Il y a 5 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.
167414 mars 2014 – C’est dire, même les sources-Système les plus conformes se laissent aller au sport étrangement exaltant de l’appréciation de ce que nous aurions, ou aurons à payer si, lorsque nos sanctions antirusses “sérieuses” commenceront à être appliquées. Nous parlons du jeu qui se déploie autour de l’“annexion de la Crimée”, – puisqu’ainsi, désormais, est baptisé l’épisode de la série qui se déroulera dimanche prochain.
Parmi ces sources que nous sollicitons, voici le gentil Bruxelles-2 (le 13 mars 2014) qui s’attelle à la comptabilité de ce que va nous coûter la série de sanctions antirusses qui se profile. Comptabilité sans originalité et un peu courte (il oublie les investissements UE en Russie, ouverts à tous les risques de la riposte russe : €114 milliards. Et avec 7 pays dans l’UE qui n’ont aucun système d'assurance étatique contre les investissements à l'étranger perdus du fait de sanctions ou d'expropriation, les BITs [protecting investment against expropriation without compensation].)
Mais là où nous voulons aller, c’est la conclusion de la source citée. Elle nous permet de mesurer exactement ce que constitue l’inversion dans le raisonnement du bloc BAO (l’inspirateur de la référence) puisqu’on est conduit à la conclusion tellement paradoxale qu’elle en devient surréaliste que ce sont justement le jeu des sanctions, rendu potentiellement catastrophique pour tous à cause des liens économiques existants, qui constitueraient finalement un “garde-fou” de dissuasion (comme le nucléaire) contre la catastrophe ; bref, la catastrophe comme antidote de la catastrophe, et l’affaire des sanctions exposée comme s’il s’agissait d’une chose per se, une épreuve qui nous aurait été imposée par les dieux, – ou, plutôt, “le hasard et la nécessité”, la divinité n’étant guère en odeur de sainteté ; comme si l'un n'avait pas plus de responsabilité que l'autre, comme si (avec l'expression «La Russie ne peut jouer non plus totalement avec le feu») la Russie participait dans cette affaire des sanctions volontairement ... (L’analogie, qui représente certainement une vue d’experts à l’intérieur de l’UE signale une parfaite incompréhension caractéristique de la bassesse de la pensée de l’époque et de son inculture du principe de la dissuasion. Avec le nucléaire, le concept de dissuasion repose sur le principe absolu du non-emploi du nucléaire, qui est le fondement absolue de la validité de la doctrine. Ainsi on nous offre l’absurde comparaison avec la dissuasion en nous suggérant que le développement de la guerre économique engageant tant d’équilibres réciproques, l’usage de l’instrument qui ne devrait pas être utilisé pour être dissuasif, serait dissuasif parce qu’on aurait peur de la mener trop loin ; au contraire, dirions-nous, en en entamant l’usage, on se libère des craintes générales et ultimes et on ouvre le processus qui pourrait fort bien nous mener “trop loin”. Quant à la question nucléaire, elle existe toujours, et le désordre est tel aujourd’hui que le principe de la dissuasion est in fine en lambeaux, – haine du système pour tout ce qui est principe...)
«De fait, la crise ukraino-russe pourrait couter cher à l’Europe, et menacer la croissance en 2014, année conçue par tous comme “l’année de la reprise”. La Russie ne peut jouer non plus totalement avec le feu car c’est une partie de son pouvoir financier et économique qu’elle joue ainsi sur un tapis vert, avec le risque de devenir une “terre à risques” pour les investisseurs. Ainsi les liens économiques pourraient jouer dans cette crise politique le rôle apaisant de bornes-limites que le “nucléaire” jouait hier, à l’époque de la guerre froide.»
Bien, venons-en à ces choses sérieuses puisqu’il s’agit bien de constater combien cette question de l’aspect économique de la crise, – plus que de ses conséquences qui sont du domaine général de la spéculation (dito, intellectuelle), – constitue un aspect primal, originel, de la crise, un élément constitutif per se, donc nécessitant une analyse spécifique. Il est vrai que le big Now (voir le 29 janvier 2014) développant extensivement le présent et ce présent tendant ainsi à contracter et à annexer le temps à son avantage, l’avant week-end du référendum de Crimée s’attache essentiellement à la situation qui existera après lui, et d’ores et déjà bien au-delà du premier lot de sanctions, déjà passé au déploiement de la chose dans toute son ampleur.
