Un spasme (important) de plus

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Un spasme (important) de plus

17 juin 2011 — On pourrait lire le texte qui suit comme un enchaînement, un prolongement, un ajout de plus dans la progression de “l’esprit de la crise”, notamment suivant le F&C du 10 juin 2011. Mais il y a aussi le constat d’un réel avancement de l’état des choses, qui se transmet dans un avancement de “l’esprit des choses”, – et ainsi progresse, certes, “l’esprit de la crise”, autant que la crise de l'effondrement du Système elle-même…

Tout d’abord l’essentiel, qui est la mise en place des conditions d’un retournement complet de la fameuse “politique de l’idéologie et de l’instinct”, dont nous avions commencé à parler le 29 mai 2009, en nous référant à l’expert et grand esprit de l’establishment washingtonien, Harlan K. Ullman. Dans cette analyse que nous présentions il y a deux ans, Ullman expliquait que cette “politique de l’idéologie et de l’instinct” se référait à la politique barbare et sauvage de l’administration GW Bush, que Barack Obama devait pouvoir écarter s’il voulait être égal à son mandat, et digne de lui. Ullman n’entretenait guère d’espoir que BHO parvînt à ses fins. Depuis, nous sommes revenus sur le sujet, avec ou sans Ullman, chaque fois pour constater l’échec de BHO.

…Mais peut-on parler d’échec, en vérité ? Le paradoxe est que BHO, non seulement n’a pu renverser cette “politique de l’idéologie et de l’instinct”, mais qu’il en est devenu le prisonnier, puis le pion, puis la marionnette et ainsi de suite, jusqu’à en être enfin l’ardent défenseur et, peut-être, le dernier partisan. Achevons en effet le cercle de notre paradoxe, pour constater qu’aujourd’hui toute une phalange de serviteurs du Système, parmi lesquels nombre de républicains qui servirent avec zèle et constance cette “politique de l’idéologie et de l’instinct”, se lèvent contre Obama pour réclamer des actes qui impliqueraient qu’il commençât à abandonner cette même “politique de l’idéologie et de l’instinct” ! La chose n’est pas dite en ces termes mais c’est bien de cela qu’il s’agit, et c’est en effet l’enjeu de cette formidable bataille, actuellement concentrée sur l’affrontement “Chambre versus POTUS” (voir hier 16 juin 2011). Effectivement, cette bataille prend de plus en plus l’allure d’un renversement de l’orientation de la politique générale des USA, – mais cela sans aucune concertation, sans aucune méditation, sans même une réelle conscience de la chose.

Ce phénomène a lieu alors que d’autres pressions, bien sûr, s’exercent sur le système washingtonien. On mentionnera assez rapidement trois faits, trois domaines, qui nous permettent de situer le climat, l’environnement, etc., qui présentent le contexte général de la situation ainsi décrite. (On observera que l’interconnexion des choses n’est pas nécessairement apparente. On rendra compte plus bas de ce phénomène, en nous référant essentiellement au domaine psychologique et en situant les événements dans le cadre de l’effondrement du Système. Par ailleurs, on comprend aisément que ces nouvelles et opinions qui suivent sont exemplaires d’un courant général de communication, qu’elles ne sont aucunement des exceptions.)

• Nous commençons par une nouvelle qui date du 10 juin 2010 (AFP, par RAW Story). Elle nous apprend que l’agence de cotation chinoise Dagong (Dagong Global Credit Rating Co. Ltd.), qui entend s’inscrire au niveau international au même standard que les deux agence de cotation anglo-saxonnes (Moody’s et Standard & Poor’s [S&P]), considère que le gouvernement US est d’ores et déjà en étrat de cessation de paiement : «In our opinion, the United States has already been defaulting… Washington had already defaulted on its loans by allowing the dollar to weaken against other currencies – eroding the wealth of creditors including China», selon Guan Jianzhong, president de Dagong. Bien évidemment, Dagong va suivre Moody’s et S&P dans la menace de diminuer la cotation “AAA+” des USA.

