Stratégie de la tortue et légitimation

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Stratégie de la tortue et légitimation

9 février 2012 – Au fait, où en est Ron Paul ? Posons la question autrement : où en est la campagne des primaires pour la désignation républicaine ? Elle présente un charmant aspect d’incohérence et de désordre et, d’une certaine façon, joue à déjouer les pronostics. Il faut préciser que tous ces “pronostics”, qui apparaissent dans les commentaires-Système, sont tous marqués par un seul vœu fervent : que le candidat républicain ne dérange pas trop l’ordre approximatif qu’on maintient péniblement sur l’apparence de la situation de l’establishment, tout cela pour tenter de dissimuler le désordre extraordinaire de la chose.

Quelles ont été les dernières péripéties ? Nous avons eu successivement Romney favori (après l’Iowa et le New Hampshire), Gingrich favori (après la Caroline du Sud), à nouveau Romney favori (après la Floride et le Nevada), et maintenant Santorum favori (après le Minnesota, le Colorado et le Missouri)… Le terme “favori” est, lui aussi, très approximatif, et ne désigne finalement que les à-coups successifs de la campagne. Les différentes primaires se partagent entre des élections directes, des caucus, des compétitions avec répartition des délégués selon les résultats de tous les candidats, des compétitions avec l’attribution de tous les délégués au vainqueur. Inutile d’aller plus loin dans l’explication, puisqu’on s’y perdrait définitivement.

Pour diverses raisons, Ron Paul a fait des résultats très contrastés, mais n’a remporté aucune victoire. Pourtant, il reste dans une position “ouverte”, comme la compétition elle-même, et sa stratégie reste plus que jamais de construire sa victoire sur la notoriété de son programme, sur sa personnalité atypique, sur la durée en un mot (“stratégie de la tortue” selon les conseils du stratège Jean de La Fontaine). La réaction de Ron Paul, parlant à Associated Press le 8 janvier 2012, montre effectivement un solide optimisme, après les défaites de Romney du 7 février… «“I'm a little surprised. I thought Romney would have some of this automatic carryover. It certainly doesn't hurt us”. […] Paul said of the night's results, “I think it splits the vote and sort of opens up the door to us.”»

Le commentateur de la campagne de Ron Paul, Jack Hunter, résume la situation du point de vue de Ron Paul après les trois primaires du Minnesota, du Colorado et du Missouri qui ont vu un retour inattendu de Santorum (le 8 février 2012) :

«Rick Santorum had a good night. Mitt Romney had a bad night. And Ron Paul is having a good week.

»Combine a new Reuter’s poll today which put Paul second nationally, a strong second place finish by Paul in Minnesota tonight, a performance by Santorum that undermines Mitt Romney’s supposed inevitability, and guess what you have? A race that remains wide open.

»Romney was once worried about a serious challenge from Newt Gingrich. Newt is quickly becoming yesterday’s news. Romney is now challenged by a Paul surge and wins from Santorum that would have been unthinkable just weeks ago.

»Paul is just as poised to win the GOP presidential nomination as the remaining three candidates. Gingrich has gone from a runaway victory in South Carolina to oblivion. Santorum has gone from oblivion to runaway victories. Romney simply goes on.

»And Ron Paul goes on, incorruptible, undaunted and toward the ultimate victory.»

Nous allons nous attacher à quelques points concernant Ron Paul, lequel représente évidemment le seul aspect intéressant de la campagne. Les trois autres candidats sont des candidats-Système, soit de type robot (Romney) soit de type bouffon (Gingrich), mais de toutes les façons tous dans les mains des groupes de pression et de centres de pouvoir de l’establishment. Ils n’ont en eux-mêmes strictement aucun intérêt, et ne constitueraient, en cas de désignation, que des clones républicains du clone-Système en place, le président Obama. Tous ces gens sont actionnés par le Système, simplement pour développer la politique-Système en cours.

