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1031Ceux qui, vieillis sous le harnais, vécurent la guerre des Malouines en 1982, savent que ce cas fut l’un des points de crise les plus critiques des “relations spéciales” USA-UK. Pendant quelques semaines, les USA, sous l’influence de l’ambassadrice US à l’ONU Jeane Kirkpatrick et du secrétaire à la défense Weinberger, prirent une position qui n’était pas loin de favoriser l’Argentine contre le Royaume-Uni au nom de la solidarité transaméricaine et pour favoriser l’influence US sur un continent (l’Amérique du Sud) alors secoué par diverses rébellions et guérillas marxistes et castristes.
Finalement, la mise fut sauvée par le secrétaire d’Etat Haig qui, au nom de la solidarité transatlantique face à l’URSS (les relations avec l’URSS était alors dans un état de tension maximale avec l’affaire des euromissiles), convainquit l’administration Reagan d’observer une position d’apparente neutralité et d’aider militairement en sous-main le Royaume-Uni, avec un soutien de surveillance, de reconnaissance, et de logistique de ravitaillement en vol. L’affaire devint alors le triomphe de Margaret Thatcher, qui assura, par la gloire de la victoire britannique ressuscitant en version moderniste la gloire de l’Empire, une popularité qui la maintint au pouvoir jusqu’en 1990. L’humiliation encourue par l’Argentine, malgré le formidable courage de ses aviateurs et les pertes sévères infligées à la Royal Navy, entraîna la chute “des généraux” argentins.
Aujourd’hui, trente ans plus tard, la crise des Malouines menace de se réveiller. Cette fois, il n’est pas sûr du tout que les USA ne prendront pas, jusqu’au bout, l’attitude qu’ils eurent au début de la première crise de 1982.
Cette attitude consiste tactiquement dans une neutralité théorique revenant à dire que l'Argentine et le Royaume-Uni doivent négocier sur la question de la souveraineté sur l'archipel. Concrètement, cela revient à prendre le parti argentin. Une telle négociation dans le cadre de l’ONU, – toujours refusée par le Royaume-Uni, – conduirait à une probable victoire argentine puisqu’elle se déroulerait dans le cadre d’une liste de 16 territoires jugés encore colonisés et attendant leur libération, où se trouve classé l’archipel des Malouines, ainsi considéré comme colonisé par les Britanniques et donc de facto de souveraineté argentine… Cette prise de position US est ainsi rapportée par PressTV.com le 11 février 2012.
«Argentina has also received signals from the US that suggest Washington is willing to see the dispute resolved through legal channels that would see London lose the argument to Buenos Aires.
»The US Acting Assistant Secretary for Western Hemisphere Affairs Roberta Jacobson, who is visiting South America, treated Argentina and Britain as equals in the Malvinas dispute who should settle the issue through talks. “This is a problem between two of our partners. We do not want to change our position … We prefer that both countries negotiate a diplomatic solution in that matter,” Jacobson said. Her remarks were echoed by State Department spokesman Victoria Nuland who said “we are encouraging Argentina and the UK to work this out peacefully, to work it out through negotiations.” […]
»Therefore Washington’s call is directly aimed at London, implicitly telling them that they are alone in this, and that also probably applies to a vote in the Security Council. […] As none of the other veto-wielding members of the UN Security Council has cared to even suggest backing for Britain’s right to continue to occupy the islands, London would have a hard time justifying a veto against a lawful argument by Buenos Aires…»
Les Argentins ont manœuvré avec une certaine maestria pour dramatiser la situation et ainsi justifier leur recours à l’ONU qui risque de mettre les Britanniques dans une situation délicate. Dès qu’il a été à nouveau question des revendications argentines sur les Malouines, les Britanniques ont agi préventivement parce qu’ils n’ont plus les moyens d’agir dans un cadre normal, par simple riposte, comme en 1982. Ils ont envoyé sur place une unité navale (une frégate) de grandes capacités. Normalement, cette initiative est présentée comme une rotation normale, cette unité devant remplacer une autre sur place, mais de type plus ancien.