• L’expression “Grande Dépression” a toujours un très grand succès aux USA, surtout, à nouveau, après les résultats (catastrophiques) du chômage de mai. Elle envahit désormais les commentaires sur la situation des USA, du moins tant que cette séquence-là crise sera “en première page” du sensationnalisme de nos préoccupations. Par ailleurs, quoi qu’il en soit de cette présence erratique, il s’agit ici d’un témoignage de l’existence de cette crise, au niveau de gravité où elle se trouve. Quelques extraits d’un texte de Konrad Yakabuski, du Globe and Mail canadien, repris par CommonDreams.org (le 12 juin 2011)…

«If a depression by any other name would feel as bleak, what do you call the current state of the U.S. economy? A number of influential American economists are no longer mincing words: They argue that deficit-obsessed politicians in Washington are setting the United States up for a repeat of the 1930s.

»What we're experiencing may not be a full replay of the Great Depression, but that's little consolation for the millions of American families suffering from a slump that goes on and on,” insists Nobel laureate Paul Krugman. “At some point, the pain of high unemployment may lead to some new thinking in Washington – but until that time, welcome to the second Great Depression,” adds Dean Baker of the Center for Economic and Policy Research. […]

»[T]Depression mystique has an irresistible lure. It informs (and invariably illustrates) our understanding of economic suffering in ways statistics cannot. A CNN poll this week found that 48 per cent of Americans expect another Great Depression within a year. Who are experts to tell them otherwise? “The use of the word ‘depression' is an abuse of the language,” says Sebastian Mallaby, director of the Maurice Greenberg Center for Geoeconomic Studies at the Council on Foreign Relations. “But that doesn't mean I'm happy about where we are. There is a painful problem of long-term unemployment.”

»And on that level, the U.S. job market may actually be in worse shape than during the Depression. More than six million Americans, or about 45 per cent of the unemployed, have been out a job for more than six months. That's a higher proportion than at any point during the 1930s. In all, about 25 million Americans are unemployed or underemployed.

»And Washington may be about to make the situation worse…»

• L’activiste Paul Rosenberg, repris par Aljazeera le 10 juin 2011, regarde déjà “au-delà d’Obama”, c’est-à-dire “au-delà de 2012” car il ne peut faire de doute pour lui qu’Obama ne sera pas réélu. Son texte reflète un état d’esprit nouveau, mais dans un temps dont on sait que l’état de l’esprit change à une vitesse plus rapide que l’éclair…

«A few short weeks ago, President Obama was on top of the world – or so it seemed. […] Five weeks later, all that is gone…

»But now that the gap between image and reality has opened to the size of the Great Rift, swallowing whole countries of disappointed youth abroad, while at home swallowing tens of millions of unemployed, underemployed and those whose mortgages cost more than their homes are worth, now that Obama's poll numbers are starting to reflect that enormous gap, perhaps now it's time to take seriously the need for a fundamental break with the past – a real break, not a fantasy one.

»It's just starting to dawn on America's political class that Obama could lose the election in 2012 – and they could not possibly conceive of such a fundamental break. An Obama loss would only mean an ever-faster descent into darkness. But those who made and are still making the Arab Spring can conceive of such a break – indeed, it's all they can think of – as can those in Spain (and even in the US) who have drawn inspiration from them…»

Il ne faut pas envisager cette sorte de réflexion comme de simples supputations. La réalité elle-même sollicite des considérations nouvelles, et la fragilité de la position actuelle du président Obama en est une, incontestable. Les républicains, jusqu’alors emprisonnés dans cette “politique de l’idéologie et de l’instinct” dont nous parlons, présentent aujourd’hui des visages nouveaux, ou des visages anciens renouvelés, et des conceptions à mesure. Par conséquent, et avec l’aide des autres crises, ce qui semblait pour BHO une réélection assurée est devenue, on le sait, une perspective extrêmement incertaine et chaotique. (Voir par exemple, du progressiste et férocement anti-républicain Bill Boyarsky, de Truthdig.org, ce 15 juin 2011 : «Viewing the Republican presidential debate was two hours of sheer misery, mixed with a foreboding that one of these people could defeat President Barack Obama.»)

