some disturbing lessons. Nearly every weapon system community lost an aircraft or two, usually to ground fire, and some lost more than a few. Pilots attacking Baghdad targets remembered flying through anti-aircraft fire so dense it was like being inside a popcorn popper. In another case, an F-16 in a mass raid on a chemical plant was lost due in part to failures of coordination with electronic attack assets. SAM-killing aircraft were busy constantly. For all that, nobody laid a glove on the low-observable F-117. Pilots and commanders walked away with a very vivid image of what the future might hold, and they wanted more stealth.
»A year later, McPeak testified, “The F-15 will be able to win any fight that I can think of out [to] the turn of the century” but that its days were numbered after that. “The F-15 cannot get to the fight after the turn of the century,” by about 2010, McPeak judged. As a result, USAF resisted any temptation to beef up its inventory of F-15Cs, F-15Es, or F-16s, pushing instead its long-term commitment to buy stealth.»
Finalement, ce vaste plan qui impliquait la domination de tous les cieux du monde par l’USAF, la confiscation du ciel par l’USAF en réalité, finalement ce plan n’a pas marché. Voici les étapes de la catastrophe, selon Grant.
• Toute cette construction du “tout-stealth” se faisait autour du F-22. Il s’agit d’un chasseur furtif extrêmement puissant, avec des performances donnant une “enveloppe” de combat considérable, des équipements électroniques permettant le contrôle de la bataille et, éventuellement, la “couverture” et le contrôle d’autres avions de moindre capacités, – c’est-à-dire, essentiellement pour l’avenir, le JSF/F-35. L’USAF a construit cette architecture autour du binôme F-22/F-35, le second dépendant du premier. Il faut admettre ici la logique de l’USAF dans l’élaboration de l’architecture; sa solidité et sa validité ne dépendent pas du niveau de la “menace” (argument utilisé contre le F-22, comme étant un système justifiable par aucune “menace” de sa catégorie), mais évidemment de la présence de tous les éléments qui la constituent, – par définition. On peut critiquer l’ambition ou le principe d’une telle architecture, et avec nombre d’arguments extrêmement valables, mais il est évident qu’en lui ôtant un élément aussi fondamental que le F-22, on réduit radicalement sa validité et son efficacité.
• Grant détaille les conditions de l’évolution du projet général de l’USAF, au cours de laquelle ce projet a été mis en charpie. L’USAF avait décidé une réduction quantitative importante de ses forces (de 36 escadres de combat à 20, – un peu moins actuellement), justifiée par l’amélioration qualitative des nouveaux avions, selon ses critères; elle avait décidé de stopper, sauf cas exceptionnel, de nouvelles acquisitions des chasseurs non-stealth (F-15 et F-16); et, bien sûr, le développement du F-22 et sa production en nombre adéquat, puis du F-35, devaient se faire à un rythme soutenu.
«The plan had three parts: Shrink but continually update the fleet of current fighters, buying no more of them; develop the F-22; and add a less expensive multirole stealth fighter to eventually replace the F-16 and the A-10.»
• Le désastre vient essentiellement, selon Grant, de la gestion catastrophique des directions civiles de l’administration Clinton et (surtout) de l’administration Bush. C’est sous cette administration, avec Rumsfeld aux commandes, que l’objectif de production du F-22 passa de 339 à 183. Rumsfeld a vraiment laissé un mauvais souvenir au Pentagone.
«What had never been clear was how the Pentagon under Defense Secretary Donald H. Rumsfeld would reconcile transformation initiatives with looming budget bills and the potentially high cost of the Global War on Terrorism. “The Bush Administration’s much-touted ‘transformation’ of the United States military has always been something of a faith-based initiative,” noted James Kitfield in a National Journal article in January 2005.»
• …Grant ajoute tout de même, dans un rapide paragraphe, le facteur évidemment primordial, qui est la catastrophique gestion des deux programmes, F-22 et F-35, par le Pentagone, et notamment par l’USAF. C’est sans doute là qu’est le véritable nœud de l’affaire, l’incapacité chronique, désormais avérée, du système américaniste de mener à bien le développement d’un système sophistiqué.