L’on constate alors ne s’agit plus d’une simple application de sanctions dans un seul sens, – bloc BAO vers Russie, – comme le serait un ajout, un complément de la crise ukrainienne. La chose se transforme sous nos yeux, sous la force du système de la communication anticipant justement la pression de la bureaucratie accouchant de son monstre, la Bête-sanctions. Il s’agit alors de cette transmutation en une guerre dans la mesure où il apparait de plus en plus assuré qu’il y aura riposte (de la part de la Russie), et riposte à mesure. La guerre (dimension économique d’abord comme complément de la crise ukrainienne) n’a pas commencé qu’elle est déjà grondante dans sa phase paroxystique, devenue guerre elle-même, per se. C’est dire qu’au-delà de la Crimée, il n’est même plus question d’Ukraine mais simplement de l’affrontement entre le bloc BAO et la Russie, sans savoir d’ailleurs si le bloc BAO doit être trait comme “un bloc” avec unité d’action en l’occurrence, sans savoir d’ailleurs si l’on en restera à la seule Russie de l'autre côté.
Selon notre habitude, nous égrenons quelques faits, du type faits-divers de cette dimension de la crise, pour montrer la variété d’attitudes, d’opinion, de convictions, etc., qui font de cette événement à la fois quelque chose de très puissant et quelque chose de complètement incertain, tant dans ses fondements que dans ses résultats. Il en ressort que la psychologie est extrêmement vulnérable dans le jugement de cet aspect de l’aventure, et donc nullement assuré de la moindre fermeté. Cela donne au climat une couleur d’attente inquiète, d’angoisse, de spéculation sur le pire...
Au contraire de l’Iran où les sanctions constituaient une politique du type-chape de plomb, sans processus évolutif autre que bureaucratique, dans le cas Ukraine-Crimée-Russie les sanctions représenteront un véritable conflit, qui sera en constant développement, avec ses variations probables, y compris dans les fronts, les alliances , etc. Le cas iranien répond (répondait) au stéréotype de la politique des sanctions, bureaucratique, passive, sans le moindre risque, caractérisée par la comptabilité, l'irresponsabilité, la force combinée à la lâcheté, etc. Le cas ukraino-russe constitue une sorte de prototype, quelque chose de complètement nouveau par rapport aux récentes campagnes de cette sorte, à cause de la taille, de la puissance et des moyens russes. Il suit une dynamique, des enjeux multiples, des incertitudes fondamentales, un mystère quant à ses effets des deux côtés, – bref tout ce qui caractérise une “guerre”. La guerre, dans sa dynamique une fois qu’elle est lancée, est substantivée par l’expression fameuse “fog of war”. On ne sait pas où l’on va, comme dans le brouillard.
Il y a eu une intervention de Merkel devant des représentants du G7 (le G8, avec la Russie proscrite), décrite comme “inhabituellement émotionnelle”. Le Telegraph du 12 mars 2014 explicite l’intervention de Merkel selon deux axes qu’on ne peut s’empêcher de considérer comme bien contradictoire : d’une part une condamnation extrêmement dure de la Russie, au nom des “valeurs européennes” (celles du bloc BAO), chargeant la Russie de tous les péchés de circonstance ; d’autre part, la nécessité de conserver le courant de communication avec la Russie, pour continuer à “causer”.
Plus que de montrer une soudaine résolution antirusse rompant avec le comportement allemand jusqu’ici, Merkel montrerait plutôt le déchirement entre un engagement-Système selon les normes et la narrative du groupe-bloc, et les nécessités (notamment économiques) pour l’Allemagne des liens avec la Russie... Lorsqu’elle parle des “negative consequences of possible sanctions against sanctions”, elle émet un jugement ambigu où il n’est pas du tout déplacé de juger que cette négativité l’est également, et fortement, pour l’Allemagne elle-même.
«Mrs Merkel told MPs to be prepared for the negative consequences of possible sanctions against Russia but insisted that it was essential not to break off the “threads of communication” with the Kremlin. “It is important that all European Union countries from Lisbon to Riga stick together,” she said. The Chancellor said that a "certain amount of toughness” was needed in Europe’s dealings with Russia in order to defend what she described as “ European values”. However she gave no indication of what kind of additional sanctions Germany might impose on the Kremlin after a Crimea's pro-Russian parliament stages a referendum on the territory's future on Sunday. MPs said Mrs Merkel’s address was “unusually emotional”.»
Cette intervention doit être également documentée par un sondage Forsa/Chambre de Commerce, en Allemagne, qui donne un résultat très défavorable aux sanctions : 24% des Allemands partisans, 69% adversaires (Itar-Tass, le 13 mars 2014). Le fait que ce sondage ait été commandé par la chambre de Commerce signale indirectement l’opposition déterminée du patronat allemand et du monde des affaires à ces sanctions, qui cette fois s’appuient paradoxalement sur un sentiment populaire. C’est un poids considérable qui ajoute au déchirement de Merkel.
