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1339Dans notre Brève de crise du 21 janvier 2014, nous introduisions un extrait de l’article de David Remnick, du New Yorker, pour illustrer l’orientation de la “carrière” de BHO, dans lequel il était question de son état d’esprit avant le discours annuel de l’“État de la Nation”. Il s’agissait d’une illustration d’une situation personnelle, d’un caractère, d’une intentionnalité par rapport aux mœurs des élites politiques.
• ... Nous citons à nouveau cet extrait, cette fois comme premier élément dans notre intention de montrer la situation politique du pays, tant de la direction politique que des divers centres de pouvoir et de la population, qu’illustre indirectement et sans doute involontairement l’état d’esprit du président tel qu’on peut le ressentir. Il s’agit de l’abdication de tout effort sérieux pour faire fonctionner la mécanique normale du pouvoir, donc la reconnaissance de sa propre paralysie, de son irrelevance (“absence de pertinence”) en tant que président avec la capacité de gouverner. Après cinq années où il n’est jamais parvenu à affirmer son autorité, Obama se reconnaît lui-même, avec deux ans d’avance, comme un lame duck, ou “canard boiteux”, désignant en général la situation d’un président en fin de mandat, dans sa dernière année, – à ce moment où il perd complètement son autorité et, par conséquent, l’exercice de ses pouvoirs. On voit effectivement qu’Obama précède de deux ans cette situation, reproduisant analogiquement le fameux titre d’un journal US, en 1931, lors de la Grande Dépression («Les USA sont passés directement de la barbarie à la décadence»), – ce qui donnerait ceci qu’“Obama est passé directement de l’inexpérience à l’impuissance”. Une telle considération, paraissant dans un journal comme le New-Yorker sans soulever ni commentaires, ni protestations, fait mesurer le degré d’aveuglement où nous nous trouvons quant à la connaissance de ce qu’est la puissance aux USA, au regard de l’histoire moderne, depuis 1933 et l’élection de Roosevelt, de ce pays ; qu’un président des USA laisse entendre qu’il n’espère plus rien de son pouvoir pour les trois prochaines années de son mandat constitue une formidable description de la crise totale du pouvoir aux USA, – et encore, cela, après les chaotiques cinq années d’Obama qui ont précédé. .. On se permet de souligner de gras le passage important à cet égard.
«Obama has three years left, but it’s not difficult to sense a politician with an acute sense of time, a politician devising ways to widen his legacy without the benefit of any support from Congress. The State of the Union speech next week will be a catalogue of things hoped for, a resumption of the second inaugural, with an added emphasis on the theme of inequality. But Obama knows that major legislation—with the possible exception of immigration—is unlikely. And so there is in him a certain degree of reduced ambition, a sense that even well before the commentariat starts calling him a lame duck he will spend much of his time setting an agenda that can be resolved only after he has retired to the life of a writer and post-President.»
• Un deuxième élément est la situation réelle de l’emploi, ce qui signifie bien plus que le chômage ou le “seuil de pauvreté”, etc., c’est-à-dire l’aspect statistique du domaine. C’est ce que nous nommons dans notre sous-titre “la rupture verticale”, classiquement représentée par les chiffres réels du chômage, de la misère, etc., et donc le “saucissonnage” social avec une classe inférieure totalement à la dérive, où la marginalité est en train de devenir la majorité sociale. Pour rappeler cette situation déjà très documentée, on citera le commentateur Paul Bedard, éditeur d’une lettre d’information à Washington, collaborateur du Washington Examiner, qui donne un état général de la question, ce 21 janvier 2014. Bedard cite un commentateur et un conseiller extérieur aux milieux de Wall Street, David John Maretta. On retrouve bien entendu les constantes de la fraude des statistiques officielles, et l’on détient ici une “photographie” satisfaisante de la vérité de la situation sociale aux USA, selon des ordres de grandeur dans les situations catastrophiques qui équivalent à ceux de la Grande Dépression, – mais cela, sans la moindre reconnaissance officielle de la chose, et par conséquent sans aucune mesure d’urgence pour y remédier, – mais mesure décidée par qui, d’ailleurs, puisque le pouvoir politique n’existe plus ?
