Qui est en dépression? Le monde ou Brown?

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«It was a gaffe. And that's official», écrit Philip Webster, Political Editor du Times, cet après-midi sur le site du quotidien, à propos d’une remarque du Premier ministre Gordon Brown aux Communes, – tout à l’heure, littéralement, quasiment “en temps réel”. (Par ailleurs, le journal étudie, à propos de cet incident, quelques-uns des méandres de la vaste pensée du PM britannique aux prises avec le mot “dépression”.)

Une gaffe? What gaffe [en français dans le texte]? Il semblerait que ce soit d’avoir dit ce qu’il pense vraiment. Bref, la vérité selon Gordon Brown. Voici le moment fatal où le PM britannique se laisse emporter à dire la vérité, – mais, comme vous le lirez, personne ne s’est aperçu de rien sur le moment, – l’habitude, si vous voulez.

«Gordon Brown appeared to acknowledge for the first time today that the world economy was heading for a 1930s-style “depression”. Mr Brown stumbled slightly over his words at Commons question time, just a week after admitting that Britain was facing a “deep” recession. As the financial gloom deepens, he told the Tory leader David Cameron today: “We should agree, as a world, on a monetary and fiscal stimulus that will take the world out of depression.”

»The comment went unnoticed during rowdy question time exchanges between Mr Cameron and Mr Brown, which centred on protectionism and the Prime Minister’s use of the phrase “British jobs for British workers”. Ironically, the exchange ended with Mr Brown accusing the Tory leader of deliberately “talking Britain down”.»

Sale temps pour l’humeur. Il y a une semaine, Brown “admettait” que le Royaume se trouve dans une “profonde récession”. Maintenant, il s’agit du monde qui serait dans une dépression, et comme le Royaume mène la charge dans la catastrophe, – concluez.

Mais bref, la langue du PM a fourché, – ou bien la fourche a langué, c’est selon. La question est de savoir si, lui aussi, n’envisage pas une dépression pour son compte. Mais quoi! L’incident n’est pas si grave. Pourtant, il soulève des vagues. Nous sommes fragiles comme de la porcelaine de Saxe. Les marchés risquent encore de s’effondrer, les “travailleurs” (britanniques) de demander encore plus de protection (dito, protectionnisme).

Finalement, l’explication est venue du porte-parole de Downing Street. «Mr Brown's use of the word “dépression” was not deliberate. And he does not think it.» Bref, il a dit ça sans y penser, comme vous dites “Je passe” à la belote. Et il ne le pense pas vraiment, ni ne passe d'ailleurs. En vérité (eh oui), si vous voulez savoir, c’est qu’il est dépressif


Mis en ligne le 4 février 2009 à 18H13