L’ambassadeur de Chine en Allemagne Shin Mingde a parlé devant les journalistes hier à Berlin (voir Itar-Tass le 13 mars 2014). Shin Mingde a montré clairement l’une des deux positions de la Chine, laquelle fonctionne dans cette crise selon un double langage bien déterminé : d’une part, très neutre, sinon réticente devant l’attitude russe vis-à-vis de la Crimée au nom du principe de la souveraineté et de l’inviolabilité des frontières, d’autre part une hostilité même pas déguisée à la politique des sanctions qui sera lancée lundi. On comprend que Shin Mingde a développé le deuxième volet du double langage chinois.
«Introducing economic sanctions against Russia over the situation in Ukraine threatens to cause a chain reaction which will be difficult to control, Chinese Ambassador to Germany Shi Mingde told journalists on Thursday. “We do not see any point in sanctions,” he said. “They can lead to retaliatory actions and launch spiral of unpredictable consequences. We do not want it.”»
La Russie précise de plus en plus nettement sa position, qui n’est pas une position de résistance et d’adaptation aux sanctions, mais une position de guerre, c’est-à-dire avec ripostes à mesure contre les attaques des sanctions du bloc BAO. Plus encore, la Russie confirme peu à peu qu’elle a l’intention de “riposter à mesure” certes, mais selon une mesure qui lui est propre, c’est-à-dire pas nécessairement symétrique, mais avec des mesures de type asymétrique éventuellement. (Application du principe de la Guerre de 4ème génération, ou G4G.)
Ainsi se précise que les Russes ont sur la table le projet de transformer le véhicule de leurs commerces extérieurs du dollar comme monnaie unique à des monnaies nationales avec leurs partenaires. On sait que ce projet porte en soi une menace de contamination à partir d’une base très importante (la Russie) vers une réduction du rôle du dollar jusqu’à une situation crisique de cette monnaie, qui peut avoir des conséquences en cascade d’une importance considérable. On notera le durcissement extrême de la Russie à cet égard. Il y a une décade, un conseiller de Poutine avait évoqué la possibilité de cette attaque contre le dollar et avait été plus ou moins désavoué, voire traité d’irresponsable ici ou là à Moscou même ; aujourd’hui, c’est une démarche officielle, confirmée, etc. (D’autres sources suggèrent, d’une part, que la Russie aurait d’ores et déjà un accord pour que les importations chinoises de Russie se traitent en monnaie chinoise ; d’autre part, que les Russes envisageraient l’utilisation de l’or pour les transactions internationales.)
Ces projets concernent-ils les relations commerciales de la Russie avec l’UE, puisque tout commerce ne devrait pas être abandonné ? Que se passerait-il, notamment entre l’UE et les USA, si l’UE devait suivre cette voie, – puisque, bien entendu, c’est le sort du dollar qui s’avère de plus en plus en jeu ?
Russia Today, le 13 mars 2014 : «Russia is ready to retaliate with counter sanctions against the EU and US if they go ahead with economic measures against Russia over tension in Crimea, the Russian Economic Ministry has said. "We hope that there will only be targeted political sanctions, and not a broad package affecting economic trade,” Deputy Economic Development Minister Aleksey Likhachev said. “Our sanctions will be, of course, similar,” he added.
»One way Russia plans on shielding itself from pending sanctions is by boosting trade in other currencies, not the US dollar. “We need to increase trade volume conducted in national currencies. Why, in relation to China, India, Turkey and other countries, should we be negotiating in dollars? Why should we do that? We should sign deals in national currencies- this applies to energy, oil, gas, and everything else,” Aleksey Ulyukaev, the Minister of Economic Development said in an interview with the Vesti 24 TV channel.»
A côté de cela, existe et se développe une autre tendance en Russie : celle du renforcement industriel intérieur, tendant à une démarche d’autarcie au moins de toute une catégorie de produits vitaux. Ce n’est pas la doctrine d’autarcie dans son entièreté, mais une démarche d’autarcie conjuguée avec les nécessités de la souveraineté nationale : que la Russie soit capable, sous la pression des sanctions, de produire elle-même tout ce qui est vital pour sa sécurité nationale et sa survie.
