Poutine confirme Panarine (et vice-versa)

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Poutine confirme Panarine (et vice-versa)

Je signale le dernier article écrit par l’ex-candidat Poutine, paru dans Moskovskie Novosti (voir Courrier International) et publiée par Ria Novosti en date du 27/02/2012. L’article complet est publié par l’agence Ria Novosti le 27 février 2012.

L’article expose les grandes lignes stratégiques de la politique poursuivie par la Russie depuis au moins le discours de Munich en 2005 et qui ne cesse de s’affiner, de prendre de la rigueurs, de la substance et de la justesse. Il reprend notamment bien des points présenté tout récemment par Panarine et analysés par dedefensa.org (3 mars 2012)

En vrac :

On y trouve la confirmation que la leçon est tirée entre l’affaire libyenne (attitude “confiante” envers le “bloc BAO” en Lybie, lequel s’empressa aussitôt de trahir les mesures votées à l’ONU) et la posture ferme au sujet de la Syrie (« La Russie n’est respectée et prise au sérieux que lorsqu’elle est forte et qu’elle se tient fermement campée sur ses positions », « amère leçon », « il faut empêcher de réitérer le scénario lybien en Syrie ») ;

On y trouve la reconnaissance de l’emploi des médias et de certaines ONG par le « bloc BAO » comme outils d’interférence majeur et porteurs de désordre et de chaos (là où Panarine emploie le mot « d’arme de destruction massive », Poutine emploie un plus diplomatique mais tout aussi exact « utilisation particulièrement active » des « outils illégitimes de puissance douce »). A noter au passage la prise en compte opérationnelle de ce facteur, avec comme exemple l’emploi d’infographie résumant le très long article de Poutine (accessible sur Novosti) dans ce qui pourrait ressembler à sa version “Pour les nuls” (laquelle collection est par ailleurs de très bonne qualité, comme il en est de l’infographie de Ria Novosti).

On y trouve le constat définitif du manque de cohérence politique du “bloc BAO” et de son manque totale de caractère structurant et constructif (par opposition au caractère “non conjoncturel” de l’analyse proposée par Poutine).

On y trouve la conscience que l’on est passé définitivement dans une autre séquence historique, “structurellement” parlant.

On y retrouve les inquiétudes au sujet de l’Afghanistan où rien n’est résolu (et moins que jamais…), le nucléaire et l’ABM européen où rien n’est résolu (moins que jamais…), ses contacts officieux avec Washington via Kissinger, les questions de l’eau douce et de l’énergie.

On y trouve l’importance de la culture (Panarine, à nouveau).

On y trouve un n-ième appel du pied aux Européens (quelle patience et quel courage !)

Etc. etc. etc. (entêtes des chapitres : « La confiance érodée », « Le printemps arabe : les leçons et les conclusions », « Les nouveaux défis et menaces » (Iran, Corée du Nord), « L’Asie-Pacifique », « le facteur européen », « les relations russo-américaine », « la diplomatie économique », le soutien aux Russes de l’étranger et la culture russe dans le contexte international »)

Le plus intéressant est la constance et la cohérence de la défense des principes de souveraineté, de légitimité et de relations internationales claires et correctes et, si possible, avec un minimum de coopération respectueuses et constructives face aux problèmes multiples qui concerne un ensemble assez conséquence de région et de personnes. Il est frappant de voir à quel point la Russie de Poutine, et BRICS (que Poutine inclut dans son analyse, comme s’il s’agissait d’une analyse commune entre eux – ce qu’elle est probablement, les mêmes leçons étant tirée par ces pays) reprend le flambeau des principes gaulliens. On peut assurément parler d’une cohérence et d’une affirmation croissante dans l’analyse et la politique de la Russie, et d’une continuité assurée par les exécutifs russes en place depuis quelques années. (ainsi que d’une conscience aigue bien sûre de la place particulière de la Russie, immense territoire dépeuplé et souffrant, sis entre l’Europe et la Chine, et des défis que cela implique, et qui ne peuvent en aucun cas être résolu autrement que par une politique basées sur une position « sérieuse », « respectée » et « ouverte »)

Lien (bis) , du 27 février 2012

Incipit de l’article (Intitul : « La Russie et l’évolution du monde ») :

«Dans mes articles, j'ai déjà abordé les principaux défis extérieurs auxquels la Russie est confrontée à l'heure actuelle. Cependant, ce thème mérite d'être discuté plus en détails, et pas seulement parce que la politique extérieure fait partie intégrante de toute stratégie nationale. Les défis extérieurs et l'évolution du monde qui nous entoure nous poussent à prendre des décisions d’ordre économique, culturel, budgétaire et dans le domaine des investissements.

»La Russie fait partie d'un grand monde, aussi bien du point de vue de l'économie et de la diffusion de l'information que de la culture. Nous ne pouvons pas et ne voulons pas nous isoler. Nous espérons que notre ouverture permettra d'améliorer le bien-être et la culture des citoyens russes et de renforcer la confiance, qui devient une ressource rare.»

Christian Steiner