Oups ! Pas de menace chimique immédiate, dit Davutoglu

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Oups ! Pas de menace chimique immédiate, dit Davutoglu

Il s’agit de suivre, sans trop laisser place à la spéculation et à l’interrogation, mais en actant l’élégant et chamarré parcours de l’information officielle autour de la crise syrienne (comme ailleurs, certes, mais la Syrie archétype du moment). Il y a des années-lumière de cela, c’était fin novembre 2012, la menace chimique hideuse et syrienne étendait son ombre menaçante et fort puante, et absolument imminente, sur les innocents voisins de la Syrie. La Turquie était la plus innocente et la plus menacée de tous. Pour cela, d’ailleurs, elle appela à l’aide et dans l’urgence sa grande, digne et vertueuse protectrice, l’OTAN, et elle obtint les Patriot qui vont bien. Le sage Jean-Dominique Merchet nous précisa, faisant allusion aux sources US et donc indiscutables à ce propos, et annonçant l’usage “imminent” du chimique par Assad, qu’on pouvait éventuellement et effectivement affirmer l’imminence terrifiante de la puante menace chimique : «Ce n’est pas parce que les Américains ont menti sur l’Irak qu’ils mentent sur la Syrie…» (à moins qu’on ne l’affirme pas vraiment, ajoutant, cet homme sage, dans le genre “rien ne sert de courir, il faut partir à point…” : «… – mais rien ne prouve le contraire non plus!»).

Aujourd’hui, Davutoglu en rigole encore, – c’est-à-dire qu’il se marre lorsqu’un journaliste l’interroge sur l’imminente menace chimique et syrienne. Qu’est-ce donc que ce goût du sensationnel ! Ainsi le journal Todays Zamman, que l’on sait de notoriété semi-publique être fort proche des cercles gouvernementaux turcs, rapporte-t-il, ce 20 décembre 2012

«Turkey does not expect Syria to use chemical weapons in the near future but wants to be prepared given that there is such a risk, Foreign Minister Ahmet Davutoglu has said. “We do not see an imminent chemical weapon danger but the risk always exists. There is always risk if you have chemical weapons and the necessary missile capability,” Davutoglu said at a press conference with his Finnish counterpart, Erkki Tuomioja, in Helsinki late on Wednesday.

»US officials say they have intelligence that Syria is moving the components of chemical weapons and warned that the use of such weapons is a “red line” that could trigger military action. Syria has denounced claims that it could use chemical weapons and warned about the opposition forces fighting to topple President Bashar al-Assad using them instead.

»Asked if Turkish intelligence has information regarding Syrian chemical weapons, Davutoglu said there has been no use of chemical weapons but added that there was a ballistic missile threat, referring to Scud missile attacks by Syrian forces on opposition targets in the country's north about 10 days ago. Turkey has asked NATO to send Patriot anti-missile systems to boost its air defenses, a request NATO has accepted readily. The US, Germany and the Netherlands have all agreed to send two Patriot systems each to Turkey. They are expected to be operational by the end of next month or early February…»

On ajoutera une autre précision que nous donne Davutoglu, là aussi de source sûre, et pour remettre les boussoles au Nord et faire bon marché de toutes les stupides rumeurs qui contrecarrent la lumière de la vérité en la matière : l’effondrement du régime Assad n’est plus qu’“une question de temps”. (Vous savez, le fameux “ce n’est pas une question de ‘si’ mais une question de ‘quand’” ; dans tous les cas, cette révélation autorisant dans les rangs journalistiques le soupir de soulagement humanitaire et réglementaire.) : «Davutoglu also said the collapse of the Assad regime is now a “matter of time” and added that it was up to the international community to determine how fast the transition will be completed and prevent further disasters.»

Nous précisons, nous, de source vraiment très sûre, qu’on ignore où et quand se place, dans cet intervalle avant l’effondrement d’Assad qui est une “question de temps”, cette menace chimique un peu fantasque, laquelle devait effectivement se concrétiser ignominieusement avant-hier et se confirme par conséquent comme n’étant “pas imminente” du tout. La question est donc de savoir si l’effondrement d’Assad qui est “une question de temps” prendra de vitesse cette menace chimique “non imminente” ou aura l’élégance de se produire après que la menace chimique se soit concrétisée de façon “non imminente”, de façon (ouf) à ce que les Patriot envoyés d’urgence par l’OTAN pour barrer la route à cette menace “non imminente” aient le temps de ne pas servir à rien du tout pour bien dissimuler (“Secret-Défense”) leur efficacité tant vantée par Raytheon, permettant ainsi à l’armée turque d’acquérir le lumineux instrument.

Mais qui est donc à l’appareil ? Un Maya-Hari ? “Raccrochez, il n’y a pas d’abonné au numéro…” Ôtant l’entonnoir qui servait de couvre-chef, – peut-être à nous-mêmes, peut-être au ministre, – nous nous exécutâmes avec la meilleure grâce du monde.


Mis en ligne le 21 décembre 2012 à 17H40