Ce qui est remarquable, chez les républicains, c’est une certaine “libération” des contraintes des normes de l’appareil, comme un relâchement des exigences du conformisme que faisaient peser sur eux cette politique brutalement “imposée” par l’attaque du 11 septembre 2011. On pourrait juger très symbolique à cet égard le comportement du Speaker Boehner, qui préside la Chambre à majorité républicaine. Il s’agit d’un personnage absolument représentatif de la nomenklatura du Système, champion de la “corruption légale” que représente le système de lobbying et de soutien financier du corporate power. Pourtant, sa réaction face à la “révolte de la Chambre”, depuis fin mai, n’a pas du tout été celle qu’on en pouvait attendre. Il apparaissait d’abord manifeste que Boehner devrait tout faire pour catalyser, puis réduire cette révolte, selon l’habituel cycle de récupération au sein du Congrès d’une politique échappant aux normes du système. Au début, il a semblé agir dans ce sens. Désormais, il est effectivement manifeste qu’il a décidé, ou qu’il a été contraint de décider qu’il soutenait le mouvement, – ce qui est le cas avec cette lettre qu’il a envoyée à Obama, posant un véritable ultimatum sur la question de l’intervention libyenne. On dira : “c’est de bonne guerre”, puisque c’est une attaque contre le Président ? Mais c’est aussi, et c’est d’abord une rupture de la consigne belliciste sacrée du Système de soutien à la fameuse “politique de l’idéologie et de l’instinct” ; et, par conséquent, une acceptation, voire une prise en compte, jusqu’à les justifier et les glorifier, des pressions des personnages ou des groupes jusqu’ici marginaux et plus ou moins en révolte contre cette politique.

Le premier débat entre les différents candidats républicains à la désignation pour les présidentielles a montré les mêmes tensions et les mêmes incertitudes par rapport à “la ligne du parti”. On a vu la prédominance du discours antiwar, directement ou par défaut. C’est révolutionnaire. La vedette de la réunion, notamment par les à-côtés et les commentaires qui l’accompagnent, fut la députée Michelle Bachmann, une égérie de Tea Party et une pétroleuse de première. Certains jugent qu’il s’agit d’une “Sarah Palin avec un cerveau”. Assez curieusement, le débat à son propos concernent aussi bien son “charisme” – que l’on proposerait comme le mot-code pour “attraction sexuelle” ; certains jugent qu’elle n’en a pas (John Judis, de The New Republic), ce qui est injuste et déclenche la fureur de Richard Adams, le 15 juin 2011 dans le Guardian (“juge-t-on une candidate à la présidence à son ‘attrait sexuel’” ?) ; d’autres jugent qu’elle en a à revendre (R. Emmett Tyrrell, Jr., éditeur de The American Spectator, dans le Washington Times du 15 juin 2011).

…Mais l’essentiel pour Bachmann est qu’elle est une extrémiste et, théoriquement, une marginale à force de l’être dans un milieu pourtant déjà marqué par l’extrémisme. Ses conceptions se réfèrent à l’hyper libéralisme de l’école de Chicago, qui a dévasté le monde ces 30-40 dernières années, en même temps qu’aux thèses les plus furieuses de Tea Party, – mélange hétéroclite et détonant. Mais ce n’est pas ce qui importe pour fixer ce qui nous importe ; ce qui nous importe, c’est sa position de marginale, qui semble être devenue une sorte d’obligation pour avoir un parcours intéressant à Washington. S’inquiéter de son extrémisme (qu’on retrouverait sous certaines formes chez Ron Paul), c’est accorder un crédit quelconque à la perspective d’une durée stabilisée, encore pour quelques années, des USA (signifiant la possibilité d’une élection de Bachmann, puis l’application de son programme, etc.). Nous n’accordons aucun crédit à la possibilité d’une durée encore au delà des court terme-très moyen terme aux USA dans l’état ; et les élections de novembre 2012 seront une occasion d’accélérer la déstructuration du Système qui triompha in illo tempore à Washington. L’intérêt de la candidature de Bachmann n’est donc pas son programme si elle était élue présidente, mais sa contribution au processus de déconstruction, au travers de sa candidature, de son succès, etc., sous la forme d’une marginale extrémiste dont la présence accélère ce même processus de déstructuration… Il y a quatre ans, une telle possibilité (la candidature d’une extrémiste déstructurante) était inimaginable, – Palin ayant acquis la célébrité comme candidate vice-présidente, essentiellement parce qu’on ignorait ce qu’elle était et qui elle était. Le seul extrémisme accepté était l’extrémisme conformiste et structurant pour le Système d’un belliciste type McCain, adepte un peu rance et lunatique de la “politique de l’idéologie et de l’instinct”.