C’est Rogozine, Vice-Premier et ministre de l’armement, qui évoque cela, en songeant d’abord à l’industrie de l’armement. (Exemple archétypique de l’autarcie du domaine au nom de la souveraineté, appliqué par les Français sous l’impulsion gaulliste, lorsqu’ils [les Français] jouaient un rôle important, bref lorsqu’ils existaient encore. Ce qui conduirait l'un ou l'autre mauvais esprit à penser, par analogie exemplaire, que la France pourrait bien perdre dans cette affaire la commande russe des quatre porte-hélicoptères classe-Mistral.) On comprend bien que cette attitude est déjà celle d’une mobilisation, d’un état de guerre promis à durer, tel que la Russie commence à l’envisager, dans une perspective qui va bien au-delà de la crise ukrainienne et tend à suggérer ce que pourrait devenir l’état des relations internationales.
Dans ce cas, la démarche, si elle réussissait, retournerait complètement la politique des sanctions du bloc BAO. Elle renforcerait la Russie et pénaliserait très durement les importations du bloc BAO vers la Russie. (Voir Russia Today, le 13 mars 2014.)
«After an urgent closed meeting of the heads of Russian defense enterprises, Deputy PM Dmitry Rogozin said that possible economic sanctions could stimulate Russian industry and only hurt its foreign partners. The meeting took place on Thursday and afterwards the man in charge of the Russian weapons industry announced the decisions via a Twitter post.
»“The result of the conversation with our industry leaders: the possible economic sanctions would only force it to work better and follow the policy of import replacement,” Rogozin tweeted. “Instead, the boomerang of sanctions would hit and hurt foreign partners,” the official added. “Hard to believe that in the conditions of a continuing economic recession Western politicians find some pleasure in hurting the businesses that use Russian markets as the only opportunity to maintain the production and to keep jobs,” Rogozin wrote.»
Enfin, une mention de l’opinion de Soros, le financier évidemment milliardaire extrêmement actif dans les entreprises de subversion type-“agression douce” contre la Russie. L’avis de Soros est intéressant à signaler puisqu’il se situe en opposition à la “politique” des sanctions (Russia Today, le 13 mars 2014, selon une interview de Soros à Bloomberg.News.) «“It's very important to respond and respond the right way which is not necessarily to impose sanctions on Russia, but to actually help Ukraine financially and also technical assistance, something like a European Marshall Plan for Ukraine, that would be the right response,” Soros said in an interview to Bloomberg.»
Cette intervention de Soros sert à bien mesurer combien l’on trouve se phénomène remarquable d’avoir, d’une part, la formidable massivité et le caractère écrasant et inéluctable de la “politique” des sanctions ; et, d'autre part, la très grande diversité, et la complexité avec elle, des opinions et des orientations que suscite cette “politique” lorsqu’elle devient une vraie “guerre” selon les prescriptions de Clausewitz. Il y a une grande contradiction dans cette opposition entre l’acte massif du rouleau compresseur des sanctions et la multiplicité des nuances des opinions, et cette contradiction comme mère de nombre de prolongements inattendus ... Il nous apparaît que, sans guère de doute, la “politique” des sanctions contre la Russie n’aura rien, absolument rien, de la longue anti-saga des sanctions contre l’Iran. Au contraire, ce sera une vraie saga, dont nul ne sait ce qu’il en sortira, jusqu’aux pires des prévisions envisageables.
Il faut bien comprendre que cette politique des sanctions n’est pas un choix délibéré, une stratégie construite, une déclaration de guerre avec une méthode, un but, une structure dont le terme ultime est la sortie de crise. C’est une obligation totalitaire sans aucun but sinon celui de foncer aveuglément, imposée par une machinerie bureaucratique (celle de bloc BAO/de l'UE) dont on peut avancer sans hésitation qu’elle constitue en l’occurrence la courroie de transmission du Système lui-même. C’est l’évidence lorsqu’on consulte des sources amies et avisées, notamment au sein de l’UE qui a un département important de son usine à gaz consacré à ce domaine.
L’organisation démultipliée et infiniment complexifiée des sanctions jaillit comme un geyser que personne n’a actionné, dès qu’un conflit prend forme et qu’une crise s’installe, et devient aussitôt dominant du reste. C’est, de la part des sapiens impliqués, les bureaucrates du domaine, une sorte de réflexe conditionné, pavlovien, de prévoir le surgissement de geyser et de s’y préparer en élaborant des mesures de sanctions “au cas où...” ; déposant leurs trouvailles dans le pipe-line, dès lors renforçant encore la puissance du susdit geyser qui les éclabousse tous. Certes, il est impératif de ne pas s’y tromper une seconde, l’impulsion est celle du Système, autonome, agissant de lui-même, inarrêtable, irrésistible. C’est en fonction de cette idée qu’on expliquerait le caractère “émotionnel” de l’intervention–Merkel dont on rend compte plus haut. La sapiens-Merkel est prise dans ce geyser qui prend l’allure d’un tsunami vers la dynamique de la puissance impérative, elle est emportée comme fétu de taille, pieds et points liés, et elle s’en explique “émotionnellement” en sortant l’attirail de la narrative habituelle, rédigée et conservée avec vigilance par le maximalisme des jugements du parti des salonards sur la Russie.
