Notes sur “l’effondrement du Système” (Glossaire.dde)

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Notes sur “l’effondrement du Système” 

13 janvier 2014 – Nous reprenons pour ce travail la méthode que nous avions employée pour les parutions régulières de dde.crisis, qui était de publier des Notes d’analyse donnant une synthèse évidemment raccourcie du contenu du numéro, avec des citations du texte publié, lors de la parution d’un numéro de dde.crisis. Cette démarche vaut exclusivement pour la rubrique Glossaire.dde, dans la mesure où cette rubrique reprend d’une certaine façon la méthodologie de dde.crisis. Elle ne sera bien entendu pas systématiquement utilisée, valant essentiellement pour les articles importants du Glossaire.dde, – ceux dont l’importance, souvent en volume d’ailleurs, parfois en complexité, peut décourager la lecture pour certains, – et particulièrement, d'autre part, pour ceux dont le sujet est plus précisément lié à l’actualité, comme l’est celui-ci sur “la crise d’effondrement du Système”. Bien entendu, notre point de vue est que ces Notes d’analyse ne sauraient remplacer l’article du Glossaire.dde, ni dispenser de sa lecture, mais qu’elles y préparent et y incitent, – mais là, le lecteur est juge bien entendu.

Nous entamons cette formule occasionnelle par l’article du Glossaire.dde sur “l’effondrement du Système” qui a été mis en ligne parallèlement (voir ce 12 janvier 2014). L’“effondrement du Système” est une formule que nous utilisons souvent dans l’expression “la crise d’effondrement du Système” pour caractériser notre époque ; cette expression est un élément opérationnel de notre travail et elle constitue une affirmation souvent discutée ou contestée par nos lecteurs. L’ensemble du travail effectué dans ce Glossaire.dde peut être caractérisé par cet extrait qui en présente les principaux caractères, et notamment et essentiellement du point de vue de la méthodologie de notre démarche. «...[N]ous présentons cette “crise d’effondrement du Système” comme étant non pas menaçante, mais en cours, sous nos yeux, ou bien sous nos pieds, ou encore au-dessus de nos têtes, et finalement et essentiellement dans nos têtes elles-mêmes (dans notre psychologie). Il s’agit donc d’une expression qui, non seulement laisse entendre et laisse à penser, mais affirme clairement et hautement que, pour nous, le phénomène d’“un événement en train de se faire” est un fait acquis.

»L’expression et l’emploi de l’expression vont effectivement dans ce sens, et cela demande une explication. Nous signifions ainsi que si nous nous interdisons d’affirmer d’une façon objective (on en verra plus là-dessus, plus loin) que l’“effondrement du Système” en cours est un fait acquis, nous confirmons par contre que nous prenons sur nous et sous notre responsabilité, disons “subjectivement” en attendant une clarification de ce terme dans cet emploi précis, d’affirmer que, pour nous, l’“effondrement du Système” en cours est un fait acquis. Voilà les éléments précis du problème ainsi posés...»

La subversion de la raison

Nous développons le cadre général de notre appréciation en mentionnant d’abord les critiques portées contre cette appréciation, qui le sont le plus souvent au nom de la raison comme il est logique d’attendre. Cela nous permet d’introduire le cadre historique, ou métahistorique qui serait mieux dire, où nous inscrivons notre réflexion aboutissant dans son orientation opérationnelle sur l’hypothèse de l’effondrement du Système.

Ca cadre historique est connu par de nombreux textes du site et par des articles du Glossaire.dde qui s’y rattachent. Nous nous attachons notamment à un rappel de notre interprétation de l’évolution du christianisme jusqu’à la Renaissance, enchaînant ensuite sur la modernité, avec en référence la Deuxième Partie du tome II de La Grâce de l’Histoire, mis en ligne le 20 juillet 2013 et présentée le même 20 juillet 2013. Dans ce cadre historique, nous avons constaté et rappelons que nous jugeons que la raison généralement référencée pour appuyer divers arguments de la modernité, et notamment ceux qui, se plaçant effectivement dans ce cadre, avancent que le Système qui en est issu ne peut être détruit et, par conséquent, ne peut être en cours d’effondrement, est une raison que nous estimons malheureusement subvertie par cette même modernité. C’est cette raison subvertie par la modernité que nous repoussons (et non la raison elle-même, certes, lorsqu’elle trouve sa fonction d’outil de l’esprit éclairé par l’intuition haute).

