Propos de Système

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Propos de Système

4 juillet 2013 – Il est manifeste que nous traversons une période marquée par des événements simultanés d’une particulière importance et d’un écho considérable. Pour mieux préciser ce propos très général, nous préciserons qu’il s’agit d’une “période” d’une époque crisique, impliquant des crises à répétition qui ne s’éteignent pas et s’inscrivent, alternant périodes de latence et périodes éruptives, dans une infrastructure crisique caractérisant une situation tout à fait exceptionnelle, qui s’est installée définitivement depuis 2008, – début, pour nous de l’actuelle “époque crisique”. (Cette précision implique que cette “période marquée par des événements simultanés d’une particulière importance et d’un écho considérable” fut précédée d'autres du même type et qu'elle sera sans doute suivie de la même chose avec une intensité toujours grandissante, au point où l'on est conduit à conclure que c'est là, désormais, la véritable substance de notre situation politique générale, – argument de plus pour nous penser au coeur de la crise d'effondrement du Système.)

Ce qui caractérise les crises éruptives en cours, c’est le déploiement, dans des circonstances diverses et parfois contraires, de tous les caractères du Système sans plus aucune dissimulation. C’est-à-dire que nous voyons directement ce qu’est sa dynamique de surpuissance, sans aucun artifice pour la dissimuler, mais aussi les signes pour nous indubitables de sa dynamique d’autodestruction. Au contraire de ce que certains pourraient penser, de ce que certains expriment, la manifestation évidente de la surpuissance du Système n’est absolument pas la marque de son triomphe et de sa durabilité, mais au contraire la marque de sa fièvre, – comme nous disons dans notre sous-titre, “d’un désordre, d’une angoisse, voire d’une ‘panique’”. Certains identifient ces signes même s’ils ne tirent pas nécessairement la même conclusion, – par exemple Norman Solomon que nous citions de cette façon le 3 juillet 2013  :

«...Norman Solomon, parlant à ‘Russia Today’ le 2 juillet 2013 : “There is an element of panic in US policy towards Edward Snowden and this entire issue, and the effort is of the big global giant trying to crush any ongoing voice in this case from Edward Snowden who could authoritatively, with great information, continue to inform the world. [...] The US government wants to discourage whistleblowing from those in agencies like the NSA”.»

• Il est évident que le destin tragique actuel de l’Égypte, après la “destitution” de Morsi par l’armée, dans une situation qui ne fait que poursuivre une crise éruptive qui semble sans fin (voir le 3 juillet 2013) confirme continuellement l’incapacité de contrôler la situation d’un des pivots majeurs de la région. Il n’est pas difficile, au travers des diverses sinuosités régulièrement à contretemps et des interventions massives et extraordinairement maladroites des USA (du bloc BAO) dans cette crise, de conclure que la dynamique actuelle constitue une entrave d’une résilience extraordinaire pour la position du Système sur la région. L’interventionnisme US se fait à visage découvert et sans aucune dissimulation, confirmant à la fois la surpuissance du Système et son impuissance paradoxale.

• La crise-Snowden, qui est elle-même une crise majeure pour le Système (voir le 3 juillet 2013, avec l’acharnement US contre Snowden), engendre d’autres crises qui acquièrent aussitôt leur propre dynamique. Il y a là un enchaînement crisique qui est aussi un “déchaînement crisique” où le Système est obligé de s’impliquer à visage découvert, sans plus aucun des artifices qui permettent en général de sauvegarder une vertu d’apparence. Aussi bien en est-il du rôle et de la puissance de la NSA, avec diverses péripéties dont la dernière en date est la reconnaissance publique, devant une commission sénatoriale, des mensonges prononcés sous serment une dizaine de jours plus tôt par le DNI (Director of National Intelligence) James Clapper devant cette même commission (voir Glenn Greenwald, le 3 juillet 2013).

