Terrorisme au bout de la lunette en Californie

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Terrorisme au bout de la lunette en Californie

La “révélation“ s’est faite en toute discrétion. Pas de ce battage sur l’alerte impliquant FBI, NSA, CIA, HMS, etc., de grandes déclarations alarmées, al-Qaïda par-ci, al-Qaïda par là... Au contraire, quelle discrétion  ! Il a donc fallu attendre le 4 février 2014 dans le Wall Street Journal, repris ensuite par quelques dissidents, comme The Truth Wins (Michael Snyder le 6 février 2014) et Infowars.com (le 6 février 2014), pour apprendre qu’une attaque terroriste sinon de grand style dans tous les cas d'un style très nouveau, mais dans la plus grande discrétion de communication et la plus grande efficacité opérationnelle, avait mis hors d’usage pendant plusieurs semaines une centrale électrique en Californie.

L’attaque fut très particulière, et sans doute la première du genre : un groupe, – disons, un commando de snipers tirant sur la centrale pendant 19 minutes, avec la plus extrême précision, touchant avec une efficacité évidemment chirurgicale des points sensibles de la centrale entraînant des perturbations de fonctionnement considérables. Le plus intéressant est que l’information du WSJ vient de déclarations publiques qui viennent d’être faites et qui n’ont guère eu d’échos dans la presse-Système. Il semble qu’il y ait eu au départ des informations venues d’un ancien officiel, puis relayées bientôt par des sources effectivement officielles. La source principale du WSJ qualifie l’incident d’“attaque terroriste domestique le plus significative contre le réseau électrique du pays”. Aucune arrestation n’a pu être opérée, aucune piste sérieuse n’a été localisée. Certaines hypothèses avancent l’idée d’une “répétition” pour une attaque plus importante et plus significative.

«The attack began just before 1 a.m. on April 16 last year, when someone slipped into an underground vault not far from a busy freeway and cut telephone cables. Within half an hour, snipers opened fire on a nearby electrical substation. Shooting for 19 minutes, they surgically knocked out 17 giant transformers that funnel power to Silicon Valley. A minute before a police car arrived, the shooters disappeared into the night... [...]

»To avoid a blackout, electric-grid officials rerouted power around the site and asked power plants in Silicon Valley to produce more electricity. But it took utility workers 27 days to make repairs and bring the substation back to life.

»Nobody has been arrested or charged in the attack at PG&E Corp.'s Metcalf transmission substation. It is an incident of which few Americans are aware. But one former federal regulator is calling it a terrorist act that, if it were widely replicated across the country, could take down the U.S. electric grid and black out much of the country. The attack was “the most significant incident of domestic terrorism involving the grid that has ever occurred” in the U.S., said Jon Wellinghoff, who was chairman of the Federal Energy Regulatory Commission at the time... [...]

»The 64-year-old Nevadan, who was appointed to FERC in 2006 by President George W. Bush and stepped down in November, said he gave closed-door, high-level briefings to federal agencies, Congress and the White House last year. As months have passed without arrests, he said, he has grown increasingly concerned that an even larger attack could be in the works. He said he was going public about the incident out of concern that national security is at risk and critical electric-grid sites aren't adequately protected.

»The Federal Bureau of Investigation doesn't think a terrorist organization caused the Metcalf attack, said a spokesman for the FBI in San Francisco. Investigators are “continuing to sift through the evidence,” he said.

»Some people in the utility industry share Mr. Wellinghoff's concerns, including a former official at PG&E, Metcalf's owner, who told an industry gathering in November he feared the incident could have been a dress rehearsal for a larger event. “This wasn't an incident where Billy-Bob and Joe decided, after a few brewskis, to come in and shoot up a substation,” Mark Johnson, retired vice president of transmission for PG&E, told the utility security conference, according to a video of his presentation. “This was an event that was well thought out, well planned and they targeted certain components.” When reached, Mr. Johnson declined to comment further...»