Plus loin dans notre texte, nous justifions nos positions qu’on pourrait juger “subjectives” et donc en apparence disqualifiées, par le fait même de la disparition de l’objectivité, et aussi par le fait du naufrage de la raison telle qu’elle est offerte aujourd’hui, – raison toute entière subvertie par la modernité. Du coup, cette “subjectivité” doit être interprétée d'une toute autre façon. Voici le passage ...

«Nous considérons en effet que les événements, observés sur le terme et dans la perspective que nous avons présentée, vont effectivement tous dans le sens de l’hypothèse de l’effondrement du Système, et de l’effondrement comme étant un processus en cours, et cela avec suffisamment de puissance et de vélocité pour rendre cette hypothèse non seulement plausible et digne de considération, mais proche d’être impérative. Il s’agit là de notre position exprimée, naturellement de notre point de vue et avec nos propres références, c’est-à-dire une position subjective si l’on veut. Cela ne nous semble nullement, ni un handicap, ni une faiblesse, ni un discrédit, et même au contraire ; nous nous trouvons dans une époque complètement déstructurée, où toute trace de référence objective a disparu (notamment dans le chef des autorités officielles et des élites, voir le 30 décembre 2013), où par conséquent un point de vue subjectif peut être soutenu hors de toute condamnation de disqualification pour parti-pris, “engagement”, etc. Il n’existe plus aucune autorité de référence qui puisse aujourd’hui prononcer une condamnation de disqualification d’une pensée ayant la prétention d’approcher une vérité pour “crime” de subjectivité, puisqu’une telle référence n’existe plus. Il existe donc la possibilité réelle, sinon inévitable d’un certain point de vue si l’on considère que la vérité objective existe hors de notre entendement et de nos capacités et que notre mission principale reste de nous en approcher, qu’une position de subjectivité structurée par une raison débarrassée de la subversion rencontre une vérité objective sous la forme de ce que nous désignons pour notre part comme une “vérité de situation”. (Cette expression reste à définir plus longuement: elle s’applique à cette occurrence où c’est paradoxalement une situation subjective, changeante, etc., qui permet une rencontre de la vérité, parce qu’elle permet de secouer l’oppression de la subversion imposée par le Système.)»

Éléments essentiels de l’hypothèse

Voici maintenant quelques éléments essentiels de notre hypothèse de l’“effondrement du Système”, selon la logique que nous développons dans le cadre fondamental de l’événement métahistorique que nous avons identifié (autour du phénomène du “déchaînement de la Matière”). L’idée générale des arguments développés est «fondée sur l’affirmation que le Système, dans sa mécanique même, dans sa dynamique, dans sa finalité, ne peut que s’effondrer». Nous avons raisonné par induction dans notre travail général, à partir d’observations opérationnelles ; il n’y a pas de théorie au départ, que les faits, éventuellement sélectionnés, viendraient confirmer ; il y a des observations, des faits, des interprétations de faits, tout cela finissant par s’intégrer pour former une théorie, ou plutôt notre hypothèse centrale de travail.

A partir de là, nous avons conclu à deux séries d’observations fondamentales pour éclairer l’idée de l’inéluctable effondrement du Système par autodestruction d’une part, et celle de l’extrême difficulté de la position des sapiens face à ce processus. Les extraits accompagnant ces deux observations principales viennent de l’article “Système” du Glossaire.dde, du 8 juillet 2013.

L’inéluctabilité mécanique de l’autodestruction : «Il s’agit de la description du mécanisme selon lequel le Système suivant la dynamique formulée par l’abrégé “dd&e” (voir le 7 novembre 2013) recherche déstructuration et dissolution grâce à sa surpuissance, jusqu’au but final de l’entropisation. Mais pour développer cette surpuissance, il a besoin de se structurer, et son action de déstructuration et de dissolution finit très vite par agresser et détruire en les dissolvant ses propres structures. Ce constat est impératif aujourd’hui où le Système, au sommet de sa surpuissance et dominant tout sans aucun doute, constituant le Tout de notre contre-civilisation, ne peut exercer sa dynamique dd&e que contre lui-même puisqu’il n’a plus guère d’obstacle fondamental structuré auquel faire subir ce traitement; plus il agit de la sorte plus il se sent effectivement s’autodétruire, plus il renforce sa poussée de surpuissance pour éviter cette autodestruction plus il s’agresse lui-même et s’autodétruit... C’est la logique fermée implacable de l’équation surpuissance-autodestruction.»

