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990La désignation de Benjamin Netanyahou comme Premier ministre israélien, dans la perspective d'un gouvernement très outrageusement à droite, avec l’Iran en ligne de mire, tout cela n’augure rien de formidable pour les relations entre Israël ert les USA. On a déjà eu quelques échos à propos d'une soudaine tension souterraine, dans ce cas à l’occasion de la crise de Gaza, entre Israël et les USA. On trouverait aujourd’hui une confirmation indirecte de la chose, Netanyahou étant vu comme un continuateur, en plus aggravé et plus brutal, de la politique de force du gouvernement Olmert. Cette fois, le contexte stratégique est beaucoup plus large que la seule crise de Gaza. C’est Jim Lobe qui, ce matin, nous entretient de la mauvaise humeur washingtonienne.
Lobe expose l’intention de l’administration Obama, d’une part d’exercer la plus grande pression possible, éventuellement avec le plan arabe de 2002 régénéré, pour obtenir un accord de paix au Moyen-Orient. L’équipe israélienne, l’équipe Netanyahou dans ce cas, devra suivre ou bien il risque d’y avoir des frictions.
«If all goes well on that front, the Arab League, fortified by a developing rapprochement between Syria and Saudi Arabia, could announce the latest version of its 2002 peace plan at next month's summit in Doha, according to Marc Lynch, a George Washington University specialist on Arab politics. Such a move “could galvanize the situation and put the onus on whatever Israeli government emerges to respond positively”, he wrote on his widely read blog on the Foreign Policy website this week.
»“If you have a unified Palestinian government and a unified Arab move for peace,” added Daniel Levy, a former Israeli peace negotiator, “then it's much more likely that Obama will step up his own efforts – ideally, working with an Israeli government that's ready to go along with a serious peace process, but, if not, being willing to make his disagreement [with that government] known.” The result could be a serious test between the next Israeli government and its influential US advocates. The Obama administration clearly believes that real progress toward resolving the 60-year-old conflict is critical both to restoring Washington's credibility among the Arab states and curbing the further radicalization of the region's population – particularly in the wake of Israel's recent military offensive in Gaza.»
…D’autre part, il y a l’Iran. Netanyahou a été élu sur son hostilité avérée et menaçante contre l’Iran; l’administration Obama ne cesse d’avancer ses pions pour établir un dialogue avec l’Iran. Observons, au cas où l'on ne l'aurait pas noté, qu'il s'agit là d'un sévère antagonisme de deux politiques habituées depuis huit ans à se côtoyer jusqu'à l'identité. L’ancien ambassadeur US à Tel Aviv, Samuel Lewis, a déclaré après les élections israélienne : «It's very important to realize that Iran is going to be the most likely issue on which Israel and the United States will have a serious difference of opinion, if not a confrontation, in the next year.».
Il y a la question nucléaire, certes, mais, de plus en plus, il y a la question de l’aide éventuelle que l’Iran pourrait apporter aux USA dans l’affaire afghane. Il semble que toute la stratégie US se concentre sur l’Afghanistan selon une approche telle que l'Iran a un rôle à jouer; dans ce cas, l’Iran devient plus important qu’Israël.
«Even more important, however, is the new administration's conviction that Afghanistan and Pakistan – which, like Iraq, also border Iran – constitute the true “central front in the war on terror”. This assessment was backed up by Obama's announcement this week that he will deploy 17,000 more US troops to Afghanistan over the next few months, bringing the total US and North Atlantic Treaty Organization (NATO) troop strength there to some 80,000. Top US civilian and military officials dealing with "AfPak", as the new administration has dubbed the two countries, have made clear that they hope to enlist Iran, with which Washington cooperated in ousting the Taliban in 2001, in helping to stabilize Afghanistan.
»“It is absolutely clear that Iran plays an important role in Afghanistan,” Obama's Special Envoy to Afghanistan and Pakistan, Richard Holbrooke, said in Kabul earlier this week in an interview during which he pointedly declined to repeat Bush administration charges that Tehran was aiding the Taliban. «[Iran has] a legitimate role to play in this region, as do all of Afghanistan's neighbors,” he insisted.
»Most regional specialists, including Bruce Riedel, who co-chairs the White House's “AfPak” policy review, and John Brennan, Obama's top counter-terrorism adviser, have long argued that Iran's cooperation would make Washington's effort to stabilize the region and ultimately defeat al-Qaeda markedly easier while, conversely, its active opposition, as in Iraq, is likely to make the task considerably more difficult.
»That assessment has, if anything, gained strength in just the past few weeks as Washington has scrambled to secure new supply lines into land-locked Afghanistan after a key bridge in Pakistan's Khyber Pass was destroyed by Taliban militants there and Kyrgyzstan threatened to end Washington's access to its Manas air base.
»While US efforts to compensate have focused so far on the overland route through Russia and the Central Asian "Stans", a growing number of voices have noted that a much less costly and more efficient alternative route would run from Iran's southern ports into western Afghanistan.
»Although Tehran would no doubt be very reluctant to permit the US military to use its territory at this point, NATO's supreme commander, US General John Craddock, said earlier this month that he had no objection if other NATO members could negotiate an access agreement with Iran.»
Ce shéma général s’inscrit évidemment dans le constat écrasant qui caractérise la situation actuelle des USA et la politique fondamentale d’Obama, – la crise, certes. Ces diverses hypothèses, qui peuvent être vues du point de vue du développement de la politique expansionniste bushiste (dans la mesure où il y a un renforcement de la guerre en Afghanistan), peuvent également être appréciées, avec tout autant si pas plus de logique, du point de vue contraire. L’interprétation devient alors qu’il faut tout faire du point de vue diplomatique pour stabiliser le plus vite possible la situation au Moyen-Orient et lancer un effort stratégique majeur pour tenter de parvenir à la stabilisation de la situation en Afghanistan. Dans ce cadre de réflexion, certes, l’Iran acquiert une importance fondamentale, une place centrale, et l’importance d’Israël est réduite à mesure. Si Netanyahou applique effectivement sa politique maximaliste, il facilite en un sens la tâche d’Obama en justifiant un net distanciation des USA d’Israël, et en facilitant par conséquent la coopération des pays arabes (y compris les anciens pestiférés, Syrie en tête).
La question centrale est donc de déterminer l’importance qu’on accorde à la pression de la grande crise systémique qui secoue les USA. On sait que nous lui accordons une place centrale, fondamentale, capable de générer des effets absolument impensables il y a six mois, notamment du point de vue de la politique extérieure. Ainsi considérée, la chronique de Jim Lobe prend tout son sens, d’autant qu’elle est adossée à des faits autant qu’à des spéculations, – notamment les déclarations d’Holbrooke, homme habitué à peser ses mots et qui n’a certainement pas parlé sans un accord précis et circonstancié de toute la direction de sécurité nationale d’Obama, et d'Obama lui-même certes.
Encore une fois, point de vains calculs ni d’angélisme, ni de montages complexes et machiavéliques, de tromperie délibérée, encore moins de considérations sur un éventuel grand changement politique des USA, calculé et préparé de main de maître. Seule une nécessité vitale peut faire bouger l’énorme machinerie de la politique US et faire envisager une révolution comme une mise en cause de l’alignement USA-Israël. Cette nécessité vitale existe: la crise-qui-bouleverse-tout.
Mis en ligne le 21 février 2009 à 111H27