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1148Ron Paul, où en est-il ? Sa position est à la fois incertaine, bizarre et extraordinaire. De plus en plus, il apparaît que Ron Paul est prisonnier du parti républicain (le GOP) bien plus qu’il ne le tient en otage, comme il l’espérait. Les fraudes, illégalités, manipulations du GOP contre lui, pour qu’il ne puisse prendre une place significative dans les primaires, sont innombrables et établissent un rideau infranchissable, alors que l’homme dispose d’une popularité exceptionnelle qui le place en quasi parité avec le président Obama s’il concourrait contre lui dans la dernière phase des présidentielles… Cela n’est pas pour surprendre Ron Paul, qui a déjà fameusement fait la réflexion publique qu’il serait pour lui plus facile de battre Obama que d’obtenir la désignation comme candidat du parti républicain. Alors, ne serait-il pas temps pour lui de se décider ?
C’est évidemment l’avis de Justin Raimondo, très attentif au sort de Ron Paul et ennemi juré de l’actuel GOP, qu’il tient pour le véritable War Party des USA et, au-delà, du bloc BAO. Ce 14 mars 2012, Raimondo envisage à nouveau, de manière plus pressante, ce problème. Son analyse revient à cette exhortation, encore plus appuyée : Ron Paul doit se présenter comme troisième candidat, car il a une chance de gagner selon cette formule…
Raimondo fixe la situation actuelle de Ron Paul : «The results of the GOP primaries, so far, would certainly seem to suggest that. Paul’s support draws heavily from two constituencies one doesn’t normally associate with the Republican party: young voters, who are overwhelmingly independents, and antiwar voters, who tend to be Democrats. He has carried the youth vote and garnered a significant proportion of independents in virtually every contest: more significantly, polls show him beating President Obama in the general election by winning a huge portion of the independent and youth votes. Combined with the anybody-but-Obama vote, Paul’s potential base of support in a two-way race defines the contours of a winning electoral coalition, one that could win him the White House, bring about a major political realignment – and upend the political Establishment in this country.
»The problem, for Paul, is that the GOP leadership is implacably opposed to his candidacy…»
Raimondo décrit ensuite le processus de fraude et de manipulation systématique entrepris contre Ron Paul, qui a d’abord affecté les votes, qui touche même, désormais, sa stratégie de rechercher à amasser des délégués plus que des votes soi-disant “populaires”. Là aussi, la fraude et la manipulation règnent, pour bloquer la tentative de Ron Paul.
«…The result is that, after an initial spurt of success – starting out with a respectable showing in Iowa, and placing second in New Hampshire – the Paul campaign has fallen back to its 2008 levels, with Ron rarely breaking 10 percent.
»The response of the Paul campaign has been to hunker down and reassure its enthusiastic supporters – and they haven’t lost their enthusiasm, not by a long shot – that they have a strategy. That strategy is to concentrate on getting delegates, rather than winning “beauty contests,” i.e. primaries in which the results don’t determine who gets the delegates… […] However, the process hasn’t always worked out that way. The Paulians, having devoted themselves to learning the arcane rules governing delegate selection, and playing by the book, often arrive at these conventions to find that the rule book has been thrown out by the party leadership. Huge fights have broken out at these shindigs, and the going has been pretty rough: when the party leaders arrive to find the hall packed with under-30 Paulians, all waving signs and wearing buttons, suddenly the rules are “revised,” and the Paulian playbook is no longer applicable.»
Ensuite, Raimondo envisage divers cas de figure, avec notamment le cas d’un blocage à la Convention du GOP, à Tampa, en Floride, en août prochain. Il envisage même le cas où Ron Paul serait effectivement le facteur nécessaire pour débloquer la situation, – mais ce ne pourrait être qu’en soutenant l’un ou l’autre avec ses délégués, et alors l’avantage qu’il en retirerait serait sans aucun doute minimal par rapport à ses ambitions. (Raimondo envisage même, avec dérision, un poste de secrétaire au Transport qui serait donné à Ron Paul dans l’administration future du candidat qu’il aurait aidé à s’imposer, et qui garderait la politique générale belliciste et centralisée du GOP, – une véritable humiliation par rapport au sens de la “révolution” qui est la marque de la campagne de Ron Paul.) Dans tous les cas envisageable à l’intérieur du GOP, Ron Paul est perdant parce qu’il ne peut être le candidat républicain, parce qu’il est désormais avéré que la direction du parti républicain n’acceptera jamais une telle possibilité.
Tout est perdu ? Absolument pas, puisqu’il reste l’“option nucléaire” : une candidature indépendante, qui lui permettrait de rassembler son électorat naturel, “révolutionnaire”, hors des normes, qui est fait autant de républicains partisans de Paul, que d’indépendants, que de démocrates déçus par Obama… Là commence la “révolution”. Et Raimondo d'énoncer ses arguments…
«Polls indicate Paul would get anywhere from 18 percent to 21 percent running as a third party candidate, and the percentage seem to be climbing as the actual election draws nearer. These same polls indicate he would draw two-thirds of his votes from the Republican column, but I don’t think these “drill-down” analyses hold much water: what they leave out is non-voters, new voters, and – most important of all – future events. If the US starts bombing Iran before election day, or, say, we have another economic meltdown, as we did in the winter of 2008, then all bets are off – and the prospect of a Paul victory becomes more than mere wishful thinking.
