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1590D’une façon qui confirme le grand intérêt porté actuellement à FDR et à son action durant la Grande Dépression, le site WSWS.org répond (le 19 septembre) sur un ton extrêmement offensif à une chronique du journaliste libéral (progressiste selon le sens US) Bob Herbert dans le New York Times du 9 septembre. Herbert se lamentait à propos de cette situation où les libéraux (progressistes) US ne parviennent pas à développer leurs arguments politiques et à faire suivre la politique concernée contre l’esprit dominant de l’ultra-conservatisme aux USA. Des éléments de l’histoire économique US, particulièrement la grande Dépression et l’action de Franklin Delano Roosevelt (FDR), sont développés et analysés à cette occasion par WSWS.org. Cela nous permet de revenir à notre F&C du 18 septembre, en donnant de nouvelles précisions, et en précisant encore plus nos conceptions méthodologiques.
Derrière son attaque contrer Herbert, WSWS.org attaque le libéralisme (le progressisme) US, qu’il considère évidemment comme un camouflage réformiste du capitalisme américaniste. Dans cette logique, sa description de l’action de Roosevelt durant la Grande Dépression est très sévère. C’est-à-dire qu’elle donne des précisions qui permettent de mieux apprécier certains événements et certaines idées.
«During the Great Depression, the New Deal reforms enacted by Franklin Delano Roosevelt began in earnest only after 1934—the so-called “Second New Deal.” They arose in response to a mortal crisis of US capitalism.
»In 1934, five years after the 1929 stock market crash, struggles of the working class erupted across the US, including general strikes in Minneapolis, San Francisco and Toledo, and a massive strike of textile workers up and down the East Coast. An eruption of struggles by industrial workers led to the formation of the Congress of Industrial Organizations (CIO). The animating spirit behind most of these class battles was hatred of capitalism and growing support for socialism. The victorious Minneapolis general strike, which paved the way for the organization of over-the-road workers, was led by Trotskyists in the Teamsters Union.
»Roosevelt’s reforms, such as Social Security, were enacted to stave off revolutionary change. In this he was abetted by the trade union bureaucracies and the Stalinist leadership of the Communist Party, who opposed the struggle for the political independence of the working class advanced by Leon Trotsky.
»Prior to 1934, Roosevelt largely continued the basic policy of his Republican predecessor, Herbert Hoover. As with Hoover, the first years of Roosevelt’s administration were dominated by efforts to cajole business leaders into voluntarily taking steps to reverse the downward spiral of the Great Depression, which by 1932 had wrought a social calamity of unprecedented dimensions. The banking system had ground to a virtual halt. Bartering had replaced money transactions in much of the everyday economy. A third of the workforce—then counted as working-age men—was unemployed.
»In the context of the deepening of this economic breakdown and a rising threat from the working class, Roosevelt acted quite consciously to save US capitalism from itself, facing, in the process, bitter opposition from less far-sighted elements of his own social class. In the aftermath of the class battles of 1934, major sections of the American capitalist class were won over to what was, after all, a limited reform agenda. Social Security, for example, which provided a system of care for retired workers that had never before existed, nevertheless involved a regressive payroll tax on the working class.
»There is one more critical element. In spite of the calamity of the Great Depression, US capitalism had far more resources at its disposal, and far less indebtedness, than its modern-day descendant. US productive capacity, even if mostly idled, was then the envy of the world.»
Ces précisions nous permettent de constater combien l’action de FDR fut encore plus contrastée qu’on a l’habitude de l’apprécier. Que FDR ait été le “sauveur du capitalisme malgré lui” (malgré le capitalisme) nous paraît une évidence à la fois économique et idéologique. FDR ne s’est jamais prononcé explicitement contre le capitalisme, tout comme il est toujours resté un strict soutien et un ardent partisan de l’américanisme, allant même jusqu’à lui donner une vigueur nouvelle. (Les accusations de “socialisme”, voire de pro-communisme, lancées souvent contre lui n’ont aucun sens. FDR a forgé un magnifique outil de conquête pour les USA, qui fonctionna parfaitement à partir de 1945. Son attitude vis-à-vis de Staline faisait la part des choses et rendait compte d’une appréciation réaliste de la situation: FDR céda à l’URSS sur la question de l’Europe de l’Est parce que l’Armée Rouge était en place et que les Anglo-Saxons n’avaient ni la volonté, ni la puissance de l’en déloger.)
A la lumière de ces précisions, on peut encore mieux apprécier la différence que nous faisons entre ce que nous désignons comme la «tragédie historique qui dura de l’été 1931 au printemps 1933» et «l’accident économique qui [commença en octobre 1929 et] se termina en 1939-40 ou plus tard encore». Ce qui nous importe essentiellement est l’activité de l’homme (FDR) qui, en quelques mois à partir de mars 1933, mit effectivement un terme à la “tragédie historique” qui avait conduit les USA au bord de la désintégration.
C’est cette “tragédie historique” qui nous en dit le plus sur la réalité substantielle des USA, sur ses forces et, surtout, sur ses faiblesses cachées; elle a une résonance massive tout au long de l'histoire des USA depuis qu'elle a eu lieu et jusqu'à aujourd'hui, et, dans ses prémisses, on retrouve les racines des fondements des USA. De ce point de vue, la Grande Dépression est bien plus intéressante pour l’appréciation historique du phénomène de l’Amérique que pour l’appréciation économique du phénomène capitaliste.
Mis en ligne le 20 septembre 2008 à 17H48