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1188L’Afghanistan est devenu le centre d’intérêt du monde “classique”, transatlantique, US et otanien, de la sécurité – bref, de ce qui fait la crème de notre civilisation en matière de conflit et de sécurité. Mais ce “conflit” est en train de dépasser le stade du “piège” ou du “bourbier” pour atteindre un stade nouveau, quelque chose d’inconnu jusqu’ici, entre le “trou noir” d’une opération sans fin et le stade maniaco-dépressif de la politique de sécurité “nationale” occidentaliste; quelque chose qui est en train de nous dépasser et de nous emporter, bien au-delà du problème des talibans, bien au-delà de la question de la défaite ou de la victoire; quelque chose qui s’inscrit résolument dans le cadre d’une pathologie de la psychologie occidentaliste. (Ce texte prolonge et complète une autre note d’analyse sur le sujet, du 1er septembre 2009.)
Depuis l’épisode du rapport McChrystal, Obama ne cesse de reculer le moment de décision (d’envoyer ou pas des renforts, et quels renforts, et pourquoi, etc.). Le secrétaire général de l’OTAN Rasmussen, qui avait fait en août des relations améliorées avec la Russie son cheval de bataille, se trouve en octobre à la tête d’une croisade maximaliste d’engagement en Afghanistan – disons, une sorte de “McChrystal +”, pour respecter la hiérarchie du civil sur le militaire. Certaines sources, à Bruxelles, jugent que Rasmussen est «en train de réunir un consensus [maximaliste] qui pourrait dépasser Obama si celui ci n'y prend garde»; d’autres que, «si Rasmussen continue comme ça, il va se faire remonter les bretelles, notamment par Obama». On verra.
Pas de prévisions politiques ici, car l’Afghanistan n’est pas le lieu de faire de la politique, ni même la guerre d’ailleurs. L’Afghanistan est en train de devenir ce “quelque chose d’inconnu jusqu’ici”, de complètement nouveau. C’est de cela que nous voulons parler…
@PAYANT C’est un destin inattendu pour ce conflit que la direction US lança par nécessité, comme une riposte “logique”, un devoir de conformisme guerrier, à l’attaque du 11 septembre 2001, alors que tout son intérêt, dès le premier jour, allait à une attaque contre l’Irak. (On sait que, dans l’après-midi de 9/11, Rumsfeld passait une note à ses services où il demandait qu’on réunisse d’urgence tous les éléments permettant d’impliquer Saddam et l’Irak dans l’attaque.) Quant aux alliés, le soutien à l’attaque contre l’Afghanistan marquait plutôt leur révérence pour la puissance impériale qu’on avait osée agresser, plus qu’une alarme stratégique vitale.
Au sommet de l’OTAN de novembre 2002 à Prague, on décida, dans le chef de l’Alliance, de se donner le droit d’intervenir “hors-zone”. Il s’agissait d’ouvrir la voie à une intervention de l’OTAN en Afghanistan pour permettre aux Américains d’en être quitte et de s’occuper des choses sérieuses (Irak, “chaos créateur”, “démocratisation” du Moyen-Orient, l’ordre neocon régnant sur le monde).
La France, qui s’était jusqu’alors opposée à cette orientation de l’OTAN, accepta. Henri Vernet et Thomas Cantaloube, dans leur Chirac contre Bush, production habituelle française à fort soubassement pro-américaniste sur la “grande politique en direct”, citent un fonctionnaire français, alors porte-parole du ministère de la défense (Jean-François Bureau), sur les raisons de cette attitude de la France. Passons vite sur les deux premières, de peu d’intérêt (ne pas trop s’opposer aux USA et espérer avoir plus de latitude pour la défense européenne – arguments hollywoodiens habituels), et arrêtons-nous à celle-ci:
«Enfin, les militaires [français] refusent d’être tenus à l’écart de l’Alliance. Car si vous n’êtes pas dans le coup avec les Américains, si vous n’êtes plus retenus pour aucune coalition, vous pouvez difficilement rester une armée crédible: une armée digne de ce nom doit pouvoir opérer avec les Américains.» En effet, nous disent nos deux Sherlock Holmes de la géopolitique transatlantique, l’armée US est, dans les milieux militaires occidentalistes, «la référence absolue». Dont acte.