«The problem is that the Pentagon did not, as had been planned, begin efficient production of the new fighters around the turn of the century. Soon, the wheels began to come off. What once seemed to be a manageable “pause” in fighter procurement lengthened and expanded, turning into a debilitating drought, putting the entire air dominance mission at risk.»
La question de l’“air dominance” n’est pas rien. Le complet contrôle opérationnel des cieux dans toute situation de tension et de guerre est le premier théorème de la puissance américaniste. Il l’est plus encore que le contrôle des mers qui est l’autre aspect de la puissance de ce «pays-continent» (selon Raymond Aron), qui structure sa vision du monde sur une géopolitique navale. L’“air dominance” détermine toutes les autres parce qu’elle implique le contrôle de la dimension par où, selon les conceptions modernes et les réalités opérationnelles de la guerre, l’essentiel des menaces survient. Le contrôle des mers dépend de l’“air dominance”. Si l’U.S. Navy assure qu’elle contrôle son propre espace aérien et donc le contrôle des mers, elle ne peut nier que cela soit rendu possible par cette dimension supérieure, de type stratégique et global, de l’“air dominance” où l’USAF joue le rôle essentiel. Le contrôle aérien de l’U.S. Navy est local ou régional tandis que l’“air dominance” assurée par l’USAF est global. On dira de l’“air dominance” qu’il est le facteur opérationnel ontologique d’une puissance US qui est, par essence, expéditionnaire (“projection de forces”), et expéditionnaire essentiellement par le ciel, ou avec un ciel contrôlé par elle.
Rebecca Grant définit ainsi l’“air dominance”, en prenant soin de mettre en évidence combien cette notion est centrale pour la capacité d’effectuer des missions qui n’ont rien à voir avec les capacités conventionnelles de l’USAF, et tout avec les conflits actuellement en cours.
«What is air dominance? Although the phrase itself is a post-Cold War construct, most recognize that air dominance is the central pillar of what the Air Force does for the nation. At the core, air dominance is built upon the traditional USAF ability to surmount defenses and open any adversary targets to attack from the air.
»What air dominance has meant in recent years is an ability to dominate the skies so that all other types of air and joint operations can function at peak effectiveness. Dropping relief supplies on precision coordinates in Afghanistan depends on air dominance. So does providing pinpoint infrared imaging from an F-16 watching a road in Iraq.»
Après le traitement du plan de l’USAF que Grant a détaillé, que reste-t-il de l’“air dominance”? Le rédacteur en chef d’AFM répond: «During five decades, that has been us. Without some large course correction, however, it might turn out to be someone else.»
L’argumentation essentielle pour contrer cette démonstration vient par exemple d’un David Axe, du site Danger Room, le 2 décembre : «But the Pentagon, under Gates, long has insisted that the F-35 has adequate air-to-air capability. And besides, new versions of the F-15 and F-16 are still in production for foreign customers. There's no reason the Air Force can't reverse its “F-22-or-nothing” policy. After all, the Navy did the same thing when it abandoned the new DDG-1000 stealth destroyer for older DDG-51s.»
Cet argument est contestable dans les deux points qu’il avance:
• L’argument du “Pentagone” (c’est-à-dire essentiellement la mafia pro-JSF England-Young, directement connectée à Lockheed Martin), disant que le F-35 a de formidables capacités air-air est si sollicité et si partisan, pour des intérêts particuliers évidents, qu’il est à peine recevable. Le F-35 a été développé pour les missions air-sol et manque structurellement de la puissance et des capacités nécessaires pour cette mission de contrôle de l'espace aérien, ainsi que des qualités aérodynamiques pour le combat aérien qui reste l’option finale. Le seul argument pour les capacités air-air du F-35 lors d’une récente polémique a été que sa furtivité le mettrait à l’abri de tout repérage d’un avion adverse et que lui-même abattrait ses adversaires grâce à ses missiles air-air avant que les autres se soient avisés de l ‘heure qu’il est, et de sa présence hostile. Ce n’est pas un argument opérationnel, c’est un argument idéologique de convenance dont la pauvreté laisse coi. De même dans les années 1950 avait-on affirmé que l’arrivée des missiles air-air supprimait toute nécessité de capacités de combat aérien. L’USAF développa des avions selon cette idée et ce fut sa catastrophique campagne aérienne au Vietnam, durant les années 1960, et le retour en catastrophe d’avions capables de figurer dans des combats aériens (F-15, F-16). Chaque génération, – d’avions, de bureaucrates et d’agents de RP, – répète, à la manière d’un automate, la même sottise pavlovienne depuis un gros demi-siècle.
