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1188Il n’est plus question d’être les “spectateurs” (même “engagés”) des évènements du monde qui sont opérationnalisés par des directions-Système à la fois complètement manipulées par le Système, et pourtant de plus en plus impuissantes à remporter les victoire décisives que réclame le Système. Il apparaît de plus en plus clairement que le champ de bataille exclusif de cette phase fondamentale de la Grande Crise de notre époque se trouve dans ce champ de la communication antiSystème très organisé qu’on trouve désormais complètement en-dehors de la presse-Système dont la mission de verrouillage de la communication peine de plus en plus à être menée à son terme. (Les seules occurrences où la presse-Système sert encore à quelque chose, et vit encore à peu près, c’est lorsqu’elle s’aventure dans les situations antiSystème.)
Nous expliquant d’une forme de notre travail sur un cas spécifique qui s’inscrivait dans le cadre de la grande “bataille des traités” (TTIP pour l’Europe, TPP pour les USA pour l’instant), le 10 juin 2015, nous parlions de la mobilisation des esprits et comparions les actions de communication de la presse alternative/antiSystème, – nouveaux sites, pétitions, articles, reportages, – aux pavés et aux “cocktails Molotov” des manifestations et émeutes d’antan.
«Pour attirer encore plus votre attention, il nous a semblé utile d’en faire une nouvelle spécifique plutôt que faire un rajout dans le Bloc-Notes déjà référencé, comme il eût été logique de procéder. Cette façon d’agir ajoute structurellement, dans la construction même de notre travail, notre souci d’utiliser toutes les armes de la communication pour avertir et alerter les esprits. Aujourd’hui, comme le faisait remarquer cette même voix amie déjà mentionnée, les pavés et les “cocktails Molotov” de la révolte sont des sites nouveaux qui s’ouvrent, des pétitions européennes qui exercent leurs pressions psychologiques. La bataille est massive et générale, et son champ est la communication.»
Nous ne sommes pas assez informés des actions parallèles qui se déroulent dans les principales grandes zone du bloc BAO, – puisque c’est effectivement dans le bloc BAO principalement que peut et doit se développer cette sorte de bataille, tandis que la rue est laissée désormais à l’affectivisme des manifestations humanitaires au rythme des “valeurs” dont les directions-Système tentent continuellement de faire une sorte de spectacle, d’entertainment pour détourner l’esprit des préoccupations fondamentales. Ainsi ignorons-nous le dispositif considérable que la “dissidence” alternative US, de facto antiSystème – dans ce cas essentiellement venue des démocrates, – a mis en place depuis quelques semaines pour la “bataille du TPP” qui se déroule à Washington...
Cette bataille est, tant s’en faut, loin d’être gagnée, et elle doit se poursuivre dès aujourd’hui ou demain à la Chambre des Représentants par un nouveau vote qui reste ouvert et pourrait donc aussi bien voir une victoire de l’administration annulant en bonne partie la victoire des antiSystème, vendredi dernier. Une observation résume le climat d’affrontement qui ne peut être qualifié que de “révolte populaire”, actuellement régnant à Washington : «Once again the Congress needs to be flooded with phone calls from across the political spectrum. The populist rebellion that has been taking place, especially during the last week, needs to continue so that Members of Congress know that they are risking their future election if TPA becomes law and rigged corporate trade agreements are given an easy path to becoming law...»
Cette remarque est extraite d’un article de UNZ.com, le 12 juin 2015 («Not Over Yet, Some Tough Votes Ahead on Fast Track»). UNZ.com, site de grande diffusion largement politique et international, reprend à cette occasion des articles de ces sites spécialisés de la “révolte populaire” en cours aux USA, autour de “la bataille des traités”. Dans l’arsenal à cet égard qui s’est installé aux USA d’une façon extrêmement souterraine, comme fait la structure alternative antiSystème pour qui ne s’y trouve pas complètement impliqué, on trouve des exemples tels que le site PopularResistance.org ou le le site FlushTheTPP.org. Un réseau télévisé comme The Real.News.com, extrêmement spécialisé dans les questions de l’activisme social (voir sa couverture des évènements de Ferguson), assure une couverture extensive de la bataille qui se déroule au Congrès, de ses coup d’éclat et de ses difficultés (voir notamment le 12 juin 2015, «TPP: Victory Today, But More Work Ahead», et le 13 juin 2015, sur l’attitude du Black Caucus à la Chambre, sur la question du TPP).