Il est aussi question d’un sous-marin classe Trafalgar (sous-marin d’attaque normal), mais aussi, plus récemment (voir PressTV.com du 11 février 2011), d’un SLBM lanceur d’engins stratégiques à têtes nucléaire, un sous-marin de la classe Vanguard. Cela étoffe largement la plainte de l’Argentine à l’ONU contre le Royaume-Uni, pour “militarisation de l’Atlantique Sud”, même si le cas reste discutable par certains aspects. L’ambassadeur UK à l’ONU riposte que cette accusation, surtout concernant le sous-marin classe Vanguard à capacités nucléaires, est “manifestement absurde”.
…Peut-être, du point de vue militaire et opérationnel, mais du point de vue de la communication l’affaire se tient. On pourrait même considérer qu’il s’est agi d’un piège dans lequel les Britanniques, trop faibles pour prendre des risques, ont été obligés de donner tête baissée. Ils sont aujourd’hui les “fauteurs de guerre”, ceux qui font monter la tension.
Pourquoi les Britanniques tiennent-ils tant aux Malouines ? Parce qu’ils se sont battus victorieusement et glorieusement pour conserver l’archipel, et parce qu’ils estiment être dans leur droit de puissance navale dans cette affaire. La gloire nationale, certes, est un argument psychologique fondamental. Dans cette période de discrédit des directions politiques jusqu’à leur dissolution, dans cette période d’effondrement du Système et de fureur populaire contre les directions politiques, une telle posture patriotique et de puissance est un argument fondamental de communication. On en a si peu qu’on y tient.
Il y a aussi une riche position de pêche, pour les Britanniques, dans la zone de l’archipel, d’ailleurs dans des conditions dénoncées par les Argentins. Enfin, et surtout diront les experts et les comptables, il y a le mirage ou le miracle pétrolier, qui, pour le Royaume-Uni, fait miroiter un retour de quelque chose qui ressemblerait à la manne du pétrole de la Mer du Nord. Selon le Daily Telegraph du 11 février 2012, un rapport annonce des perspectives fabuleuses («The Falkland Islands stand to benefit from an enormous $176bn (£111.7bn) tax windfall from oil and gas exploration, according to a major new report.») Le rapport n’est pas là pour apaiser les tensions, les Argentins estimant alors que cette manne pétrolière leur revient…
De l’autre côté, du côté argentin, il y a la présidente, il y a Cristina Fernandez de Kirchner, que la presse britannique a prestement baptisée (référence Thatcher) «The iron lady of the Malvinas » (The Independent du 11 février 2012). D’accord, il est question de Thatcher (“la dame de fer”), mais en beaucoup plus attractive, – Cristina étant à peu près aussi sexy que Maggie ne l’était pas du tout.
Mais Cristina, femme de tête même si de tête agréable, est aussi une personnalité de poids. Succédant à la présidence à son mari Nestor en 2007 sur l’insistance de celui-ci, qui aurait pu pourtant briguer un second mandat, elle a subi en 2010 un terrible choc avec la mort du même Nestor Kirchner (depuis ce deuil, elle ne s’habille plus que de noir). Cela a donné à la Cristina sexy une dimension tragique qui, éventuellement, la rapprocherait par sa propre voie de l’héroïne du pays, Evita (l’héroïque et exceptionnelle femme du médiocre Peron).
Comme elle (Evita), bien entendu, Cristina est de tradition péroniste, et son surnom est devenu “Botox Evita” (Evita “reliftée” ?), après le “Bimbo” platement hollywoodien dont on l’avait affublée ; Cristina devenue tragique montrant qu’elle a quelque chose de la femme de fer (Maggie), sous une enveloppe plus agréable. Il existe ainsi une veine de la femme argentine, héroïque et politique. Celle-là, Cristina, pourrait s’arranger des Malouines pour soigner sa légende, et parce que, après tout, c’est une grande cause, parce que c’est une “juste cause” du point de vue argentin.
Une telle personnalité attire les portraits où se mélangent une ironie dissimulée, une raillerie de bon aloi, et une certaine admiration en même temps. David Usborne, de The Independent, référencé plus haut, en trace un, en fidèle sujet de Sa Majesté qui sait désormais que Cristina, traitée de “pute” par un site d’information des Falklands, est un nouvel obstacle sur la route des Malouines, alias Malvinas..
