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188221 mai 2015 – Plus que jamais, – peut-être plus qu’elle ne la jamais été, – la crise ukrainienne reste le centre fondamental de toutes les dynamiques crisiques qui secouent la situation du monde. Cette appréciation tient au fait de la rencontre de Sotchi, dans le sens où cette rencontre, qui a été très peu préparée, qui a été décidée soudainement, a mis à jour l’immense complexité de la question ukrainienne dans toutes les problématiques qu’elle influence dès lors qu’elle a été transmutée, d’une façon artificielle d’ailleurs mais d’autant plus indémêlable, en confrontation ouverte entre les USA et la Russie.
Sotchi a montré le désir des USA de s’extraire du guêpier ukrainien, et la bienveillance des Russes pour qu’ils s’en sortent, – mais tous seuls, sans aide ni concession particulière de la Russie, parce que la crise ukrainienne concerne trop directement la sécurité et les fondements de la nation russe pour que la Russie puisse songer à faire de la tactique de compromis sur cette question. A côté de cela, Sotchi a montré l’infinité de positions faussaires des USA vis-à-vis des uns et des autres, vis-à-vis des composants de leur propre pouvoir, ce qui conduit à différentes versions des entretiens et des intentions US, cela introduisant des ambiguïtés fondamentales qui interdisent de tirer droitement tous les effets nécessaires de ce tournant politique et stratégique. Pour prendre un exemple plus précis, et parce que les USA n’ont pas voulu faire penser à leurs alliés, y compris à leurs « marionnettes” ukrainiennes, qu’ils s’étaient montrés trop conciliants avec la Russie, ils conservent pour eux l’apparence d’une posture intransigeante et conduisent leurs “marionnettes” diverses, des Polonais aux Ukrainiens, à continuer avec une politique extrémiste contre la Russie. De ce point de vue, rien de la situation ukrainienne et de tout le reste n’est réglé, – pas très original, mais il en va ainsi...
Enfin, comme on le voit dans les divers interventions et commentaires, il apparaît évident que l’importance de Sotchi valait pour bien plus que pour la seule Ukraine, dans la mesure où les USA venaient chercher l’aide des Russes pour les myriades de crises déchaînées et incontrôlables au Moyen-Orient. On mesure encore plus combien la crise ukrainienne, de ce point de vue, tient le reste, et tout cela selon la plus stricte normalité des choses puisqu’elle tient les acteurs essentiels de la situation du monde, et du désordre du monde, – les USA, l’Europe, la Russie, la Chine derrière elle et d’une certains façon les amis des BRCS et de l’OCS...
Il y a indiscutablement des signes que la pensée politique US dure et qui se veut cyniquement “réaliste”, disons pensée pseudo- ou semi-officielle, – disons enfin, puisque le terme est d’usage, les commentateurs de l’“État profond” (ou de la “direction profonde” représentant l’establishment de sécurité nationale), – cette pensée renforce la thèse d’une sorte de fatigue ukrainienne de Washington. Dans ce cas, la rencontre de Sotchi aurait une signification directe qui impliquerait qu’il y a effectivement une nette incurvation de la politique washingtonienne vis-à-vis de l’Ukraine, dans le but fondamental de modifier les relations des USA avec la Russie, principalement pour avoir l’aide de la Russie dans quelques crises difficiles, – notamment au Moyen-Orient, où le désordre règne en maître.
Parmi ces “commentateurs de la direction profonde” qui reflète le sentiment général de la nébuleuse qui conduit la politique-Système à Washington, on sait que Stratfor et son directeur George Friedman tiennent la vedette. Stratfor-Friedman se fichent comme d’une guigne de changer d’analyse comme de stylo, puisque ce qui importe est que cette entité veille à présente à la piétaille du Système l’évolution de la politique-Système, y compris ses variations les plus brutales. Ainsi, après plusieurs interventions depuis décembre où Stratfor-Friedman ont décrit sans l’ombre d’une hésitation une politique surpuissante d’hyper-déstructuration des USA, présentés (la politique et les USA) comme irrésistibles et sur le point de balayer la Russie (destruction de la Russie plutôt que regime change), voici que Stratfor-Friedman décrivent sans l’ombre d’une hésitation une retraite qu’on imagine tactique évidemment, et évidemment géniale, des USA face à la Russie, sur l’affaire ukrainienne, mais retraite tout de même qui ne préfigure pas vraiment la destruction de la Russie.