La bataille du TPP est donc très loin d’être gagnée, et cette semaine un ou des votes cruciaux peuvent faire basculer la tendance observée vendredi dernier. Mais ce qu’il importe d’abord de constater et de commenter, ce n’est pas la victoire ou la défaite, mais le fait même que cette “bataille” ait lieu, et qu’elle soit sérieuse au point d’obtenir le résultat qu’on a pu observer vendredi justement. Il s’agit d’un cas exemplaire de l’efficacité exceptionnelle de ce type de “révolte populaire” : il y a à peine six semaines ou un mois, personne n’aurait pu penser que la question des traités pourrait devenir une “bataille des traités”, qui pourrait à son tour devenir, dans certaines conditions, une “crise des traités”. La cause fondamentale sinon exclusive est le bon usage du système de la communication et de tout ce qu’il peut recéler en fait de presse antiSystème et d’instruments de communication permettant d’exercer des pressions là où il importe de le faire, dans ce cas sur les parlementaires US, particulièrement ceux de la Chambre des Représentants. Le bon esprit est de ne jamais considérer que la surpuissance et le tohu-bohu du Système qui assurent à ses initiatives des places de choix assurent en même temps la défaite certaine de l’antiSystème, ce qui est ainsi une façon de se décourager par avance de tenter de faire de l’antiSystème face au Système. (Cela se nomme “défaitisme” et cela dénote un caractère bien incertain. Qui eut misé deux euros et un kopeck sur un certain général de brigade, un nommé de Gaulle paraît-il, à Londres le 18 juin 1940 ? Et cela, même en cas de victoire des Anglo-Saxons ? L’intérêt de l’antiSystème est qu’il n’a aucun besoin de la surpuissance du Système pour figurer contre le Système, et même au contraire puisque sa tactique est de la retourner contre le Système, – le fameux faire
En Europe, autour de Bruxelles, la bataille du TTIP est engagée d’une façon très différente, avec des circonstances populaires très étonnantes. On connaît l’énorme pétition, type ICEag, engagée auprès de la population de toute l’UE. On se trouvait à plus de 2 190 000 signatures, le 14 juin 2015, ce qui est certes considérable mais qui indique un très net ralentissement du rythme par rapport à ce qu’il était, grâce à la comparaison entre quelques heures, le jour où la direction du Parlement Européen a été contrainte de reporter le vote sur le TTIP, de crainte d'une défaite ; cela implique que la mobilisation n’est pas encore satisfaisante, qu’elle dépend des avatars de l’actualité.
On observe dans cette action que l’Allemagne est de loin le pays le plus actif, ce qui est assez étonnant d’autant que le TTIP est combattu, – selon des fondamentaux faussaires, comme on l’a vu, puisque les USA se battent contre les traités, eux aussi, – au nom d’un antiaméricanisme certain, du domaine de l’économie, de la dérégulation et de la culture. A cet égard, la position de la France est difficilement compréhensible ou bien au contraire trop aisément explicable,... Il y a l’amollissement extraordinaire des “forces vives” et de la conscience souveraine de ce pays à cause des directions politiques depuis au moins 2007, du climat social, des affrontements sociétaux, etc., et d’une façon générale du repli français sur les “grands” débats internes à l’effet absolument paradoxal puisqu’ils sont provoqués justement par ceux-là même qui se plaignent que la France se replie sur elle-même : les tenants de l’ouverture, de la globalisation, de l’anglosaxonisation enferment la France dans des polémiques et des affrontements sans nombre sur des questions présentées comme essentielles puisqu’allant tout de même jusqu’à un polémique concernant un voyage à Berlin d’un Premier ministre supporter de la Barca, et se nourrissant de symboles quasiment provinciaux sinon de voisinage, – tant il semblerait que la question de globalisation puisse être résolue selon l’attitude qu’on prendra dans tel ou tel café de Saint-Germain-des-Prés, sur tel et tel plateau de talk-shows.
La futilité et la bassesse françaises se reflètent dans les chiffres d’avril 2015 de cette fameuse pétition, à la date du 8 avril 2015, où l’action individuelle des citoyens français est très largement distancée par celle des Allemands, et même par celle des Britanniques... «[Au 8 avril, la pétition] rassemblait 1,65 million de signataires, plus de la moitié (975 680) étaient allemands, à comparer avec 224 233 britanniques et 102 310 françaises : soit près de cinq fois plus en Allemagne qu’au Royaume-Uni et dix fois plus qu’en France.. [...] Les organisations de la société civile allemande semblent avoir joué un rôle plus actif dans cette mobilisation. Parmi les signataires, on recensait en effet, à la même date, 14 organisations françaises contre 25 au Royaume Uni et 114 en Allemagne.»
Notre-Europe/l’Institut Jacques Delors, qui constate cette position en retrait des Français dans la contestation d’un projet que le fameux sens de la souveraineté française devrait combattre de toutes ses fibres, se demande si cette poussée populaire (“révolte populaire” ?) européenne selon les nouvelles normes, – et les seules désormais possibles, – de l’expression populaire face au Système finira par déteindre sur la France. En d’autres mots, la France, dont la direction-Système ne cesse de couvrir d’éloges serviles le “modèle allemand”, s’en inspirerait-elle pour une fois où il s’affiche vertueusement antiSystème, – quelles qu’en soient les causes qui nous importent peu ? ... Ainsi Notre-Europe se montre-t-il prudemment pessimiste pour cette perspective, ce qui nous rendrait éventuellement prudemment optimistes.
