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1052Quelques nouvelles du monde, sur l’état des choses, des esprits et du reste… Et sur l’effrayante rapidité de la dégradation, voire de l’effondrement des différents paramètres d’une vie équilibrée et acceptable, du point de vue de l’environnement et du point de vue de ses effets sur la psychologie humaine.
• Une réunion des 8.000 délégués de la Convention on Biological Diversity de l’ONU se tient au Japon pour donner un bilan des constats actuels de la dégradation de la biodiversité. (Voir RedOrbit, du 18 octobre 2010.) Constat effrayant, tant de l’échec des efforts pour ralentir cette dégradation que des perspectives de cette dégradation. Selon Kyoko Hasegawa, de AFP, «the International Union for Conservation of Nature (IUCN) reports that approximately 25% of mammals, 33% of amphibians, 12% of birds, and 20% of plant species currently face the threat of extinction».
• Parallèlement, le 13 octobre 2010, AFP (relayée par RAW Story) avait donné les derniers constats généraux du World Wildlife Fund (WWF). La pollution par CO2 et l’exploitation des ressources naturelles font que, selon les tendances actuelles, il faudrait une “seconde planète terre pour rencontrer nos besoins d’ici 2030”. («Even with modest UN projections for population growth, consumption and climate change, by 2030 humanity will need the capacity of two Earths to absorb CO2 waste and keep up with natural resource consumption.») Si la tendance correspondait au rythme de consommation des ressources aux USA et aux EAU (les champions de la chose), il faudrait 4,5 “planètes terre” d’ici 2030 pour satisfaire nos besoins. Il y a au moins 71 pays qui consomment de l’eau à un rythme qui dépasse largement le rythme de renouvellement, les conduisant rapidement (d’ici 10 ou 15 ans) à une pénurie d’eau structurelle. Et ainsi de suite…
• Ajoutons, comme annexe sans nécessité de polémique, pour simplement situer le “climat” des choses, l’affirmation d’une équipe de chercheurs de Rosalie David de l’université de Manchester selon laquelle le cancer est essentiellement une maladie dont l’expansion jusqu’à en faire la première cause de morts par maladie est due aux effets de l’ère industrielle. (Voir MSNBC.News le 15 octobre 2010.)
• Enfin, cette nouvelle que nous plaçons volontairement en corrélation avec les précédentes, pour introduire notre commentaire. A peu près 50% des adolescents US (teenagers) rencontrent les critères de déséquilibres mentaux, et à peu près la moitié d’entre eux manifestent des symptômes pathologiques qui interfèrent gravement sur leur vie courante… (A noter que cette prolifération d’un déséquilibre pathologique collectif de la psychologie, plus à notre sens qu’une “prolifération individuelle des pathologies psychologiques”, se retrouve dans d’autres segments de la population, dont les vétérans des guerres diverses de l’ère postmoderniste.) De l’AFP (via RAW Story) le 14 octobre 2010.
«Fifty-one percent of boys and 49 percent of girls aged 13-19 have a mood, behavior, anxiety or substance use disorder, according to the study published in the Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry. In 22.2 percent of teens, the disorder was so severe it impaired their daily activities and caused great distress, says the study led by Kathleen Merikangas of the National Institutes of Mental Health (NIMH)…»
@PAYANT D’un côté, il y a les “vraies“ nouvelles du monde (environnement, biodiversité, etc.) qui sont absolument catastrophiques. La sensation est d’une accélération très grande d’une situation marquée par une impasse fondamentale de la subsistance de l’espèce, selon les normes actuellement suivies, sinon déchaînées, de notre développement. Le rapport entre la destruction et le renouvellement, tel que l’expose le WWF, est évidemment insoutenable, d’autant qu’il ne cesse de s’accroître aux dépens du renouvellement. Dans ce cas également, la vitesse du processus est un point fondamental ; elle rapproche du point de rupture à partir duquel la catastrophe constante va prendre le pas sur la vie courante, à un tel rythme et à une telle puissance qu’il apparaît de plus en plus dérisoire, par les disparités et les volumes impliqués, d’espérer que l’intervention humaine dans le cadre du système existant (le système du technologisme devenu soudain vertueux) puisse changer l’évolution, en renversant la tendance et en sauvant par conséquent le système. Toute poursuite de l’argumentation sur cette base, – l’intervention humaine avec le technologisme rendant soudain vertueux et salvateur un système jusqu’ici totalement subversif et destructeur de l’ordre de l’univers, – ressemble et ressemblera de plus en plus à une narrative virtualiste à l’échelle de ce même univers.