Ce sont de telles pensées qui conduisent l’Alliance, l’Occident et le reste vers l’Afghanistan, pensées de l’establishment militaire français en tête. Nos deux lascars concluent le chapitre: «Le général de Gaulle doit se retourner dans sa tombe…» Nous, nous pensons qu’il a du se faire bien rire en se racontant à nouveau cette histoire vraie du temps des vivants: lui, de Gaulle, passant en 1945 en revue un régiment de chars de la France Libre, s’arrêtant devant l’un d’eux, avec son équipage un peu confus puisque responsable de cette inscription type-gavroche parisien, à la craie blanche, sur la tourelle: “Mort aux cons”; et de Gaulle, impassible ou impérial c’est selon: «Vaste programme.»
Tout cela pour dire que nous venons de nulle part pour nous précipiter dans l’inconnu du n’importe quoi, disons dans le “trou noir” afghan, en passe de devenir “le trou du cul du monde occidentaliste” – et avec les Américains en plus, qui, comble du comble et cadeau du nouveau président, sont parvenus à s’y faire reprendre complètement…
Nous nous arrêtons là pour l’historique, la politique et la stratégie, ou l’absence de ceci et de cela. Nous en venons à la situation actuelle, que tout le monde connaît, pour tenter de l’examiner sous un angle nouveau, ou dans tous les cas différent. Il est tout de même bon de garder à l’esprit, comme nous avons essayé de le rappeler, que cette guerre fut, dans le grand vent de folie qui souleva l’Occident à partir de 9/11, complètement périphérique et accessoire. Nous laissons ceux qui élaborent depuis 8 ans des “Grands Jeux” pour en expliquer le sens caché – nous les laissons à leurs “Grands Jeux”.
Nous en venons à une intervention que nous citons par ailleurs dans le Bloc-Notes, ce même 27 octobre 2009, du professeur Andrew J. Bacevich, ancien colonel de l’U.S. Army. Ce passage, surtout, nous intéresse:
«War has become a permanent condition. […] And ... we've now abandoned the notion that we can win wars quickly or cheaply. Our approach to war is one in which we now accept the notion that war is an open-ended proposition and that if someday out there some outcome is reached, it's likely to be an ambiguous outcome that really doesn't resemble in any sense the traditional definition of military victory.»
L’expression nous a fascinés, et nous la modifions pour l’adapter à l’esprit des remarques de Bacevich, et aussi ouvrir la voie à notre réflexion: «war [has become] an open-ended proposition.» L’interview est très longue et Bacevich revient à des considérations plus concrètes, plus tactiques, ou des considérations budgétaires, etc., qui montrent selon lui, l’absurdité opérationnelle du conflit. A ces moments, qui forment l’essentiel du propos, il revient à la raison, il parle à nouveau rationnellement, investissant par là même ceux qu’ils jugent (ceux qui font la guerre, ou sont partisans de la guerre) de la même raison, mais dans ce cas utilisée d’une façon fautive. Il perd le fil d’une intuition très précieuse, qui anime les phrases que nous avons citées, et qui concerne la psychologie du conflit.
Là-dessus, nous versons une autre pièce au dossier, avec à nouveau une référence à une citation faite dans le même Bloc-Notes du 27 octobre 2009. Dans un très récent texte (le 22 octobre 2009) pour TomDispatch.com (le site de Tom Engelhardt), Nick Turse rappelait un autre texte que lui-même avait écrit, pour le même site, le 15 janvier 2009, où il faisait rapport de la 26ème conférence scientifique de l’armée (Army Science Conference) – conférences où sont discutées l’avancement, les perspectives, les fantasmagories et, éventuellement, l’emploi des nouvelles technologies.