Or, il y a, en embuscade, non encore présent mais unanimement deviné, dans cette occurrence de la “politique” des sanctions instantanément transformée en guerre économique à cause de la riposte de la Russie déjà détaillée avant qu’un coup de feu (de sanctions) ait été tiré, il y a la perspective du pire. Lorsqu’on dit “pire”, on pense à la relance de la crise, mais surtout pour le bloc BAO/section UE, avec extension rapide au reste. C’est la perspective de l’Armageddon économique à partir de cet enchaînement frappant les secteurs économiques et financiers avec la psychologie à mesure ; et cette perspective devient, à cause de cette même psychologique si fragile et si vulnérable, une sorte de fascination forcée (par le diktat du Système, certes car l’on connaît ses maîtres), – fascination pour Armageddon tout court. C’est bien l’influence majeure du Système que d’instiller dans les psychologies épuisées et affaiblies jusqu’à l’anémie de nos dirigeants-Système cette fascination. (Mais pourquoi pas, puisque Armageddon est la voie obligée sinon sacrée, le carrefour suprême, le dernier virage en épingle à cheveu de l’autodestruction ? Sublimité de la crise présente, qui se découvrirait comme n’ayant fait que prendre l’Ukraine comme prétexte, et comme plate-forme de lancement pour s’étendre démesurément et prendre une place prépondérante dans la crise d’effondrement du Système.)
Il semble que partout règne cette perspective. Certains ne le disent pas trop, d’autres trouvent une grande satisfaction à l’évoquer, à la détailler, à la substantiver, à la savourer, à la goûter infiniment comme un très grand cru. Ainsi tout le monde décide-t-il ce que le Système a déjà décidé, inconscient de cette influence directrice et irrésistible, transformant cette décision forcée en une volonté politique délibérée, ou plutôt une volonté “morale’” (voir la Merkel et ses “valeurs”), pour un cas pourri jusqu’à la moelle de manigances diverses et en tous sens, de contradictions, de complots et de trahisons des engagements, et transformée en cause centrale pour sauver l’humanité de son Armageddon moral ... Bref, l’Armageddon économique pour conforter l’Armageddon moral, tout cela cousus de fils blancs de toutes les nuances possibles. Et là-dessus, hein, une stratégie, car les dirigeants-sapiens, ça pense.
... Stratégie, dit-on ? Puisque nous sommes dans l’année du centenaire-qui-nous-réserve-des-surprises (voir le 2 janvier 2014), proposons donc la cerise sur le gâteau qu’est cette stratégie, – c’est-à-dire une tactique réduite aux acquêts et affublée du nom pompeux de stratégie. Il suffira d’emprunter à la doctrine de 1914, notamment des armées françaises, objet de violentes critiques et enfin baptisée par ceux qui justement la critiquèrent, cette expression fameuse qui deviendrait le devise de cette stratégie-de-la sanction : «Attaquons, attaquons... comme la lune.»
Tu quoque, sapiens postmoderne, mais vraiment en mode-turbo... Dans ce domaine de l’aveugle sottise, sapiens-postmoderne entend préserver le privilège d’être imbattable. On ne le lui disputera pas, car le sens de la justice nous habite.
Au fait, oui, ceci comme post-scriptum hollywoodien sur “La revanche du Maidan”, la superproduction-blockbuster envisagée ... Et si la Crimée, dans un scrutin-Ubu inattendu, votait pour rester dans l’Ukraine ? Pourquoi ne proposerait-on pas alors à la Russie, ayant ainsi montré sa formidable vertu démocratique et favorisant le scrutin, d’être à la fois membre de l’UE et de l’OTAN ? Mais non, impossible ! Le scrutin étant déjà réfuté, maudit, diabolisé, comme violation de la légalité internationale et de la vertu postmoderne, il devrait être refusé absolument puisqu’il l’a été par avance. Dilemme, dilemme, – et ainsi le président-Saint BHO partirait-il dès lundi, de toute urgence, pour une partie de golf...
Forum — Charger les commentaires