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1030Les résultats de l’élection primaire du New Hampshire ont donné une victoire de Romney moins forte que prévue (autour de 38% des voix alors que les sondages lui donnaient, il y a une semaine, plus de 40%) et une seconde place de Ron Paul plus forte que prévue (autour de 24%, alors que les sondages étaient autour de 18% une semaine avant l’élection). Santorum, la surprise du caucus de l’Iowa, est rélégue à 9% des voix, en cinquième place. Le troisième est Huntsman, autour de 17% des voix. Cet ensemble tend à isoler en tête Romney et Paul, et dans leurs deux résultats dans le New Hampshire, et dans ces résultats du New Hampshire suivants ceux de l’Iowa, comme les deux principaux concurrents de la compétition républicaine. C’est ce qu’observe Politico.com, ce 9 janvier 2012, rencontrant la même analyse que le camp de Ron Paul.
«Mitt Romney won New Hampshire, but Ron Paul declared a victory of sorts with his strong second-place showing Tuesday night, solidifying his position as a thorn in the frontrunner’s side.
»The Texas congressman, who garnered about 24 percent of the vote, capitalized on the open primary to win a big chunk of independents, non-Republicans and others disenchanted with the status quo. “I called Gov. Romney a short while ago … he certainly had a clear-cut victory, but we’re nibbling at his heels,” Paul told hundreds of cheering supporters in a crowded banquet hall. “He had a victory, but we have had a victory for the cause of liberty tonight.”
»National campaign chairman Jesse Benton called on Paul’s conservative opponents to drop out of the race and get behind Paul as the conservative Romney-alternative. “It’s been our goal to consolidate this into a two-man race, and we’re there now,” he said.»
Mitt Romney a fait campagne dans le New Hampshire depuis cinq ans, dans un Etat qui lui est favorable, avec d’énormes moyens. Le résultat se lit dans le titre plein d’un jugement de dérision, de Huffington.post ce matin, dans sa page de présentation : «5 Year Campaigning, Less Than 40% ?». Paul est passé de 8% en 2008 dans cet Etat, à près de 25% en 2012, après une campagne qui n’a pris son véritable rythme que dans les dernières semaines. Ces deux constats situent la dynamique de ces primaires républicaines et résument bien la tactique de Ron Paul, qui peut devenir une stratégie fondamentale si la suite de la campagne confirme sa justesse : un duel Romney-Paul, qui serait un duel entre “le candidat de l’establishment” et “le candidat de la révolte”.
Paul sera paradoxalement aidé par une conviction générale qui fait figure d’acte de foi, qui imprègne les médias-Système et l’establishment : quoi qu’il arrive, lui-même, Paul, ne peut obtenir (plutôt qu’emporter) l’investiture du parti républicain. Cela fait que tous les autres candidats, particulièrement un Gingrich dans un rôle de démolisseur relayant la puissance financière du milliardaire Sheldon Adelson, dont il est l’homme de paille et qui veut absolument “détruire” Romney, s’acharnent à accroître cette division et à affaiblir le seul qui peut tenter d’arrêter Ron Paul. (Romney est en général jugé inconsistant mais, surtout, comme un conservateur suspect, ayant des attitudes proches des libéraux démocrates sur certains points importants.) Ainsi, à la dynamique déjà vue ci-dessus s’ajoute une autre dynamique, interne à l’establishment, tendant à affaiblir Romney parce que “le candidat de l’establishment” ne fait certainement pas l’unanimité de l’establishment.
Le paradoxe est donc que l’apparente et unanime levée de boucliers initiale (censure systématique, attaques de diffamation, etc.) de l’establishment relayant le Système contre Ron Paul n’aboutit qu’à l’affirmation, qui paraît de plus en plus gratuite, que Ron Paul n’aboutira à rien quels que soient ses résultats, et ramène toute la lumière et toute l’énergie de cet establishment sur ses propres divisions internes qui ne font que grandir. Ce paradoxe se définit donc entre le constat que la force qui devrait être la plus unie dans ces conditions difficiles, – l’establishment, ou le Système, – l’est le moins, tandis que la force qui devrait être par nature la plus confuse, la plus dispersée, la plus turbulente et la plus facile à “récupérer”, –– la “révolte”, – au contraire se regroupe de plus en plus, s’organise et se renforce. C’est encore un cas exemplaire de la dynamique générale du Système transformant sa dynamique de surpuissance en dynamique d’autodestruction ; et Ron Paul y tient parfaitement son rôle de système antiSystème au coeur d'un processus du Système.
C’est bien assez pour observer, ou plutôt confirmer dans notre chef, que la situation des primaires républicaines, loin de s’enfermer dans des stéréotypes contrôlés par le Système, tend de plus en plus à présenter un caractère d’originalité inédite qui est la porte ouverte à bien des surprises, c’est-à-dire des surprises de différentes formes dont certaines seraient inédites. Une situation d’un affrontement réduit à deux hommes dont l’un est “le candidat de la révolte” est, pour une situation générale de domination toute-puissance et de contrôle de l’establishment (le Système) sur les institutions US, une situation complètement inédite. On jugera par conséquent de son potentiel explosif.
Mis en ligne le 11 janvier 2012 à 06H09