Cet exemple d’actualité qui se place dans le courant des événements du Congrès et au sein du parti républicain n’a qu’un seul but. Il s’agit d’illustrer par un autre biais le phénomène général de déstructuration de tout l’appareil mis en place depuis le 11 septembre 2001, sous l’impulsion et selon les vœux du Système. Ce n’est pas du tout pour annoncer un avenir meilleur mais pour confirmer, selon notre point de vue, le processus d’autodestruction du Système par auto-déstructuration.

Antiwar” et déstructurant

Nous classerions ces diverses perceptions des différentes crises sectorielles qui affectent les USA, comme autant de cercles qui prennent, chacun à tour de rôle, la place principale, les autres devenant à cette occasion complémentaires après avoir été centraux. Aujourd’hui (disons, depuis une petite semaine, après une préparation de deux à trois semaines), le conflit entre le Chambre et la Maison Blanche, avec l’évolution antiwar qui va avec (des républicains principalement) tend à prendre une place essentielle. Les “crises sectorielles” de la dette (position monétaire et financière US dans le monde) et du chômage (spectre de la Grande Dépression), – chacune d’elles suffisant pourtant comme une crise majeure, se suffisant à elle-même, – sont passées au second plan, tenues en position “de soutien” du conflit entre l’exécutif et la Chambre comme description du grand champ d’action de l’autodestruction du Système dans le cadre US.

L’on comprend aussitôt que tous ces éléments sont constitutifs de la même tension formidable qui touche Washington, centre évident du Système général. Il se trouve que dans le classement par cercles de position et d’importance variable, l’intrusion du nouveau “cercle-antiwar” est un événement considérable parce que jusqu’ici le plus improbable malgré plusieurs possibilités effleurées jusque là. (Le chômage, la dette, sont des événements en développement depuis plusieurs années.) Nous nous garderons de l’observer du point de vue politique classique (“isolationnisme”, ou pseudo, ou “néo-isolationnisme”), même si cette dimension existe ; mais l’on comprend, selon notre approche qu’il s’agit d’un point accessoire parce que la mécanique de la politique et de la géopolitique est aujourd’hui un point annexe et singulièrement obsolète.

Par contre, bien entendu, nous l’observons du point de vue psychologique, – où le symbolisme a une part fondamentale. (Importance considérable, dans ce champs d’analyse, de la “liquidation” de ben Laden selon notre interprétation ; perte irrémédiable et irremplaçable parce que perte d’un symbole imposé par un événement considérable, l’attaque 9/11, et inscrit par conséquent dans la perception psychologique sous la forme d’un mythe ; ces choses-là ne se programment pas ni ne se fabriquent dans les usines Lockheed Martin, elles s’imposent à la psychologies sous la pressions de forces extérieures à nous.) Cet aspect psychologique/symbolique renvoie puissamment à ce que nous envisageons comme la probabilité de l’abandon de la fameuse “politique de l’idéologie et de l’instinct”, comme signalé plus haut. Cela, c’est un point fondamental, tant cette politique a été imposée dans tous ses effets catastrophiques, dans toutes ses orientations, par les événements autant que par le Système, et par ces événements eux-mêmes suscités, sinon favorisés et plus encore, par le Système. D’ailleurs, les crises également mentionnées (chômage, dette, destin de BHO) renvoient, dans leurs constituants et leurs évolutions, à cette même “politique de l’idéologie et de l’instinct”, décidément matrice fondamentale des événements depuis 9/11, – c’est-à-dire expression “politique” (ou “sauvage”) de la surpuissance du Système engendrant à mesure, parallèlement, la course à son autodestruction par mise en charpie de sa “sur-structuration”, notamment, désormais, avec l’effondrement de cette même “politique de l’idéologie et de l’instinct”.