«On s’attendait à ce que l’opposition au TTIP vienne d’abord de la France, où l’opinion publique est traditionnellement réticente à l’ouverture des échanges. Mais les Allemands ont pris la tête de l’opposition au TTIP, tandis que l'opinion française reste sur la bascule, avec encore 50% d'approbation en novembre 2014. L'attention se porte néanmoins à présent sur une transmission possible de la dynamique d’opposition chez le voisin français. [...]
»1.) Le débat [en France] a été dominé jusqu'à l'été 2014 par les partis minoritaires et la société civile. La défense du TTIP était discrète et le camp des indécis, qui était majoritaire, tendait à se montrer de plus en plus sceptique. 2.) Alors que le gouvernement affiche beaucoup de prudence sur ce dossier, l'inclusion d'un mécanisme de règlement entre investisseur et Etat (ISDS) est devenue depuis un catalyseur d'opposition transpartisane. 3.) Cette prudence du gouvernement pourrait bien ne pas suffire à circonscrire l'opposition au TTIP à mesure que l’on s’approchera d’un accord. La persistance du malaise français vis à vis à la mondialisation et une méfiance traditionnelle vis-à-vis des États-Unis, pourrait faire du
Ces divers constats et descriptions d’une situation très tendue, tant à Washington qu’à Bruxelles, font s’interroger sur le fait de savoir si la “bataille des traités” comme on pourrait d’ores et déjà désigner cette situation, ne risque pas de dégénérer en “crise des traités”. En Europe, avec le rôle de catalyseur de la communication qu’est le PE, où la contestation est en train de naître, c’est une possibilité, et l’aide du grrrand peuple français, s’il consentait à cesser de se regarder le nombril en geignant et à s’impliquer dans cette bataille, serait un élément fondamental. (Nous parlons du “peuple”, pas de la direction-Système française, – sans le moindre intérêt et comptant, comme l’on dit, “pour du beurre” au niveau européen.) Paradoxalement, la pression populaire peut être extrêmement efficace par rapport aux députés européens jusqu’à récemment tenus dans le plus profond mépris quant à leur capacité d’action. Désormais, ils peuvent jouer un rôle important face à l’emportement totalitaire et à au qu’en-dira-t-on démocratique de type-freudien de leurs propres dirigeants-Systèmes, les Juncker et les Tusk.
Aux USA, on l’a vu, la “bataille des traités” est devenue d’une puissance considérable, d’autant plus qu’elle ne cesse de se compliquer de divers ajouts, lois compensatoires, etc., alors que le président chercherait au contraire une situation nette que lui donnerait une FTA dépourvue de toute conditionnalité. Le phénomène purement “technique” est effectivement tout à fait d’actualité, comme un phénomène de notre temps, où la recherche de procédures tendant à simplifier les situations ne parvient qu’à les compliquer. Ainsi la bataille pour la FTA tend à simplifier une situation, – puisque la FTA implique que le Congrès abandonne son droit à l’amendement et soit réduit à un vote oui ou non devant un traité qui lui est proposé. Mais que devient cette simplification si l’on conditionne l’octroi de la FTA de divers autres lois compensatoires pour subventionner ou renflouer ceux qui perdent leur emploi à cause du TPP, élargissant le débat aux conflits sur les aides envisagées, sur le principe ou non de l’intervention de la puissance publique, etc. ? Cette “complication de la simplification” de la décision pourrait être l’élément-clef, aux USA, qui conduirait à faire durer le débat même si la FTA était votée, au risque d’enliser tout le processus. Reste aussi la question de savoir si la FTA qui serait votée si Obama l’emporte finalement cette semaine, couvre aussi le TTIP. Certains l’affirment, mais rien n’est moins assuré, car les manœuvres qui entourent le TPP à Washington, justement avec l’introduction de lois compensatoires, doivent également se concevoir pour le TTIP, et éventuellement susciter le même débat ; car, enfin, les textes votés eux-mêmes deviennent ambigus, voire illisibles à force d’être constamment revus et modifiés, et l'on ne sait plus très bien si le débat actuel à Washington concerne le TPP seul ou le TPP et le TTIP. La compréhension des choses suit la voie de l'évolution des procédures : plus l'on veut faire simple plus c'est compliqué.
Ce qu’illustre cette “bataille des traités” à Washington, c’est la plongée accélérée de la direction-Système, – Congrès et administration, – dans une complication grandissante des dispositions législatives et autres autour de ces traités, cela donnant d’autant plus d’occasion aux “révoltes populaires” par voie de la presse et des réseaux antiSystème de trouver des coing à enfoncer dans une mécanique devenue si complexe que plus personne ne la contrôle vraiment. De ce point de vue, les Européens doivent vraiment se convaincre qu’en l’occurrence, la monstruosité et la surpuissance de l’Empire pour s’embourber dans des marécages bureaucratiques et de procédures font des USA, dans “la bataille des traités”, bien plus un allié potentiel qu’un prédateur prêt à les dévorer ... A ce compte, certes, si les choses se poursuivent cahin-caha sur cette voie, “la bataille des traités” pourrait accoucher d’une séduisante “crise des traités”.
Mis en ligne le 15 juin 2015 à 11H52
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