Le 19 mai 2015, Sputnik rapporte les derniers jugements de Stratfor sur la crise ukrainienne post-Sotchi. Bien entendu, tout cela est enrobé de formes du meilleur aloi ... “Washington veut s’impliquer plus avant dans le processus de normalisation [Minsk2]”, “Washington ne cédera pas sur ceci, mais est prêt à certains compromis sur cela” ; tout cela donne l’impression que Washington prend l’initiative et contrôle largement ses “compromis” comme s’il s’agissait de balancer au plus près des compromis russes ...
En réalité, la signification de cette analyse veut bien dire que Washington cède sur tout, puisqu’il y a un rapprochement d’un processus jusqu’alors méprisé sinon implicitement condamné, et quelques concessions alors que Moscou n’a rien sollicité au départ et ne fait aucun compromis, se contentant de présenter ses exigences. Même la Nuland est embrigadée dans l’affaire.
«The recent visit of US Assistant Secretary of State for European Affairs Victoria Nuland to Moscow has signaled Washington's readiness to join the Normandy talks on Ukraine, Stratfor pointed out. US Assistant Secretary of State for European Affairs Victoria Nuland's visit to Moscow “is the latest indicator” that Washington's position on Ukraine and its role in the country's future “may be shifting,” the US private intelligence company Stratfor reported. “Although US officials have been involved in discussions with their Russian and Ukrainian counterparts throughout the conflict, the recent direct high-level negotiations – without the participation of European leaders – signal that Washington wants a larger and more direct role in discussions regarding Ukraine,” Stratfor analysts underscored. [...]
«According to the analysts, the Russian leadership wants to elicit a number of key concessions from Washington. First and foremost, Moscow is concerned about US military support for Ukraine including the military training mission of American troops in the country and possible supplies of weaponry to Kiev. Russia wants to ensure that the Pentagon will not extend or expand its training mission. Simultaneously, the Kremlin “is likely pushing” the United States to curb its military training activities in former Soviet Republics in Russia's periphery, such as Georgia and the Baltic states. Moscow has also repeatedly expressed its deep concerns regarding NATO's military buildup in Eastern European states, such as Poland and Romania.
»“The United States probably is unwilling to compromise on its military training mission to Ukraine, but the US administration could, as it has thus far, avoid providing Ukraine with weapons that add to the country's military capabilities,” Stratfor analysts noted. [...] However, according to the analysts, “when it comes to sanctions, Washington may be open to compromising.” Washington can lift its sanctions when the US administration decides to do so, while EU sanctions can be lifted only in accordance with the decision of all the bloc's member states, the analysts highlighted.
»If Washington decides to abolish its sanctions policy, the lifting of US sanctions will “take place piecemeal, beginning with lighter sanctions such as travel bans on individuals,” Stratfor analysts elaborated. “The latest flurry of meetings likely does not herald an end to the crisis. However, greater direct US involvement in the negotiations could change the dynamics of the talks,” the analysts suggested.»
Bryan MacDonald, le commentateur politique irlandais qui contribue régulièrement à RT, nous signale lui aussi l’intervention de Stratfor-Friedman , mais il se concentre surtout sur le voyage de Nuland à Moscou, sorte de “chemin de Damas” pour la diplomate-harpie du département d’État contrainte à un rôle infamant de paravent pseudo-faucon d’une politique de conciliation avec la Russie, sur les proches divers de Nuland, etc. MacDonald va même jusqu’à nous ressortir d’une pseudo-naphtaline, via le New York Times notre vieil ami Bruce P. Jackson, ce BPJ dont nous parlâmes beaucoup dans les années 2002-2005. BPJ est sévère : «Il n’est plus seulement question d’une agression russe contre la victime ukrainienne ... L’Ukraine est désormais dans une posture où il paraît bien difficile de lui faire confiance...» Même dix ans plus tard, lorsque Jackson est dans les parages, c’est qu’il se passe quelque chose d’important. (Dans RT, le 20 mai 2015.)
«... The disastrous condition of Ukraine’s economy must also be focusing minds. The private intelligence company Stratfor, known as the ‘shadow CIA,’ noted that Nuland's visit to Moscow “is the latest indicator” that Washington's position on Ukraine and its role in the country's future “may be shifting.” After 18 months of ludicrously soft-soaping the regime, even the US mainstream press is suddenly highlighting Kiev’s problems with corruption. This increases the likelihood that Nuland has had a Damascene moment. It’s hard to imagine the US’ lap dog corporate media straying too far from the State Department line. [...]