“Comprendre le Système”. «Dans cet extrait, nous nous concentrons sur l’attitude du sapiens, dont nous-même certes, pour tenter de bien comprendre l’extrême difficulté du processus à suivre et de l’action qui s’en déduit. C’est en effet une souffrance intellectuelle très forte et parfois proche de l’insupportabilité qu’après avoir identifié le Système comme la perversité même, voire la Représentation Totale du Mal, de souhaiter qu’il ne cesse de se renforcer (faire acte de surpuissance) le plus possible et le plus vite possible. C’est pourtant la logique même puisque ce renforcement de la surpuissance accélère le processus d’autodestruction, avec l’idée synthétisée fondamentale et qui doit être affirmée: la mort (l’effondrement) du Système est dans le Système lui-même et seul le Système peut avoir raison du Système et il s’y emploie.

»Cela ne nous empêche pas, bien entendu, d’être systématiquement du parti antiSystème, de la Résistance et de soutenir tout ce qui est antiSystème et Résistance, qui vient de partout y compris du Système. C’est une nécessité de sauvegarde et d’énergie intellectuelles pour soi-même, voire d’hygiène intellectuelle pour éviter la pathologie fatale de la folie, mais aussi une tactique qui va de soi selon un constat stratégique évident: toute résistance antiSystème accentue la riposte automatique de la production de sa surpuissance par le Système, et donc la course du Système vers son autodestruction.»

Inconnaissance : chronologie, événements

Une question pratique fondamentale concerne la connaissance que nous avons, ou prétendons avoir, de la chronologie de la crise de l’effondrement du Système, et des événements caractérisant cet effondrement. Notre réponse, d’ailleurs plus d’une fois évoquée dans divers textes du site dedefensa.org, tient en un mot : inconnaissance.

Nous n’avons aucune connaissance, et ne pouvons en avoir, ni ne prétendons en avoir, de la chronologie d’une crise qui est d’ores et déjà en cours autour de nous, dans le monde même où nous nous trouvons. Il en est de même pour les événements caractérisant cette crise. Nous avons la perception d’une crise qui se réalise et se manifeste par des effets indirects, incontrôlables, en général dépendant de processus hors du contrôle humain. Dans tous les cas, il nous apparaît comme évident que la crise d’effondrement d’une entité d’une telle puissance que le Système ne peut être le fait d’êtres humains, même d’un rassemblement d’êtres humains. Au reste, l’outil principal de la destruction du Système est le Système lui-même (surpuissance-autodestruction), ce qui place les questions évoquées hors de notre capacité de réponse.

«Quoi qu’il en soit et selon ces divers points de vue exposés plus haut, l’on comprend que nous affirmions ne rien prévoir et, surtout, ne rien savoir des modalités chronologiques de l’effondrement du Système. Dans ces affirmations négatives, c’est précisément le “savoir” que nous repoussons. Nous ne savons rien et nous réfutons pour ces cas le “savoir” du “je crois/je pense/je suis sûr que je sais” de certains exercices de prospective et de précision. (Il s’agit là d’une affirmation dépendant de notre conception de l’“inconnaissance”.) Vous ne verrez jamais dans nos textes un raisonnement fondé exclusivement sur une situation hypothétique en 2020 ou en 2025, non plus que sur un texte annonçant l’effondrement pour telle date. Si parfois nous mentionnons et commentons de telles prévisions, voire si nous en avançons nous-mêmes l’hypothèse de sa possibilité à condition qu’elle soit très rapprochée, c’est dans la mesure où nous considérons ces observations comme ayant, quoi qu’il en soit de leur justesse ou de leur fausseté, un effet assuré sur les psychologies, avec à l’esprit l’importance primordiale que nous accordons au domaine de la psychologie... [...] Donc, “c’est dans la mesure où nous considérons ces observations comme” antiSystème et contribuant à la déstabilisation du Système, a la transmutation de sa dynamiques de surpuissance en dynamique d’autodestruction.

»Toutes ces considérations d’inconnaissance circonstancielle concernant la durée et l’aspect chronologique qui lui est lié peuvent être repris pour les circonstances de la crise. Nous ne savons pas ni ne pouvons savoir, et nous nous refusons à savoir ou plus précisément “à croire que nous savons” là aussi. Ces affirmations d’inconnaissance valent d’autant plus que nous affirmons que l’effondrement est “en cours”: il est manifeste que nous ne pouvons savoir quels événements précisément le manifestent, d’autant que nous ignorons ce qu’est l’effondrement. L’inconnaissance règne: elle est forcée mais elle est aussi vertueuse parce qu’elle nous interdit toute interférence qui pourrait entraver le processus.»