Mais nous voulons aller plus loin à partir de ces remarques, en citant les observations faites sur l’équilibre, c’est-à-dire le déséquilibre psychologique de parties massives et proliférantes des populations. Les statistiques mentionnées confirment massivement le déséquilibre psychologique, qu’effectivement nous nommerions “effondrement psychologique” des populations, particulièrement dans les pays avancés, particulièrement aux USA. (Et, bien entendu, le cas des adolescents ou des vétérans se retrouvent dans un déséquilibre psychologique général de toutes les populations, marqué aussi bien par la prolifération des affections psychologiques, les dépressions chroniques, l’usage de médicaments et de drogues perçu comme un phénomène de société lié aux pressions de la situation générale, etc.) Cela établit un rapport intéressant entre l’effondrement psychologique, l’effondrement du système et la responsabilité du système et des hommes qui en sont les complices (tous ces caractères extrêmes sont réunis aux USA). Il est en effet du domaine de l’évidence que cet effondrement psychologique a un rapport direct, intime, avec l’action du système, aussi bien sur l’équilibre de l’univers que sur les conditions sociales, avec la déstructuration de tous les cadres de référence, l’effondrement de la culture fondamentale des esprits, la “barbarisation” et l’anarchie des comportements, etc.
La question que nous posons alors est le raffinement d’une hypothèse déjà avancée par nous. Il s’agit de savoir dans quelle mesure un effondrement psychologique quasiment collectif, accompagnant ou suscitant l’effondrement du système, ne précéderait pas le passage à la phase d’une situation catastrophique devenant la norme de notre situation environnementale, et nous emprisonnant dans une attitude de résistance de survie qui exercerait sur nous une telle pression vitale qu’elle nous ôterait toute capacité, voire toute volonté conceptuelle de tenter d’influer sur notre propre organisation, sur nos choix de systèmes, de civilisation, etc. C’est l’hypothèse que nous faisons effectivement dans notre édition du 10 octobre 2010 de dde.crisis, et que nous rapportions dans notre Note d’analyse du 13 octobre 2010.
«Nos psychologies vont être forcées, si elles ne le sont déjà, d’affronter la centralité métaphysique de la crise… […] Et notre appréciation est que cette réalisation se fera avant que la crise eschatologique submerge nos psychologies dans l’amoncellement de ses catastrophes, empêchant notre repli dans une posture de survivance qui, avec l’action du système de communication, continuerait à nous servir une dialectique d’irresponsabilité de la raison humaine et du système dont cette raison a radicalement favorisé la mise en place et le développement.»
Nous dirions que la situation est telle qu’il existe une “course de vitesse” entre la destruction du monde par notre système, et l’effondrement de notre psychologie entraînant des effets puissants et incontrôlables dont la radicalisation possible (c’est notre hypothèse optimiste) serait une polarisation du jugement sur l’évidente responsabilité universelle du système dans cette entreprise de destruction du monde et de nous-mêmes. Dans ce cas, l’“effondrement de notre psychologie” serait d’abord l’effondrement d’une psychologie totalement pervertie et subvertie à la fois par le système, qui n'est pas un outil constructif, apte à notre sauvegarde, mais, au contraire, l'outil même qui a permis la prolifération du système de destruction de l'univers. L'effondrement d'une telle psychologie n'est pas une catastrophe en soi, objectivement considérée... Nous dirions paradoxalement, – cyniquement diraient certains, mais l’on comprend que c’est une remarque spécieuse, – que la nouvelle sur l’état psychologique de la population US (le cas produit étendu à toute la population, démarche permise par l’évidence) est une “bonne” nouvelle. Il faut absolument que nous soyons frappés au cœur de notre attitude, de notre perception, de notre psychologie, de notre pensée, pour déterminer des jugements péremptoires sur le caractère profondément maléfique du système qui nous entraîne dans le déchaînement de la matière.
Mis en ligne le 19 octobre 2010 à 07H33