• La puissance de la NSA, symbole de cette surpuissance du Système s’il en est, constitue à notre sens bien plus un handicap qu’un atout majeur. Face aux Européens qui veulent certaines “réparations” de la NSA pour ce qui a été exposé par les révélations d’Edward Snowden, l’administration Obama, qui voudrait faire ces concession essentiellement formelles pour apaiser les tensions transatlantiques, ne dispose pas de l’autorité suffisante pour cela, vis-à-vis de ses services de renseignement, et notamment de la NSA. Quasiment personne, à Washington, n’est capable d’assurer, dans le sens de verrouiller comme une certitude, une réponse de la NSA à une sollicitation du pouvoir politique sur ses activités structurelles. Certains vont jusqu’à estimer avec bien des raisons, que le général Alexander lui-même, le chef de la NSA, n’a pas véritablement les moyens de freiner de façon significative certaines activité embarrassantes de la NSA, ni de les réorienter, encore moins de les faire cesser. Il s’agit de rien moins qu’un corps autonome, une entité anthropobureaucratique, qui suit ses propres directives ; de même que Winslow Wheeler juge que, pour réformer le Pentagone, il faudrait le fermer dans le sens de le déstructurer et de le détruire, pour reprendre ses activités d’une façon éparse, de même il faudrait simplement détruire la NSA en la parcellisant pour contrôler réellement ses activités. Il s’agit là d’une situation bureaucratique impérative, d’une évolution systémique propre aux USA : l’absence de toute autorité régalienne dans ce pays implique l’absence de légitimité du pouvoir politique sur le reste, ce qui permet la prolifération d’entités autonomes. Dans le cas d’entité bureaucratiques possédant une puissance propre (cas de la NSA bien plus que le Pentagone, puisque la NSA concentre ses propres moyens en elle-même, sans nécessité de projection de forces), la situation est irrémédiablement irréformable d’une façon normale et ne peut être modifiée que par des mesures arbitraires de rupture, une sorte de “coup d’État” bureaucratique, comme par exemple une baisse brutale et radicale du budget. La question que suscite l’affaire Snowden est de savoir si un ou plusieurs whistleblowers pourraient arriver à un résultat approchant par leur propre biais, ce qui pourrait éventuellement alimenter des idées stratégiques chez certains dirigeants politiques.

• Il y aussi une crise transatlantique spécifique qui est bien plus un signe d’autodestruction (au cœur du bloc BAO) qu’un signe de surpuissance. Que les Européens se soient conduits avec une telle veulerie et une telle stupidité dans l’affaire de l’équipée du vol Morales (voir le 3 juillet 2013) n’implique nullement leur alignement sur les USA mais, comme nous l’écrivions, “sur les consignes-Système” dans ce cas venues des USA, c’est-à-dire leur alignement sur le Système. Tous ces pays sont dans le bloc BAO (effectif depuis 2008) et aucun ne domine absolument les autres, comme ce fut le cas des USA sur l’Europe pendant plus d’un demi-siècle. Il faut s’ôter de l’esprit qu’il existe encore des particularités nationales marquantes, avec les principes qui vont avec ; tous les dirigeants-Système de tous les pays du bloc BAO forment une unité transnationale régie par le Système et leurs préoccupations nationales concernent les élections (le faux-nez démocratique avec la narrative qui va avec doit être maintenu en place à tout prix), le contrôle de la stabilité populaire, l’alignement des politiques nationales sur la politique-Système, etc. Nous préciserons que ces obligations pèsent aussi fortement sur les dirigeants washingtoniens, dont la population est aussi hostile à la globalisation (point essentiel du Système) que certaines populations européennes. Pour les Européens et pour certains États-membres, cela implique par conséquent une posture de vertu apparente qui est impérative. C’est dans ce cas que la querelle sur la crise des écoutes de la NSA pose un problème transatlantique très sérieux, où Washington est très loin d’être à l’aise, notamment en raison de la difficulté d’offrir des garanties satisfaisantes d’un changement au moins partiel de l’activité de la NSA (voir plus haut), voire même de la seule apparence “d’un changement au moins partiel”.

• Voilà pour le “plat crisique du jour”. Encore ne mentionnons-nous pas les autres crises, repoussées dans un état de semi-latence médiatique à cause des phases éruptives des autres, mais toujours pleines de vigueur. Quelles autres crises ? La liste est épuisante de longueur, puisqu’elle revient à décrire cette infrastructure crisique dont nous parlons... la Syrie, la Turquie, l’Iran, la Libye et l’Afrique sub-saharienne, les relations entre les USA et la Russie, les diverses crises économiques et financières, la situation intérieure USA avec les diverses crises sectorielles et, surtout, un phénomène très récent et très rapide de balkanisation de ce pays à cause de la monstrueuse emprise de la séquestration qui implique la complète paralysie du “centre” washingtonien (nous reviendrons prochainement sur ce thème), etc. Encore n’a-t-on pas parlé des véritables crises eschatologiques comme la crise environnementale et climatique. Bref, rien ne manque à l’appel, en attendant la (les) prochaine(s), – comme par exemple ce que nous promet Glenn Greenwald avec la future livraison du “fonds Snowden”.

