Ron Paul candidat indépendant ? Le ton monte

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Pour la première fois, un sondage national aux USA (ABC.News/Wall Street Journal), présentant des options diverses pour les présidentielles de 2012, a pris en compte celle de Ron Paul choisissant d’être un candidat indépendant. Le résultat donne 18% des voix à Paul, contre 44% à Obama et 32% à Romney. Le résultat est extrêmement encourageant compte tenu des très importantes pondérations nécessaires dans cette sorte d’initiative statistique, par rapport à une idée qui est complètement neuve pour l’électorat, – et tout cela, exactement à un an de l’élection présidentielle (le 6 novembre 2012).

Pour ces différentes raisons, Russia Today est justifié de présenter l’option d’un Ron Paul candidat indépendant sous le titre suivant, ce 10 novembre 2012  : «Ron Paul could be the most successful third-party candidate in history».

«A strong third-party candidate could cause serious concerns for those vying for the White House as the campaign's of many hopefuls are marred with controversy. A likely option for an alternative to the Republican and Democrat choices for next year’s race could be Congressman Ron Paul, a current GOP hopeful who has run as a third-party candidate in the past. Though he continues to campaign for the Republican bid, Paul has discussed continuing his race for the presidency under the umbrella of a different party. A new poll shows that should he chose to do so, the results of Election Day 2012 could divide voters greatly.

»In the results of a poll released this week, a third-party bid by Rep. Ron Paul could garner a good share of voters from both the left and the right. […] The survey, conducted by NBC News in conjunction with The Wall Street Journal, says that should Ron Paul run in a three-way race next year against President Barack Obama and Republican frontrunner Mitt Romney, the congressman from Texas could pull in 18 percent of the votes. In such a race, suggests the poll, Obama would likely win with 44 percent of the votes to Romney’s 32 percent. Should next year’s election come down to a two-party match-up between Obama and Romney without a viable third-party alternative, the results of the poll put Obama ahead, but not by much. In such a race, the survey says that Obama would enter a second term thanks to a 49-43 percent margin.

»Is it all that likely that a third-party candidate, Ron Paul or otherwise, could emerge in the coming months? One leading Republican lawmaker says it is indeed a possibility. “Unless both parties change, then I think that it's an inevitability. We aren't doing anything for the people,” Senator John McCain told Reuters on Tuesday…»

Nous avons déjà vu, très récemment (le 31 octobre 2011) apparaître la possibilité d’une candidature indépendante de Paul, – que nous tenons, pour notre part, comme certaine, non en raison de Ron Paul ou de la tactique électorale, mais à cause de la force des événements dans ce sens. Jusqu’ici Ron Paul a toujours affirmé avec force qu’il n’avait absolument pas l’intention d’être candidat indépendant et il n’a fallu que quelques nuances interprétées dans quelques-uns de ses mots réaffirmant par ailleurs son intention de poursuivre au sein du parti républicain pour imposer l’hypothèse. Susciter cette possibilité de l’option de sa candidature indépendante et obtenir 18% d’intentions de vote dans de telles conditions, sans un seul mot précis de lui dans ce sens, c’est une puissante indication qui vaut bien plus que ces 18% théoriques dans un cas “normalisé” (si Ron Paul se décidait officiellement pour une candidature indépendante) ; c’est l’indication que les deux partis sont réellement menacés par cette option.

…C’est tout simplement, enfin, l’indication qu’il s’agit là des “événements qui parlent”, car les 18% de personnes interrogées qui répondent dans le sens de Paul ne le font que poussées par les événements, et nullement pour répondre à la moindre sollicitation ou intention affichée de Ron Paul ; en quelque sorte, ils sont la voix des événements appelant un troisième candidat, et exigeant que ce candidat soit Ron Paul parce que c’est lui qui, de loin, représente le meilleur candidat indépendant possible, – et, même, un des candidats indépendants potentiels les plus exceptionnels dans l’histoire des USA. (Exceptionnalité rencontrant celle de la crise, toujours le même constat.) Le fait que les démocrates passent de 49% à 44% en faveur d’Obama avec l’introduction de l’option d’un Ron Paul indépendant, et de 43% à 32% en faveur de Romney, montre que Ron Paul, en plus de pouvoir aller chercher l’électorat officiellement “indépendant” est capable d’aller prendre une part importante, voire très importante des électorats républicains (c’est assez normal) et démocrates (c’est beaucoup plus exceptionnel). Là aussi, la crise parle. Il est donc l’homme des conditions exceptionnelles de crise que traverse l’Amérique…

