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1464Ron Paul, qui a abandonné ses activités de législateur au Congrès depuis la fin du mois de décembre, intervient dans le débat sur le contrôle de la vente des armes. Ce débat, latent aux USA, a été rouvert avec virulence et d’une façon pressante depuis le massacre de l’école de Newtown (voir le 15 décembre 2012). Il semble évident que l’administration Obama est décidé à imposer, de sa seule autorité législative, une certaine forme de contrôle de la vente libre des armes, voire de développer une politique de confiscation des armes, et le vice-président Biden est investi de cette mission. La charge politique de cette initiative est aujourd’hui très forte, dépassant et transcendant très largement le problème de société sur fond des lieux communs de l’idéologie-Système, du type “culture de la violence”.
Le 9 janvier au soir, Ron Paul est intervenu dans l’émission télévisée d’Alex Jones (interview), de Infowars.com, un des centres activistes de résistance aux initiatives anti-vente libre des armes et confiscation des armes de l’administration Obama. (Ron Paul a fait d’autres apparitions télévisées sur ce thème, comme on peut le voir sur le site http://www.dailypaul.com/. D’une façon générale, le site, qui reste très actif, est très mobilisé sur le thème. La question du contrôle des armes à feu, celle du Second Amendement, etc., constituent désormais un thème considérable, si pas le thème central de mobilisation de l’activisme US, conservateur et populiste.) Le 10 janvier 2013, Paul Joseph Watson fait un rapport sur Infowars.com de cette intervention de Ron Paul, en même temps qu’il présente le DVD de l’émission. Ron Paul a présenté le problème d’une façon absolument politique, en le liant directement à la politique de violence de l’administration Obama, y compris et particulièrement la “politique” extérieure d’assassinat par drones, avec les très nombreuses victimes civiles, et les très nombreux enfants assassinés par conséquent, dans des pays étrangers sans que la moindre protestation n’émane des milieux qui s’émeuvent extrêmement lors d’un massacre comme celui de Newtown. Ron Paul estime que l’offensive de l’administration Obama contre la vente libre des armes, voire son éventuelle politique de confiscation des armes, qu’il définit comme une tentative de désarmer la population contre la violence du gouvernement, peut, sinon doit provoquer des troubles “révolutionnaires”.
«The Obama administration’s effort to pass a draconian gun ban via executive order could cause a second American revolution, former Congressman Ron Paul told the Alex Jones Show. Paul’s appearance coincided with comments by Vice President Joe Biden that Barack Obama is likely to turn to executive orders as an end run around the second amendment.
»“There are executive orders, there’s executive action that can be taken. We haven’t decided what that is yet. But we’re compiling it all with the help of the attorney general and the rest of the cabinet members as well as legislative action that we believe is required,” said Biden. Paul said that the recent Sandy Hook school shootings presented the Obama administration with an “opportunity” to “get rid of the guns” and eliminate the ability of Americans to use firearms as a form of resistance to government tyranny, as is prescribed in the Constitution.
»The former Congressman challenged those calling for Americans to be disarmed in the name of protecting children. “If the government kills children it’s OK….How many of them are shouting and screaming about the children our drones are killing on a daily basis?,” asked Paul. Paul is referring to the fact that Barack Obama has overseen a drone strike policy that has killed at least 168 children in Pakistan alone – over eight times the number killed by Sandy Hook gunman Adam Lanza. A staggering 98% of the victims of Obama’s drone strike policy have been innocent civilians. “Compared to the violence that the government has perpetuated on the people compared to what the people do to each other, there’s no contest,” said Paul, referring to the fact that democide, or death by government, has killed hundreds of million of non-military civilians in the last 100 years alone.
»Calling the announcement by Biden that Obama may attempt to ban guns via executive order a “dictatorial move,” Paul said it was a “dangerous” step that was centered around putting more power into the presidency. “I don’t think the American people will (turn in their guns),” said Paul, describing such a scenario as a “line in the sand.” “If a federal agent marches in unannounced and they say give me your gun and give me your gold, I don’t think we’ll do that calmly, I think the American people will highly resent it and resist,” said Paul, agreeing that a widespread gun confiscation effort could lead to a re-run of 1776.»
Nous trouvons liés deux problèmes d’importance, – celui des armes à feu et celui de la “rentrée” de Ron Paul, les deux événements trouvant une parfaite coïncidence chronologique (le problème des armes à feu devient aigu au moment où Ron Paul, libéré de ses obligations parlementaires, semble ne pas vouloir quitter la scène publique et politique pour autant). Cette convergence est non seulement remarquable chronologiquement, elle l’est politiquement.