Quelques évènements nous semblent intéressant pour tenter d’expliquer la position de Ron Paul dans la campagne, tout cela dans un environnement de règles électorales et de sélection des délégués pour la convention et des candidats extrêmement complexes. D’autre part, certains des effets mettent en évidence des évènements émotionnellement très forts, qui dessinent de possibles lignes d’affrontement, sinon de rupture, lorsqu’on en viendra au moment des sélections et des décisions.

• La primaire (Caucus) du Nevada, le 4 février, a été un festival d’inorganisation et de fraude. (Auparavant, le Caucus de l’Iowa avait été également le théâtre de fraudes diverses, jusqu’à un recomptage et un changement de vainqueur, – Santorum à la place de Romney.) Les résultats de Ron Paul sont extraordinaires dans ce cas. Dans toutes les précédentes primaires, il augmente son total en voix de 2008 de près de 95% (Floride) jusqu’à près de 500% (Caroline du Sud) ; dans le Nevada, il reste au même niveau qu’en 2008, à 88 voix près (un peu plus de 1% d’augmentation). Voici les résultats en voix de Paul, en 2008 et en 2012 (premier et deuxième chiffres entre parenthèses), par Etat jusqu’à la primaire du Nevada : Iowa (11.841 – 26.036), New Hampshire (18.308 – 56.872), Caroline du Sud (16.155 – 78.362), Floride (62.887 – 117.410), Nevada (6.087 – 6.175)… Le graphique à cet égard est impressionnant. Les bruits de fraude ont été nombreux et documentés localement et dans la presse de l’Internet (voir le RobertWanekReport.com du 5 février 2012), et il est manifeste que la fraude s’est largement déroulée aux dépens de Ron Paul, et de toutes les façons à l’avantage de Romney. (Officiellement, la campagne de Ron Paul a refusé l’idée qu’il y avait eu des fraudes dans le Nevada, préférant parler de “désordre”. Elle n’a déposé ni plaintes, ni demande d’enquêtes. Cette position s’accorde à sa tactique générale d’“entrisme” en douceur.)

• Les réactions sur les sites de Ron Paul, très nombreuses, ont été virulentes, devant les suggestions et les affirmations qu’il y avait eu des fraudes. Elles ont donné des indications intéressantes sur le sentiment des électeurs de Ron Paul, qui s’avèrent en général beaucoup plus “pauliens” que républicains ou républicains-libertariens. Les réactions générales ont été que Ron Paul devait absolument envisager l’option “nucléaire” d’organiser une campagne comme indépendant, si nécessaire en créant un troisième parti, – par exemple, dans le cas où il n’emporterait pas l’investiture à cause de manœuvres politiciennes de la direction du parti républicain, où dans celui où il n’obtiendrait pas une place de compétiteur pour la désignation à cause d’actions de fraude de cette sorte. La réaction des électeurs de Ron Paul est en général celle de la révolte plus que de l’abattement, et une réaction radicalement hostile au parti républicain, ce qui fait penser à un état d’esprit très fortement marqué par une sorte d’autonomie agressive, voir d’hostilité au parti républicain. Il existe d’ores et déjà chez les électeurs de Ron Paul (qui comprennent d’ailleurs nombre d’indépendants et certains de tendance démocrate) un état d’esprit étranger et hostile au parti républicain.

• Des plus récents sondages nationaux, il s’avère que Ron Paul a des positions potentielles (théoriques) très puissantes. Il reste, avec Romney, le seul candidat républicain potentiel assez proche d’Obama pour espérer le battre dans la phase finale de l’élection présidentielle. Du point de vue du parti républicain, au niveau national, le plus récent sondage (Reuters, du 7 février 2012) voit Ron Paul progresser de 5% et passer deuxième derrière Romney, qui recule de 1% par rapport à sa position précédente. Les deux autres candidats sont très proches (29% à Romney, 21% à Paul, 19% à Gingrich, 18% à Santorum). Il s’agit également d’un regroupement, d’un resserrement des candidats qui rend la situation générale très confuse…

«Despite his strong showing in early state contests in the race for the Republican U.S. presidential nomination, Mitt Romney's support nationwide has dipped slightly during the past month, according to a Reuters/Ipsos poll released on Tuesday.