La preuve évidente de ce qu’il est bien l’homme de la crise, c’est que la presse-Système continue à ne pas parler de Ron Paul et de ses victoires diverses dans les scrutins locaux. Seul le Christian Science Monitor (CSM), comme média-Système d’importance nationale, semble accorder régulièrement de l’intérêt à ce problème, avec plusieurs articles à ce propos ces deux derniers mois, et encore un article ce 6 novembre 2011, sous le titre «Ron Paul wins yet another straw poll. So why are the media ignoring him?»… On pense, à lire le titre, que l’on va avoir la réponse dans l’article, – mais, en fait, elle est contenue dans la légende de la photo, et elle très médiocrement suffisante, sinon remplie de chausse-trappes et de non-dits : «Ron Paul won a straw poll in Illinois Saturday, the latest in a string of such wins for the GOP presidential hopeful. Supporters say the mainstream media are ignoring him, but such polls are not scientific and they can favor an enthusiastic following like Paul’s.» C’est une bien étrange explication, puisqu’elle nous place devant le qualificatif de “scientifique”, qui est absolument suspect dans ce temps de crise d’un système fondée sur l’exactitude scientifique qui est partout en déroute, et particulièrement dans la “science” de la statistique électorale qui est, plutôt, par les temps qui courent, un “art de la dissimulation” de plus en plus appuyée à mesure que les élections approchent. Il y a un an et demi, lorsque Ron Paul n’était pas encore tout à fait cette non-personne de l’actualité-Système, il y avait eu un sondage national dont nous rendions compte le 16 avril 2010, sous le titre : « Si l'on votait aujourd’hui : 42% pour BHO, 41% pour Ron Paul…» (Ron Paul étant alors dans l’hypothèse qu’il serait candidat républicain). Depuis, les sondages nationaux et “scientifiques” ont relégué Ron Paul très loin, et encore, quand ils le prennent en compte. Bref, dans ce cas, où “l’art du faussaire” extrêmement scientifique joue à plein, il nous semble que l’enthousiasme des partisans de Paul a un peu plus de vérité que les sondages nationaux et scientifiques contrôlés par des groupes de presse et des instituts qui sont tous des organisations-Système.

(Mais cet “art du faussaire” disparaît lorsque la candidature indépendante apparaît, – dans tous les cas pour l’instant. Cela marque l’espèce de certitude inconsciente du Système qu’un candidat indépendant ne peut l’emporter aux USA, hors des structures du Système, et alors Ron Paul retrouve droit de cité puisqu’il est hors des partis traditionnels. Il y a ainsi des réflexes-Système significatifs de l’allégeance extraordinaire des psychologies aux structures instaurées par le Système : l’“indépendant” est par essence hors-Système, il ne peut donc l’emporter, il peut donc être mentionné… Curieuse attitude, mais qui retrouve sa logique dans l’aveuglement du Système par rapport aux événements et à sa propre surpuissance, et s’apparentant dans ce cas à sa propre dynamique autodestructrice, – double négatif mortel de la précédente.)

Par conséquent, et la crise continuant comme on la voit faire, avec ce mouvement Occupy se répandant et s’élargissant à des segments de la population absolument antinomiques du portrait caricatural du contestataire folklorique de gauche, le fait du jour de ce sondage est bien que les évènements appellent Ron Paul à une candidature indépendante. Encore une fois, pondérons la prévision que cela implique… Plus qu’une éventuelle marche triomphale de Ron Paul vers une candidature pouvant conduire à une victoire, tout cela dans un “meilleur des mondes” retrouvé, il s’agit d’un élément de plus pour aggraver la crise. Ron Paul a des positions très marquées, très radicales, et son honnêteté le rend allergique aux contorsions électoralistes ; cela rendrait son éventuelle candidature indépendante difficile à soutenir pour certains groupes ennemis du Système. (Il y a aussi le cas personnel de l’homme, devant toutes ces perspectives, qui reste malgré tout une énigme. Mais s’il y a un homme aux USA capable de se déterminer en fonction de l’intérêt public qu’il distinguerait dans les événements, c’est bien lui.)

Au contraire, il y a l’argument très puissant déjà suggéré que son éventuelle candidature indépendante serait sanctionnée par la puissance des évènements comme une candidature antiSystème puissamment symbolique, alors que la véritable bataille est de plus en plus, non pour des options, radicales ou non, mais bien pour ou contre le Système. Mais là aussi, le jeu des pronostics pour le scrutin du 6 novembre 2012 est prématuré et hors de saison. Tout se jouerait alors autour de ce facteur dont nul ne peut rien dire : la puissance des évènements qui forcerait les uns et les autres à des positions qu’ils n’auraient pas assumées en temps normal. Et tout cela augure moins d’un pronostic possible pour les présidentielles de 2012 que d’un désordre accentué et accéléré, car il s’agirait de ce que le Système autant que la contestation anti-Système considéreraient comme une lutte à mort, une “lutte finale”, un Armageddon politique. Il s’agit bien plus que d’une campagne électorale dans ce cas, mais d’une bataille terrible qui ferait de la campagne elle-même une crise supplémentaire se rajoutant à la crise qui secoue la situation intérieure aux USA. L’hypothèse d’une crise de rupture des USA avant même l’élection, dans cas extrême envisagé, est plus que jamais extrêmement concevable.


Mis en ligne le 10 novembre 2011 à 06H09