A propos de notre “pari pascalien”

Nous avons déjà utilisé l’expression connue de “pari pascalien” pour caractériser un aspect de notre travail qui est la référence, dans le processus métahistorique, à des “forces supérieures” et “suprahumaines” agissant effectivement sur les événements et constituant des événements eux-mêmes. (Voir par exemple le 22 juillet 2013 et le 15 novembre 2013.) Cette idée constitue une partie importante de notre hypothèse, certainement du point de vue qualitatif la partie la plus importante, avec des effets sur les affaires humaines difficiles à apprécier et quasi impossibles à identifier précisément, mais sans aucun doute d’une importance extrême. Ce “pari pascalien” est qualifié de cette façon dans le texte du Glossaire.dde  : «...[L]a dimension hasardeuse de ce qu’est un pari nous paraît être très largement compensée par la grandeur de l’esprit et de l’intelligence du personnage impliqué dans l’expression. Nous dirions même que, dans ce cas de la modernité avec ses conditions si spécifiques, le mot “pari” est tout juste approprié parce qu’il ne rend pas justice à ce qu’il y a de force, voire de quasi-évidence, dans l’option choisie.»

Plus loin, nous tentons donc d’expliquer ce que nous entendons, dans le cas précis du sujet analysé, par “pari pascalien” : «Il s’agit donc, si l’on veut, et comme l’expression a été déjà annoncée, d’un “pari pascalien”. L’expression dans sa signification haute mentionnée plus haut est d’autant plus appropriée que nous faisons entrer dans cette hypothèse des facteurs non-humains, notamment des forces hors du contrôle humain, des facteurs supra-humains dans le sens métaphysique de supranaturels. Notre époque ayant fait hara-kiri en tant que civilisation pour assumer pleinement d’être une contre-civilisation, et ayant supprimé dans ce cadre l’idée d’une référence objective, c’est effectivement toute une pseudo-civilisation à prétention universelle qui perd cette structure principielle fondamentale, qui est réduit à une subversion, une inversion et une dissolution de ce qu’est une civilisation, ce qui correspond parfaitement à son absence de sens et à son impuissance totale à assurer la moindre autorité à ses recommandations, à fonder ses consignes sur la moindre légitimité. Il s’en déduit que tous ceux qui refusent l’obligation du nihilisme ou de la folie qu’impose nécessairement selon l’appréciation même de la raison non-subvertie cette situation de la contre-civilisation découverte pour ce qu’elle est sont tout à fait fondés à faire appel à des références supra-humaines. Aucune autorité à prétention référentielle et principielle, expédiée par le “ayant fait hara-kiri” de la contre-civilisation et privée de toute légitimité et de toute autorité, ne peut se manifester à cet égard. De ce point de vue et pour ce qui concerne la référence supra-humaine, que cette chose-simulacre se taise.»

L’inévitable référence du Mal

Pour mieux “opérationnaliser” ce “pari pascalien”, selon une de nos démarches fondamentales consistant à intégrer dans nos événements courants, dans notre “histoire courante”, les influences et les interférences des forces supérieures et suprahumaines, il nous faut développer le sens de ce que nous entendons par “pari pascalien”. Ce sens se trouve nécessairement dans le jugement fondamental issu du “déchaînement de la Matière”, selon lequel le Système assure pleinement et exclusivement la représentation et l’opérationnalité du Mal. Notre définition du “Mal” n’étant ni religieuse ni morale mais métaphysique dans le sens opérationnel du caractère déstructuration-dissolution-entropisation (dd&e), il s’ensuit que le “Mal” ne peut l’emporter selon les mêmes observations faite plus haut pour le Système. Cela s’exprime d’une façon plus conceptuelle dans son incapacité d’“être” puisque son activité est toute orientée vers la destruction de tout ce qui fait un “être”.