»Romney was backed by 29 percent of Republican voters in the telephone poll conducted February 2-6, down from 30 percent in a survey in early January, although the change was within the poll's margin of error. The results suggest Romney – despite his vast advantages in organization, fundraising and momentum after victories in New Hampshire, Florida and Nevada – still has many doubters among Republicans nationwide. “He still hasn't really convinced all the Republicans across the country that he's the guy to get behind,” said Chris Jackson, research director for Ipsos public affairs.

»The former Massachusetts governor's three rivals in the race to oppose Democratic President Barack Obama in the November 6 U.S. election were in a virtual tie for second, the poll showed. The gaps between the three were within the poll's margin of error. Support for Ron Paul, a U.S. congressman from Texas, grew by 5 percentage points to 21 percent. That moved him into second place and ahead of former House of Representatives speaker Newt Gingrich, whose support slipped to 19 percent from 20 percent. Support for Rick Santorum, a former U.S. senator from Pennsylvania, rose by 5 percentage points to reach 18 percent, putting him just behind Gingrich, according to the poll.»

• Pour compléter le point précédent, il faut observer que la tactique très constitutionnaliste de Ron Paul et de son état-major de campagne est d’utiliser tous les moyens pour chercher plus le nombre de délégués que le nombre de voix, pour assurer une position de force à la convention républicaine. (Ce sont les délégués de la campagne des primaires qui votent, lors de la convention désignant le candidat officiel du parti.) Un texte détaillé sur cette question a été officiellement diffusé par la campagne de Ron Paul le 8 février 2012 sous le titre «Ron Paul Winning the Battle for Delegates» («We are thrilled with the yesterday’s results. Our campaign to Restore America continues to gain ground, and we are poised to pick up even more delegates from Minnesota and Colorado adding to our delegates in Iowa, New Hampshire, and Nevada…») Certains commentaires de lecteurs montrent quelle pourraient être la réplique de la direction du parti et la campagne de la presse-Système contre Paul, retournant l’argument de la démocratie contre cette tactique ; l’un de ces commentaires résume l’argument :

«If Paul gets the delegates through non mainstream media visible needs and causes problems at the convention the GOP party will cry fowl with their own rules and the media will run the story that this approach to getting the nomination is not democratic. Hey, rules are rules and we are fighting for those delegates; not popular votes. Just be prepared for those two talking points when it comes down to this.»

• Enfin, il existe un courant radical de purs partisans de Ron Paul qui craint des manœuvres d’infiltration dans le mouvement, voire des situations d’infiltration d’ores et déjà accomplies. Il s’agirait alors de détourner et de “récupérer” au profit de l’establishment le mouvement de campagne de Ron Paul. Un texte du Washington Post du 1er février 2012 semble illustrer une de ces manœuvres. Il est cité dans une chronique de Justin Raimondo, de Antiwar.com, “pauliste” intransigeant ; cette chronique du 2 février 2012 explique très en détails ce type de manœuvre de pénétration/récupération et détaille une manœuvre en cours. On sent, par exemple, que Raimondo entretient certains soupçons à l’encontre de Rand Paul, fils de Ron et sénateur du Kentucky. (Il est vrai que Rand Paul a voté les dernières sanctions draconiennes du Sénat contre l’Iran, – absurde vote, encore mieux huilé que ceux du Comité Central dans le temps, de 100 voix contre zéro ! –, ce qui n’est certainement pas dans le sens de la politique extérieure de son père.)