Il y a donc ce passage où Turse parle avec un très haut gradé, spécialiste de la “Grande Guerre contre la Terreur” (GWOT), et entend l’autre lui dire qu’avec l’équipement que portent les soldats US (et alliés puisque, comme vu plus haut, “l’armée US est «la référence absolue»”), ils n’ont aucune chance de vaincre l’ennemi – taliban & consorts – bien plus léger qu’eux, bien plus souple, bien plus rapide, “avec son AK-47 et ses chaussures de tennis”. Alors Turse, naïvement: “alors, pourquoi ne pas changer l’équipement du soldat US, l’adapter à celui de la guérilla” – ce que, jusqu’ici, les différents pays confrontés à cette sorte de guerre – sauf les USA, par exemple au Vietnam – ont toujours fait? Confusion chez les interlocuteurs US, hauts gradés, etc., “discorde chez l’ennemi” en quelque sorte, jusqu’à cette réponse d’un autre interlocuteur de Nurse, tout aussi étoilé et spécialiste de GWOT: «Yeah, I can't run the mountain with them, but I'll still get them – eventually.»
Cette réponse est faite dans la confusion et n’a, on le comprend, aucune signification. Si on ne peut “avoir” les talibans dans les montagnes, on ne peut pas “les avoir” puisque l’Afghanistan n’est fait que de montagnes. Le “but I'll still get them – eventually” (“mais je les aurai quand même – éventuellement”) est dit dans la confusion, et devrait être plutôt: “mais je les aurais sûrement – si l’on s’en tient à la seule théorie, en fonction de la puissance et de l’excellence technologiques que je mets dans l’équipement de mes soldats.”
De ces diverses interventions, qui sont utilisées par leurs auteurs pour leur argument, nous tirons une autre conclusion qu’eux. Notre conclusion n’est point que l’on s’y prend mal pour tenter de remporter la victoire, que l’on s’équipe mal pour remporter la victoire – même si ceci et cela est vrai, évidemment et rationnellement. Notre conclusion est que les chefs militaires, particulièrement ces “opérationnels”, ont perdu en réalité tout intérêt pour la victoire. D’ailleurs, ils ne savent plus vraiment ce qu’est la victoire, conséquence évident de leur désintérêt pour la chose.
Effectivement, «war [has become] an open-ended proposition», c’est-à-dire quelque chose d’ouvert aux options. Jusqu’ici, la guerre n’avait qu’un seul but: la victoire. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La “victoire” est secondaire, elle tend même à disparaître comme “option”. Ce qui importe, c’est que la guerre ait lieu, qu’elle dure, qu’elle dure même indéfiniment tant qu’elle ne se sera pas modifiée selon les conceptions occidentalistes. Et l’on équipera les soldats comme on fait, qui pèsent comme des chaussures de plomb de scaphandrier, et l’on emploiera des tactiques qui correspondent à l’avancement des conceptions occidentalistes – ce que Dimitri Rogozine nommait le “technologisme”, qui conduit les conceptions politiques américanistes (occidentalistes).
On peut, on doit même aller jusqu’à l’absurde. La “victoire” deviendrait même contre-productive parce qu’elle ôte le champ de manœuvre permanent aux armées, qui permet de pousser ce “technologisme” jusqu’à ses plus extrêmes limites – lesquelles sont infinies, comme le croît la psyché occidentaliste – dito, “la guerre sans fin” (« War has become a permanent condition», dit aussi Bacevich). Il est par conséquent évident qu’il est bien plus important d’avoir un soldat équipé absurdement pour cette guerre, pour affirmer la justesse du technologisme, que d’avoir un soldat capable de battre le taliban.
Alors, bien sûr, il y a la thèse du “complot”, ou de l’abcès de fixation. Elle prévalait déjà du temps du Vietnam, chez les stratèges habiles (les USA ont un intérêt stratégique à déployer 500.000 hommes tout proches de la Chine, pas très loin de l’URSS – avantage stratégique énorme). On sait comment le Vietnam s’est terminé, et autant pour “l’avantage stratégique”. Et l’on sait aussi, aujourd’hui, que la défaite fut psychologique et non militaire, comme ce fut évident dès la bataille du Têt, victoire militaire US et défaite politique et stratégique qui annonce la défaite complète des USA.