«In a memo to clients provided to Secrets, David John Marotta calculates the actual unemployment rate of those not working at a sky-high 37.2 percent... [...] “Unemployment in its truest definition, meaning the portion of people who do not have any job, is 37.2 percent. This number obviously includes some people who are not or never plan to seek employment...»
»Then there is the Misery Index, which is a calculation based in inflation and unemployment, both numbers the duo say are underscored by the government. [...] “Today, the Misery Index would be 7.54 using official numbers,” they wrote. But if calculations tabulating the full national unemployment including discouraged workers, which is 10.2 percent, and the historical method of calculating inflation, which is now 4.5 percent, ‘the current misery index is closer to 14.7, worse even than during the Ford administration.”»
• Le troisième élément de cette même situation réelle est ce que nous caractérisons dans le même sous-titre comme “la rupture horizontale”, c’est-à-dire la division du pays dans des groupes ou des mouvements qui ne cessent de se radicaliser et s’opposent dans un climat de “guerre civile soft”, larvée, bien dans la manière des conditions qu’imposent le système de la communication et l’ère psychopolitique. On pourrait parler d’un bloc contre un autre bloc, mais ce serait à notre sens faire trop appel à des notions dépassées comme l’idéologie, l’antagonisme culturel, etc., bien que ces notions subsistent. Il s’agit plutôt d’une situation extrêmement fluide de Système versus antiSystème, avec des mouvements constants, des passages de tel ou tel groupe du Système à l’antiSystème et vice-versa (toujours l’effet du système de la communication et de l’ère psychopolitique), ne cessant de renforcer la situation de “rupture horizontale“ sans l’identifier d’une façon formelle, ce qui rend extrêmement difficile d’en trouver le remède. Les réflexions sur cette situation qui s’est focalisée autour de la personnalité d’Obama, paradoxal diviseur sans pourtant avoir beaucoup agi et en ayant surtout cherché des compromis lénifiants parvenant à leur exact contraire, sont aujourd’hui fixées autour de l’hypothèse d’un Obama décidant de gouverner “par ordonnances”, hors du contrôle du Congrès : ce soupçon va exactement contre l’état d’esprit d’Obama qu’on a vu plus haut, donnant le résultat d’un facteur psychologique dramatique de division de plus (système de la communication) alors que ces mesures ne seront très probablement jamais appliquées : une psychologie de “division horizontale” en constante radicalisation sous le coup d’une menace supposée sans que cette menace ne se concrétise, c’est-à-dire sans mesures de fermeté pour contrecarrer cette “division horizontale” sous la contrainte...
L’institut de statistique Zogby fait paraître un très court rapport sur cette “rupture horizontale” en alimentant ce soupçon d’un gouvernement “par ordonnances”, avec son effet psychologique d’accentuer la tension. (Voir le 18 janvier 2014.)
»Pollster John Zogby reports in our White House report card that President Obama's bid to rule by executive order shows that the nation is torn. “A new congressional study details the laxity in security in Benghazi prior to the attack that killed the U.S. ambassador and three other Americans. There was plenty of blame to go around.
»“The president's approval numbers still hover around the low 40's, and so few Americans feel the country is headed in the right direction. [...] “In his sixth year at the helm, Mr. Obama is promising to bypass Congress to achieve his agenda via executive orders on job growth, income equitability, and the environment. Supporters say it is about time; opponents worry about another ‘imperial president.’ The meaning: the nation is terribly split and hardened.”»
