Notes (en bloc) sur l’avenir du JSF

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Le programme JSF entame une nouvelle époque. Lockheed Martin (LM) compte le “revendre” (“to resell JSF”), – comme si, d'une certaine façon, il n’avait pas été encore “vendu”. L’administration Obama commence à s’emparer de l’affaire. Le JSF triomphera-t-il?

Dans une très intéressante note de ce jour (avec la prévision également intéressante que 2009 sera une “année Rafale”, ce qui ne peut évidemment que nous réjouir), un lecteur nous dit ne pas partager notre prévision selon laquelle le JSF “ne sera pas un succès”. Nous n’avons jamais écrit cela, nous refusant d’ailleurs à toute spéculation dans un cadre normal de vente et d’exportation des armements, parce que le JSF n’est pas un programme d’avion de combat normal. Nous avons écrit et répété que le JSF dispose d’une puissance et d’une centralité exceptionnelles dans la structure conceptuelle du Pentagone, ce qui nous semble être confirmé par la place que semble vouloir lui réserver l’administration Obama dans son processus, disons de tentative réformiste au Pentagone. Nous avons également écrit et répété que le même JSF, également par sa puissance et sa centralité, se place dans une cohérence structurelle du typetoo big to fail”, de plus en plus menacée d’incohérence; en un sens, sa puissance explique sa vulnérabilité; sa puissance implique une tension interne en constante augmentation (le JSF doit avoir tout, éliminer tous les concurrents, – y compris le F-22!, – prendre tous les marchés, maîtriser toutes les coalitions, disposer de toutes les perfections technologiques, satisfaire toutes les exigences de ses utilisateurs, et être invisible en plus, et ainsi de suite, – sinon il n’est rien); cette tension interne est de plus en plus anarchique, chaotique, faite de multiples points de tensions diverses, nécessairement antagonistes, impliquant de plus en plus d’intérêts antagonistes pressants, tout cela conduit par une communication de plus en plus mensongère et virtualiste… Le JSF souffre du mal évidemment systémique du système de l’américanisme; il est chargé de cette vertu de plus en plus harassante d’être “too big to fail”, – harassante parce que l’on sait de moins en moins à partir de quel plancher, de plus en plus haut, on est “too big…”, et donc en principe à l’abri de la chute.

Nous ne prévoyons rien, ni succès, ni échec; nous observons, ce qui est après tout notre travail de chroniqueur. Nous observons aussi que nous aurions été considérés comme de bien piètres et audacieux prévisionnistes, des rêveurs à l’antiaméricanisme viscéral, si, en janvier 2007, nous vous avions annoncé : “Vous savez, dans deux ans, Bear Stearns aura été liquidé vite fait, Lehman Brothers mis en faillite, Freddie Mac, Fannie Mae, AIG entre autres, nationalisés, Citigroup mis en l’encan, et l’ancien patron du GAO David Walker nous aura dit, le 22 septembre 2008, qu’il n’est pas vraiment impensable qu’un jour le gouvernement fédéral des USA se révèle insolvable”. Nous observons encore que “nous aurions été considérés comme de bien piètres et audacieux”, etc., si, en janvier 1994, après le lancement du programme JAST, devenu JSF en 1995, nous vous avions annoncé : “Vous savez, dans 15 ans, en 2009, on s’interrogera encore sur le succès du JSF, malgré des dizaines de $milliards déjà dépensés, et LM décidera ‘to resell the JSF’, signifiant par là, après tout, qu’il n’a pas encore réussi à nous le ‘vendre’ d’une façon convaincante et définitive”.

Nous sommes dans une époque où une prévision à 2020 ou 2025 nous paraît une imprudence complète de l’esprit, particulièrement pour le JSF. Autant pour Sweetman, dont il a été question récemment sur ce site et qui semblerait être considéré par certains comme un “croyant” dans la vertu monopolistique du JSF? Peut-être, – sauf que, dans le même commentaire du 12 janvier, après avoir rappelé les diverses affirmations de LM qui concernent le JSF, ses ambitions monopolistiques, son rythme de développement, son coût, ses capacités opérationnelles, le même Sweetman précise enfin, – montrant ainsi qu’il ne les prend pas à son compte: «If the US military aircraft enterprise – contractors and government – had a stellar record of delivering what they promise on time and on budget, one might be persuaded to accept their claims. But they don't. […] JSF itself is already two and a half years behind the original schedule, and further problems are certainly not out of the question at this stage. If your track record is Ishtar and Howard the Duck, and you tell me that you've got something that beats Gone With The Wind and Star Wars, you are going to have to prove it with more than a PowerPoint, or “trust me, but it's secret.”»

Nous ne prévoyons rien mais, vraiment, nous sommes prêts à tout, et, s’il vous plaît, car l’époque y invite, – “never say never…” (ce qui se traduit en français par: “Impossible n’est pas JSF”).


Mis en ligne le 20 janvier 2009 à 16H55