La thèse de l’abcès de fixation pouvait être soutenue en 2001 ou en 2002, autant pour l’Irak que pour l’Afghanistan. (Quoiqu’avec difficultés, lorsque l’on rappelle, comme on l’a fait plus haut, l’intérêt de la direction US pour l’Afghanistan.) Mais aujourd’hui, où ces deux guerres épuisent les pays qui la font si absurdement par rapport à la réalité, accélèrent les crises du système (voir ce que Stiglitz a démontré de l’effet du coût de la guerre en Irak sur la crise intérieure US)? Aujourd’hui, où l’on est forcé de s’entendre avec la Russie, aux termes de la Russie, à cause de la logistique de cette monstrueuse armée faite pour ne pas emporter la victoire? Où les tenants des thèses extrémistes et complotistes essuient revers sur revers stratégiques dans la région, dans d’autres domaines (voir SouthStream), d’ailleurs souvent avec certains Occidentaux passant de l’autre côté? Il y a longtemps que le rapport coût/efficacité a complètement basculé, du côté de celui qui se tire balle après balle dans le pied, et même ailleurs.
Notre intérêt ne va pas du côté de cette thèse, qui est à notre sens complètement discréditée, voire même complice des conceptions de technologisme en niant implicitement la prédominance de ce facteur. Elle va vers le domaine de la psychologie.
Une des sources citées au début, qui rapportait le consensus que Rasmussen est en train d’établir pour une formule que nous nommons avec une certaine intention de dérision “McChrystal +”, observait également que le divorce est aujourd’hui presque complet entre les experts et les intellectuels de la guerre d’une part, les dirigeants politiques d’autre part. Les premiers jugent la guerre impossible à gagner et recommandent donc implicitement de chercher une “stratégie de sortie”, les seconds pensent qu’il faut aller jusqu’au bout et “gagner la guerre”.
Ce n’est pas “gagner la guerre” qu’il faut dire mais plutôt qu’“il faut aller jusqu’au bout” et prouver que l’Occident a raison (moralement, politiquement, d’un point de vue humanitaire, pour sa bonne conscience, tout ce que vous voulez – c’est-à-dire, que l’Occident doit, si l’on ose dire, avoir rationnellement raison). En s’exprimant d’une autre façon, en termes plus triviaux et politiciens, c’est rejoindre les militaires et soutenir la doctrine du technologisme. D’une certaine façon, les hommes politiques, par leur engagement qui répond à la nécessité de l’enfermement de leur doctrine de communication, soutiennent implicitement ces militaires-là pour l’application concrète du technologisme: oui, le soldat doit être équipé comme il l’est, absurdement, parce que cela répond au technologisme, qui est dans ce cas l’expression militaire de l’avancement de notre raison occidentaliste. Ce soldat équipé comme il est, c’est aussi le triomphe de la modernité, au même titre que les droits de l’homme et tutti quanti du même sac.
Pour eux aussi, ces dirigeants politiques, sur ce point particulier, la victoire dans le sens militaire, chose devenue triviale, n’est plus l’essentiel. Par ailleurs, et à d’autres moments très nombreux, ils diront le contraire, parce qu’ils ont un électorat, que la guerre coûte cher, etc.; parce qu’ils sont politiciens, et politiciens postmodernes, donc inconstants, la pensée courte et réduite à la prochaine élection ou au prochain sondage; ce sont des alliés des militaires, mais des alliés incertains, comme tout homme politique aujourd’hui. Il n’empêche que sur le point du technologisme, ils épousent “la cause”. Les Américains traduisent cela en terme d’hubris, comme on le lit dans l’autre extrait important de l’interview de Bacevich que nous donnons par ailleurs; ces affirmations d’hubris chez un Obama ou une Clinton sont d’autant plus pathétiques lorsqu’on observe le repli général de la politique US, partout en déroute. Mais nous ne sommes plus sur le territoire de la raison jugeant le monde mais sur celui de l’esprit d’une raison devenue raison d’être de la pensée, et niant le monde qui lui dénierait ce rôle. Leur raison n’est plus là pour juger de l’état du monde mais pour justifier ce qu’elle-même décrète de ce qui devrait être l’état du monde.