» ... The New York Times last weekend quoted Bruce Jackson, President of something called The Project on Transitional Democracies, once a side-project of the supposedly dissolved ‘Project For The New American Century (PFTNAC)’ who said: “Poroshenko, whether you like him or not, he’s not delivering.” Jackson is former military intelligence officer. Additionally, he once ran the US Committee on NATO, dedicated to expansion of the alliance. However, what is far more significant is the fact that, together with Robert Kagan, Jackson served as one of five directors of the PFTNAC, a neocon think tank that also involved Dick Cheney, Donald Rumsfeld and Paul Wolfowitz. Kagan is the husband of Victoria Nuland. It’s reasonable to assume that whatever Jackson is thinking isn’t far removed from Nuland’s thoughts.
»Jackson further observes that “the Ukrainian government is so weak and fragile that it’s too weak to do the necessary things to build a unified and independent state.” [...] ... Jackson continues: “We don’t simply have Russian aggression against the victim Ukraine… Ukraine is now seen as not to be trusted. What the EU is saying is: Where is the decentralization? Where is the commitment? Where are the reforms?” When somebody like Bruce Jackson, so close to US policymakers on Eastern Europe, to be talking this way, it is reasonable to assume that something has changed dramatically. While Nuland might revel in the role of bad cop, she’s also not a law onto herself. [...]
»Russia’s tabloid daily Moskovsky Komsomolets suggested on Monday that Nuland was “unlikely to be bringing with her a plan for how to resolve the conflict in Ukraine. It is unusual for a person who started a fire to be involved in the fire-fighting effort.” While that’s true, I think it was Kerry who came to mend fences. Nuland’s public presence was rather an attempt re-assure Washington’s Republicans that Obama is not suddenly going soft on Russia, as they would perceive it. Good cop/bad cop, indeed. Squeaky bum time in Kiev.»
Un autre aspect important en marge, ou en conséquence de Sotchi, ce sont les relations des USA avec l’UE, et particulièrement le repositionnement que les USA voudraient effectuer par rapport à l’UE. En gros, les USA aimeraient bien s’insérer dans le “format-Normandie ” (Allemagne, France, Russie, Ukraine), peut-être arguant du fait qu’après le débarquement du 6 juin 1944 on lui doit bien cela. Mais les résistances sont extrêmement fortes, notamment du couple Allemagne-France et, “en face”, d’une façon intransigeante, la Russie ... Dans l’ambiance actuelle, les US auraient beaucoup de difficultés à imposer cette volonté fortement de type-américaniste, selon la logique “Je suis en pleine retraite, c’est donc à moi d’entrer dans le jeu et de le mener” ...
Quelques notes qui confluent à une situation incertaine, de la part de Ben Aris, de Business New Europe, le 20 mai 2015 (Repris par Russia Insider, le 21 mai 2015.)
«Another motive for the flurry of US activity is an attempt to take back the initiative in the Ukraine conflict resolution. German Chancellor Angela Merkel very publicly went to Washington ahead of the Minsk I summit last year, but seemed to break with the US during the summit itself, which was a German endeavour and Washington was remarkably quiet in the aftermath. Ever since then, Merkel has been front and centre in all the negotiations (despite dragging French President Francois Hollande along to some meetings to give the negotiations a veneer of European cooperation). Nuland went out of her way to stress that the current diplomatic effort is being coordinated with the Normandy group of European powers. “The United States’ role here is to support the full implementation of Minsk. We are doing this in lockstep with … our colleagues in the EU, with Germany and France … and Ukraine,” Nuland said.
»However, no one is buying it, as the US remains excluded from the Normandy group and cracks in the trans-Atlantic alliance are appearing. “For the past year and a half, Germany and France have been at the forefront of Western negotiations with Russia,” says [Stratfor’s] Friedman. “However, differences between the German and US views of events in eastern Ukraine and interpretations of the Minsk agreement have come to the fore. Germany has taken a more favourable view of progress in implementing the Minsk agreement, while the United States has maintained a hard line, emphasizing continued active Russian military support for the separatist forces.”