L’aspect le plus remarquable de l’intervention de Ron Paul, c’est son refus complet de placer la question des armes à feu sur le terrain favori de position-Système habituelle de la morale humaniste et moderniste (problème sociétal, “culture de violence”, etc.), qui est devenu aujourd’hui la démarche-Système par excellence pour étouffer dans l’œuf ce que cette question des armes à feu peut avoir de révolutionnaire ; à peine moins remarquable, également de la part de Ron Paul, son refus presque aussi radical de rester sur le seul terrain constitutionnaliste, qui est le terrain favori de la droite conservatrice, et de lui-même, Ron Paul. A la différence fondamentale de ces deux approches, Ron Paul place la question, d’abord dans l’option la plus extrême (décision du pouvoir exécutif non seulement de contrôler les ventes des armes à feu mais de confisquer les armes à feu actuellement possédées par des citoyens), ensuite sur un terrain absolument politique, selon deux axes tout aussi explosifs l’un que l’autre :
• L’axe de la violence extérieure du gouvernement… Effectivement, pourquoi s’émouvoir mondialement et dans le chef de tous les moralistes-Système, acteurs-Système d’Hollywood, people-Système et le reste, à propos du massacre de Newtown, et ne pas dire un seul mot, depuis des mois et des mois, depuis des années, sur les attaques cruelles et traîtresses de drones US qui tuent des civils et des enfants de façon régulière et dans la plus extraordinaire impunité qu’on puisse imaginer par rapport à l’illégalité criminelle de l’acte ? Nul moraliste, ni acteur hollywoodien, ni people et le reste, n’est convoqué en prime time, dans le cadre du système médiatique du bloc BAO, pour commenter avec indignation ces faits avérés. Cette analogie, soulevée puissamment par Ron Paul, constitue une mise en cause radicale de la politique-Système, ou “politique de l’idéologie et de l’instinct”, dans ses pratiques les plus illégales et les plus criminelles, et, au-delà, met effectivement en cause toute la politique extérieure des USA (du bloc BAO). La question de la vente libre des armes à feu et de leur confiscation est placée dans une toute autre lumière, celle du danger immédiat et présent, et celle de l’“ennemi principal”.
• Le prolongement national, pour les USA, va de soi. Ron Paul ne se prive pas de le développer : la campagne du gouvernement pour le contrôle des armes à feu, voire leur confiscation, constitue en réalité une campagne de désarmement de la population face à la violence coercitive grandissante du gouvernement. Elle appelle une riposte qui, compte tenu des enjeux, de la tension de la situation, de la profondeur de la crise et des tendances dictatoriales des directions-système, ne peut être que de type révolutionnaire armée. La référence de Ron Paul à 1776 et à la révolte des colonies américaines de l’Angleterre s’inscrit alors logiquement dans le raisonnement, rejoignant par ailleurs la même logique qu’on trouve désormais par rapport aux mouvements de sécession. C’est une logique de soulèvement, et il est remarquable qu’un constitutionnaliste avéré comme Ron Paul, jusqu’alors attentif à rester dans les bornes de la légalité, évoque ces possibilités sans la moindre hésitation. Pour lui, les initiatives actuelles de l’administration Obama et de l’appareil répressif du Système, qu’il qualifie de “dictatoriales”, doivent libérer le citoyen de toute allégeance trompeuse à la Constitution, dans des circonstances qui favorisent ce pouvoir dictatorial, et conduire au contraire à considérer la révolte éventuelle, l'insurrection, comme un devoir civique.
Un élément intéressant pour l’argumentation ainsi développée, venu de Russie, doit être ajouté à ce dossier. Il caractérise bien un domaine d’argumentation qu’on commence à trouver chez les activistes US. On le trouve développé dans un article de Pravda.ru, le 28 décembre 2012, de Stanislav Mishin
«This will probably come as a total shock to most of my Western readers, but at one point, Russia was one of the most heavily armed societies on earth. This was, of course, when we were free under the Tsar… […] Various armies, such as the Poles, during the Times of Troubles, or Napoleon, or the Germans even as the Tsarist state collapsed under the weight of WW1 and Wall Street monies, found that holding Russian lands was much much harder than taking them and taking was no easy walk in the park but a blood bath all its own. In holding, one faced an extremely well armed and aggressive population Hell bent on exterminating or driving out the aggressor.
»This well armed population was what allowed the various White factions to rise up, no matter how disorganized politically and militarily they were in 1918 and wage a savage civil war against the Reds. It should be noted that many of these armies were armed peasants, villagers, farmers and merchants, protecting their own. If it had not been for Washington's clandestine support of and for the Reds, history would have gone quite differently. […] Of course being savages, murderers and liars does not mean being stupid and the Reds learned from their Civil War experience. One of the first things they did was to disarm the population. From that point, mass repression, mass arrests, mass deportations, mass murder, mass starvation were all a safe game for the powers that were. The worst they had to fear was a pitchfork in the guts or a knife in the back or the occasional hunting rifle. Not much for soldiers…»
L’ensemble de ces éléments montre l’extrême rapidité de l’évolution dialectique de la question des armes à feu aux USA. On est désormais loin de la rhétorique habituelle sur le lobby des armes à feu (NRA, – National Rifle Association) et le reste, qui est l’argumentation classique pour les temps normaux du Système. Cette question des armes à feu est en train d’entrer à pleine vitesse dans le débat et la rhétorique sur la situation civile des USA, par rapport à un pouvoir central qui ne cesse d’affirmer ses tendances policières, répressives, etc. La question devient fondamentalement, absolument politique et s’inscrit désormais dans la bataille qui continuer à se développer dans le cadre de la crise terminale du Système. Désormais, toute autre approche (“l’argumentation classique” citée plus haut) de la question est d’un piètre intérêt, etr dans tous les cas servant directement les intérêts du Système.
Mis en ligne le 11 janvier 2013 à 08H32
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