• Un appendice à cela, après que nous ayons parlé essentiellement du Bloc BAO, est que l’on ne peut séparer les pays hors du bloc, notamment “émergents”, de cette emprise du Système. On a longuement exposé cet aspect dans notre F&C du 24 juin 2013...

«Nous refusons en effet absolument le traitement spécifique de ces situations, qui est l’aliment évident du réductionnisme par quoi l’on évite d’aller au cœur du seul problème qui compte dans notre temps. Plus encore, nous estimons que ce que nous avons déterminé comme la “sorte d’unité de situation générale” de ces trois pays qui font partie d’un groupe spécifique qu’on juge plus ou moins, selon les circonstances et malgré les accidents (Turquie), de tendance antiSystème, ne doit en aucun cas être séparé de la situation générale des pays du bloc BAO telle que nous l’observons depuis au moins 2008. [...] Nous devons ajouter bien entendu que ces pays, qu’on juge effectivement plutôt de tendance antiSystème, sont nécessairement soumis au Système, ou dans tous les cas intégrés dans le Système, dans le chef des aspects financier, économique et social (avec une certaine réserve mais tout de même nullement décisive pour la Russie, dont l’exécutif fort, la tradition étatiste affirmée, etc., limitent certains aspects de la pénétration-Système aux niveau financier, économique et social).»

Il nous semble qu’il y a suffisamment de choses dites, de situations constatées, d’évidences désignées, pour qu’il apparaisse, qu’il se confirme une fois de plus que le Système domine tout, régente tout, est partout présent, etc. C’est là le fondement opérationnel de la thèse qui nous sert à l’analyse des événements courants. L’occasion nous semble donc bonne pour donner quelques précisions importantes sur le Système... La cause de cette intervention est exposée rapidement dans une citation d’un des extraits d’un texte à venir, que nous citons effectivement ci-dessous : «En effet, nous constatons très souvent la très grande difficulté, dans les remarques amicalement critiques qui nous sont faites, et dans les arguments qui nous sont opposés, une absence complète de prise en compte de notre argument fondamental, sinon exclusif : la mort du Système est dans le Système et nulle part ailleurs...»

Les deux extraits ci-dessus vont permettre de mettre en évidence deux aspects importants, surtout méthodologiques, qui éclairent notre démarche générale d’analyse. Ils viennent d’un dossier général dont le thème est simplement “le Système”, et qui figurera prochainement dans le Glossaire.dde. Cette étude est très longue, parce qu’elle concerne un thème constant, central, fondamental de notre démarche. En sortir ces deux extraits permet de mieux éclairer notre méthodologie, pour une meilleure compréhension de nos lecteurs sur notre façon de procéder, et aussi pour exposer la pensée opérationnelle centrale qui soutien notre démarche. (Il est évident que certaines affirmations, ou évocations dans ces extraits, comme l’affirmation du binôme surpuissance-autodestruction, se retrouvent, pour le nécessaire de l’analyse, dans d’autres parties du texte Glossaire.dde cité.) Ces deux extraits ne se suivent pas, dans le texte original qui paraîtra bientôt, le premier est dans le premier tiers, le second conclut le tout. Nous les avons rapprochés pour la circonstance, en conservant les intertitres. (Il est également évident que, dans le texte original à paraître, certains changements pourraient être opérés, qui seraient le fait d’une relecture spécifique.)

Définition statique du Système

« La Système n’a pas de spécificité fondamentale, de “spécialisation” si l’on veut, puisqu’il est “notre Tout” de cette époque, qu’il est le Tout de la crise générale de la civilisation, ou “contre-civilisation” depuis le “déchaînement de la Matière”. Il n’est pas simplement technologique ou “de communication”, même si le système du technologisme et le système de la communication (voir Glossaire.dde du 14 décembre 2012) sont ses deux “sous-systèmes” fondamentaux, – ses “adjoints”, si l’on veut, ou ses deux “bras armés” (dont l’un, le système de la communication, est d’ailleurs suspect). Il est également politique, économique et financier, social et sociétal, culturel, etc. ; il est fondamentalement psychologique, bien plus que policier ou militariste comme il est également mais dans une moindre mesure. Il est, enfin, historique et à prétention métahistorique, et il représente nécessairement ce que nous désignons comme “le Mal” (voir le 14 février 2013). Il ne peut donc être considéré en aucune façon selon des données partielles, selon des données seulement scientifiques, etc. ; il est système anthropotechnique, anthropotechnologique, anthropoculturel, anthroposociétal, anthropométaphysique, etc... En un mot qui conclut cette rapide définition par notre introduction : il est “notre Tout”, et il fait système de toutes les parties du Tout, jusqu’à être Système du Tout.