«Don't cry for Cristina Fernandez de Kirchner because a Falkland Islands news site, the Penguin News, called her a “bitch” this week. Hearing of the slight in her apartments at the Casa Rosada palace in Buenos Aires, she surely allowed herself a sly smile. A wily politician and populist to her core, she knows nothing stirs sympathy at home more than an insult from abroad, especially one with a Union flag on it. […]
» Insults and crises, meanwhile, are not the worst Ms Fernandez has suffered. After Christmas, the Casa Rosada announced to a shocked nation that she had thyroid cancer. The gland was removed last month but then the doctors said it hadn't been cancer after all. (The Cristina haters say the scar on her neck is really from plastic surgery.) Her biggest blow, however, was the sudden death in October 2010 of Nestor from a heart attack. She was personally devastated and their game of keeping the presidency in the family was over. Yet, his death bought her public sympathy and appears to have liberated her politically.
»“She profited from Nestor's death because she was freed from his shadow and was able to begin operating politically on her own," notes Carolina Barros, editor-in-chief of the Buenos Aires Herald. Among her first steps: bringing into her circle members of a younger Peronist faction of 30- to 40-year-olds headed by her son, Maximo Kirchner. Her grief has allowed Ms Fernandez to tap into Argentina's sense of drama. “She is a very good stage woman,” says Ms Barros, who notes that the President is still wearing black 15 months after her husband's death and means to sanctify him in the minds of the population. “Argentina is always trying to feel or follow a myth. We had Eva Peron and Juan Peron, and now she wants to add Nestor to that same list,” she explains.
»The new Falklands dispute is about theatre, too. Locals in Buenos Aires say the only thing she would mind more than being called a bitch is being likened to Margaret Thatcher, whose unwelcome presence has returned in the shape of Meryl Streep in The Iron Lady. The film opened in Argentina last month.
Il y a une vindicte personnelle. Née en Patagonie, comme son mari Hector, Cristina voue une rancune extrême aux Britanniques à cause des Malouines, qu’elle estime être des terres absolument liées à cette province désolée de l’Argentine. Cet aspect personnel est un point important de l’équation de cette crise, démarrée d’une façon bien incertaine et qui prend désormais des dimensions respectables.
Les analystes habituels, pleins de raison et de realpolitik, jugent que cette affaire, voulue par Cristina, lui permet de détourner l’attention de ses problèmes intérieurs. Peut-être, et elle ne serait pas la première à agir de la sorte. Il reste qu’elle considère que les Malouines sont effectivement une “juste cause” qui peut nourrir une communication efficace sinon héroïque, et qu’elle y voit, à la différence de 1982, une bien meilleure position pour son pays.
Il y a alors une dimension intéressante qui apparaît, qui est celle d’un affrontement de son pays, de l’Amérique du Sud, avec les puissances coloniales du Nord, dans un continent qui a eu tant à souffrir à cet égard. On observera déjà que c’est retrouver par une autre voie, par une autre orientation géographique que celles qu’on suit habituellement, le conflit entre le bloc BAO et le reste, entre le Système et ceux qui lui sont réticents. (Qu’il y ait discorde à l’intérieur du bloc BAO, particulièrement entre USA et UK, c’est une cerise délicieuse sur le gâteau, qui ajoute au goût…)
Le Guardian du 10 février 2012 observe à cet égard…
«Fernández has also been emboldened by the zeitgeist: South America has discovered it can, perhaps for the first time in its history, safely challenge the old colonial powers. A "pink tide" of nationalistic leftwing governments senses the region's time has come after centuries of marginalisation. China's rapid rise as a trading partner has further weakened European leverage. “South America doesn't have the respect it used to have for Europe. It feels it is on top now and is flexing its new muscles,” said a senior European diplomat.
»Brazil's Luiz Inácio Lula da Silva made a global splash railing against western bankers, Venezuela's Hugo Chávez did the same railing against western imperialism and the Falklands gave Fernández her own cause, said Romer. “She is using Malvinas to expand her visibility on the international arena.”»
Si piège il y a eu pour le Royaume-Uni (voir plus haut), il a marché parce que les Britanniques ne sont plus que l’ombre de leur ombre, – l’ombre de l’ombre des USA, puisque les USA ne sont plus eux-mêmes que l’ombre d’eux-mêmes ; mais, justement, l’affaire se fera sans l’ombre d’un geste des USA en leur faveur. Les Britanniques sont dans un piège qui peut devenir méchant et ils sont seuls.
