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970On pourrait faire la synthèse de la situation de l’OTAN en observant que la phase classique des réunions ministérielles du début décembre a terminé un automne marqué par la question de l’engagement en Afghanistan, en fonction des délibérations et de l’attitude de la nouvelle administration US fixées effectivement par le discours d’Obama du 1er décembre. Le secrétaire général de l’OTAN, qui avait montré en août et septembre dernier que les relations avec la Russie sont l’une des deux priorités de son action, peut revenir au volet russe. Il le fait en préparant son voyage à Moscou la semaine prochaine.
@PAYANT Rasmussen entretient d’excellentes relations avec l’ambassadeur de la Russie auprès de l’OTAN, Dimitri Rogozine, au point que les deux hommes se rencontrent en général deux à trois fois par semaine. Cette relation permet une intense préparation du voyage du secrétaire général de l’OTAN à Moscou, que ce dernier aimerait voir se dérouler d’une façon “spectaculaire”. Rasmussen juge que son initiative de septembre, où il avait lancé publiquement et sans l’accord formel de tous les pays membres l’idée d’une coopération active de planification de l’OTAN avec les Russes, notamment sur l’Afghanistan, a été une réussite pour lui puisque l’idée est effectivement devenue une réalité pour l’OTAN, avec l’accord de tous. Il s’estime donc en position de s’affirmer encore un peu plus, ce qu’il compte faire lors du voyage à Moscou. La chose est d’autant plus considérée qu’on estime en général que les Russes, avec autant de souplesse que d’imagination, ont eu ces derniers mois l’initiative dans les différents domaines des relations avec l’Occident et avec l’OTAN et qu’il est temps que l’Occident fasse lui-même montre d’initiative. Même lorsqu’il s’agit d’une amélioration des relations, la compétition est de rigueur. (Assez ironiquement, on observera que c’était le même problème qui se posait à l’Ouest en 1985-1990 avec Gorbatchev, dont les initiatives en faveur de la détente radicale ne cessaient de prendre de cours les Occidentaux au point où Gorbatchev acquit une popularité considérable à l’Ouest.)
On sait que Rasmussen rencontrera Medvedev (cela a été conclu à la mi-novembre) lors de sa visite moscovite mais on sait moins qu’entretemps s’est élaboré un accord également pour une rencontre avec Poutine. Il s’agit d’une initiative tout à fait exceptionnelle, peut-être une première pour la visite d'un secrétaire général de l'OTAN dans une capitale. La rencontre avec le président Medvedev devrait être normalement et protocolairement considérée comme suffisante pour ces contacts au plus haut niveau, couvrant effectivement toutes les matières de sécurité et de politique extérieure alors que le rôle d’un Premier ministre est en général cantonné à des matières plus intérieures et économiques.
La rencontre avec Poutine a été négociée avec certaines difficultés, Poutine ne semblant pas se précipiter sur cette “occasion”. Finalement, la chronologie de la rencontre, en fonction des engagements de Poutine, a nécessité le déplacement d’horaire d’un discours important de Rasmussen dans la capitale russe. L’OTAN était prête à beaucoup de concessions pour une rencontre Rasmussen-Poutine. «L’OTAN a vraiment insisté pour cette rencontre avec Poutine, observe une source proche des milieux atlantiques. Cela est une indication extrêmement claire de la perception qu’on a à l’OTAN de la répartition des pouvoirs à Moscou. Pour l’OTAN, Poutine reste le véritable inspirateur de la politique russe, et sa rencontre était donc un élément très important du voyage du secrétaire général.»
Mis en ligne le 11 décembre 2009 à 07H16