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587La visite du Premier Ministre britannique à Washington a permis d’avoir une meilleure idée de ce qu’il faut attendre du G20 et de l’humeur des uns et des autres. Elle a permis de resserrer le débat en cours autour du cas à la fois concrètement important et symboliquement emblématique du protectionnisme pour caractériser les positions des uns et des autres. La chronique du 8 mars, dans le Sunday Times, de Irwin Stelzer (dont a déjà dit la position d'influence), renforce la perception qu'on a de la position d’Obama (soutenu dans ce cas par une fraction grandissante de l’establishment US), – notamment avec cette phrase mise en exergue: «Washington has more in common with French president Nicolas Sarkozy than with Brown when it comes to trade.»
Stelzer démarre sa réflexion en reprenant l’analogie que Brown lui-même offrit à Washington, devant le Congrès, lorsqu’il évoqua la conférence internationale convoquée par le PM britannique MacDonald, le 6 juillet 1933, pour obtenir un accord international contre le protectionnisme. Roosevelt torpilla la conférence en n’y venant pas. Tout se passe comme si le G20 était une reprise de cette conférence du 6 juillet 1933, également avec la question du protectionnisme en son cœur. Pour Stelzer, si BHO y est présent contrairement à FDR en 1933, l’issue n’en sera guère différente.
«Gordon Brown is less concerned about maintaining the value of his currency than that old dissimulator FDR professed to be. He needs a successful, or at least big and glitzy international conference for other reasons, not least for the political uplift that a sprinkle of Obama stardust might provide. But enough cynicism. Equally important is the prime minister’s belief in the need for international co-ordination and a strong stand against protectionism.
»So he is relieved to have avoided MacDonald’s fate: the American president will attend the April 2 London conference of the G20 nations. The important question is whether the conference can achieve its goal of a co-ordinated response to the world recession. There are reasons to doubt it.
«The first is that Brown’s plea to a joint session of Congress to avoid “a protectionism that . . . in the end protects no one” fell on deaf ears. The White House and the Congress have assured their trade-union funders that Doha is dead, and there will be no more trade-opening measures. Indeed, existing agreements are to be tightened. Washington has more in common with French president Nicolas Sarkozy than with Brown when it comes to trade.
»The second obstacle to close co-operation was made clear by the president in a press conference with the prime minister. Brown talked of grand bargains, a global new deal. Obama spoke vaguely of better co-ordination of financial regulation, and expressed no enthusiasm for co-ordinating American recovery efforts with those of the EU, except to call on Britain and Europe to do more. The president faces a bailout-weary Congress, and one that wants any additional borrow-and-spend directed at the plight of America’s homeowners. Indeed, even when it comes to regulation, the White House and key congressional figures let it be known that America has no intention of ceding any of its powers to an international body. […]
»The third obstacle in the path of a Brown triumph at the conference is money. The prime minister wants a larger role to be assigned to international institutions such as the International Monetary Fund (IMF) and the World Bank. But that would mean a larger contribution from cash-strapped Obama, which is not on the cards, especially since America is already under-represented at the IMF and the administration is taken with the scathing criticism of the IMF from economists it respects, such as Nobel laureate Joseph Stiglitz.»
Effectivement, le G20 ressemble, par certains de ses aspects, à une tentative britannique, faite au nom du système, de réaffirmer les termes fondamentaux du système libéral et de l’idéologie libre-échangiste; c’est-à-dire, réaffirmer, pour nous sortir de la catastrophe, les termes fondamentaux du système qui nous a conduit à la catastrophe; c’est-à-dire sauver le système plutôt que sauver le monde. Au moins, c’est un bel entêtement de croyant.
L’appréciation de Stelzer confirme les impressions de plus en plus fermes que l’on peut avoir concernant la position d’Obama sur le libre-échange et sur le protectionnisme. Effectivement, sur cette question, comme sur d’autres du domaine, et selon le jugement fameux, «Barack Obama sounds more like the president of France every day.».
Il devient de plus en plus probable que, dans de telles conditions de division, il y a une forte possibilité que le le G20 devenienne ce que Martin Wolf craint qu’il devienne: un coup pour rien, alors que la crise continue de se développer. Wolf a voulu donner un avertissement plein de fermeté et un jugement prémonitoire sur les responsabilité des uns et des autres dans ce qui serait selon lui un échec du G20. Selon cette même démarche, on devrait aussi se demander qui prépare les conditions d’une telle éventuelle débâcle, alors que les croyants du libre-échangisme voudraient faire du G20 non une assemblée où l’on débat pour tenter de chercher un remède à la catastrophe du monde mais une assemblée où l’on n’en débat pas pour simplement confirmer hautement qu’il faut administrer au patient une dose supplémentaire du venin qui a précipité la catastrophe.
Mis en ligne le 9 mars 2009 à 05H20
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