»These problems come on top of deep divisions within the EU itself over how to deal with Russia. Countries like Poland and the Baltic states have taken a hard line, while Hungary, Czech Republic, Italy, Bulgaria and Spain are all leaning towards bringing sanctions to an end this year. Putin has been travelling the region handing out loans, cheap gas and pipeline deals to anyone who will back him. Greece was the latest to experience Russian largesse, but on May 19 surprised by caving into Brussels pressure and agreed to back extending sanctions to the end of this year. “Germany is having an increasingly difficult time maintaining a hard line in dealing with Russia,” Friedman said in a note. “Nonetheless, Germany would rather remain at the forefront of the negotiations with Russia and avoid a scenario in which the United States forces Russia into a confrontation that Berlin does not want.”
»Putin must be gleeful at the US blundering into the negotiations again, because it presents him with an opportunity to not only play EU members off each other, but now to play Washington off against Brussels.»
A ce point où il est question des brillants européens, il nous faut revenir à un passage que nous avons publié le 19 mai 2015, sur lequel il nous faut absolument insister. Ce passage mettait en évidence que les USA avaient informé leurs collègues européens que la rencontre de Sotchi n’avait absolument pas été l’occasion d’un tournant des USA, lesquels restaient au contraire extrêmement fermes sur leurs position, qu’il n’en est rien question d’un retour au business as usual avec le Russes....
«Un autre point, non officiel, doit être rapporté ici qui introduit un autre point de vue compliquant singulièrement l’évaluation générale. Des sources indépendantes rapportent que, dans les briefings donnés par les divers contacts du gouvernement US à leurs homologues des pays du bloc BAO dans lesquels les Européens figurent en bonne place, la version américaniste officielle, de l’administration Obama, est qu’il ne faut pas “croire ce que la presse rapporte” (pauvre presse-Système, pourtant si aimable par sa discrétion !), que la partie US a été d’une “dureté extraordinaire” vis-à-vis des Russes, sur tous les sujets, y compris l’Ukraine bien entendu, qu’elle est donc sortie complètement victorieuse de cette confrontation qu’elle avait elle-même suscitée sans que personne ne lui ait rien demandé. Cette version est martelée partout dans les réseaux officiels du bloc BAO, d’une façon officieuse comme il se doit ; et l’on dirait alors, assez classiquement, qu’il importe que les amis du bloc BAO (et les républicains à Washington) ne se trompent pas sur le point de savoir qui est la patron ici et là, à Sotchi et à Bruxelles, comme à Washington, et qui dirige la musique... Paradoxalement, ces mêmes délégations US disent qu’à côté de cette dureté exemplaire ils ont demandé (“exigé”, puisqu’on y est ?) des Russes une coopération dans divers dossiers où ils ont justement besoin de ces Russes-là ; autrement dit, les redresseurs de tort qui font valoir toute leur puissance et ne cèdent sur rien quémandent sur un ton sans réplique l’aide russe dont ils ont absolument besoin parce qu’ils sont dans une situation de faiblesse manifeste dans un nombre respectable d’occurrences. Nul ne craint le paradoxe (mot aimable dans la circonstance) chez ces gens-là...»
Il faut savoir que tout cela est gobé comme argent comptant, dans tous les cas dans les institutions européennes où l’on ne doute pas de la continuité de la politique ultra-ferme des USA, donc que “notre leader bien-aimé est plus que jamais aux commandes” ... En agissant de la sorte, les USA ont deux buts : 1) conserver l’UE mobilisée contre la Russie, puisque l’UE suit les USA à la trace, et donc freiner au maximum tout rapprochement avec la Russie ; 2) garder la haute main sur les “pays du front” (Pologne et le reste), en conservant toute leur influence par la fiction d’un Amérique plus ferme et dominatrice que jamais...
Le résultat est que, dans les relations officielles entre les USA et leurs alliés européens, surtout les plus extrémistes et les plus engagés, tout se passe un peu comme si pas grand’chose ne s’était passé à Sotchi ; et tout se passe comme si l’antagonisme avec la Russie se poursuivait, et l’encouragement à l’Ukraine de “résister” (si possible agressivement) à la Russie, plus fort que jamais. De ce point de vue, l’impulsion que ressentent les Ukrainiens et leurs “alliés proches” de l’UE est exactement contraire à celle que les USA ont intérêt à faire sentir s’ils veulent que Sotchi conduise à une certaine détente avec la Russie, et leur permette un certain désengagement d’Ukraine suivi d’une coopération avec la Russie sur les problèmes du Moyen-Orient. Qui peut encore s’étonner de telles contradictions ? Qui ne spéculera pas sur les effets inattendus possibles, et possiblement très contreproductifs, de ces habiletés dialectiques ?