D’où notre approche psychologique... Ce qui est en jeu en Afghanistan n’est pas la victoire mais le fait que “nous avons raison”. Cette affirmation rationnelle conduit à la situation non pas maladroite, mauvaise, perdante à terme, épuisante jusqu’à la crise intérieure pour nos pays, comme on pourrait en juger selon le bon sens, mais à une situation irrationnelle impliquant une prévision absurde, qui défie le bon sens. Cela est logique. Nous ne pouvons accepter que le système occidentaliste, avec ses divers rejetons (dont le technologisme), soit mauvais, vicié, pervers. Il est trop beau, trop juste, trop moral, trop civilisateur – et puis, d’ailleurs, il est trop grand et trop fort pour perdre et tomber — “too big to fail/to fall”… L’Afghanistan rejoint aujourd’hui Wall Street et le JSF dans la même course perverse. Effectivement, nous ne tomberons jamais sous les coups des talibans & compagnie, nous tomberons de nous-mêmes, rongés par nos propres termites.
Nous restons en Afghanistan parce que nous avons raison contre tous et contre tout ce que nous hurle la réalité. Nous restons en Afghanistan, équipé en martiens avec 80 kilos d’équipement pour chaque soldat parce que le technologisme a raison contre ce que nous répètent sans fin tous les enseignements de toutes les guerres de cette sorte. Nous restons en Afghanistan parce que notre système est trop vrai, trop juste, “too big to fail/to fall”.
Nous disons “nous” parce que, pour cette fois, comme disait l’autre, “nous sommes tous américanistes”. Puisque, comme disent les autres cités plus haut, “l’armée US est «la référence absolue»”. Tout cela est logique, puisque nous sommes dans la même barque qui prend eau de toutes parts.
Ainsi l’Afghanistan est-il devenu notre “trou noir”, où le système se vide comme une baignoire se vide, en y mettant ses hommes, ses équipements, ses théories, son argent, alors que de plus en plus d’observateurs, y compris désormais les appointés-penseurs du système, de plus en plus dégrisés et hors des cercles des militaires technologiques et des hommes politiques communicationnels, crient: “nous allons à la catastrophe”. Et comment, nous y allons, et bille en tête, encore! L’Afghanistan est devenu un super-Irak, puisque les amis sont avec les USA d’une façon officielle et formelle; un super-Irak où tout le système continue à se vider de sa substance. Après tout, d’accord, c’est effectivement un abcès de fixation, mais pour notre crise, pas pour les soi-disant “avantages stratégiques”.
Nous ne cherchons pas la victoire en Afghanistan. Nous cherchons à montrer que nous avons raison, que le système est bon. L’une des conséquences “collatérales” étonnantes est que nous avons ainsi transformé la guerre, peut-être d’une façon irrémédiable. Elle n’est plus “la continuation de la politique par d’autres moyens” mais “la continuation de l’utopie par d’autres moyens”. L’utopie ne cherche pas la victoire, qui est nécessairement un compromis avec la réalité, elle cherche la transformation du monde… Nous ne voulons pas la défaite des talibans, nous voulons la défaite de la réalité. Voilà pourquoi il s’agit d’“une guerre sans fin”… Enfin, façon de parler.
Car cette guerre est pathétique, elle est devenue pathétique. Elle est la guerre de notre survie, comme le maintien de Wall Street ou le programme JSF sont des conditions de notre survie, en tant que système. La guerre d’Afghanistan est “sans fin” sauf qu’elle s’arrêtera d’elle-même, lorsque le système se sera effondré, d’une façon ou l’autre, à sa façon, d’une façon que nous ignorons.
Le monstre est à son terme, maintenue partout en survie artificielle. Alors que, tout de même, nos experts s’inquiètent, nos hommes politiques et nos McChrystal bardés de lunettes noires et de gilets pare-balles s’exclament, s’exclament… Il faut qu’il tienne, le système! Il faut qu’il tienne! Tendez l’oreille : badaboum…
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