Légitimation de la tortue

D’une façon générale, on a confirmation, après plus d’un mois de campagne et un certain nombre de résultats constituant près d’un cinquième du processus (huit Etats sur les cinquante à consulter), que la campagne de Ron Paul fondée sur un mouvement résolument populiste et “transpartisan”, se fait selon un schéma résolument anti-populiste. La chose a été déjà mise en évidence (voir le 1er février 2012) et elle se confirme à la fois d’une façon très technique et très tactique, dans le chef même des organisateurs de la campagne et selon les conceptions de Ron Paul lui-même. (S’il s’estime refléter un mouvement absolument populaire, Ron Paul affirme qu’il est, lui, le légaliste et le constitutionnaliste, contre l’usurpation du Système. La dimension contestatrice hors des normes strictement formelles caractéristique d’un mouvement populiste est donc absente de sa démarche.)

L’effet général est multiple. D’abord, il existe un certain effet de tassement de l’effet de communication du mouvement Ron Paul (notoriété subite, enthousiasme voyant, etc.), qui contraste par exemple avec l’atmosphère qui a régné en décembre, avant le début des primaires. Pour autant, cet effet ne semble guère entamer la résolution, l’efficacité et l’enthousiasme des “pauliens” eux-mêmes, notamment des militants de base et de ceux qui les rejoignent sans étiquetage de partis ; cette base activiste a des caractères d’information, de conviction, de substantivation de l’action qui, dans ce cas, contraste complètement avec la volatilité et le caractère nécessairement éphémère ou fragile d’un mouvement populiste. En un sens, le mouvement de Ron Paul n’a pas besoin d’un tribun qui entraîne les foules (ce qui n’est pas le cas de Paul), parce qu’il ne crée pas sa propre dynamique (propre d’un mouvement populisme) mais parce que sa dynamisme est créée par les troupes, par les activistes, par les militants et les électeurs eux-mêmes, sinon par la situation du pays.

L’avantage paradoxal est une certaine intégration de la campagne Ron Paul dans les normes du Système, et, dans ce cas, du parti républicain. La campagne Ron Paul semble même être la plus “technique”, celle qui use avec le plus d’habileté des normes très complexes du Système, et du parti républicain lui-même. Certains pourraient y voir un autre aspect de “récupération” par le Système, mais il pourrait leur être répondu (cas du verre à moitié vide où à moitié plein) que c’est au contraire de l’“entrisme” pur pour mieux triompher à l’intérieur des structures du Système et faire sauter le Système de l’intérieur… Dans tous les cas, ces divers constats conduisent à observer que, plus que jamais, l’objectif de la campagne Ron Paul tel que le perçoivent ses partisans est sans aucun doute de concourir pour la nomination, et nullement de s’en tenir à la seule affirmation d’un mouvement important ; et cet aspect technique et tactique concourt certainement à ce que le but n’est nullement d’influence dans le parti, mais de victoire politique pour la désignation. Cette situation n’arrange certainement pas ceux qui, dans le parti républicain, cherchent à “récupérer” Paul, et qui plaident pour une “alliance” assez étrange Paul-Romney (l’article du Washington Post). Cette tactique, ce risque dénaturant le mouvement, sont de plus en plus compromis par l’incapacité de Romney à s’imposer comme candidat absolument favori.

Le paradoxe central qui est en train de prendre forme, par cette évolution pleine de paradoxes parcellaires, est résumé jusqu’à son extrême par un commentaire d’un partisan de Paul, qui a été accepté, – c’est un signe des temps, – comme un commentateur régulier sur Yahoo ! pendant la campagne de 2012. Il s’agit de L. Lippincott, qui conclut son commentaire, le 8 février 2012 : «It's looking more like the only choice voters have is between Paul or Barack Obama. Obama would win the general election if anyone other than Paul is the Republican nominee because they could not carry the Libertarian-Republican voter bloc, and Paul would win the general election if he is the Republican nominee because in a general election he would draw in the most independent voters and voters from across the aisle.» Mais cet argument est plus une amabilité faite par Lippincott au parti républicain, qu’une observation tentant d’avantager Ron Paul ; assez justement, il implique dans son analyse que Ron Paul lui-même, tout seul, éventuellement hors du parti républicain et constitué en un troisième candidat indépendant dans des circonstances favorables (obligation pour Paul d’abandonner l’investiture républicaine à cause de la félonie de la direction du parti, et non “trahison” du parti par Paul), a plus de chance de battre Obama que n’importe quel candidat républicain hormis Ron Paul…