Enfin, il y a une dimension qu’on ne peut oublier, qui s’impose après un peu de réflexion, et qui est pourtant absente d’une façon générale du débat qui est conduit en ce moment aux USA autour de la crise ukrainienne, sur les relations avec la Russie. Il s’agit de la dimension qu’a prise le pivotement russe de l’Ouest vers le Sud et l’Est, et qui se concrétise, non seulement par son rapprochement avec la Chine, mais par une dynamique de développement des divers rassemblements et organisations du domaine.
Le Saker-US observe, non sans jubilation, ce 19 mai 2015, que le train est lancé pour l’entrée dans l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), cet été, de l’Inde, de l’Iran et du Pakistan. Il sera bien difficile pour les USA, qui sont peut-être moins attentifs à cette perspective que le Saker ne semble croire, de n’y pas voir brusquement une catastrophe qui leur ferait penser qu’ils ont eu tort d’aller à Sotchi comme on va à Canossa, et leur ferait réviser leur copie déjà cochonnée en catastrophe, avec résultats catastrophiques supplémentaires garantis.
«This has been discussed for a very long time already, but this time it is official: Sergei Lavrov has just declared that at the next summit of the Shanghai Cooperation Organization (SCO) countries Russia will propose to the initiate the process of accepting Iran a a full member alongside India and Pakistan. Needless to say, the White House is absolutely horrified by all this: not only did the US oppose the creation of the SCO, CSTO and EEU at every step of the way, but the consolidation of these organization is a vivid illustration of the loss of influence and power of the USA. The USA tried to stop it, lobbied hard to prevent anybody from joining it, and even tried to ignore it – and they failed: the SCO is growing in membership and influence.
»To make things worse, the BRICS states have now become an open and direct challenge to the USA’s economic hegemony over our planet. The folks in Washington are now very slowly becoming aware of the magnitude of the threat now faced by the Empire...»
Pour terminer clairement cette analyse à la fois furieuse, nébuleuse et multidirectionnelle, comme l’on dirait multiethnique, nous allons en revenir à un détail ... Mais, – the devil is the details (“le bon Dieu est dans les détails”). Ce détail, c’est la chronologie de la décision de la rencontre de Sotchi.
Nul ne peut nier aujourd’hui que cette rencontre est un point capital de la crise capitale de notre époque, – que ce soit pour en tirer des conclusions dans tel ou tel sens ou dans tel autre, – et qu’elle était prévue pour être cela puisque la partie US savait pourquoi elle allait en Russie. En bonne diplomatie, une telle rencontre se prépare d’assez loin, pour les deux parties, pour en tirer le maximum d’efficacité et d’effets puisque c’est dans cette intention que l’on se rencontre. Du temps de la Guerre froide, dans un tel contexte, une telle rencontre eut demandé (en secret ou pas, qu’import) des semaines de consultations, d’échanges, ou, pour être bon prince et en revenir à nos conditions présentes, au moins une semaine de préparation. Certes, les dossiers étaient prêts, des deux côtés, parce qu'ils sont toujours prêts dans une telle crise qui est suivie au jour le jour, mais pas la mécanique des rencontres... Diable, il s’agit de la première visite d’un dirigeant US de haut rang depuis deux ans (mai 2013, dernier déplacement de Kerry en Russie), alors que durant ces deux ans nous nous sommes trouvés au bord de l’affrontement direct entre les USA et la Russie. Or, que s’est-il passé ? Nous-mêmes, nous n’en savions rien d’une façon précise, surpris comme tout le monde par cette visite, et finalement, comme on s’en aperçoit, surpris comme les protagonistes ...
De même, on écartera l’hypothèse de la volonté de provoquer un effet de surprise de communication, de la part des USA par exemple, dans la mesure où les résultats de la rencontre ne furent guère exploités ni même vraiment orientés, laissant les commentateurs et la presse-Système dans l’incertitude pour la façon dont il fallait traiter cette affaire une fois le forfait accompli à Sotchi, – on a pu le mesurer dans trois ou quatre jours qui ont suivi. Encore aujourd’hui, on le voit, nul ne sait exactement comme il faut interpréter cette affaire, et même l’administration Obama n’a pas de narrative précise à cet égard ... Washington en panne de narrative ! Un comble.
