Première rencontre extérieure de BHO: le voisin du Sud

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C’est une tradition nous assure Barack Obama, dit BHO. Quoi qu’il en soit, le premier dirigeant étranger que le President-elect rencontre de façon tout à fait officielle, aujourd’hui même, une semaine avant son inauguration, est bien le président mexicain Felipe Calderon. Reuters nous présente, ce jour, la rencontre qui aura lieu dans quelques heures. Il n’est nullement dissimulé, bien entendu, que sera prioritairement abordée la question de la guerre de la drogue, ou de la “guerre intérieure” mexicaine qui déborde évidemment sur les USA, telle que nous l’avons évoquée le 10 janvier 2009.

«U.S. President-elect Barack Obama will discuss the drug war and trade issues with Mexican President Felipe Calderon on Monday, in Obama's first meeting with a foreign leader since his November election.[…] Obama aides said the Calderon meeting was part of a long tradition of U.S. presidents meeting with the Mexican leader before their inauguration. […]

»One of Calderon's priorities is to press Obama to follow through on a U.S. aid program launched by Bush in 2007 to help Mexico combat the drug trade. The Mexican president is battling drug traffickers blamed for killing 5,650 people last year. Mexican Foreign Minister Patricia Espinosa told a news conference on Friday that it was vital to push ahead with the $1.4 billion drug aid package known as the Merida Initiative. So far nearly $300 million of aid has been freed up, but the first equipment is unlikely to arrive until late this year.

»The Obama adviser, who spoke on condition of anonymity, said Obama viewed the effort to combat drug trafficking as “a shared challenge for both our countries.” “As worried as we are about the northbound drug trade, we're also worried about the southbound weapons and cash flows that impact the drug war,” the adviser said.

»In the May speech in Miami, Obama praised Calderon's tough stance against drug trafficking and vowed to support his efforts. “We need tougher border security, and a renewed focus on busting up gangs and traffickers crossing our border. But we must address the material heading south as well,” Obama said.»

Les autres sujets des entretiens sont liés, eux aussi,à l’état général de tension qui se développe sur la frontière commune et en fonction des conditions économiques et sociales spécifiques, y compris bien sûr cette omniprésente “guerre de la drogue”. Les Mexicains sont inquiets des éventuelles pressions de l’administration Obama pour modifier l’accord ALENA, pour réduire l’accès au marché US; ils sont inquiets des retombées de la crise économique aux USA, qui touche particulièrement la communauté mexicaine-américaine, qui réduit l’apport d’argent de cette communauté vers le Mexique (par le biais des liens familiaux et autres), qui implique par conséquent un accroissement des difficultés au Mexique et une pression renouvelée pour l’immigration illégale vers les USA.

Tout en déplorant cette immigration illégale, dont ils chargent les USA d’une bonne part de responsabilité, les Mexicains veulent que les USA réduisent certaines barrières et contraintes légales pour l’intégration de ces immigrants illégaux; ils veulent que des facilités soient accordées au franchissement des biens et autres exportations, c’est-à-dire en élargissant certaines disposition d’ALENA au contraire de ce qu’Obama a promis à certains de ses électeurs, et qu’en même temps l’immigration soit mieux contrôlée, mais sans des restrictions humiliantes, – et ainsi de suite, puisque les relations entre les USA et le Mexique, quels que soient les hommes en place et les soupçons qu’on porte contre eux, sont d’abord un tissu complexe de contradictions quasiment inconciliables et insolubles.

Quoi qu’il en soit et quoi que dise la tradition, cette rencontre Obama-Calderon a une forte signification politique. Il n’est pas question, au menu, du terrorisme plus ou moins mythique, de l’époque 9/11-GW, mais bel et bien d’une guerre en cours, qui fait rage tous les jours, et menace de déstabiliser jusqu’à l’effondrement l’Etat mexicain. Il n’est pas question de mobilisation stratégique dans le style Cheney-neocon mais bien de relations tendues et délicates, dans le cadre de l’effondrement de la globalisation et de la crise systémique qui fait rage et dévaste l'économie aux USA. Les relations entre les USA et le Mexique abordent résolument la nouvelle époque, post-bushiste.


Mis en ligne le 12 janvier 2009 à 14H52