C’est moins une guerre classique qui est en jeu qu’une guerre de communication, avec à la clef, l’humiliation, l’horrible occurrence de “perdre la face”, face à un pays dont on hésite à peine à dire, à Londres, qu’il est barbare et peuplé de métèques gominés… Quelle tragédie pour l’ancien empire qu’est le Royaume-Uni, qui fonde les trois-quarts et plus des certitudes politiques de son action diplomatique sur la gloire de son passé impérial transposée en termes postmodernistes, d’une part du “moral high ground” type-démocratie universelle, d’autre part d’une pensée politique qui prétend être à la fois l’inspiratrice et la donneuse de leçon du reste du monde plongé dans la tempête dont elle est elle-même la source. Pour la psychologie des dirigeants britanniques, les Malouines sont le seul lien les reliant à un passé qui est, lui-même, la seule justification du statut abusif auquel prétend aujourd’hui ce pays en décrépitude, et qui est soutenu par la constante référence aux “relations spéciales” avec les USA.
Justement, là est le bât qui blesse. L’Amérique du Sud, comme l’ont vérifié les Britanniques en 1982, est le seul domaine du monde où ils peuvent retrouver les USA complètement contre eux, dans certaines circonstances. Leur “cousinage” avec les USA se trouve brutalement concurrencé par une “fraternité” transaméricaine qui reste un des fruits les plus copieux, – du moins le croit-on à Washington, – du capitalisme yankee, et le domaine réservé de l’antique mais toujours à propos “doctrine Monroe”.
On ne parle pas ici de pseudo sentiments ni de liens soi-disant affectifs, mais bien d’investissements à tirer des pseudo sentiments et des liens soi-disant affectifs. A cet égard, Washington a gardé des réflexes d’antan, qui lui font parfois, et peut-être souvent, préférer son arrière-cour latino-américaine à la basse-cour transatlantique. La crainte qu’Obama, qui ne les aiment guère, ne lève pas le petit doigt pour eux, pousse les Britanniques à agir vite, – peut-être trop vite, – pour tenter d’impressionner l’Argentine et éviter une sorte d’“épreuve de force” à l’ONU. Ce peut être le résultat inverse, et les Britanniques se retrouveraient dans cette position qu’ils haïssent d’accusé solitaire.
… C’est-à-dire que l’affaire peut s’envenimer d’une façon intéressante. C’est alors qu’il importe d’envisager ce que seraient ses prolongements.
La crise en formation autour des Malouines, ou Malouines-II, apparaît d’abord comme une crise excentrée, voire marginale, par rapport à l’ensemble crisique du cœur du monde (Moyen-Orient, de la Libye à la Syrie, à l’Iran, à l’Afghanistan, autour de l’“arc de crise” ou du “croissant de crises”, etc.). Mais il faut y voir de plus près, à la lumière de ce que nous nommons le phénomène de “chaîne crisique transversale”, clef opérationnelle de notre concept de “crise haute” (voir le 3 février 2012 et dde.crisis du 10 février 2012)…
La crise des Malouines en formation est géopolitiquement marginale, par sa géographie, mais elle est autre si on la prend du point de vue du système de la communication. Ce dernier cas est l’essentiel de l’observation méthodologique du phénomène puisque l’on sait que, pour notre compte certainement, le système de la communication a relégué la géopolitique aux marges de l’expression de la puissance, et exprime lui-même le cœur de la puissance. (C’est là une grande différence d’avec la première crise des Malouines, en 1982, quand la géopolitique jouait encore un rôle essentiel.) De ce point de vue, la “crise marginale” devient potentiellement une “crise de revers” du plus intéressant effet.
• Nous y sommes déjà avec l’analyse immédiatement développée selon laquelle cette crise impliquant l’Argentine, pourrait impliquer, impliquerait en fait l’Amérique du Sud, et l’Amérique du Sud contre une puissance du bloc BAO, et contre le bloc BAO par conséquent. (Pas les USA ? Certes pas dans un premier temps, comme on l’a vu ; mais un tel réflexe de solidarité continentale de l’Amérique du Sud, s’il a lieu, conduirait les USA à réintégrer la logique du bloc BAO sans pour autant aider le Royaume-Uni sur le fait même.) Le Chili a déjà annoncé qu’il soutenait l’Argentine ; si l’affaire se développe à l’ONU, des dirigeants radicaux comme Chavez et Morales suivraient, et un pays comme le Brésil qui s’estime investi du leadership continental ne devrait pas écarter une prise de position confortant sa position érigée en partie sur la dénonciation des puissances du Nord dans l’actuelle situation de crise générale du Système. Une mécanique de solidarité continentale serait enclenchée. La “crise marginale“ prendrait de l’épaisseur dans sa transformation en “crise de revers”.