On pourrait penser, devant ces divers éléments, qu’on est entré, aux USA, dans une nouvelle phase. Les situations détériorées et les oppositions puissantes de ces dernières années subsistent mais elles tendent à se diluer dans un tourbillon de désordre où il devient impossible de reprendre quelque contrôle que ce soit, soit par des tentatives de compromis et d’arrangement dont on a eu depuis longtemps la démonstration de leur complète inefficacité, soit par un gouvernement plus affirmé, plus autoritaire, dont on ne voit absolument pas comment un Obama pourrait l’assurer, voire même y songer sérieusement dans l’état d’esprit où il se trouve et avec le caractère qu’il montre. La conséquence est que les facteurs de détérioration et d’opposition perdent de leur réelle identification et s’intègrent dans un mouvement de désordre général, sans perdre en aucune façon leurs caractères de gravité et d’intensité, avec les pressions et les contraintes qui en résultent.
Si nous voulons interpréter cette situation, nous dirions que la phase de déstructuration est définitivement installée, et que l’on passe maintenant à la phase de dissolution de cette situation déstructurée, toujours sans que soient réduits en rien les effets de pressions et de contraintes de la déstructuration qui aliment effectivement les divers antagonismes. Ce qui est remarquable, c’est le parallélisme des convergences, y compris avec la personnalité et l’évolution psychologique de Barack Obama. Les crises diverses constituent les dynamiques alimentant ces diverses évolutions et permettant l’évolution générale de la situation de la phase de la déstructuration achevée vers un processus de dissolution de tous les éléments épars résultant de la déstructuration. Les crise intègrent dans leur spécificité les phénomènes généraux constatés pour la situation des USA en général. La crise Snowden/NSA est une bonne illustration et mise en pratique du phénomène, avec les trois éléments mentionnés : d’abord l’élément immuable de la direction complètement paralysée, toujours représentée par Barack Obama dans la même posture, avec les mêmes traits psychologiques, ses interventions n’aboutissant finalement qu’à une phase nouvelle d’une sorte de paralysie ainsi renforcée, selon des propositions et des “décisions” heurtant tout le monde et n’apportant aucun élément décisif, tout en empêchant des décisions essentielles, dans un sens ou l’autre ; ensuite l’élément de la rupture verticale avec l’évolution de plus en plus marquée de l’opposition entre la population et divers groupes de pression, et la direction de sécurité nationale, à propos de l’activité de la NSA et ses effets sur les libertés civiques, avec de façon plus générale l’évolution de plus en plus défavorable de l’opinion publique (voir le 21 janvier 2014) pour une pratique qu’elle acceptait jusqu’alors aisément au nom de la lutte dans la guerre contre la terreur ; enfin l’élément de rupture horizontale, avec les oppositions montantes entre des fondements du système de l’américanisme (législatif, exécutif, Cour Suprême), entre des institutions de plus en plus concurrentes, voire à l’intérieur de certaines institutions (notamment à l’intérieur du système judiciaire). Ce qui importe, on le comprend, ce sont moins les thèmes, les causes, etc., que les processus en cours, la simultanéité des éléments dynamiques des processus, conduisant toujours sur cette voie déstructuration-dissolution.
Là-dessus se font évidemment toujours entendre les habituels gémissements sur la puissance persistante des USA (du Système), sur la lenteur du processus d’effondrement (du Système dans ce cas), etc. Laissons de côté ces observations sans peu d’importance et complètement infondées parce qu’elles sont situées dans la contingence des événements courants et relèvent de l’humeur plus que de la raison. Ce qui importe, c’est la résilience des mouvements enregistrés, présentant les mêmes caractères de déstructuration et de dissolution avant de se heurter à l’énigme de l’entropisation qui peut déboucher sur des mouvements violents, des réactions inattendues, etc. Ce qui importe, c’est qu’on voit se réaliser le processus dd&e (voir le 7 novembre 2014) au désavantage du Système, alors que le Système est censé au contraire porter chez les autres ce processus dd&e. Cette inversion du processus dd&e contre le Système est l’indication évidente de la transformation de sa dynamique de surpuissance en dynamique d’autodestruction.
Mis en ligne le 22 janvier 2014 à 13H48
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