• En théorie, le retour aux F-15 et F-16 dans des versions modernisées pourrait être envisagé, – et il l’est effectivement. Il impliquerait un retour sur la doctrine de l’USAF, sur l’avancement technologique qui constitue le fondement même de l’USAF. Il impliquerait effectivement des capacités réduites puisque les structures de l’USAF ont été progressivement réduites (de 36 à moins de 20 escadres) en attendant les hypothétiques avions stealth aux capacités théoriquement multipliées. Dans tous les cas, une telle décision impliquerait une réduction des capacités de l’USAF par rapport aux conditions opérationnelles envisageables dans les prochaines décennies; littéralement, l’USAF accepterait d’abandonner la perspective d’une domination globale des cieux. Pire encore: il n’est nullement assuré que ces systèmes relookés au goût du jour s’inséreraient dans l’architecture de communications et de contrôle que l’USAF développe et l’on doute que l’USAF puisse accepter à cet égard de revenir en arrière.
Le choix fait au début des années 1990 de faire du “tout-stealth” est typique des USA entrés dans une ère d’exubérance comme ils le firent à cette époque. A la même époque (au printemps 1992), des fuites permettaient à la presse de révéler les grandes lignes d’un “plan” de domination des USA des affaires mondiales, sous la forme d’un Defense Planning Guidance rédigé sous la direction de Paul Wolfowitz alors au Pentagone. La coïncidence de dates n’est pas une coïncidence.
Le choix de l’USAF renvoyait aux mythes essentiels de l’américanisme dans sa conception de la modernité basée sur la puissance et la technologie-reine du monde. La dimension aérospatiale est elle-même une des dimensions de cette conception. La puissance de la technologie comme clef de l’expression de la modernité, et de la domination qu’elle permet, en est une autre dimension. Le “tout-stealth” est un choix idéologique autant qu’un choix opérationnel, – autant qu’un “choix de civilisation”, si l’on veut. Il est complètement le reflet des conceptions US d’affirmation de la puissance des USA sur le monde qui a maturé pendant les années 1990 avant de s’exprimer aussitôt après le 11 septembre 2001. L’échec est à mesure, et il illustre bien l’échec général de l’américanisme.
Le destin du plan de l’USAF d’établissement d’une “air dominance” à dimension globale s’est heurté aux travers du Pentagone qui s’expriment sans aucun frein depuis la fin de la Guerre froide, avec une accélération qui semble bien irrésistible depuis 9/11. Il n’y a pas à cet égard de complot contre l’USAF; c’est l’USAF qui est la première frappée parce que c’est l’USAF qui avait, dans les années 1990, les plans les plus ambitieux.
Le projet de l’“air dominance” a été conduit à un échec, au travers de ce qui peut être considéré comme l’échec de ses composants (F-22 et F-35, aviation de combat tout-stealth), à cause de l’évolution générale du Pentagone telle qu’on l’observe aujourd’hui.
• La paralysie complète de l’ensemble bureaucratique et militaire est aujourd’hui un fait avéré. Elle empêche le développement des grands programmes d’armement, tant du point de vue technique que du point de vue budgétaire. La situation est au point où l’on peut se demander si le Pentagone est capable encore de mener un grand programme d’armement à bien.