Cette notion de “Mal” a été largement développée et explicitée dans de nombreux textes sur le site dedefensa.org. Elle reste pour nous fondée sur l’appréciation qu’en donne Plotin dans le Traité 51 des Enneades, dont la première citation dans nos textes remonte chronologiquement au 10 septembre 2010. (Plotin : «Car on pourrait dès lors arriver à une notion du mal comme ce qui est non-mesure par rapport à la mesure, sans limite par rapport à la limite, absence de forme par rapport à ce qui produit la forme et déficience permanente par rapport à ce qui est suffisant en soi, toujours indéterminé, stable en aucun façon, affecté de toutes manières, insatiable, indigence totale. Et ces choses ne sont pas des accidents qui lui adviennent, mais elles constituent son essence en quelque sorte, et quelle que soit la partie de lui que tu pourrais voir, il est toutes ces choses. Mais les autres, ceux qui participeraient de lui et s’y assimileraient, deviennent mauvais, n’étant pas mauvais en soi.») Cette notion fait du sapiens non pas un réceptacle ou un producteur du Mal par lui-même, mais un de ses pourvoyeurs éventuels par influence de proximité à laquelle certaines de ses faiblesses le font céder. Cette position se retrouve, du point de vue opérationnel toujours, dans ses rapports avec le Système : le sapiens peut être un de ses instruments les plus efficaces, un de ses serviteurs, etc., mais il n’en est ni le concepteur, ni le créateur, ni le directeur.

«Cette responsabilité humaine atténuée, donc cette autorité humaine autonome atténuée à mesure, cette absence de rapport fondamental de responsabilité directe avec la surpuissance, l’organisation, l’universalité du Système dans le sens du Mal, tout cela fait que, pour nous, cette entité ne peut-être d’origine humaine. Il s’agit encore d’un “pari pascalien” dans la forme, mais nous attendons toujours et nous attendrons longtemps qu’on puisse nous opposer à cette conception des faits probants hors d’une “raison raisonneuse” dont nous avons déjà largement montré qu’elle nous est profondément suspecte lorsqu’elle est laissée à elle-même dans les circonstances présentes, comme c’est le cas.

»Il se déduit de ce qui se précède qu’il n’y a pas de complot humain fondamental et organisateur de tout, centralisateur et manipulateur du Système, il n’y a que des “complots humains opérationnels”, — à foison, ceux-là, certes, – des complots de circonstance, pour faire avancer la machinerie, pour suivre les consignes du Système, dans le chef des plus zélés collaborateurs du Système par une voie ou l’autre et sans nécessaire réalisation de la finalité de l’entreprise. (Combien de “zélés collaborateurs” du Système ont seulement la plus vague idée de ce qu’est la finalité du Système ? La réponse la plus probable est “aucun”.) Le complot central, le maître d’œuvre qui domine tout, c’est le Système lui-même, qui est une entreprise illégitime, simulatrice dans ses objectifs (faire prendre le Mal pour ce qui est bien, pour assurer le triomphe du Mal), dissimulée dans son organisation par rapport aux buts poursuivis... D’où l’importance de tenter d’identifier les origines fondamentales du Système.»

Le “seul événement concevable” de l’histoire du monde

Nous développons diverses autres appréciations, divers autres cas, mettant en évidence selon nous les effets directs du Système sur la situation métahistorique générale, sur nos psychologies, etc. Ces effets sont extrêmement puissants, extrêmement déstabilisants, universellement enchaînés et dépendants les uns des autres, parce qu’ils trouvent toute leur énergie dans la situation générale de pression de cette crise d’effondrement du système que nous décrivons, et qui passe nécessairement par le pic de pression du Système dans le chef de son activité de surpuissance. Cela englobe notre conclusion générale, qui est l’importance universelle, fondamentale et exclusive de cette “crise d’effondrement du Système”, qui définit à elle seule une époque sans précédent, à la fois apocalyptique, eschatologique et sublime dans tous les sens de ces qualificatifs, à la fois pour le sens de l’intensité qu’ils définissent, à la fois pour le sens de l’ambivalence des effets positifs et négatifs qu’ils impliquent.

«La “crise d’effondrement du Système” est donc nécessairement une crise fondamentale, directe ou indirecte, identifiée ou pas comme telle mais ressentie dans tous les cas, pour les sapiens au niveau le plus individuel de leur psychologie profonde. Elle constitue même la crise décisive pour l’espèce, ressentie au niveau individuel de toutes les façons et surtout dans le champ psychologique mais dérivant d’une pression collective constituant effectivement un climat général, une “nouvelle façon d’être” à laquelle nul n’échappe. La crise d’effondrement du Système est devenue, aujourd’hui, avec tous ses prolongements, tenants et aboutissants, le seul événement concevable de l’histoire du monde. Il ne peut être question d’étudier autre chose.»