Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
1092Les Américains tentent un exercice dit de damage control. Ils voient soudain l’accord START-II menacé…
• Hier, comme le résume ce 10 février 2010 Antiwar.com, des déclarations de militaires russes ont obscurci brusquement les perspectives d’un accord START-II. Ces déclarations mettent en cause la signature de l’accord en fonction des derniers développements en matière d’anti-missiles (l’affaire de l'“accord” US sur les anti-missiles avec la Roumanie).
• Aujourd’hui (ce même 10 février 2009 sur Reuters), les USA affirment que rien n’est changé dans les perspectives de signature de l’accord START-II. Exercice de type “méthode Coué”…
«The White House denied on Tuesday that its missile defense plans were an obstacle to reaching agreement on a new nuclear arms treaty with Russia.
»Russia's top general said earlier on Tuesday that differences over the U.S. missile defense plans were preventing agreement on a successor to a Cold War-era weapons reduction treaty that expired in December.
»White House spokesman Robert Gibbs said Russian President Dmitry Medvedev had not raised the issue as an obstacle in his most recent telephone call with President Barack Obama.»
@PAYANT …“Exercice de type ‘méthode Coué’”, disons-nous, de la part des USA, de la Maison-Blanche et d’Obama. La réaction de la Maison-Blanche est significative, sans aucun doute. Elle montre que l’administration Obama est particulièrement inquiète des dernières déclarations des militaires russes, suivant évidemment l’affaire roumaine. La présidence US s’abrite donc derrière les relations au plus haut niveau politique, sans nous préciser pour autant si l’échange téléphonique Obama-Medvedev prenait en compte la question récemment surgie de la Roumanie, ou s’il le précédait.
Notre appréciation est que cela n’a guère d’importance. Les Russes, on le sait, ne font plus aucun cadeau aux Américains, cela accentué par un réel mépris qu’ils professent désormais pour l’impuissance US, pour l’absurdité et la maladresse d’une politique laissée à des forces incontrôlées. Dans ce cas, l’hypothèse qui nous paraît la plus probable est que le jeu russe serait d’activer certaines déclarations latérales, comme celles de certains de leurs chefs militaires, pour faire peser la menace que START-II est compromis, tandis que la direction reste encore relativement neutre à son niveau politique. (Les Russes peuvent même, pour corser l’affaire, aviser les Américains que la pression de leurs militaires est un facteur qu’ils doivent prendre en compte pour déterminer leur position politique; les Américains comprendront de quoi il s’agit.)
La tactique, volontaire ou pas, élaborée ou non, est gagnante dans tous les cas. Elle permet au pouvoir politique russe, selon ce qui l’arrange et selon l’attitude réactive des USA, soit de confirmer les déclarations des militaires russes en mettant effectivement en cause l’accord START-II, soit d’ignorer ces déclarations en poursuivant les négociations vers un bouclage de l’accord. Mais pour cela (pour la deuxième option – bouclage de l’accord), il faudra que les USA fassent “un geste” à un moment ou à un autre, et remettent eux-mêmes en cause, d’une façon ou l’autre, les projets anti-missiles tels qu’ils ont été exposés avec l’affaire roumaine.
Les Russes jouent sur du velours tandis que les USA se sont mis dans un cas où ils sont exposés de tous les côtés, affaiblis, pris en faute par rapport à toute la logique d’apaisement qu’ils développent depuis l’abandon du BMDE initial et le développement des négociations START-II. Cela tient, comme nous l’écrivions déjà à propos de l’affaire roumaine, au timing absurde dans ce cas, qui introduit une interférence majeure, à leur désavantage, comme une grossière et maladroite provocation pour un avantage stratégique nul (un déploiement en 2015-2016 !), au moment où l’on approche du terme des négociations START-II. L’on en revient, comme toujours, au constat d’un système incontrôlable à Washington, où chaque bureaucratie, chaque centre de pouvoir suit sa ligne sans se préoccuper du reste ni de coordonner cette ligne avec l’intérêt général.
Il nous étonnerait fort que les Russes n’utilisent pas ce moyen de pression jusqu’au bout avec les USA, notamment pour obtenir les conditions les plus favorables possibles pour leurs intérêts dans l’accord START-II. Il nous étonnerait même, également sinon plus sûrement, que la Russie ne soit pas tentée, cette fois décisivement, d’exiger que la question du réseau anti-missiles soit complètement posée sur la table et résolue dans le cadre du traité d’une façon décisive. Ils en ont l’occasion, une occasion en or qui leur a été offerte par le désordre américaniste. Il est donc bien possible que les négociations START-II soient prolongées plus que ce que l’on prévoyait ou qu’elles soient accompagnées d’un protocole, ou d’un accord, sur les anti-missiles, exactement comme l’accord de limitation des ABM avait accompagné, dans les années 1968-1972, l’accord SALT-I de limitation des armements stratégiques offensifs.
Mis en ligne le 10 février 2010 à 15H17