• Dans ce cas, le Royaume-Uni, confronté, lui, au fantôme de Maggy Thatcher et à la nécessité de tenter de s’en montrer digne, se verrait détourné du “centre crisique” (Moyen-Orient et le reste) par divers biais, y compris celui, éventuellement, de ses moyens militaires nécessaires, au moins pour faire pression sur l’Argentine. Cela impliquerait une pression amoindrie du bloc BAO dans le “centre crisique” du Moyen-Orient, voire une “discorde chez l’ennemi” (malaise entre USA et UK) qui n’arrangerait pas la situation générale du bloc BAO. Un lien serait établi entre la “crise excentrée” et la crise centrale du cœur du monde, conduisant vers l’intégration de la première dans la seconde.
• On “fêtera” le 30ème anniversaire de la crise et de la guerre des Malouines (Malouines-I) entre mars et juin. Si la crise se développe, cet “anniversaire” devrait être exploité du point de vue de la communication, par la présidente argentine, pour accentuer la pression et la tension de la crise au moment où se profilent certains des paroxysmes de tension prévisibles, dans tous les cas du point de vue de la communication, autour de la crise iranienne (proximité de l’entrée en vigueur de l’embargo, alors que certains agitent la date de mai-juin pour une attaque israélienne contre l’Iran). La présence des Britanniques comme acteurs d’une telle tension autour des Malouines en même temps qu’acteur de la crise centrale au Moyen-Orient offre la possibilité de l’établissement d’un lien important, conjoncturel mais paroxystique cette fois, entre les deux…
D’une façon plus générale, l’affaire Malouines-II se présente comme une “crise excentrée” d’un point de vue géopolitique (sans beaucoup d’importance), qui peut entrer dans une dynamique de contestation du bloc BAO de la part d’un pays, puis d’un continent qui s’est affirmé ces dernières années sur un mode revendicatif à l’encontre de ce même bloc BAO. Dans ce cas, si la dynamique de contestation crée effectivement une “crise de revers” par rapport aux grandes lignes de la “politique de l’idéologie et de l’instinct” du bloc BAO, elle trouve sa place dans une sorte de “Grand Jeu”, non pas géopolitique, mais métahistorique, – un “Grand Jeu” de la crise haute, en renforçant par le revers la tension générale du centre crisique.
Les moyens de ce “Grand Jeu” ne sont pas les intérêts géopolitiques mais les pressions du système de la communication et la perception de l’affrontement autour de la logique-Système que sert le bloc BAO, avec tout l’enchaînement de ses conséquences renvoyant à la logique de la crise générale, de la crise haute. Dans ce cadre qui implique une logique spécifique sans rapport avec la logique de puissance traditionnelle, il pourrait s’établir des orientations nouvelles d’extension et des connexions diverses (par exemple, l’extension des liens déjà établis entre l’Iran et l’Amérique du Sud, mais aussi, plus généralement, entre la Chine et l’Amérique du Sud). Il y aurait intégration et légitimation de l’hypothétique crise Malouines-II.
La crise haute, c’est le schéma général qui accueille, et éventuellement favorise l’extension de la crise centrale vers tous les azimuts possibles, de façon à créer une situation unitaire de crise rencontrant la logique de la crise générale du Système. La condition sine qua non est qu’un membre éminent du bloc BAO soit impliqué ; c’est le cas ici, car qu’y a-t-il de plus éminent à cet égard que le Royaume-Uni ? Selon cette interprétation, l’hypothétique crise Malouines-II, avec les potentialités décrites, va incontestablement dans le sens d’un progrès sur la voie de la mise en cause radicale du Système, dans le cadre de sa dynamique d’autodestruction. Elle constitue un bon exemple, à suivre avec attention et sollicitude, de ce processus essentiel d’extension “du domaine de la crise haute”, qui recèle la potentialité métahistorique de la concrétisation finale de la crise d'effondrement du Système.
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