Ainsi suffit-il de lire la dépêche de Sputnik-français du lundi 11 mai 2015 à 15H17, moins de 24 heures avant la (les) rencontre(s) de Sotchi (la chronologie est similaires aux USA, au département d’État). A aucun moment n’existe la plus petite suggestion et allusion à l’existence, même théorique, d’un tel projet de rencontre, même secret, avant les évènements qui nous sont présentés, – alors que si la chose avait existé, elle nous aurait été évidemment précisée, ne serait-ce que pour renforcer le sérieux et l’importance de cette rencontre diplomatique. Voici le premier paragraphe (annonce des rencontres) et le dernier paragraphe (détail de la décision commune d’effectuer ces rencontre) :
«Le secrétaire d'Etat américain John Kerry rencontrera mardi le président russe Vladimir Poutine et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a annoncé lundi le ministère russe des Affaires étrangères. “Le secrétaire d'Etat américain John Kerry arrivera le 12 mai en Russie pour une visite de travail. Il s'entretiendra avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Les discussions porteront sur les relations bilatérales et des dossiers internationaux d'actualité”, a indiqué le ministère... [...]
»MM. Kerry et Lavrov se sont mis d'accord de tenir prochainement une rencontre lors d'un entretien téléphonique tenu dimanche soir [10 mai]. Selon le ministère russe des Affaires étrangères, M. Kerry a félicité la Russie à l'occasion du 70e anniversaire de la Victoire dans la Grande guerre patriotique et a noté la contribution du peuple russe et des autres peuples de l'URSS dans la victoire sur le nazisme.»
Voilà finalement le grand mystère de Sotchi : l’extraordinaire rapidité de proposition et de décision de la rencontre, alors qu’aucun facteur externe pressant n’existait pour une telle précipitation et une telle rapidité de décision et d’exécution, – du moins, aucun facteur stratégique extérieur, aucun élément de la situation sur le terrain, de la situation stratégique des deux protagonistes, etc. Alors, pourquoi Sotchi aussi vite, dans ce moment-là, etc. ?
Nous en sommes réduits, comme l’on dit, aux conjectures et aux hypothèses... Voici donc celle que nous privilégions, qui est pleine d’inconnues et qui mettra peut-être, peu à peu, une lumière nouvelle sur Sotchi et le reste, non pas dans les évènements, dans les actes, mais dans la méthode, dans la forme des relations et des antagonismes. Le seul événement qui explique cette précipitation du 10 mai au soir, c’est évidemment le 9 mai 2015 à Moscou, avec la grande parade de la commémoration du 70ème anniversaire de la victoire de 1945, la présence importante de délégations étrangères montrant que la Russie n’est pas isolée (mais ce n’est pas un élément tout à fait nouveau même si la concrétisation de la chose implique une nouvelle réalité pressante), et enfin la marche fameuse désormais du “Bataillon Immortel”, avec son immense succès de foule, avec sa dimension symbolique formidable et bouleversante marquant la détermination de la population russe et de son soutien de la direction russe actuelle (voir notre Chronique du 19 courant... du 19 mai 2015). Voilà pour nous l’élément qui décida la direction US à demander cette rencontre de Sotchi de façon si abrupte, si pressante.
Pour nous, il s’agit d’un événement qui peut être rationnellement expliqué par les beaux esprits attachés aux détails de convenance, mais qui constitue une méthodologie, une conception même des rapports de force, une ontologie de l’affrontement et de la nécessité d’apaiser l’affrontement, qui sont complètement nouvelles. Il y a là un territoire complètement nouveau à explorer dans les relations internationales et la situation du monde, ce que nous ferons très prochainement. Pour nous, dans tous les cas, réside là la plus puissante originalité des rencontres de Sotchi, et d’ailleurs la cause de la réelle confusion qui s’ensuit, qui laisse pour l’instant la crise ukrainienne, et les divers parties et politiques qui y sont engagées, dans une sorte d’état de suspension, de lévitation, avant que les grandes lignes s’en dégagent de façon convaincante.
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