Il y a beaucoup d’éléments mystérieux et incertains dans cette nouvelle. D’abord, des déclarations publiques, mais pas vraiment officielles, – disons, semi-officielles, avec des appréciations contrastées. Ensuite, une opération décrite comme le travail d’un véritable commando de soldats professionnels, utilisant les techniques avancées du tir de précision, dans des conditions qui demandent certaines connaissances techniques précises de l’objectif, ou dans tous les cas des informations précises à cet égard. D’autre part encore, un FBI qui n’a aucune information sur rien, et qui décrète pourtant qu’il ne s’agit pas d’une organisation terroriste, alors que l’attaque représente évidemment une réelle organisation d’une opération de commando. Même les commentaires des textes “dissidents” restent incertains, au point où l’on sent les auteurs balancer vers une interprétation hostile de l’acte alors qu’une autre interprétation pourrait être qu’un acte domestique intérieur, de “haute qualification”, – par exemple renvoyant pour ses aspects technique et tactique aux capacités des “forces spéciales” des armées modernes ou à certaines unités du crime organisée, – se justifierait au regard de l’attitude du “centre” fédéral dans nombre de domaines, de la militarisation des forces de police et du maintien de l’ordre, des pressions de surveillance exercées par la NSA, etc. Ainsi, Michael Snyder écrit-il, en passant au thème d’une possible attaque contre des installations de nucléaire civil (un “Fukushima américain”, écrit-il dramatiquement), se plaçant ainsi, objectivement, du côté des forces antiterroristes qui sont en général dénoncées comme adversaires des dissidents antiSystème aux USA même. :

«In a previous article, I discussed a very disturbing report that showed that our nuclear facilities are indeed extremely vulnerable… Commercial and research nuclear facilities across the U.S. are inadequately protected against the threat of terrorism, according to the results of new study released this week by the Nuclear Proliferation Prevention Project (NPPP) at the University of Texas at Austin’s LBJ School of Public Affairs. The two biggest terror threats facing these facilities, according to the report, are the theft of bomb grade nuclear materials and sabotage attacks aimed at causing a nuclear reactor meltdown.

»The study, entitled “Protecting U.S. Nuclear Facilities from Terrorist Attack: Re-assessing the Current ‘Design Basis Threat’ Approach,” found not one of the 104 commercial nuclear reactors in the U.S. is protected against a “maximum credible terrorist attack,” such as 9/11. In fact, nuclear facilities are not required to protect themselves against airplane attacks, assaults by large teams of terrorists or even high-power sniper rifles.

»The truth is that we are far, far more vulnerable to terror attacks than most Americans would dare to imagine. So why isn’t the federal government doing more to protect us?»

L’impression générale laissée par cet événement si incertain, – ce côté public et pourtant sans le moindre écho médiatique sérieux, – soumis à des interprétations qui le sont tout autant, – un tel acte de terrorisme doit-il être ressenti, y compris par des “dissidents”, comme une attaque contre les USA, ou bien s’agit-il d’un acte de colère intérieur, un acte contre le “centre fédéral” et toutes les organisations qui le représentent, concrètement ou symboliquement, – cette impression générale reflète le désarroi régnant aux USA. On trouve divers courants de communication très contradictoires qui alimentent ce climat si incertain. D’un côté, les nombreuses rumeurs de militarisation, les achats massifs de munition par le Home Security Department, l’équipement quasi-militaire des polices, le durcissement de la répression, bien entendu le réseau de surveillance de la NSA, tous ces actes qui sont considérées par une partie importante de l’opinion publique comme des mesures d’exception mises au point par le “centre” contre le citoyen. D’un autre côté, la très grande faiblesse d’information concernant certains événements, rapidement étiquetés comme “accidents industriels” (comme l’explosion de l’usine de fertilisants industriels de Waco, au Texas, le 17 avril 2013) et qui pourraient aussi bien être le résultat d’attaques terroristes. Enfin, l’attaque elle-même, d’avril dernier, qui ne renvoie à aucun type d’acte de terrorisme habituel, qui ne cherche aucune publicité médiatique et de communication, qui semble rechercher une efficacité calculée, qui montre effectivement cette efficacité et semble échapper à tous les réseaux habituels de renseignement, c’est-à-dire ne cherchant nullement à exploiter dans un sens ou l’autre le système de la communication. (Même l’hypothèse d’une opération de provocation des autorités n’a guère de sens, en raison de l’absence complète de publicité autour de l’événement, qui réduit son effet de communication et son effet psychologique d’autant.)

... En d’autres temps, un tel événement aurait été mis sur le compte des impondérables et incontrôlables de la vaste population des États-Unis, avec sa diversité extrême et ses habitudes de violence. Aujourd’hui, une telle interprétation paraît infiniment plus difficile, jusqu’à se demander si, en d’autres temps, un tel événement, dans les conditions où on le décrit, eût été possible... Finalement, les conditions même de discrétion, d’absence de recherche de publicité, de non-exploitation de la communication, représentent un cas assez inédit, comme une sorte de recherche de l’effet par absence d’effets. Les pressions de la situation crisique du monde font que, de moins en moins de choses, d'incidents, de tensions sont laissées au hasard aujourd'hui. Tout prend une signification aujourd'hui, même le silence et l'ignorance de l'acte.


Mis en ligne le 7 février 2014 à 14H24