Tout cela, c’est pour l’instant de la théorie, mais assez fondée sans aucun doute. Mais l’on ne s’en tiendra pas à la théorie. En d’autres mots, d’ici août-septembre, au sein et autour du parti républicain, et dans la campagne présidentielle, “il y aura du sang”… Expression pour signifier qu’à un moment ou l’autre, nécessairement, des affrontements terribles auront lieu. Ces quelques points résument effectivement cette marche vers un affrontement.

• Si la situation suit l’évolution déjà constatée, avec la diffusion grandissante des idées et des conceptions de Ron Paul dans un climat où la nécessité d’une rupture avec le statu quo ne cesse de gagner du terrain, avec des adversaires dont aucun n’est capable de progresser puisque tous sont enfermés dans les impératifs maniaques de la politique du Système, Ron Paul arrivera à la convention avec une masse puissante de délégués qui le rendront non seulement incontournable pour toute décision, mais en feront le candidat évident du parti républicain. Cela représente un certain nombre de conditions, et l’on peut rétorquer que des surprises sont toujours possibles, ou des changements d’orientation défavorables à Paul. C’est l’évidence, mais l’évidence dit aussi que le contraire est possible (“surprises” à l’avantage de Paul), et que l’extraordinaire impopularité du Système fait plutôt penser à ce deuxième terme de l’alternative… Elle le dit d’autant plus que cette évolution de la campagne de Paul est certes due à la qualité de l’homme, mais elle est essentiellement due au vide abyssal qui l’entoure, qui est palpable chez les autres candidats, qui rend absolument compte de la crise d’effondrement du Système..

• Dans ces conditions, on voit mal la possibilité d’une récupération en douceur de Paul par le Système… Parce que Paul ne serait pas assez faible d’une part, parce que Paul reste Paul d’autre part. Ce dernier point est évidemment capital, comme on le comprend bien. Les choix politiques de Ron Paul, tant intérieurs qu’extérieurs, et encore plus extérieurs qu’intérieurs, sont inflexibles et absolument radicaux par rapport aux normes de fer du Système, et absolument inacceptables par le Système…

• Ainsi, toute la belle mécanique tactique décrite ci-dessus, avec les soutiens divers constatés, vole complètement en éclats. Beaucoup de choses indiquent que Ron Paul a de grandes chances d’être placé comme au moins l’un des deux, sinon le favori(s) pour la désignation républicaine, et, de toutes les façons, comme une condition sine qua non à toute désignation (la sienne ou celle d’un autre) ; et tout indique que les conditions non négociables qu’il mettra à sa candidature ou au soutien d’une autre sont absolument inacceptables par le Système.

… Par conséquent, l’affrontement est inévitable. Nous serions bien en peine de prévoir quelle forme il prendra et à quelle occasion, sur quel argument il se formera, par quels moyens, etc., sur quoi il débouchera enfin, mais il aura nécessairement lieu. En attendant, ce que nous constatons, en conclusion, c’est un fait majeur pour la perception des choses, – un fait qui nous semble objectif. Pour Ron Paul, le résultat direct de ces diverses péripéties, c’est d’ores et déjà une légitimation puissante de sa candidature, avec le fait concomitant de la complète destruction de son image de marginal unelectable, au profit de l’image d’un candidat qui peut absolument prétendre à la nomination, et à la présidence par conséquent. Cette légitimation à l’intérieur du Système d’un élément, d’un personnage qui est, qu’il le veuille ou non, absolument antiSystème, est un fait absolument fondamental, et évidemment extraordinaire (c’est la raison pour laquelle on n’en parle guère). C’est aussi un fait sans surprise, reflétant sans aucun doute l’étrangeté et l’énorme volatilité souterraine et explosive du climat politique aux USA aujourd’hui.