» Un premier appendice à ces considérations est qu’il va de soi que le Système est nécessairement notre ennemi absolu. La bataille, l’affrontement contre lui n’est pas un choix, ni même une nécessité, bien qu’ils soient ceci et cela ; ils sont une façon d’être, et même la seule façon d’être aujourd’hui. (“Bataille” et “affrontement” sont la description opérationnelle d’une attitude fondamentale que nous définissons par le terme de Résistance, ou plus génériquement, par le mot composé d’“antiSystème”, qui comprend cette majuscule et qui est invariable par référence à l’unicité singulière du Système.) Qui refuse ou n’envisage pas la bataille et l’affrontement contre le Système (les modalités de cette bataille et de cet affrontement étant par contre infiniment variables selon l’appréciation tactique), celui-là accepte, littéralement, d’être un non-être, de se priver de son essence. Il n’est donc pas nécessaire pour entreprendre bataille et affrontement de s’interroger sur les chances de “victoire”, sur la possibilité ou non d’effondrement du Système, sur la possibilité d’une alternative et de quelle alternative, puisque bataille et affrontement avec le Système constituent la définition même de notre existence ; plus précisément, nous rejetons absolument le principe dit TINA (There Is No Alternative), qui est la principale ruse du Système pour désamorcer la résistance contre lui (l’affrontement, la bataille). Pour être le plus trivial et le moins intellectuel possible, pour descendre au plus bas, au soubassement de cette seule façon d’être dont nous parlons, nous dirions qu’on ne s’interroge pas, en fonction de l’efficacité de l’acte, de son issue, de la possibilité d’une autre façon de faire, sur la nécessité de respirer ; on respire, c’est tout.

» Un second appendice à ces considérations est qu’il va également de soi que celui qui se trouve du côté du Système ne doit pas nécessairement supporter la condamnation que nous faisons du Système. Lorsque nous écrivons “Qui refuse ou n’envisage pas la bataille et l’affrontement contre le Système (les modalités de cette bataille et de cet affrontement étant par contre infiniment variables selon l’appréciation tactique), celui-là accepte littéralement d’être un non-être, de se priver de son essence”, nous décrivons un état de fait et non une responsabilité. Si nous évoquions la question de la conscience et de la responsabilité, nous devrions ajouter pour être loyal et précis, “...accepte littéralement, passivement selon la conscience qu’il ne peut avoir par faiblesse psychologique de cette circonstance, d’être un non-être, de se priver de son essence”. Le mot “accepter” est donc lui-même de circonstance parce qu’il n’y a pas littéralement “acceptation”. Nous parlons de psychologies affaiblies, trop proches de la source du Mal, sous influence par conséquent du Mal. La personne n’est pas coupable d’appuyer une entreprise mauvaise, elle est psychologiquement trop faible pour distinguer ce qu’il y a d’irrémédiablement mauvais dans l’entreprise ; si ce n'était cette faiblesse, elle se réhabiliterait car elle distinguerait alors la vérité de l'entreprise mauvaise et n'aurait d’autre choix que de résister, de se constituer antiSystème. »

Comprendre le Système

« Nous terminons par un point, qui est une répétition de nombreuses affirmations déjà faites dans ce sens, dont nous sentons qu’il faut que nous le répétions avec constance, qui est le problème de la forme du destin du Système. Nos lecteurs, s’ils veulent nous lire, doivent accepter nos conceptions très précisément et comprendre les conclusions que nous en tirons pour nos analyses. (Ensuite, la chose lue, ils sont tout à fait libre de conclure pour leur compte : “cet homme est fou/malade/faussaire”, et ainsi de suite).

» En effet, nous constatons très souvent la très grande difficulté, dans les remarques amicalement critiques qui nous sont faites, et dans les arguments qui nous sont opposés, une absence complète de prise en compte de notre argument fondamental, sinon exclusif : la mort du Système est dans le Système et nulle part ailleurs ; et sa mort passe par sa puissance (c’est fameux binôme, ou la fameuse équation c’est selon, surpuissance-autodestruction). Il est inutile de nous opposer des défaites conjoncturelles de forces qualifiées (à tort ou à raison) antiSystème, ou bien encore l’atonie du public, l’absence de réaction, d’organisation de tel fait antiSystème, etc. Là n’est ni l’enjeu ni le sort de la bataille, qui ne s’expriment en aucun cas par des notions de “victoires” ou de “défaites” ; ces “victoires ou défaites” se feraient nécessairement, dans les cas envisagés, dans le cadre du Système puisque le Système est partout, et donc nécessairement contrôlées ou récupérées par le Système à son avantage.