L’événement en cours à Washington semble donc considérable, et il nous semble fortement engagé. Le signe qu’il s’agit bien d’une évolution psychologique et nullement d’un choix politique avéré tient en ce que ce mouvement se fait dans un environnement et dans des conditions complètement disparates et inconséquentes, chaotiques, avec des contradictions implicites et explicites diverses. A côté de cette évolution antiwar de la Chambre, la même Chambre fait une ovation délirante et surréaliste à Netanyahou, comme on l’a vu le mois dernier… Mais, à leur place, notamment celle des Israéliens, nous commencerions à nous interroger sur la sorte de soutien que cette hystérie représente lorsqu’on voit les événements actuels. Simplement, il s’agit de s’engager dans les commentaires qu’on fait à distinguer ce qu’on croit être l’essentiel de ce qu’on estime être l’accessoire ; nous accorderons bien plus d’importance et de vérité à un comportement exigeant dans sa réalisation (sans nécessairement en mesurer l’importance, ni même la signification), élaboration, volonté, opiniâtreté, répondant à des nécessités aussi bien électorales que structurelles, qu’à des comportements de robots n’engageant que des standing ovations et une aide financière en monnaie de singe qui pourrait être très rapidement mise en question en 2012 par une partie des législateurs de la Chambre.

Il n’est pas assuré, et pas nécessaire non plus, qu’il y ait pleine conscience de tout cela, aussi bien chez les acteurs divers que chez les commentateurs, même si l’évolution se fait d’une façon assurée et construite. Les événements que nous décrivons ressemblent fortement dans leur élan de départ à des impulsions, justement avec une forte influence de la psychologie, faisant évoluer des personnages divers sans que ces personnages aient pleine conscience des effets de ce qu’ils font. Il y a là, une fois de plus et en toute logique d’ailleurs, un cas assez “maistrien”, que même les folies de l’endettement et de la crise économique n’expliquent pas ; on le voit bien, là aussi, dans le fait que la poussée antiwar n’est accompagnée, pour l’instant, d’aucune poussée, par exemple, pour réduire les dépenses du Pentagone ; personne n’y pense, parce que, s'il y a effectivement des actes, il n’est pas question de pensées conceptuelles et élaborées, parce que sur ces pensées conceptuelles et élaborées agissent avec efficacité les forces du conformisme du Système… On peut d’ailleurs être assuré qu’on étonnerait nombre de ces parlementaires engagés dans le mouvement actuel si on leur disait qu’ils peuvent être qualifiés d’antiwar.

L’enjeu, pour l’instant, est bien celui de la destruction d’une politique (“politique de l’idéologie et de l’instinct”). Cela ne libérera pas les bases US dans tous les pays du monde, ni n’enclenchera le retrait des forces US, au combat ou bien stationnées en garnison dans ces mêmes terres extérieures (ni ne réduira fondamentalement la dette, ni ne réduira la chômage, ni, ni…). Décidément, nous ne sommes pas dans une offensive rationnelle pour imposer une nouvelle politique, mais dans une révolte de la psychologie contre l’enfermement dans cette épouvantable contrainte de “la politique de l’idéologie et de l’instinct”. Et l’effet, si véritablement cette “politique de l’idéologie et de l’instinct” est balayée, ce ne sera pas un rétablissement des USA par réduction raisonnable de leurs prétentions et de leurs engagements… Au contraire, ce sera l’autodestruction du Système encore plus avancée, encore plus approfondie, encore plus dévastatrice, avec d’autres heurts à l’horizon, face à d’autres structures du Système menacées à leur tour. Nous n’assistons pas à une sage évolution vers plus de modestie et de mesure ; nous assistons à une révolte de plus, à un pas de plus dans le désordre, dans le cadre de l’autodestruction du Système, – qui constitue en vérité le final à la fois grandiose et grotesque de la modernité et du Système qui l’a enfantée, l’un et l’autre parvenus dans tous leurs états.