»A Paul third party candidacy would not only open up a prospect that, right now, seems highly unlikely if not impossible – i.e. Ron Paul sitting in the Oval Office – it would also place significant constraints on the other candidates, including President Obama. Faced only with a warmongering Republican, Obama can pretty much do whatever he likes when it comes to provoking, sanctioning, and threatening Iran: after all, antiwar voters have nowhere else to go. With Paul in the race, however, Obama is going to have to be very careful not to lose his left-ish antiwar constituency, which has so far stuck with him as the lesser to the two evils. If and when Obama makes his move against Iran, Paul’s third party campaign will be right there, scarfing up votes from the President’s disillusioned and angry former supporters.
»Indeed, the ultimate effect of a Paulian third party ticket could well be preventing the outbreak of a major war in the Middle East. This, it seems to me, is a factor the Paul campaign is going to have to weigh in the balance as it considers its options. In terms of the Paulians’ own principles – especially their characteristic opposition to wars of aggression on moral grounds – this is a powerful argument for launching a third party campaign.»
Il ne fait aucun doute, à notre sens, que ces arguments de Justin Raimondo se référant aux évènements extérieurs à la campagne sont extrêmement importants. Il est vrai que Ron Paul placerait ses adversaires dans diverses positions à la fois de porte-à-faux et de contrepied, dans la mesure où Paul défend depuis longtemps des politiques prospectives qui sont de plus en plus populaires dans le public US, alors que ses adversaires font ou projettent de faire (de continuer) des politiques de plus en plus impopulaires. Du coup, ses deux adversaires seraient forcés à d’extraordinaires gymnastiques pour tenter de sauvegarder leurs politiques tout en ne perdant pas trop d’un électorat de plus en plus hostile à ces politiques, alors que Paul serait là pour attirer à lui cet électorat flottant avec ses projets politiques correspondant à l’attente de cet électorat. Il s’agit d’une dynamique pleine de désordre et de confusion par rapport au processus électoral réglé comme du papier à musique par les deux “ailes” du même “parti unique”, donc répondant au but de Ron Paul.
Il y a aussi le mystère d’un effet psychologique possible. La personnalité unique de Ron Paul, ses propositions politiques radicales, le comportement assez chaotique de la presse-Système vis-à-vis de lui, écartant d’une part toute possibilité qu’il soit désigné comme candidat républicain mais continuant à faire une place importante à son discours critiques, – tout cela pourrait amener à des réactions peut-être surprenantes le jour où il annoncerait sa candidature indépendante, s’il se décidait dans ce sens. Une dynamique nouvelle pourrait se créer, renforçant celle qui existe déjà.
Il faut noter que Ron Paul commence à appuyer publiquement sur la position belliciste du GOP, comme une recette assurée de perdre les élections, – pour le parti républicain… Paul n’hésite plus à désigner le GOP comme le War Party (sur RAW Story le 13 mars 2012), – et on se demande alors si Ron Paul lui-même peut envisager encore d’y avoir sa place…
«Texas Rep. Ron Paul warned his fellow Republican presidential candidates on Tuesday that they risked losing to President Barack Obama if they did not reconsider their foreign policy. “They want more war than Obama,” he said on CNBC. “I think Obama wants way too much. He’s ready to go into Syria under the U.N. resolutions, flaunting the responsibility to ask Congress.”
»However, Obama was still “upstaging Republicans” in the public’s eye, according to Paul. “He has once again become the peace candidate, he’s won the Nobel prize and at the same time he promotes wars, so he is going to get away with something because right now the Republicans are going to be the war party,” Paul explained. “They’re going to be the John McCain party and this is the reason that Obama won before.” “I think the Republicans have fallen into the trap because now they’re the war party and they support, you know, the Patriot Act, the invasion of our houses, the TSA and all of these things. That’s what the young people and independents do not like and I think they’re setting the stage for a difficult time in the fall.”»
Si Ron Paul constate cela de plus en plus publiquement, parlant finalement d’un GOP allant aux élections sans lui, comme si lui-même n’était plus partie prenante des présidentielles, – signifie-t-il qu’il reconnaît implicitement sa défaite, ou plus simplement l’impossibilité qu’il soit jamais désigné ? Ou bien, signifie-t-il qu’il n’a plus rien de commun avec ce parti républicain-là, et qu’il va accepter la logique de Raimondo qui le pousse vers une candidature indépendante ?
Il semble que l’idée d’une candidature indépendante de Ron Paul soit de plus en plus souvent évoquée par divers commentateurs et personnalités, d’ailleurs pas nécessairement du camp idéologique théorique de Ron Paul mais attirés par sa politique, souvent à titre individuel. D’autre part, les activités autant que les sites des partisans de Ron Paul montrent que la mobilisation ne faiblit pas malgré les revers des primaires, mais, certes, que cette mobilisation est de plus en plus hostile au parti républicain et de plus en plus tournée vers une candidature indépendante.
Ron Paul approche à grands pas de son Rubicon, du moment où il devra décider, le délai raisonnable pour une candidature indépendante dans quelque structure que ce soit étant mai-juin. Très vite, le dilemme se résumera, pour lui et pour ses idées, à ceci : a-t-il encore quelque chose à perdre à abandonner le parti républicain ?
Mis en ligne le 15 mars 2012 à 04H07
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