» Il se trouve que, dans notre système de pensée, nous croyons, par intuition sans doute mais aussi par confirmation rationnelle pour notre compte, à l’existence de forces supérieures échappant à la maîtrise humaine. En fait, nous dirions qu’aujourd’hui, le sapiens, guidé en cela par son hybris producteur notamment de narrative faussaires sans nombre, n’a jamais, – nous disons bien jamais, – été aussi peu maître de son destin, et du destin de la part du monde qui lui est attribuée, par rapport à l’Histoire que nous connaissons, et même, et surtout, dirions-nous, par rapport à l’histoire de ce qu’on nomme les Temps Anciens (l’antiquité). Ce n’est pas une question de conquête ni de puissance technologique, etc., mais une question de mesure de l’esprit, qui est le clef de la perception structurée du monde. Sapiens a perdu tout sens de la mesure du monde au profit de cette hybris diabolique, par conséquent tout ce qu’il croit maîtriser est pure illusion.

» ...Par conséquent, ces “forces supérieures” dont nous parlons sont plus influentes que jamais, sans qu’il soit nécessaire à ce point que nous les identifions et les habillions d’acronymes type-Pentagone et traduisions leurs pensées et objectifs grâce au brio de la NSA. Cette conviction s’appuie, chez nous, sur ce que nous considérons être un arsenal intuitif et rationnel. Ainsi sont nos règles du jeu, et elles doivent être respectées pour appréhender complètement nos textes, – encore une fois jusqu’à ce qu’un verdict d’internement psychiatrique soit prononcée contre nous. Mais, jusque là, lisez ce que nous écrivons exactement. Le destin du Système est en lui-même ; la seule dynamique qui importe pour le résultat final est ce subtil déplacement, en train de se faire inégalement selon les domaines mais toujours selon la même tendance, cette dynamique transversale faisant donc évoluer, et quasiment transmutant cette dynamique fondamentale de la surpuissance en cette autre dynamique fondamentale de l'autodestruction.

» Là-dessus, nous ne prétendons pas avoir raison, comme s’il s’agissait d’un débat du Café du Commerce, entre qui a tort et qui a raison. Pour nous, il y a une conviction (certains diraient “une foi”) basée sur l’intuition et la raison, qui nous dit que cela est, et cette conviction ou cette foi est le limon essentiel de notre travail, et il n’entrave en rien, certes, ni notre jugement de raison, ni notre esprit critique qui sont alors les outils de l’intelligence.

» Que nos lecteurs soient peinés par telle nouvelle du monde, découragés par telle autre, conduits à des conclusions de défaite irrémédiable par telle autre encore, n’a aucune importance pour notre propos, – même si nous compatissons. Nous-mêmes subissons les mêmes assauts de cette sorte de faiblesse, qu’il nous faut à chaque fois écarter. Le doute nous habite chaque jour, mais nullement à propos de l’objet central de notre pensée mais à propos de notre capacité à être digne et à hauteur de cet objet dans nos analyses, – et c’est un exercice bien plus épuisant que le “j’ai raison” ou le “il a tort”. Cette idée fondamentale est la clef de notre liberté...

» La complexité de l’exercice que nous proposons est de confronter immédiatement, en “temps réel” comme ils disent, c’est-à-dire en temps courant et banal, cette conception fondamentale avec le cours de ce même temps courant/banal, en tentant d’identifier les événements souvent vulgaires et très bas selon cette référence incontestablement d’une très grande hauteur ; rechercher les signes épars de cette hauteur dans la bassesse générale... C’est notre choix, et la lecture qu’on fait de nos textes ne peut en faire l’économie une seconde, pour une seule phrase. C’est ainsi et ce ne peut être autrement. Encore une fois, au bout du compte, vous pouvez toujours passer à autre chose en conseillant à l’auteur de ces lignes “va jouer avec ta poussière...”. A chacun sa liberté intellectuelle, ce qui est la vraie valeur de la liberté de l’esprit ; un fardeau bien plus qu’une licence, parce que la liberté ne se définit dans toute sa puissance qu’à travers un certain nombre de contraintes qu’elle est dans l’obligation de respecter. »