• La perte de contrôle du processus d’acquisition et de production, répercuté au niveau opérationnel, se marque notamment dans le fait extraordinaire que l’augmentation exponentielle de la dotation budgétaire ne parvient qu’à fournir toujours plus de paralysie. C’est la remarque que fait Winslow Wheeler, le 4 novembre dernier.
«Some argue the answer is even more money for a defense budget that already is at historic heights and that approximates what the entire rest of the world spends for military forces. We must stop throwing dollars at the Pentagon.
»The evidence, while counterintuitive, is irréfutable that more money makes our problems worse. As the Army, Navy and Air Force budgets have climbed, their forces have grown smaller, older and less ready.»
Si l’on veut, on dirait qu’il eut été extraordinaire que, dans un tel climat, avec un tel fonctionnement, un projet comme celui de l’“air dominance” de l’USAF pût aboutir sur autre chose qu’un échec.
Le résultat est une situation caractérisée par un imbroglio exemplaire et une confusion considérable. Les actuelles polémiques contre le F-22 sont absurdes parce qu’elles portent sur un système qui n’est même plus programmé ou qui est en fin de programme, qui paraît effectivement complètement inadapté à la situation, qui est pourtant ce qui se fait de plus puissant, et d’une puissance nécessaire dans ce cas, si l’on considère une situation de guerre conventionnelle selon les normes américanistes. Alors, est-ce ce type de guerre qui est abandonnée lorsqu’on envisage d’abandonner le F-22?
L’absurdité de la situation dans cette bataille caractérisée par une confusion extrême conduit certains à affirmer que le F-22 est dépassé technologiquement, – pour mieux plaider son abandon en faveur du F-35, qui devient un avion presque extra-terrestre tant il a de qualités; puis, quelques lignes plus loin, on apprend qu’on ferait éventuellement aussi bien de commander des F-16 et des F-18 dont la structure technologique remonte aux années 1970, en attendant que la situation se clarifie.
«…“Gates is aware of the F-22/F-35 debate and he’s also aware that the Raptor is almost technologically obsolete,” says a former Clinton administration Pentagon appointee. “It’s showing its age because the development program took so long. The F-22’s processors are far less capable than those in the F-35.”
»With a funding shortage, the Air Force may have to back off of ambitious technology and purchases. And the Navy, Marine Corps and Air Force are likely to be forced into developing a more collaborative strategy for tactical aircraft. This could mean tradeoffs among Boeing Super Hornets and Lockheed Martin’s family of fighters. Industry sources note the Air National Guard has expressed interest in the F-16, despite a longtime policy to purchase only stealthy fighters. “Additional F-16s and Super Hornets? The Navy has gone that route—the question is, until you get the Joint Strike Fighter, do you go that route or do you try and build more F-22s,” Gates notes.»
L’aventure de la quête pour l’“air dominance” de l’USAF est évidemment une image absolument fidèle du destin des USA. C’est l’image d’une crise latente devenue catastrophique, d’un déclin transformée en course irrésistible vers la chute. Ce n’est pas seulement le concept de l’“air dominance” qui est en train de s’évanouir dans le fracas de la polémique entre le F-22 et le F-35, c’est la structure même de la puissance aérienne US qui est menacée. Selon l’habitude américaniste qui interdit d’envisager autre chose que le plus développée en matière de puissance, il n’existe aucune situation d’alternative au programme global de l’“air dominance”. Par exemple, il n’existe aucun projet réel de coopération avec d’autres puissances, ni d’ailleurs aucune capacité réelle de le faire de la part des USA, – sans parler de la capacité psychologique de coopérer, qui semble interdit par décret du Ciel à la psychologie américaniste.
Il n’existe aucune perspective entre la réussite irrésistible du projet (l’“air dominance”) et le désordre ; le choix entre le “Wild Blue Yonder” de la mystique américaniste et le trou noir de la crise, précédé de la bouteille à l’encre. La querelle entre le F-22 et le F-35 montre sur quelle voie nous nous trouvons.
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